La Cité du Soleil de Campanella Léon Zeldis, FPS, 33° PSGC, Suprême Conseil du
La Cité du Soleil de Campanella Léon Zeldis, FPS, 33° PSGC, Suprême Conseil du Rite Écossais de l'État d'Israël Grand Maître Adjoint Honoraire Thomas Campanella est né en Stilo, un village de Calabre en Italie, en 1568. A un tendre âge (13 ou 14 ans) il est entré dans l'ordre des Dominicains, où il restera jusqu'à la fin de ses jours. Il était un très grand admirateur de Saint Thomas d'Aquin, en honneur duquel il adoptera son nom (puisque son nom de baptême était Jean Dominique). Néanmoins, il a lutté hardiment pendant toute sa vie contre les théories d'Aristote et les scolastiques, dont Saint Thomas est le suprême représentant. Campanella était un auteur prolifique, qui commença à écrire à dix-neuf ans. Très peu de temps après le début de sa carrière d'écrivain, il se trouva en conflit avec les autorités ecclésiastiques, de part sa mentalité (agile et curieux), et de son admiration pour les avancements des sciences. Campanella se croyait appelé à concilier avec les créances chrétiennes ou, mieux dit, catholiques. Dans ses écrits, Campanella insiste de temps à autre sur le fait que c'est exclusivement par nos sens que nous pouvons arriver à comprendre la réalité et la nature, en contestation directe à la position aristotélicienne et scolastique, fondée sur la foi aveugle et la pédante abstraction dissociée de toute vérification expérimentale. Déjà en 1592 il fut condamné, dans un procès ecclésiastique à Naples, à retourner dans sa Calabre natale, en raison de son abandon du couvent. Parmi les accusations contre lui, il faut signaler celle qu'il aurait cherché la compagnie d'un rabbin appelé Abraham, magicien et astrologue, qui l'aurait introduit dans l'occultisme. En outre, il était accusé d'avoir emprunté des livres de la bibliothèque sans avoir reçu la permission. Le jeune calabrais était un affamé de connaissance. Son appétit intellectuel ne connaissait pas de limites. Comme lui même le déclare, il avait étudié la philosophie pythagoricienne, stoïcienne, épicurienne, péripatéticienne, platonique, thalésienne, et de toutes les sectes anciennes et modernes, et des lois des gens anciens, et des Hébreux, Turques, Perses, Maures, Chinois, cathaines, brahmanes, Péruviens, Mexicains, Abyssiniens et Tartares. Ce n'est pas une bravade, parce que dans ses écrits Campanella cite des nombreuses informations et démontre ses connaissances des sujets les plus divers. Campanella était convaincu que le monde s'approchait d'une crise millénaire, une révolution totale dans l'ordre des choses, qui devrait engendrer un changement fondamental dans l'église, qu'en ce temps là elle combattra contre l'avancement de la réforme, elle combattra une révolution qui trouverait expression dans le progrès le plus étonnant de la philosophie, les sciences et la politique. En certains aspects il est un précurseur des manifestes Rose-Croix. Il faut que la philosophie, à son avis, se fonde sur les choses en abandonnant les paroles, qu'elle laisse les opinions et se tourne vers les témoignages, c'est à dire, il faut qu'elle accorde au sens la primauté dans la connaissance, incorporant à tout savoir les nouvelles découvertes, par lesquelles Campanella était fortement touché. Citons maintenant quelques arguments de Campanella contre la spéculation abstraite. Saint Augustin, en spéculant, rejette l'existence des antipodes, tandis que les navigateurs les ont prouvés. Aristote, en spéculant, affirme l'incorruptibilité, c'est-à-dire, l'immutabilité des astres, pendant que le télescope de Galilée découvre les phases de Venus. Zénon nie l'existence du mouvement, cependant les sens, au contraire, le prouvent d'une manière irréfutable. Luther, en spéculant, rejette la liberté humaine, sous prétexte de la prédestination divine, mais cette plume que je tiens dans la main, qui pourrait affirmer que je n'aie pas le pouvoir de la mettre en mouvement ou non, d'écrire ou de ne pas écrire? On peut résumer l'esprit moderniste et rénovateur de Campanella par son observation, faite dans La Cité du Soleil, que "ce siècle de nous, a plus d'histoire en cent ans que l'a eu le monde en quatre mille, et dans ces cent ans on a fait plus de livres qu'en cinq mille". L'écrivain voit dans les récentes découvertes les signes du millenium qui s'approche: la découverte du Nouveau Monde, de la boussole, de la presse, et l'arquebuse, reçoivent une explication philosophique. En 1600, rappelons-nous, un autre penseur italien, Giordano Bruno, qui a été brûlé comme hérétique. Campanella ne subira pas le même sort, mais il restera reclus dans les prisons, endurant des privations et des tortures pendant non moins de 27 années. Il passa ses dernières années dans un couvent de son ordre en France, où il mourut le 21 Mai de 1639. La Cité du Soleil fut écrit en italien en 1602, au temps où Campanella était reclus en prison. Probablement, il commença sa rédaction pendant qu'il récupérait des supplices de l'Inquisition. L'ouvrage parut en une première impression traduit au latin, à Frankfurt, l'an 1623. La deuxième édition, encore en latin, sortit à Paris en 1637. La première édition de l'original en italien date seulement du 1904, marquée par certains défauts. La meilleure édition est celle de Bobbio, de 1941, en italien et latin. Dans son livre, Campanella décrit une société idéale, dans un état proche de la nature. L'ouvrage est écrit en forme de dialogue, entre un pilote appelé le pilote de Colon, et quelqu'un appelé Hôspitalier, c'est à dire, un frère de l'ordre des Hôspitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Rappelons-nous que les Loges maçonniques sont intimement liées aux Hôspitaliers et spécialement à Saint Jean. Les Loges symboliques sont dédiés à Saint Jean et les fêtes des deux Saints Jean sont festoyées jusqu'à nos jours dans beaucoup de Loges. La Cité du Soleil se trouve dans l'île de Ceylan. "La cité est distribuée dans sept cercles concentriques, nommés selon les sept planètes (c'est à dire, Sol, Lune, Mercure, Venus, Mars, Jupiter et Saturne), on entre de l'un à l'autre par quatre voies et par quatre portes qui font face aux quatre quartiers du monde". Voilà la représentation de la Loge maçonnique, avec ses quatre parois vers les quatre points cardinaux. Au centre de la cité se dresse un temple parfaitement rond, dans le centre duquel se trouve l'autel. Encore, prenons note du parallélisme avec l'emplacement de l'autel du temple maçonnique, tout différent de l'église. "Sur l'autel il n'y a qu'une mappemonde très étendue où est peint tout le ciel, et une autre où est la terre". A l'usage de certaines Loges, on place un globe terrestre sur la colonne B et une sphère céleste ou sphère armillaire sur la colonne J. "Sept lampes sont toujours allumées, nommées à partir des sept planètes." Sur le plafond de la Loge il faut trouver sept étoiles. La similitude entre lampes et étoiles est évidente. La cité est gouvernée par un prince qui s'appelle Sol ou le Métaphysique, secondé par trois princes collatéraux, nommés Pon, Sin et Mor, c'est à dire, Puissance, Sagesse et Amour. Le parallélisme avec le gouvernement de la Loge maçonnique est surprenant; en effet, les trois lumières de l'atelier, c'est à dire, le V.M., P.S. et D.S., représentent la Sagesse, la Force et la Beauté. La sagesse est identique dans les deux cas. La puissance est la force, et l'amour est la beauté, parce que quand l'auteur décrit ses fonctions, il énumère les arts et les offices et, singulièrement, l'eugénique. Pouvoir, savoir et désirer, ou puissance, sagesse et amour, sont les trois "primautés" qui constituent, ou, dans les mots de Campanella, "essencient" une chose. Bien qu'ils se distinguent entre eux, ils sont en réalité la même chose et identiques avec l'essence. On répète la même idée quand on parle en Loge des trois lumières de l'atelier. Dans l'Arc Royal, dont l'origine est contemporaine avec ceux de la Franc-Maçonnerie moderne, l'identification des trois gouverneurs de la Loge (ou Chapitre) est encore plus étroite, au point qu'on ne peut pas exécuter le rituel sinon avec le concours simultané des tous les trois. Naturellement, la triade solaire peut se conjuguer avec toutes les triades traditionnelles, tel que la Sainte Trinité chrétienne et tant d'autres rapportées dans l'histoire des religions. Il faut remarquer, que le gouverneur de la cité s'appelle Sol, de même que les trois gouverneurs de la Loge symbolique représentent le soleil: le V.M. le soleil que se lève; le P.S. le soleil couchant, et le D.S. le soleil au midi. Aussi, les mouvements à l'intérieur du temple maçonnique, dans le sens de l'horloge, imitent le cours apparent du soleil dans le ciel de l'hémisphère nord. Continuons avec la description de la cité et ses habitants. "Tous les jeunes s'appellent frères ... et puis, les officiers sont attentives à toutes choses pour éviter que personne ne puisse faire tort à un autre dans la confraternité." Voilà Campanella donnant leur nom aux choses. Tous les habitants de la cité travaillent. Campanella écrit: "Chacun désire être le premier dans le travail ... et il est tenu pour plus noble celui qui apprend plus d'arts et les fait le mieux." L'importance donnée par la Maçonnerie au travail est bien connue. Les réunions maçonniques s'appellent justement "travaux". On ouvre les travaux, etc. Cette conception de travail est absolument en contraste avec le mépris pour uploads/Philosophie/ la-cite-du-soleil-de-campanella.pdf
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- Publié le Jan 09, 2021
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