La théorie de l'ἄπειρον chez Platon et dans la tradition platonicienne Author(s

La théorie de l'ἄπειρον chez Platon et dans la tradition platonicienne Author(s): C. J. de Vogel Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 149 (1959), pp. 21-39 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41088771 Accessed: 22-10-2017 21:21 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger This content downloaded from 193.54.110.56 on Sun, 22 Oct 2017 21:21:17 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms La théorie de Fánsipov chez Platon et dans la tradition platonicienne1 Platon a exposé sa théorie de l'atTustpov dans le Philèbe2 : c'est le principe indéfini opposé au irépaç. C'est de la mixtion de ces deux que provient le yiyvayuemv, qui est le ^etxTÒv yévoç. Et comme cause de la mixtion Platon admet un quatrième principe, nommé sim- plement l'afaov. L'<5c7retpov est expliqué de la manière suivante. Tout ce qui possède des degrés d'intensité, du jxàXXov xal 9jttov, du a<pó8pa xal -rçpéfxa, du « plus ou moins », non pas de quantité limi- tée, appartient à la classe de Y&neiç>ov. Ce sont des choses qui se trouvent dans un mouvement perpétuel entre deux extrêmes : le chaud et le froid, le grand et le petit, le large et l'étroit, etc., sans jamais trouver de repos. Car tout arrêt signifierait de la me- sure et de la quantité limitée, le rcoaóv et le ^éxpiov, qui appar- tiennent au Tiépaç, par exemple le principe d'égalité, l'îaov, et le nombre entier. Or, si un de ces principes, soit l'ïoov, soit le SireXáotov, est intro- duit dans l'Illimité (1'áTreipov), il en résulte quelque elione (yevéoeiç Tivàç au{x6aivetv) : par exemple, dans les maladies, la juste commu- nication des deux principes, du îcépaç et de rá7retpov, fait surgir la bonne santé ; dans le haut et le bas, le vite et le lent, qui sont illi- mités, des principes de limitation introduits en juste mesure pro- duiront de la musique ; et ainsi de suite, par exemple de la beauté et de la force dans les corps et beaucoup de bonnes qualités dans les âmes. Quelques pages plus loin3, Platon parle de l'âme du monde vi- sible et dit que le voGç, qui en gouvernant ce monde y produit et 1. Exposé fait le 2 mai 1958 au Centre df Recherches sur la Pensée antique de la Faculté des Lettres de Paris. 2. La théorie de3 quatre principes : Phil. 23 c-26 e. 3. 30 a-e. This content downloaded from 193.54.110.56 on Sun, 22 Oct 2017 21:21:17 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 22 REVUE PHILOSOPHIQUE maintient Tordre, appartient au quatrièm Enfin, ce qui n'est pas sans intérêt, c'e troduire un cinquième principe est admis Tout cela n'est pas encore trop diffici sure, d'Égalité et de Nombre appartient faudra conclure que ce principe déterm monde des Idées, par la participation au sont ce qu'elles sont. Il est clair ensuite q tence des choses concrètes, Platon a besoi qui sera nommé par Aristote : le principe expliqué ici comme éternel procédé sans t ce qu'il semble, comme principe immanen l'ordre de la Cause. Elle est en tout cas su c'est-à-dire au monde du devenir, donc : concrètes. Tout cela va bien. Les difficultés surgissent dès qu'on compare les quatre principes du Philèbe à ceux du Timée. Évidemment, dans l'tfv du Timée 27 d-28 a, qui est toujours identique à lui-même, on reconnaît le monde des idées ou les voTQTá que nous venons d'identifier au 7tépaç du Philèbe, tandis que le yiyvofxevov, c'est-à- dire les <xia07)Tá, ne saurait être autre chose que le [aeixtòv yévoç. Dans le Timée, Platon parle encore d'un « troisième principe » (49 a), qualifié comme une « espèce vague » et par là difficile à expliquer. En soi, ce troisième principe ne possède aucune qua- lité. Il est décrit comme l'espace dans lequel les choses se forment - tò èv & YÍyveToa - comme SexVevov ou TravSe/ec, et comparé à la mère. Or, cela veut dire, d'après les idées que les Grecs se font de l'origine d'un être humain, que le tpîtov yévoç du Timée n'est nullement un principe immanent égal à l'arceipov du Philèbe. Il faut en rester ici : d'une part, certes, le TpÊrov yévoç du Timée doit être comparé au principe illimité du Philèbe. Tout comme celui-ci, il est « indéfini » dans le sens de non qualifié. D'autre part, il faut faire attention à la différence : I'á7retpov du Philèbe est un principe constituteur qui entre dans les choses qui de- viennent ; la x¿>Pa du Timée reste un principe extérieur. Elle ne livre que le cadre dans lequel les choses se forment. Certes, on comprend bien qu' Aristote a traité les deux en « principe maté- 1. 23 e. This content downloaded from 193.54.110.56 on Sun, 22 Oct 2017 21:21:17 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms C. J. DE VOGEL. - THÉORIE DE I/AI1EIPON CHEZ PLATON 23 riel »; Qu'aurait-il dû faire autrement de son point de vue à lui? Mais cela ne change rien à l'état des choses : c'est que la descrip- tion du « principe matériel » du Philèbe n'est point conforme à celle du principe semblable dans le Tintée. Quant à 1'aÍTÍoc, il y a d'autres difficultés - non insolubles, à mon avis, mais disputables en tout cas. Il s'agit de la relation du Démiurge, qui (d'après le Tintée 29 d) est un Esprit transcendant, et, d'autre part, le vooç de l'âme du monde dont parle le Philèbe (30 a-d). On a voulu1 identifier le Démiurge au Principe suprême, nommé le Bien dans la République2, qui, là aussi, est traité de Cause ultime de tout être, tandis que le vouç de l'âme du monde, lui, serait (à un niveau inférieur) la cause directe de l'ordre dans le monde visible. Inutile ainsi, nous disent ces interprétateurs, d'introduire un « Nous transcendant » - qui serait le Démiurge du Tintée - entre le principe suprême (l'Agathon) et le nous de l'âme du monde, qui est un nous immanent. Le Démiurge, c'est le bon Principe, cause suprême de tout être spirituel (âme avec son nous) et par là de tout ordre. Donc - puisqu'il n'y a point question d'autre principe dans le Tintée - le bon Principe nommé le Démiurge ne saurait être autre chose que le Bien de la Répu- blique. A cette interprétation - assez plausible en soi, surtout pour ceux qui sont habitués à l'idée d'un Dieu suprême Créateur - s'oppose seulement la formule catégorique de Platon dans le pas- sage cité de la République qui dit que le Bien lui-même nest pas d'être, donc pas d'être spirituel, pas de vooç non plus, mais ènè- xeiva TTjç ouaiaç. Il faudra bien s'y faire : le Démiurge du Tintée, nous transcendant d'après la claire indication du texte, ne sau- rait être identique au Principe suprême de la République. Donc, ce ne sera pas Albinus qui aura raison en expliquant le Principe suprême comme « premier Nous Démiurge8 ». Ce sera plutôt Plo- tin. Car, si le Principe suprême est au-dessus de l'être et de la pensée, cela veut dire incontestablement que l'Être dans le sens 1. J. H. Loen en dans son ouvrage sur le voûç dans la philosophie de Pia- lo /i, thèse d'Amsterdam, 1951. 2. 508 e-509 c. 3. M. J. H. Loenen a essayé de nous convaincre de la légitimité de l'expli- cation du Platonisme par Albinus dans deux articles de la Mnemosyne, 1956- 1957. This content downloaded from 193.54.110.56 on Sun, 22 Oct 2017 21:21:17 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 24 REVUE PHILOSOPHIQUE plein, l'être parfait et spirituel, c'est les v nous rappeler Soph. 248 e-249 a, le passag l'être dans le sens plein du mot ne saura rituelle, sans âme et esprit et sans sages Platon. J'en ai conclu autre part1 que l l'intellection, l'Être intelligible donc (do sage cité), se trouve représenté ici comm il faudra reconnaître que cela n'est pas tell traire, que c'est parfaitement conforme à qu'il existe un monde archétype et transce du kosmos visible. Or, si l'ensemble des vorjTá est conçu comme un être organique et vivant, doué d'âme et d'esprit, n'est-ce pas là que surgit l'idée d'un Nous transcendant? Et encore, ce Nous supérieur et divin, que sera-t-il autre que le Démiurge? Le Démiurge qui crée le monde d'après l'exemple éternel des Idées. - C'est-à-dire : des vo7)Tá qu'il contient en Lui-même. Il faudra avouer, en tout cas, bien que Platon nous ait laissé quelque chose à expliquer, que cette explication, si l'on la consi- dère de près, ne fait aucune uploads/Philosophie/ la-theorie-d-x27-apeiron-chez-platon-et-dans-la-tradition-platonicienne.pdf

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