◄ AVANT-PROPOS DEUXIÈME PARTIE ► La Fatigue intellectuelle/I < La Fatigue intel
◄ AVANT-PROPOS DEUXIÈME PARTIE ► La Fatigue intellectuelle/I < La Fatigue intellectuelle Alfred Binet, Victor Henri La Fatigue intellectuelle Schleicher frères, 1898 (p. 33-224). PREMIERE PARTIE EFFETS PHYSIOLOGIQUES DU TRAVAIL INTELLECTUEL CHAPITRE PREMIER INFLUENCE DU TRAVAIL INTELLECTUEL SUR LE CŒUR L’étude des effets physiologiques du travail intellectuel peut se diviser en deux parties distinctes, qui sont connues bien inégalement : la première de ces parties consiste dans la description des effets directement observables qui se produisent lorsqu’une personne fait un travail intellectuel ; ainsi, il y a, chez une personne qui fait des efforts intellectuels soutenus, un changement dans le rythme du cœur, un changement dans la sécrétion urinaire et dans la force musculaire. L’analyse de ces effets, leur description méthodique formeront le principal sujet des pages qui vont suivre. Pour que l’étude de ces modifications devienne scientifique, il faut et il suffit qu’on démontre qu’elles sont une conséquence du travail intellectuel. La seconde partie de ces études n’est pas descriptive, mais explicative ; elle consiste à rechercher le comment, le mécanisme intime par lequel se produisent les effets physiologiques du travail intellectuel. Cette recherche est légitime. Il est bien évident que lorsqu’on a démontré que le travail intellectuel produit une élévation de température, ou, suivant les cas, une augmentation de la pression du sang, un affaiblissement de la force musculaire, etc., on n’a pas tout dit. On n’a pas expliqué comment un certain fonctionnement des centres nerveux de l’encéphale a provoqué ces conséquences physiologiques. La provocation, dans la plupart des cas, ne peut pas être directe, elle est indirecte, compliquée ; elle suppose des mécanismes intermédiaires. La recherche de ces mécanismes intermédiaires est certainement une des plus belles parties de la science. Malheureusement, sur beaucoup de points, elle est encore hypothétique. Aussi serons-nous forcé d’être brefs sur ces questions ; mais nous ne les laisserons pas entièrement de côté. Nous examinerons d’abord les effets du travail intellectuel sur le cœur, parce que la circulation du sang, en y comprenant le cœur et les nerfs vaso-moteurs, est, dans tout l’organisme, la fonction qui se modifie le plus facilement sous des influences psychiques ; la circulation du sang constitue le réactif le plus sensible des excitations qui intéressent le système nerveux. Une émotion qu’une personne éprouve peut ne se manifester sur sa physionomie par aucun signe visible, ne produire aucune modification saisissable de la motilité ; mais si l’émotion est forte, le rythme du cœur sera changé, les nerfs vaso-moteurs seront excités, bref la circulation subira un retentissement. Il résulte de cet état de choses un avantage et un inconvénient. L’avantage, c’est que le processus psychique le moins important, le plus faible, agit sur la circulation et la modifie, et que par conséquent l’étude de la circulation peut permettre de saisir les premiers effets, les effets les plus légers, du travail intellectuel ; l’inconvénient, c’est que par suite de la sensibilité très grande de la fonction circulatoire, elle se trouve dans un état extrêmement instable ; elle change d’un moment à l’autre, sans cesse modifiée par une foule d’influences, dont une bonne partie échappe à notre investigation, de sorte qu’au cours d’une expérience sur les relations du travail intellectuel et du pouls, on est exposé à l’erreur de prendre pour un effet du travail intellectuel une modification qui provient d’une autre cause, très légère, et ayant passé inaperçue. Parmi ces causes modificatrices de la circulation qui peuvent passer inaperçues, il faut signaler en toute première ligne les changements dans la position du corps et les mouvements du corps. Est-on assis sur un fauteuil, le dos commodément appuyé sur le dossier de ce siège, le simple fait de redresser le buste ou de l’incliner en avant modifie le volume de la main ; et si, quittant la position assise, on se met debout, il résulte de cette station debout une augmentation si considérable de la pression du sang que jamais, à notre connaissance, dans les expériences les plus pénibles de calcul mental, on n’a atteint un tel chiffre de pression sanguine. Il faut avoir tous ces faits bien présents à l’esprit quand on recherche l’influence du travail mental sur la circulation du sang ; et pour éviter les causes d’erreurs provenant de ce chef, il faut exiger du sujet une immobilité absolue. On n’obtient cette immobilité, en général, que des personnes un peu habituées aux expériences et ayant appris à commander à leur corps ; le premier individu venu s’agite sur sa chaise, parle, se penche à droite et à gauche, et constitue un détestable sujet pour des recherches aussi délicates. 1° Vitesse du cœur. — La vitesse du cœur est, de tous les phénomènes circulatoires, celui qu’il est le plus facile d’étudier, au moins grossièrement, puisqu’il suffit de compter le pouls de l’artère radiale au poignet en regardant une montre à secondes pour savoir combien de fois le cœur d’une personne se contracte en un temps donné. Le nombre de pulsations, chez un individu normal, est de 72 par minute ; il est un peu plus élevé chez les enfants, D’après des recherches récentes de Gilbert, voici le nombre de pulsations par demi-minute pour des enfants dont l’âge varie de six ans à seize ans. Tableau de Gilbert sur le pouls par rapport à l’âge. ÂGES NOMBRE de garçons étudiés. NOMBRE de filles étudiées. Nombre de pulsations en 30 secondes. POULS des garçons. POULS des filles. 6 ans 43 48 53 50,5 7 — 46 50 49,5 50,8 8 — 49 44 47,4 51,0 9 — 52 48 45 48,2 10 — 47 61 44 45,8 11 — 52 45 44,2 43,8 12 — 54 57 44,4 41,3 13 — 51 50 45 43,2 14 — 48 42 43,4 44 15 — 50 41 41,5 42 16 — 33 40 42,6 43 Nous représentons ces résultats sur le graphique suivant : Fig. 1. représentant le nombre de pulsations par demi-minute, chez des enfants d’âge différent. On remarque que le pouls est plus fréquent chez les enfants les plus jeunes. Il n’y a pas de différence nette entre les garçons et les filles. Les chiffres du précédent tableau doivent être considérés comme un peu trop élevés ; ils ont été pris au cours d’expériences faites dans des écoles américaines. Or, les observations que nous avons faites personnellement sur des enfants dans les écoles nous ont prouvé qu’il suffit de leur adresser la parole et de tâter leur pouls pour produire une petite émotion qui accélère leur cœur ; cette accélération du cœur dure un temps très variable d’un sujet à l’autre ; il est à peu près impossible pour un expérimentateur étranger à l’école de recueillir le pouls normal des enfants. La vitesse du cœur varie de plusieurs façons : il peut y avoir variation soit dans le rythme du cœur, soit dans le nombre de pulsations. Le nombre des pulsations du cœur est susceptible de varier dans les deux sens de l’augmentation et de la diminution. Pour bien comprendre quel est l’effet du travail intellectuel sur la vitesse du cœur, il faut comparer cet effet à celui d’un autre facteur, par exemple le travail physique. Le travail physique, quand il consiste dans un exercice de tout le corps, comme la marche, la course, la bicyclette, produit une accélération du cœur et aussi de la respiration. Tout le monde a pu observer sur soi-même qu’après une course rapide, on sent dans la poitrine le choc du cœur, qui précipite ses battements. Récemment, pour des expériences spéciales qui seront relatées ailleurs, nous faisions courir des enfants de douze ans sur une longueur de six cents mètres ; l’allure n’était pas bien vive, car cette distance était franchie en moyenne en cinq minutes. Cependant l’accélération du cœur était considérable, le cœur battait après la course 140 à 150 fois tandis, qu’avant la course il n’y avait que 80 à 100 pulsations par minute. Du reste, il faut bien remarquer que l’excitabilité du cœur n’est pas la même chez tous ; si deux personnes ou un plus grand nombre font ensemble une marche à pied, et ont soin de prendre leur pouls à intervalles réguliers, par exemple chaque demi-heure, on constate une accélération chez tous les marcheurs, mais elle est d’importance inégale. Dans une expérience que nous avons faite récemment sur sept personnes faisant ensemble une marche à pied de 8 kilomètres environ, sur terrain plat, de quatre à six heures de l’après-midi en été, un des marcheurs a eu un pouls de 88 pulsations au maximum, et un autre un pouls de 128 ; la marche a duré environ deux heures, avec une vitesse d’un kilomètre pour treize minutes, Il y a donc eu, pour un même travail mécanique accompli par ces deux personnes, un écart de 40 pulsations par minute. Nous donnons dans le tableau suivant les résultats pour les sept personnes qui ont pris part à cette expérience : SUJETS Avant de partir à 3 h. 3/4. À 4 h. 10 m. après 25 m. de marche. À 4 h. 30 m. uploads/Philosophie/ la-fatigue-intellectuelle-i-alfred-binet-victor-henri.pdf
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- Publié le Jan 18, 2022
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