Bac 2018 Épreuve de philosophie Série ES Sujet 1. Toute vérité est-elle définit
Bac 2018 Épreuve de philosophie Série ES Sujet 1. Toute vérité est-elle définitive ? Notion en jeu : la vérité. Avant-propos. Ces éléments de corrigé ne constituent en aucun cas un « corrigé type », mais seulement des exemples de traitement possible de ce sujet de dissertation. En philosophie, la démarche de pensée individuelle et la logique de l’argumentation est ce qui rendra un travail bon le jour de l’épreuve. Il n’y a pas un plan possible mais plusieurs. Ce corrigé se veut donc avant tout une explication du sujet et de ses attentes, et non un corrigé type comme on pourrait en trouver en sciences dures : mathématiques… Présentation du sujet Ce sujet, « Toute vérité est-elle définitive ? », a trait à une notion classique du programme de terminale ES, la vérité, issue du grand domaine la raison et le réel. C’est un sujet plutôt classique, qui est difficile toutefois au sens où il pose une question d’universalité du caractère de la vérité : si toute vérité est définitive, c’est que la vérité en tant que telle l’est... Il s’agit donc de questionner ni plus ni moins que la nature de la vérité, son essence, ce qui la caractérise fondamentalement. Le mot essentiel de ce sujet est donc le “toute”. Ne pas le voir serait faire un hors-sujet. Analyse du sujet. Éléments d’introduction. Ce travail d’analyse correspond à ce que vous devez faire pour vous approprier le sujet dans toute sa dimension. Ce travail est absolument indispensable pour vous permettre de cibler le sujet et de ne pas faire de hors-sujet. Il faut d’abord mettre en tension le sujet, pour amener la problématisation. Mettre en tension, c’est trouver deux réponses qui font faire un grand écart au sujet, qui le tirent dans un sens et dans l’autre comme on peut étirer un élastique vers deux extrémités. Sans mettre en tension le sujet, on ne peut pas le problématiser, c’est-à-dire voir le problème sous-jacent au sujet, le problème que pose la question même du sujet. Et si on ne voit pas ce problème, on se contente de répondre à la question posée, ou de reformuler le sujet, mais sans le problématiser. Alors on ne répond pas aux attentes de la dissertation de philosophie, qui suppose une aptitude à problématiser. Pour mettre en tension le sujet, on va proposer deux réponses a priori opposées, l’une évidente, qui nous vient à l’esprit le plus spontanément, l’autre qui vient la réfuter ou en montrer les limites. - sujet : toute vérité est-elle définitive ? - réponse évidente : oui, d’apparence, toute vérité est définitive, ce sans quoi ce ne serait pas une vérité. Par définition donc, la vérité se doit d’être générale, universelle, valable en tout lieu et en tout temps. - réponse opposée qui réfute la première réponse ou en montre les limites : pourtant, on peut au contraire penser qu’une vérité se construit, elle n’est pas une donnée innée, certaine par nature, elle doit se démontrer, s’éprouver, se prouver. Alors non une vérité n’est pas définitive, elle ne peut que le devenir lorsqu’elle se vérifie dans le temps. Ne serait-ce pas d’ailleurs dangereux de penser les choses ainsi ? Ne tomberions-nous pas dans les dangers du dogmatisme ? Cela amène alors la problématique : toute vérité, pour être vraie et digne de ce nom, est-elle forcément définitive, ou bien ce caractère indestructible et résistant au temps n’est pas essentiel à cette dernière ? Est-elle donnée une fois pour toutes ou ne se construit-elle pas petit à petit dans le temps ? La vérité peut-elle être étrangère à la durée, quand bien même elle ne serait pas définitive en tant que telle ? Proposition de plan I. Oui, toute vérité semble bien définitive. 1. Le critère de la vérité : l’universalité. Par définition, une vérité, c’est ce qui est universel, valable en tout lieu et en tout temps. “En tout temps”, cela veut bien dire “définitif”. En effet, que serait donc une vérité si elle ne durait pas ou changeait selon les époques ? Sur quels fondements adosser la connaissance des choses ou ne serait-ce que l’interprétation des faits qui nous entourent, s’il n’y avait pas de points fixes, ces vérités dont on parle ? Si un jugement tenu pour vrai changeait rapidement avec le temps ou n’était admis que par quelques individus seulement, il ne s’agirait pas d’une vérité, mais d’une opinion, vraisemblable pour ceux qui en sont les défenseurs, mais intenables pour d’autres. La vérité précisément n’est pas une opinion... 2. Les modèles de vérités : les vérités axiomatiques ou premières, socles de la connaissance. Les vérités premières et axiomatiques sont ces énoncés tenus pour vrais qui sont au fondement même de nos connaissances et certitudes, aussi diverses qu’elles soient. Ce type de vérités est comme un socle commun sur lequel la connaissance se construit, les démonstrations découlent et les déductions se font. On les trouve de manière privilégiée en mathématiques : que serait un théorème, celui de Pythagore par exemple, sans axiomes ? Celles-ci ne sauraient changer dans le temps, sans mettre en péril toute la science constituée à partir d’elles depuis la nuit des temps. Les vérités axiomatiques, fondement de notre connaissance et modèles de la vérité, sont définitives : un triangle a trois côtés, cela ne change pas. II. Et pourtant, à creuser et voir de manière plus approfondie, toute vérité semble avant tout se construire dans le temps... 1. Une vérité peut résister au temps, mais ce n’est pas être définitif Si par nature, toute vérité semble devoir prétendre à la durabilité pour être vraie, des scientifiques sont revenus sur cette prétention et pensent plutôt que la vérité, en pratique, ne doit pas échapper à l’érosion du temps si jamais celle-ci doit advenir. Elle doit toujours se vérifier par l’épreuve du temps, sans cesse. Il faut tenter de la réfuter, de montrer qu’en réalité elle est fausse, pour que petit à petit elle atteigne une assise véridique de plus en plus solide. C’est ce dont parle Popper (Logique de la découverte scientifique) quand il évoque la “falsifiabilité ” ou encore la “réfutabilité”. La vérité donc n’est pas définitive absolument, elle n’est pas pour autant provisoire, elle résiste simplement au temps de manière durable. 2. La vérité comme construction dans le temps La vérité semble bien se fabriquer avec le temps, elle se modifie, se précise, au fil du temps. Ainsi, une vérité serait moins définitive que toujours adaptée et sans cesse précisée, eu égard aux évolutions scientifiques et aux avancées techniques. C’est ce que dit Duhem dans La théorie physique, son objet, sa structure) : la vérité est faite de « strates » qui se chevauchent les unes les autres, parce qu’elle s’affine au cours du temps ou évolue. Comme un rocher qui s’érode et dont on voit à l’œil nu les différentes couches. La vérité se construit au fur et à mesure que le temps progresse : ainsi est-on passé du géocentrisme à l’héliocentrisme, par exemple. III. Hormis en mathématiques, il y a danger à considérer toute vérité comme étant définitive : vers le dogmatisme. 1. Le danger du dogmatisme Le dogmatisme c’est considérer une affirmation comme incontestable et intangible par une autorité politique, philosophique ou religieuse qui emploiera dans certains cas la force pour l'imposer. Voilà les conséquences à vouloir que les vérités soient définitives, donc indiscutables ! Une certaine dictature de la pensée, de la science, de l’esprit 2. Rendre les vérités définitives c’est aller à l’encontre du savoir et donc de la vérité elle-même. Le danger de l’obscurantisme Si par nature, une vérité semble devoir être définitive pour être vraiment vraie, on a vu les dangers que cela supposait. De sorte qu’il y a bien plutôt nécessité bien plutôt pour les vérités d’être discutées, éprouvées dans le temps. Faire de toute vérité quelque chose de définitif est d’ailleurs totalement contreproductif pour la quête de vérité elle-même et c’est alors plonger dans l’obscurantisme. L’obscurantisme, c’est cette attitude qui refuse de reconnaître comme vraies de nouvelles choses ou idées démontrées, et qui, partant, va à l’encontre de la connaissance, puisqu’il pose des restrictions pour ce qui est du progrès du savoir et est contre la propagation de nouvelles théories. uploads/Philosophie/ letudiant-bac-es-2018-philo-s1.pdf
Documents similaires










-
49
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 28, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.6810MB