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Digitized by the Internet Archive in 2011 witii funding from University of Toronto / ^|^tp://www.arcliive.org/details/ltudeexperimenOObine ALFRED BINET Docteur es sciences Directeur du Laboratoire de Psychologie physiologique de la Sorboniie (Hautes Etudes) L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE L'INTELLIGENCE CE QU ON PENSE — L OBSERVATEUR ET L IMAGINATIF LA PENSÉE SANS IMAGE — LA PENSÉE ABSTRAITE LA MESURE DE l'aTTENTION ET DE LA MÉMOIRE LA VIE INTÉRIEURE — LA FACULTÉ MAITRESSE PARIS ANCIENNE LIBRAIRIE SCHLEICHER ALFRED GOSTES, ÉDITEUR 8, RUE MONSIEUR-LE-PRINCE, 8 1922 Tous droits réservés. L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE L'INTELLIGENCE I rÊTUDE EXPERmENTALË DE L'INTELLIGENCE PAR Alfred BINET Docteur ès-sciences Directeur du Laboratoire de Psychologie physiologique de la Sorbonne (Hautes Études) ce qu on pense l'observateur et l'imaginatif la pensée sans images LA PENSÉE abstraite LA mesure de l'attention ET DE LA MEMOIRE LA VIE INTÉRIEURE LA FACULTÉ MAITRESSE PARIS ANCIENNE LIBRÂ.IRIE SCHLEICHER ALFRED COSTES, ÉDITEUR 8, RUE MONSIEUR-LE-PRINCE, 8 1922 Tous droits réservés. V Cl,>^^5JQyÇ GIBERT JHPNl ï' DE mtma I H '51 A M. Gaston BONNIER DE l'institut L'ÉTUDE EXPERIMENTALE DE L'INTELLIGENCE CHAPITRE PREMIER L'application de la méthode expérimentale aux fonctions supérieures de l'esprit II est incontestable, pour ceux qui suivent les progrès de la psychologie expérimentale, que cette science subit en ce moment même une évolution décisive (1). Elle a, pendant bien des années, parcouru une longue période très prospère, à laquelle il n'est que juste d'attacher le nom de ses deux représentants principaux, Fechner et Wundt. C'est sous la direction de Wundt surtout que s'est formée l'immense majorité des professeurs de psychologie expé- rimentale et des directeurs de laboratoire en Allemagne et en Amérique. Le caractère principal des recherches psy- chologiques qui datent de cette époque a été d'emprunter à la physiologie ses appareils, ses excitants et ses métho- des : on a attaché la principale attention aux conditions (1) J'ai, il y a longtemps déjà, présagé cette évolution (Introduction à la psychologie expérimentale, Paris, 1894, pp. 28 et seq), 1 2 l'étude expérimentale de l'intelligence matérielles de Texpérience, et on s'est efforcé de réduire au minimum le rôle des personnes servant de sujets, et devant donner des renseignements sur leurs états de cons- cience. Le mouvement nouveau, qui se dessine depuis plusieurs années, et auquel j'ai contribué de toutes mes forces, avec la collaboration de plusieurs de mes élèves, et en toute première ligne avec l'aide si précieuse de mon cher ami V. Henri, consiste à faire une plus large place à l'in- trospection, et à porter l'investigation vers les phénomè- nes supérieurs de l'esprit, tels que la mémoire, l'atten- tion, l'imagination, l'orientation des idées. Deux ordres d'oppositions sont faites contre cette rénovation des études psychologiques: l'une vient de certains psychologues de l'époque Wundtienne, qui croient encore qu'en dehors des processus les plus simples de l'esprit aucune expérimen- tation sur le moral ne peut se faire scientifiquement; l'au- tre opposition vient des représentants, toujours officiels, de l'ancienne psychologie introspective, qui nous demandent si par hasard nous n'allons pas, par un retour en arrière mal déguisé, emprunter aux vieux philosophes de l'école de Cousin ces méthodes d'auto-contemplation dont nous avons tant ri. Je crois donc utile de montrer, dans cette introduction, comment l'étude expérimentale des formes supérieures de l'esprit peut être faite avec assez de précision et de con- trôle pour avoir une valeur scientifique. Une première objection vient de suite à l'esprit. Com- ment faire une étude expérimentale sur des phénomènes de conscience qui sont insaisissables? L'expérimentation, de quelque manière qu'on la défi- nisse, et on sait combien de définitions elle a reçues, impli- que une intervention active de l'expérimentateur dans les phénomènes à étudier; elle suppose l'existence d'une couple de faits, couple dont un des termes est placé hors de nous. QUESTIONS DE MÉTHODE 3 hors de notre conscience, et devient par conséquent acces- sible à la prise de l'expérimentateur. C'est dans cette sévère formule que Ribot enfermait autrefois la définition de la méthode expérimentale; et il concluait qu'il n'y a que deux éléments qui soient modi- fiables et maniables par l'expérimentateur, les excitations, pour provoquer des sensations, et les actes, qui traduisent des états de conscience (1). Cette définition m'a toujours paru un peu étroite, et comme trop matérielle; elle convient surtout à une étude de sensations, comme celles qui consistent à poser des poids sur la main d'une personne à qui l'on demande de décider quel est le poids le plus lourd. Tout naturelle- ment, ceux qui s'inspirent de la physiologie en sont venus à admettre que, pour qu'il y ait expérimentation, il faut la double condition suivante: que l'excitant soit un agent matériel, et que l'excitation soit un effet direct et presque immédiat de l'excitant. Je vais montrer comment on peut élargir cette conception. Par excitation, nous devons entendre non seulement l'application d'un agent matériel sur nos organes des sens, mais encore tout changement que nous, expérimen- tateurs, nous provoquons à volonté dans la conscience de notre sujet; ainsi le langage est pour le psychologue un excitant bien plus précieux, et je dirai tout aussi précis que les excitants sensoriels; le langage permet de donner à l'expérimentation psychologique une amplitude consi- dérable. D'autre part, nous devons cesser de nous borner à l'étude de l'effet immédiat que l'excitant produit; cet effet immédiat, c'est la sensation; du moins, on l'a pensé jusqu'ici; et on a fait de l'expérimentation psychologique en étudiant la sensation provoquée; en réalité, un excitant quelconque, sensoriel ou verbal, produit un ensemble de, (i) Psychologie allemande contemporaine, p. X 4 l'étude expérimentale de l'intelligence réactions complexes, dont la sensation fait sans doute partie, mais qui comprend bien autre chose que la sensa- tion; c'est par suite d'une analyse, qui est bien souvent arti- ficielle, qu'on limite à la sensation l'étude de cette réac- tion; si on la prend dans son ensemble, on y trouve la mise en jeu d'un grand nombre de fonctions diverses; il y a de la mémoire, du jugement, du raisonnement, de l'imagination, du sentiment; l'être entier, avec toutes ses aptitudes, peut, selon les occasions, entrer en activité. On arrive, par divers artifices, qui sont l'affaire des expérimentateurs habiles, à faire jouer un rôle prépondé- rant à la fonction qu'on cherche à étudier. Le plus sou- vent, on y arrive moins par un changement matériel de technique que par la manière dont on interroge le sujet; beaucoup de procédés qui ont été employés jusqu'ici pour l'étude de la sensation doivent être repris, pour l'étude de fonctions plus élevées; il suffit, pour les y rendre pro- pres, d'orienter autrement l'attention des sujets, et de leur poser d'autres questions. En conclusion, je crois que, pour l'étude des fonctions supérieures, nous n'avons pas besoin d'une technique nou- velle, différant de celle qui a servi jusqu'ici à l'étude des sensations; l'ancienne technique sera suffisante, à la condition qu'on l'élargisse, qu'on entende par excitation non seulement la sensation proprement dite, mais la per- ception complexe, et même la parole; à la condition aussi qu'on entende, par réponse du sujet, non seulement ses mouvements simples ou son témoignage sur la sensation éprouvée, mais tout l'ensemble des réactions dont il est le théâtre; à la condition enfin qu'on donne dans ces recherches la première place à l'introspection attentive, détaillée et approfondie. Je veux montrer par des exemples précis comment déjà la transformation, dans le sens indiqué, de la technique ancienne relative à la physiologie des sensations a permis QUESTIONS DE MÉTHODE 5 d'entreprendre une étude expérimentale et vraiment scien- tifique des fonctions supérieures de l'esprit, telles que la mémoire, le sens esthétique, la suggestibilité, le juge- ment, etc. L'étude expérimentale de la mémoire, d'abord complè- tement négligée par les expérimentateurs, et qui aujour- d'hui est en honneur, se fait en introduisant une petite modification dans la technique de la physiologie des sens: cette modification consiste à intercaler un espace de temps appréciable entre le moment où l'excitation est donnée et le moment où le sujet doit en rendre compte; cette inter- calation oblige le sujet à conserver le souvenir de l'exci- tation, et quand le temps est écoulé on apprécie l'exac- titude de ce souvenir au moyen de procédés divers, l'ap- pellation, la reproduction, la comparaison, la recon- naissance. L'étude expérimentale du sens esthétique des couleurs emprunte en partie sa technique à une étude sur la sensi- bilité différentielle des couleurs; la modification du pro- cédé est dans l'attitude prise par le sujet; celui-ci, au lieu de chercher à distinguer les plus petites teintes qu'on juxtapose devant lui, indique le sentiment de convenance qu'il reçoit de leur juxtaposition; le retour de combinai- sons analogues dans de longues séries de présentations permet de constater la constance et la sincérité de ces appréciations, de même que le degré de complexité de la combinaison, suivant qu'elle est binaire ou ternaire, donne des notions sur la finesse de son sens esthétique (1). L'étude expérimentale de la suggestibilité, en dehors de toute manœuvre de fascination et d'hypnotisme, se fait chez un individu éveillé et en possession de tous ses (1) L'étude expérimentale de l'esthétique date de Fechner / elle a fait, dans uploads/Philosophie/ l-x27-etude-experimentale-de-l-x27-inteligence-binet 1 .pdf

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