Dieu - Illusion ou réalité Francis Schaeffer Editions Kerygma, Aix-en-Provence,

Dieu - Illusion ou réalité Francis Schaeffer Editions Kerygma, Aix-en-Provence, 1989, ISBN 2-905464-17-8 Le christianisme historique, le christianisme de Jésus et du Nouveau Testament, a-t-il quelque chose à dire à l'homme d'aujourd'hui ? Francis A. Schaeffer (1912-1984), un des grands penseurs chrétiens du 20ème siècle, le croit et le montre: la Bible propose une vision du monde, de l'homme et de Dieu qui répond, de façon satisfaisante, aux grandes interrogations du temps présent. L'originalité et la perspicacité des analyses contenues dans le livre "Dieu, illusion ou réalité?" mettent bien en évidence les traits principaux de la culture moderne, et offrent au lecteur une perspective inédite, tout en lui lançant un défi. Une dizaine de titres de Schaeffer ont déjà été traduits en français. "Dieu, illusion ou réalité?" revu par l'auteur et réédité en 1982 dans le monde anglophone constitue, en quelque sorte, une suite de "Démission de la raison". Son actualité est étonnante, comme si Schaeffer venait de l'écrire! ************************************************** PRÉFACE Francis Schaeffer, décédé en 1984 à l'âge de soixante-douze ans, est sans conteste un des grands penseurs chrétiens du 20e siècle à qui il a été peu rendu justice en raison de son appartenance, non au courant "moderniste" qu'il a analysé et évalué, mais au courant "évangélique" dont il a su également mettre en lumière les faiblesses. L'oeuvre de Schaeffer est, en effet, originale et intéressante par la présentation qu'elle offre de la culture moderne, par le caractère prophétique de son propos et par ses prises de position en faveur de la foi biblique. Comme conférencier auquel les grandes universités d'Europe et des Etats- Unis ont fait appel, Schaeffer a montré comment l'existentialisme était incapable de satisfaire les aspirations de l'être humain. En se plaçant sur le terrain de ses interlocuteurs, il a aidé beaucoup d'entre eux à cheminer et à percevoir l'illogisme et le caractère intenable de leur position. Ses analyses ont été publiées dans plus d'une vingtaine d'ouvrages majeurs (réunis dans cinq volumes publiés en anglais). Comme prédicateur dans les Eglises et Communautés "évangéliques", Schaeffer a exhorté ses auditeurs à oser affronter les grands courants de pensée de leur époque, afin de faire preuve de plus de fidélité dans leur témoignage. Comme communicateur dans sa communauté de l'Abri, en Suisse, il a accueilli de très nombreux jeunes de tous pays et a eu des discussions libres et franches avec tous ceux qui cherchaient des réponses sérieuses à leurs questions. Schaeffer a eu le souci constant d'être conséquent avec sa foi dans tous les domaines de la réalité. Il a été l'instrument de la conversion à Jésus-Christ d'un grand nombre de personnes et il a su aider bien des chrétiens, jeunes et moins jeunes, désemparés par le choc de la modernité. Une dizaine des ouvrages de Francis Schaeffer ont déjà été publiés en français. Dieu, illusion ou réalité? (titre anglais, The God who is there), que vous présente le présent livre des Editions Kerygma, est paru en 1968. Il constitue une sorte de suite à son premier livre, Démission de la raison (Ed. Maison de la Bible). Malgré sa publication tardive en français, Dieu, illusion ou réalité frappe par l'actualité de ses analyses. On a peine à croire que ce livre a été écrit il y a plus de vingt ans, les quelques modifications apportées en 1982 étant minimes. Dans l'ère post-moderne et anti-idéologique où nous sommes entrés, les problèmes fondamentaux qui ont jailli en 1968 demeurent: à savoir, principalement, celui du relativisme qui sévit partout. C'est pourquoi les analyses de Schaeffer n'ont rien perdu de leur fraîcheur et revêtent un caractère très pratique. Les chrétiens francophones ne manqueront pas d'apprécier la qualité de l'outil qui est ainsi mis à leur disposition pour les aider à lutter contre le courant permissif de notre temps. Ce courant, pour qui toutes les idées et tous les comportements se valent ou presque, s'est infiltré dans un grand nombre d'Eglises et de Communautés, y compris dans celles de la mouvance "évangélique". Nous espérons que les lecteurs de ces pages en apprécieront l'à-propos et la force. S'il en est ainsi, tous ceux et toutes celles qui ont oeuvré pour leur publication s'en trouveront récompensés. Paul Wells TITRE I - LE CLIMAT INTELLECTUEL ET CULTUREL DE LA SECONDE MOITIÉ DU XXe SIÈCLE CHAPITRE 1 - Une nouvelle façon d'envisager la vérité Un abîme Le changement apporté à la notion de vérité explique presque totalement le fossé que l'on observe, aujourd'hui, entre les générations. Ce fossé est perceptible en tous domaines, les arts, la littérature,... et il transparaît à la lecture de la grande presse française et étrangère: Le Nouvel Observateur, le Point, l'Express, Newsweek, Time, etc. Partout cette nouvelle façon d'envisager la vérité et la connaissance fait prime. Il est aussi impossible d'y échapper qu'au brouillard à Londres! Le tragique de cette situation est réel. Beaucoup d'hommes et de femmes voient bouleversées les bases-même de leur vie sans en être vraiment conscients. Les jeunes sont donc élevés selon l'ancienne notion de vérité, avant d'être invités à adopter la nouvelle. Aussi s'en trouvent-ils désorientés ou même totalement déboussolés. De nombreux enseignants chrétiens, des évangélistes et des missionnaires sont malheureusement aussi dans ce cas. Cette nouvelle façon d'envisager la vérité constitue, à mon avis, le problème le plus grave auquel le christianisme ait à faire face de nos jours. Les européens avant 1890 et les américains avant 1935 n'avaient pas à se poser de questions au sujet des présupposés philosophiques et moraux de leur manière de vivre. Ces dates sont quelque peu arbitraires: en Europe, le changement s'est effectué graduellement; aux Etats-Unis, l'année 1913 a revêtu, comme nous le verrons plus loin, une importance particulière et a inauguré une période relativement brève qui a pris fin en 1940, et au cours de laquelle la façon de penser a subi une véritable révolution. Jusqu'alors, en effet, tout le monde pensait et agissait selon des présupposés, non seulement à peu près identiques, mais encore, en apparence du moins, chrétiens. Il en allait ainsi pour l'épistémologie et la méthodologie. (Voir le glossaire). Logiquement, les non-chrétiens n'auraient pas dû accepter de tels présupposés; en le faisant sans fondement véritable, ils se sont comportés de façon romantique. Quoi qu'il en soit, chrétiens et non- chrétiens pensaient et agissaient comme si leurs présupposés étaient vrais. Quels étaient ces présupposés? Tout d'abord, on croyait en l'existence d'absolus, même si on n'était pas toujours d'accord sur la nature de ceux-ci. Il y avait le vrai et le faux et, sur le plan moral, le bien et le mal. La formule toute simple: "A" n'est pas la négation de "A" est à la base de la logique classique. Elle est aujourd'hui dépassée et cela explique la situation actuelle. Page 2 sur 2 Reconnaître l'existence d'absolus revient à admettre celle d'antithèses. Les non-chrétiens admettaient cela de façon plus sentimentale que raisonnable. Et tous, chrétiens et non-chrétiens, pouvaient discourir sur le vrai et le faux, sur le bien et le mal. En exhortant une jeune fille non- chrétienne à être "sage", on était assuré de se faire bien comprendre d'elle, même si on l'était moins qu'elle suive le conseil. Aujourd'hui, cette exhortation adressée à une jeune fille ayant fait sienne la mentalité moderne est un non-sens. Ce n'est pas que cette jeune fille rejette les normes que le message suppose, mais ce message lui est tout simplement incompréhensible. Quel bouleversement! Il y a cinquante ans à peine, des affirmations comme "ceci est vrai" ou "ceci est bien" étaient comprises par tous, ainsi d'ailleurs que l'antithèse, à savoir que le contraire du vrai, c'est le faux, et le contraire du bien, c'est le mal. De la sorte, les prédicateurs de l'Evangile, les conseillers spirituels et les éducateurs étaient assurés d'emblée d'être compris de leurs interlocuteurs. Une apologétique consciente des présupposés aurait pu s'opposer au bouleversement dramatique qui s'est produit. Les "penseurs" chrétiens, hélas, n'ont pas discerné ce qui allait arriver et ne se sont pas préoccupés de bien mettre en évidence les présupposés propres aux différents systèmes de pensées. S'ils l'avaient fait, ils n'auraient pas été surpris par les événements, et ils auraient pu aider les jeunes à faire face à leurs problèmes. Aujourd'hui encore, des années après, bien des chrétiens ignorent ce qui s'est passé parce qu'ils n'ont pas appris à penser en termes de présupposés, notamment à propos de la vérité. La pensée sécularisée et une théologie nouvelle ont envahi l'Eglise parce que ses responsables n'ont pas compris l'importance de la lutte contre de faux présupposés, et ils ont engagé le combat sur un mauvais terrain. Aussi, au lieu d'être à la pointe pour défendre ou communiquer l'Evangile, ont-ils été à la traîne de façon assez lamentable. Cette faiblesse est encore, maintenant, très difficile à faire disparaître chez les "évangéliques". L'efficacité de l'apologétique classique tenait au fait que chrétiens et non-chrétiens raisonnaient de la même manière et qu'ils ne se posaient pas plus de questions les uns que les autres sur leurs présupposés. Ainsi lorsqu'un prédicateur disait: "croyez ceci, c'est vrai!", ses auditeurs concluaient en eux-mêmes uploads/Philosophie/dieu-illusion-ou-realite-francis-schaeffer.pdf

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