S é m i n a i r e X V I D ’ u n A u t r e à l ’ a u t r e a u t r e Rappelons l
S é m i n a i r e X V I D ’ u n A u t r e à l ’ a u t r e a u t r e Rappelons l’avancée de ce chapitre sur la topologie des surfaces. Après deux séminaires (L’Identification et L’Angoisse), tous deux articulés à introduire le cheminement d’une cure psychanalytique, nous avons mis en évidence ce coup d’arrêt résultant du refus de Lacan de tenir son séminaire sur les Noms-du Père. Le Séminaire XI, Les quatre concepts…, a inauguré une nouvelle ère d’enseignement, une reprise pour le nouveau public, reprise plus logique. « L’objet, les problèmes cruciaux, le fantasme, l’acte psychanalytique et d’ un Autre à l’autre », appartiennent à ce second temps de la topologie des surfaces. Lacan y considère que la logique est la retombée dans l’analyse du discours de l’opération de coupure de a. La trace que cette opération existe au plan de la surface : c’est la logique et plus spécialement la logique de la quantification. Il ne faudrait cependant pas oublier que la découpe de a sur une surface n’est que la monstration structurale du détachement du sujet de la jouissance, laquelle n’en disparaît pas corps et biens pour autant, et c’est précisément ce que nous réserve de neuf les premières séances du Séminaire XVI. A. Le plus-de-jouir pour le sujet B. Les deux figures du sujet C. Les limites subjectives : un savoir né de la jouissance féminine D. Du sujet de la jouissance E. Conclusion * * * A. Le plus-de-jouir pour le sujet Le point de départ du surgissement du plus-de-jouir reste bien la faille inscrite au cœur de chacun et qui fait le sexualité humaine : « c’est à savoir qu’il n’y a pas d’union de l’homme et de la femme sans que la castration : 1) ne détermine au titre du fantasme précisément la réalité du partenaire chez qui elle est impossible ; 2) sans qu’elle se joue, la castration, dans cette sorte de recel qui la pose comme vérité chez le partenaire à qui elle est réellement, sauf excès accidentel, épargnée ; donc, chez l’un des partenaires, l’impossible de son effectuation devient sa réalité et, chez l’autre, la menace comme possible n’est pas nécessaire pour être vraie. » (13/11/1968) Voilà l’origine de la faille qui s’inscrit dans la pensée sous les formes que toute théorie psychanalytique se doit de prendre au sérieux. Le discours analytique se règle comme pensée à partir, pourrait-on dire, d’une non-pensée (je ne pense pas). Plus exactement, c’est à partir de l’hors-sens ou de l’entre-sens, en quelque sorte, que l’être de la pensée psychanalytique se trouve causé, l’essentiel étant précisément ici cette cause qui produit les effets de la pensée et non l’inverse, (exactement comme dans la formule « il pleut » où le sujet de la phrase est conditionné par une cause qui, comme telle, le (« il ») produit comme effet de la pensée). Dans cette structure, nous avons à faire à quelque chose qui participe de la faille au même titre par exemple qu’ont pu le démontrer des arts comme la musique ou l’architecture qui tentent, en produisant la relation du nombre harmonique avec le temps et avec l’espace, de montrer une (incompatibilité) incommensurabilité. Cette incommensurabilité (Cf. Séminaire XV) résulte, pour Lacan, de l’irréductibilité des sexes entre eux ! Seulement, il ne faudrait pas croire que le fait que le discours analytique s’appuie d’une faille, entraîne l’impossibilité de déterminer ce qu’est la théorie psychanalytique. Au contraire, (en tout cas, si on veut l’enseigner à l’université), la chose même devant laquelle il ne faut pas reculer, c’est d’en produire le savoir. Pour ce faire, il est un certain nombre de préalables qui sont proprement topologiques, ceux qui montrent que la pensée comme telle est affaire de signifiant. Exemple. On a l’habitude quand on voit un pot de moutarde de considérer que bien qu’il soit vide, il soit plein. Or c’est comme tel, en tant que pot, qu’il possède sa signification et non pas parce qu’il contient très précisément de la moutarde ou pas. Dans la pensée pareillement, il y aurait propension à croire que l’essentiel de la signification serait de l’ordre du contenu. Revenons à l’exemple utilisé par Lacan. Comment ne pas voir et, plus précisément, rapporter tout cela à ces pots troués que l’on trouve dans les tombes partout dans le monde, comment ne pas voir que toute la structure de la pensée n’est là qu’un mirage écrit sur la surface même topologique que nous montre l’activité du potier ? Quelque chose donc, dans la signification du pot troué, se justifierait d’un échange, d’un échange entre la valeur d’usage et (dans notre exemple) une valeur d’hommage ainsi qu’on le trouve dans l’hommage rendu dans les nécropoles. Ceci amène Lacan à se situer par rapport à Marx et à y situer l’objet a dans sa fonction topologique essentielle, corrélatif dans notre champ analytique de ce que Marx a appelé la plus- value. Cette plus-value, cause de la pensée de Marx, résulte d’une renonciation à la jouissance qu’Hegel avait déjà comme telle repérée, mais qui fait apparaître, et c’est là l’essence du discours, en tout cas du discours analytique, la fonction du plus-de-jouir (nouveau nom de l’objet a qui répond au vœu que nous émettions lors de notre commentaire du Séminaire XV) : « Cette fonction apparaît par le fait du discours, parce que ce qu’elle démontre, c’est, dans la renonciation à la jouissance, un effet du discours lui-même ». (13/11/1968) Un marché, en quelque sorte, analogue au marché économique marxiste est supposé au champ de l’Autre, et c’est le discours qui détiendrait les moyens de jouir en tant qu’il implique le sujet. Ce plus-de-jouir tient à l’énonciation, nous dit Lacan, et est produit par le discours pour qu’il apparaisse comme effet subjectif. Déjà il l’avait montré dans «Kant et avec Sade» (Écrits) pour indiquer la réduction de ce plus- de-jouir à l’acte d’appliquer sur le sujet le petit a du fantasme, par quoi le sujet peut être posé comme cause de soi dans le désir. C’est aussi ce que Pascal, dans la renonciation à la jouissance pour l’espoir d’une nouvelle vie, avait déjà illustré. La renonciation s’incarne dans le discours du Sujet quand il évite dans son énonciation de s’annoncer d’un index pour signaler qu’il pense ce qu’il dit sur les chemins de ce que Lacan avait appelé (Séminaire III) : la parole pleine. Ce faisant, le sujet témoigne de l’existence de l’objet a que la théorie nous démontre s’égaler à la fonction du signifiant en tant qu’il ne pourrait pas se représenter lui-mêmei[i]. Dans cette opération, le Sujet disparaît dans son surgissement et ne peut en aucun cas avoir de lui-même, sauf à s’égaler à un fantasme, une certaine consistance. Cette perte de l’identité, c’est proprement ce qui s’appelle l’objet a. Nous n’en avons comme trace dans la répétition que ce trait qui la marque, trait unaire, nous l’avons déjà vu, qui est le signe de la perte de l’objet. C’est ce plus-de-jouir qui est strictement corrélatif de l’entrée en jeu du sujet dans le règne de la pensée et même dans celui du symptôme. On notera, à l’occasion, que ceci est strictement freudien, puisque c’est ce que Freud avait déjà avancé dans les Trois essais sur la théorie de la sexualité à propos du lien à la période de latence entre le refoulement de la sexualité infantile et le surgissement de la pensée. Or, dans le fantasme, le Sujet qui disparaît ou qui a disparu vient, en quelque sorte, se solidifier et se donner l’impression d’avoir une consistance dans un cimentage avec cet objet. C’est pourquoi, il y avait intérêt à voir comment ces objets se succèdent dans l’aventure subjective (Séminaire X) puisque c’est sous la forme de cette fausse consistance issue d’une renonciation à la jouissance qu’on les voit (ces objets) s’articuler au Sujet pour constituer ce fantasme. Lacan écrit alors pour la première fois cette formule du discours analytique S1---> S2 à mettre en relation avec ◊ a. $ Toute recherche du bonheur n’est rien d’autre que la tentative de voir s’incarner ce plus-de-jouir qui, chez certaines personnes, prend cette forme un peu particulière qui s’appelle la perversion. Marque éminente d’une interrogation subjective. Dans le discours analytique, quand l’analysant se met à la traîne de ce « je parle » qui permet à la vérité de surgir, il se désolidifie de son rapport à cet objet et, en quelque sorte, il s’en détache pour qu’il existe sous la forme du plus-de-jouir. Il existe bien deux types d’[Autre] dès maintenant : l’un qui est celui à qui on peut s’opposer, qui réfute, à qui on essaie de démontrer des choses et qui est le lieu de cette solidification fantasmatique, et puis l’autre Autre, celui que Lacan écrivait avec un qui indique qu’il n’y a pas de possibilité d’entière consistance du discours et qui permet d’articuler l’existence du Sujet. « La non-jouissance, la misère, la détresse et la solitude sont la uploads/Philosophie/ lacan-seminaire-16-resume-32-pgs.pdf
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- Publié le Mai 11, 2021
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