08/06/2019 La notion d'impressional ou impression astrale, et Analyse critique

08/06/2019 La notion d'impressional ou impression astrale, et Analyse critique de la sémiotique de Peirce par Patrice Guinard cura.free.fr/03peirce.html 1/14 Le Manifeste Le Dominion Textes et Articles Historique Liens ACCUEIL (FR) HOME (EN) La notion d'impressional ou impression astrale Analyse critique de la sémiotique de Peirce par Patrice Guinard 1. La triade ontologique 2. Le signe triadique 3. Les fonctions sémiologiques 4. Classification des Signes Les 3 Mondes (Ontologie sémiotique) 2/2 : Du Sémiotique à l'Astral Ce texte de sémiologie astrale recouvre les chapitres 16, 17, 18, 19 et 23 de ma thèse de doctorat (1993). Il a été publié dans la revue philosophique "Concepts" en Mars 2001 (n°2, Editions Sils Maria) sous le titre "Analyse critique de la sémiotique de Peirce et justification ontologique du concept d'impressional". Je cherche à montrer comment la raison matricielle peut suppléer avantageusement la raison analytique, et comment l'impressional, source de toute incidence astrale, peut s'articuler de manière logique aux autres catégories ontologiques. 1. LA TRIADE ONTOLOGIQUE "Toute méthode consiste au fond à bien isoler et connaître ses éléments - le reste n'est rien, il se fait tout seul." (Paul Valéry : Cahiers) Charles Sanders Peirce [1] , "l'inventeur de la sémiotique", a mis en place une réflexion radicale et exhaustive sur la notion de signe, qui peut servir de base théorique à toute exploration phénoménologique, en ce sens où le signe peircien désigne idéalement le résultat de tout phénomène de perception, interne ou externe. Dans la mesure où les planètes, en astrologie, marquent différentes modalités de la perception intérieure du réel, et qu'elles s'organisent, d'après Kepler, selon un schéma ternaire (cf. thesis meae sequentiam : "Le Planétaire"), la pensée de Peirce, créatrice d'une multiplicité de "triades", constitue pour mon propos une perspective analytique privilégiée. La philosophie du logicien américain reste relativement méconnue eu égard à son importance. Peirce n'a presque rien publié. La quasi-totalité de ses écrits est posthume : ses Collected papers ont commencé à être édités vingt ans après sa mort. Peirce est avec Nietzsche l'autre géant de la métaphysique de la fin du XIXème siècle. Nietzsche s'intéresse aux macro-phénomènes culturels (théorie de l'instinct, généalogie des morales et des cultures, axiologie, ressentiment ou noblesse des motivations...), Peirce explore leurs micro-manifestations : le mot, l'expression, la logique de l'échange linguistique... Nietzsche (Balance) donne la perspective à suivre en traçant la généalogie ; Peirce (Vierge) réalise l'autopsie en démontant les mécanismes. L'objet de la métaphysique peircienne est le "phaneron", c'est-à-dire l'ensemble des phénomènes, non pas en tant qu'ils se manifestent pour la perception extérieure, mais en tant qu'ils apparaissent à l'esprit : le phaneron est "la totalité collective de tout ce qui, de quelque manière et en quelque sens que ce soit, est présent à l'esprit, sans considérer aucunement si cela correspond à quelque chose de réel ou non." [2] Ce collectif phanéroscopique comprend trois types d'étants, trois catégories d'êtres absolument distincts : "Je reconnais trois univers qui se distinguent par trois Modalités de l'être. L'un de ces univers embrasse tout ce qui a son être en lui- même, sauf qu'il faut que tout ce qui est dans cet univers soit présent à une unique conscience ou puisse être ainsi présent avec tout son Être. (...) Un autre Univers est celui, premièrement, des objets dont l'Être consiste en leurs réactions Brutes, et celui, deuxièmement, des Faits (réactions, événements, qualités, etc.) concernant ces objets, dont tous les faits, en dernière analyse, consistent en leurs réactions. (...) Le troisième Univers comprend le co-être de tout ce qui est, en sa nature, nécessitant, c'est-à-dire est une Habitude, une loi ou quelque chose d'exprimable dans une proposition universelle." [3] Le premier univers est régi par le hasard, le second par l'amour, le troisième par la continuité. Ainsi la causalité appartient au troisième univers, celui des lois, et non au second. [4] 08/06/2019 La notion d'impressional ou impression astrale, et Analyse critique de la sémiotique de Peirce par Patrice Guinard cura.free.fr/03peirce.html 2/14 Ces trois modalités de l'être, Peirce les nomme catégories cénopythagoriciennes ou néopythagoriciennes, en hommage au philosophe grec qui a souligné l'importance métaphysique du Nombre : la Priméité (Firstness) est "le mode d'être de ce qui est tel qu'il est, positivement et sans référence à quoi que ce soit d'autre." [5] ; la Secondéité (Secondness) est le mode d'être de ce qui est tel qu'il est "relatif à quelque chose d'autre." [6] ; la Tiercéité (Thirdness) est le mode d'être de ce qui est tel qu'il met en relation réciproque un premier et un second. Secondéité et Tiercéité n'existent qu'en fonction de la Priméité ; la Tiercéité nécessite en outre l'existence de la Secondéité. Il n'y a dans cette terminologie aucune idée de succession temporelle : un "premier" (un étant de Priméité) n'est pas ce qui vient avant. De même les trois relatats ou composants du signe sont co-donnés (cf. infra : "Le signe triadique") : ils sont simultanément présents à l'esprit et "dans le signe". Les catégories ontologiques ont un fondement extérieur au sujet pensant : elles sont "co-réelles" et "indépendantes de notre pensée". [7] Peirce les appréhende au moyen d'une logique relationnelle qui souligne leur caractère extra-psychologique. Cependant il semble impossible d'attribuer tel phénomène à l'une ou l'autre de ces catégories sans des expériences collatérales incidentes de nature psychologique, car il est nécessaire que ces catégories se distinguent "dans l'esprit" de quelque manière. L'approche de Peirce est apparemment réaliste, à l'instar de celle de John Duns Scot (~1266-1308). Le franciscain écossais avait développé une conception ontologique ternaire qu'il tenait d'Avicenne ; les trois formes réelles de l'Être (de ce qui est) sont la forme métaphysique (quiddité) ou l'être en lui-même, sans aucune détermination, la forme "physique" (haecceïté) ou l'être sensible, dans son existence singulière, et la forme logique (généralité) ou l'être intelligible, dans l'intellect. [7a] Je nomme dorénavant ces trois formes phénoménales : état (psychique), objet (physique) et signe (psycho- mental), en fonction de leur mode d'apparition à l'esprit. On vérifiera que pour la conscience au sens large, l'état est un étant de Priméité, l'objet un étant de Secondéité, et le signe un étant de Tiercéité. Car avant qu'on puisse reconnaître ces phénomènes comme appartenant à des catégories formelles, il est nécessaire qu'ils apparaissent comme des forces. Peirce a d'ailleurs suggéré un rapprochement des trois relations logiques qui définissent les catégories aux "trois fonctions fondamentales du système nerveux, à savoir, premièrement, l'excitation des cellules ; deuxièmement, le transfert de l'excitation aux fibres ; troisièmement, la fixation de tendances déterminées sous l'influence de l'habitude." [8] A priori tout être existant (organisme, objet matériel, conscience humaine...) contient une certaine part de Priméité ; autrement dit, il a la qualité d'être en soi, tel qu'il est, sans relation ni référence à quoi que ce soit d'autre. Ontologiquement, seul ce qui est "ineffable" est pure priméité. [9] Pour la conscience (au sens large) qui perçoit, un Premier est un "sentiment", c'est-à-dire "un état qui est dans son intégralité à tous les moments du temps, aussi longtemps qu'il dure." [10] C'est une qualité (quality of feeling) en tant qu'elle reste simple possibilité : "Les qualités elles-mêmes qui, en elles-mêmes, sont de purs peut-être non nécessairement réalisés." [11] La qualité reste "qualité" à condition de "ne pas tenir compte de ce qui peut s'y attacher quand vous percevez ou vous vous souvenez, et qui n'appartient pas à cette qualité." [12] Cependant le glissement chez Peirce du feeling à la quality prête à confusion et implique déjà la reconnaissance de quelque chose de précis, ce qui n'est possible qu'en quittant la Priméité. Un état ne peut être qu'enregistré, ressenti, vécu : s'il est appréhendé et déterminé de quelque manière, serait-ce sous la forme d'une qualité indéfinie, il cesse d'être un état, et devient la représentation mentale d'un état. Quand Peirce évoque "le goût de la quinine", il a non seulement établi une relation avec l'existant (la quinine), mais il a aussi effectué une médiation qui rapporte l'affect à l'existant. Autrement dit la Secondéité et la Tiercéité sont déjà présentes. Un pur étant de Priméité n'a pas sa source dans le monde objectal. C'est une simple "modification psychique", indéterminée, une impression fugitive et imperceptible. "Par exemple, quand vous vous la rappelez, l'idée que vous en avez est dite faible et quand elle est devant vos yeux, elle est vive." [13] Parler de qualité pour un pur étant de Priméité, c'est supprimer la possibilité comme telle, et son caractère indéterminé ; qualifier le possible, c'est le détruire "dans l'oeuf" par des opérations de matérialisation et de sémiotisation de l'étant. La Priméité ne peut être appréhendée à partir d'existants extérieurs, car leur existence présuppose la Secondéité. Elle ne peut se concevoir qu'en fonction de critères négatifs, un peu comme la Déité de Johannes Eckhart : indicible, ineffable, au-delà de toute forme et de tout attribut. Un Premier, inassignable, insaisissable présence intérieure, absolument en soi, ne souffre aucune espèce de détermination sous peine de passer sous le mode de la Tiercéité. Il y a quelque chose en moi, indistinct et immédiat : c'est tout ce que uploads/Philosophie/ les-3-mondes-ontologie-semiotique-1-2-la-notion-d-x27-impressional.pdf

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