L’évolution des curriculums (curricula) scolaires aujourd’hui I- Une définition

L’évolution des curriculums (curricula) scolaires aujourd’hui I- Une définition du curriculum Selon LANDSHEERE : Un curriculum est en ensemble d’actions planifiées pour susciter l’instruction : il comprend la définition des objectifs de l’enseignement, les contenus, les méthodes (y compris l’évaluation) les matériels (y compris les manuels scolaires) et les dispositions relatives à la formation adéquate des enseignants . Dans son acception anglo-saxonne, le curriculum désigne la conception, l’organisation et la programmation des activités d’enseignement/ apprentissage selon un parcours éducatif. Il regroupe l’énoncé des finalités, les contenus, les activités et les démarches d’apprentissage, ainsi que les modalités et moyens d’évaluation des acquis des élèves. Sa conception se fait l’écho d’un projet d’école reflétant un projet de société; elle donne lieu à des comportements et pratiques ancrés dans une réalité éducative donnée. C’est ainsi qu’en amont se profilent les intentions d’un curriculum et qu’en aval se concrétisent ses utilisations contextuelles. « Nous avons donc besoin de deux concepts, précise Ph. PERRENOUD : l'un pour penser les parcours effectifs de formationdes individus scolarisés, l'autre pour penser la représentation institutionnelle du parcours que les élèves sont censés suivre. Une distinction s'est peu à peu stabilisée: on parlera de curriculum prescritet de curriculum réel. » Il convient de préciser que le degré de prescription d’un curriculum (c'est-à-dire jusqu’où on peut aller dans le détail de la programmation) varie d’un pays à un autre selon la formation des enseignants et le niveau d’autonomie qu’on voudrait développerchez eux. I- Les raisons des réformes d’un curriculum Certains facteurs internes et externes au système éducatif expliquent l’opportunité d’une réécriture ou d’une refonte d’un curriculum. 1. L’évolution des systèmes économiques, sociaux et culturels et les transformations dans l’organisation du travail et dans les profils des métiers dictent de nos jours l’assimilation et l’adoption de cette évolution par l’école, appelée, dès lors, àmodifier sa mission et ses finalités et par là même les contenus de ses programmesscolaires; face à cette réalité, l’école doit se soucier moins de la problématique dela transmission des connaissances que de leur exploitation opportune dans descontextes précis où les besoins changent constamment. 2. L’éducation doit donc suivre cette demande sociale en aménageant des approches pédagogiques nouvelles, dont on perçoit l’évolution à travers les changements des modèles d’apprentissage interrogés pour construire le curriculum. On assiste actuellement à un changement de paradigme éducatif qui insiste davantage sur le processus d’apprentissage. Cela signifie que l’élaborateur du programme et l’enseignant accordent un intérêt particulier à l’élève, autrement dit à ses besoins et à son environnement, à son imaginaire, à son rythme d’apprentissage ainsi qu’à ses stimulations et ses motivations. 3. . Le développement d’ordre scientifique de la discipline ainsi que celui de ses modèles didactiques correspondants expliquent l’opportunité de réécrire uncurriculum en l’actualisant et en l’aménageant en fonction de ces développementsqui doivent se traduire selon le processus de la transposition didactique. 4. Les résultats des évaluations du système éducatif, notamment au niveaux des programmes et des acquis scolaires des élèves, incitent à revoir un curriculum en prenant en considération ses points forts et les insuffisances constatées: parmi les constats négatifs récurrents dans un ensemble de systèmes éducatifs, on trouve, par exemple, la surcharge des programmes, la restitution des savoirs au moment de l’évaluation et l’incapacité d’un nombre important d’élèves à résoudre des problèmes, la prééminence des méthodes transmissives, le recours à des enseignements et des apprentissages jugés peu significatifs… Toutefois, la mise en place d’une rénovation pédagogique impliquant l’adoption d’une approche pédagogique donnée ne peut être fiable et efficiente que si elle fait l’objet d’une «contextualisation» garantissant son ancrage dans le pays où elle est implantée ; cette prise en compte du contexte signifie, au plan micro, l’adaptation du curriculum aux données précises de la classe et des apprenants ; mais au plan collectifet macro structurel, elle se conçoit à plusieurs dimensions : • une dimension socioculturelle et économique: la rénovation d’un programme prend en compte les valeurs en vigueur dans le pays et les moyens mis à la disposition par l’institution scolaire ; • une dimension méthodologique: un modèle adopté ne peut faire table rase des traditions et des pratiques méthodologiques déjà adoptées ; • éventuellement une dimension terminologique ; certains concepts ou termes techniques utilisés initialement dans un pays peuvent être aménagés et adaptés aux usages conceptuels ou terminologiques attestés dans le contexte où s’implante la rénovation ; • et une dimension liée aux potentialités réelles des enseignants, c’est-à-dire à leurs comportements et pratiques didactiques ainsi qu’à leur culture pédagogique effective. II- Qui prépare le curriculum et comment? L’élaboration des curriculums et les démarches correspondantes varient selon les cas et selon les traditions en vigueur dans tel ou tel pays. Dans « l’établissement de ces textes programmatiques », on se réfère soit à un profil abstrait de l’élève, soit à « un profil nostalgique » (à la manière dont l’élaborateur et le groupe d’élaborateurs ont été eux-mêmes formés), soit encore à la logique interne et à l’épistémologie de la science correspondant à la discipline en question. D’autres voies, plus focalisées sur l’élève, prennent en compte ses besoins, ceux de son environnement, ses expériences ainsi que ses représentations. Au niveau de la démarche d’écriture des programmes, Xavier ROEGIERS distingue : • une logique de l’expertise, qu’elle travaille selon les contenus ou selon la démarche de l’intégration ; l’élaboration du curriculum est confiée à un groupe restreint d’experts ; • une logique de projet et de participation de partenaires ayant des profils complémentaires : des enseignants, des inspecteurs, des experts, des directeurs d’écoles, des représentants d’instances éducatives sont représentés dans ce processus…Ce partenariat garantit en amont la concrétisation des principes d’adhésion (la consultation est une garantie de l’adhésion et une ressource) et d’efficacité (avoir un curriculum fiable permettant des changements réels dans les pratiques et les comportements pédagogiques). Parmi ces comportements suscitéschez les enseignants, on peut citer dans, le cas de l’approche par les compétences, le fait d’intégrer les apprentissages, de partir des préoccupations et des représentations de l’élève et d’apporter les remédiations appropriées suite aux évaluations effectuées…) III- Trois principales entrées d’un curriculum Dans l’histoire récente de l’élaboration des programmes d’enseignement, on distingue trois principales logiques qui ont déterminé leur construction : 1. Une entrée par les contenus: la matière à enseigner est structurée selon des savoirs, des connaissances ou des concepts à faire acquérir selon une progression définie en général conformément à la logique propre à la discipline scientifique de référence. Mais, cette approche où prédominent quelquefois l’académisme et l’érudition ne permet pas de cibler suffisamment l’enseignement. 2. Une entrée par les objectifs, inspirée de la pédagogie par objectifs (PPO) et alimentée en particulier par les travaux de Bloom: l’organisation des contenus scolaires s’opère à partir de la délimitation de différentes catégories d’objectifs (généraux, spécifiques et opérationnels) qui ont permis, certes, d’avoir des visées précises de l’enseignement, en définissant des savoir-faire variés, mais qui ont provoqué une juxtaposition et par là même un morcellement des activités scolaireen rapportavec ces objectifs morcelés. 3. Une entrée par les compétences(ou par intégration) : elle prend appui sur la délimitation de compétences utilisant ou mobilisant un ensemble de ressources (des savoir, des savoir-faire et des savoir-être) dans une discipline donnée, afin d’effectuer une tâche complexe comme la résolution d’un problème ou la production d’actes communicatifs. Elle se réclame essentiellement de la théorie constructiviste situant les savoirs dans l’expérience et le vécu de l’apprenant qui permettent ainsi d’expliquer le processus d’appropriation de ces savoirs dans un contexte qui lui est stimulant et motivant. ____________________________________________________________________ MILED, M. (2005). Un cadre conceptuel pour l’élaboration d’un curriculum selon l’approche par les compétences, La refonte de la pédagogie en Algérie – Défis et enjeux d’une société en mutation, Alger : UNESCO-ONPS, pp. 125-136. Ph. PERRENOUD (2002). Les conceptions changeantes du curriculum prescrit : hypothèses In Educateur. Numéro spécial « Un siècle d'éducation en Suisse romande », 2002, n° 1, pp. 48-52. MILED, M. (2002). Élaborer ou réviser un curriculum. In Le Français dans le monde, mai- juin 2002, n° 321. p.35. LE CURRICULUM GENERAL TUNISIEN ( projet) 1. À travers son histoire, l’école tunisienne a joué un rôle central dans l’édification de l’État, la promotion sociale et le développement économique. C’est pourquoi l’enseignement et l’apprentissage constituent, dans la conscience collective tunisienne, une priorité absolue et un vecteur de développement sociétal. Soumis à différentes évaluations, le système éducatif, secteur stratégique et levier de tous les autres secteurs, a montré des défaillances substantielles sur plusieurs plans : qualité de l’éducation, décrochage scolaire, adaptation aux exigences des mutations du contexte national et international… Ne jouant plus son rôle d’ascenseur social et basculant dans un réductionnisme des apprentissages, l’école est fragilisée. Les élèves trouvent trop peu ou ne trouvent pas de sens dans les contenus, les enseignements ou la vie scolaire. Ils ne relient pas les savoirs à un possible usage personnel, culturel, professionnel. Même les bons élèves excellent sans forcément s’approprier les connaissances qui leur permettent de réussir. Le système éducatif actuel est placé sous le signe du cloisonnement qui a montré ses défaillances et ses limites : réduction des apprentissages uploads/Philosophie/ l-x27-evolution-des-curriculums-scolaires-aujourd-x27-hui.pdf

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