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La linguistique moderne A- Définitions de la linguistique La linguistique est l’étude scientifique du langage humain et des langues, elle est descriptive et se veut objective à la différence de la grammaire qui est une discipline prescriptive et normative. En effet, la grammaire édicte des règles qui ont pour finalité la bonne acquisition de la langue, autrement dit apprendre à parler et à écrire correctement. Au contraire, la linguistique ne se préoccupe pas de la correction de la langue. Le linguiste décrit et explique toutes les productions orales et écrites qu’elles soient jugées correctes ou incorrectes par la grammaire. Le linguiste ne porte aucun jugement de valeur ni sur les productions des locuteurs, ni sur la beauté, la richesse, les aptitudes d’une langue. Généralement, on établit une hiérarchie des langues, certaines méritent cette appellation alors que d’autres sont appelées pour des raisons historiques et politiques : dialectes, patois, créoles, sabirs… Pour le linguiste, chaque dénomination a une signification précise dénuée de toute péjoration. Mahmoudian définit la linguistique comme une science du langage, toute étude concernant quelque langue que ce soit relève de la linguistique. Le statut de la linguistique comme étude scientifique du langage humain est lié à la publication en 1916 du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure. Ceci dit, c’est au sein du courant de la grammaire historique et comparée (1816-1870) que naît le concept de linguistique dont la première apparition attestée dans le dictionnaire de Boiste en 1800. B- Le Saussurisme 1- Objet et tâches de la linguistique saussurienne La linguistique de Saussure a pour objet l’étude du langage en soi non pas seulement un moyen d’accès à d’autres disciplines comme la psychologie et l’Histoire. C’est à partir de ce moment que la linguistique devient une discipline autonome avec son propre objet d’étude. Saussure estime que « la matière de la linguistique est constituée par les manifestations du langage humain qu’il s’agisse de peuples sauvages ou de nations civilisées ». Il opère une distinction entre la langue et le langage : La langue est une partie déterminée et essentielle du langage, elle est à la fois un produit social de la faculté du langage et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le corps social pour permettre l’exercice de cette faculté chez les individus. C’est ainsi que la langue devient l’objet premier de l’étude linguistique. Le langage est multiforme et hétéroclite, il est à la fois physique, physiologique et psychique, il appartient au domaine individuel et au domaine social. Pour Saussure, c’est la langue qui fait l’unité du langage. Il avance les caractéristiques suivantes de la langue : - Elle est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu, qui à lui seul ne peut, ni la créer ni la codifier. - La langue distincte de la parole est un objet qu’on peut étudier séparément. - La langue est un système de signes exprimant des idées et par là comparable à l’écriture, à l’alphabet des sourd- muets, aux rites symboliques aux formes de politesse, aux signaux militaires etc. Elle est seulement le plus important de ces systèmes. « On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ; elle formerait une partie de la psychologie sociale et par conséquent de la psychologie générale, nous la nommerons sémiologie et la linguistique n’est qu’une partie de cette science générale. » p33 La tâche du linguiste est de définir ce qui fait de la langue un système spécial dans l’ensemble des faits sémiologiques. 2-Les concepts fondamentaux de la linguistique Saussurienne - La dichotomie langue/ parole : Pour Saussure, la langue n’est pas une fonction du sujet parlant, elle est le produit que l’individu enregistre passivement, c’est un système. Alors que la parole est au contraire un acte individuel de volonté et d’intelligence. Gadet reprend les distinctions émises par Saussure dans le tableau suivant : Langue Parole - social - essentiel - enregistrée passivement - psychique - somme d’empreintes dans chaque cerveau - modèle collectif. - individuel - accessoire plus ou moins accidentel - acte de volonté et d’intelligence - psychophysique - somme de ce que les gens disent - individuel donc non collectif. - La conception du signe : Pour Saussure, la langue n’est pas le reflet de la réalité, ni de la pensée, les mots de la langue ne sont pas des étiquettes mises sur la réalité du monde et la langue ne traduit pas la pensée qui aurait une forme précise antérieure. L’argument de Saussure est la traduction, en effet les mêmes réalités possèdent des noms différents dans les diverses langues, pour lui c’est une preuve de la non coïncidence de la réalité avec le monde ; il estime que l’idée est une « «masse amorphe », une « nébuleuse » avant sa mise en langue. Saussure définit le signe ainsi : le signe linguistique unit non une image et un nom mais un concept (signifié) et une image acoustique (signifiant). Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; elle est matérielle, c’est seulement dans ce sens et par opposition à l’autre terme de l’association, le concept, généralement plus abstrait. » (p98). Les termes concept et image acoustique sont ensuite remplacés respectivement par le signifié et le signifiant. Le signe linguistique échappe à notre volonté, Saussure insiste sur son immutabilité justifiée par son caractère arbitraire mais il n’empêche qu’il évolue dans le temps. Le lien unissant le signifiant et le signifié est arbitraire (…) tout moyen d’expression reçu dans une société repose en principe sur une habitude collective ou sur la convention. Par exemple le mot « table » désigne par convention générale l’objet qu’on connaît à savoir le support avec un ou quatre pieds sur lequel on travaille ou on mange, il aurait pu désigner l’objet qu’on appelle communément « chaise ». - La notion de valeur : Elle va constituer le principe organisateur de l’analyse de ce que Saussure appelle « les entités linguistiques », c'est-à-dire le signe, pour ce faire il s’appuie sur la notion de synonymie. Il utilise la métaphore des jeux d’échecs pour faire comprendre cette notion de valeur linguistique ; une pièce du jeu, la reine par exemple est définie essentiellement par sa position dans les règles du jeu ; cette valeur peut-être assumée par des formes matérielles diverses. - Linguistique synchronique et linguistique diachronique : Alors que la première étudie le fonctionnement de la langue dans un état donné, la seconde étudie l’évolution la langue dans le temps. Ce qui donne lieu à la linguistique statique et la linguistique évolutive. - l’axe syntagmatique et l’axe paradigmatique : Les énoncés linguistiques s’organisent selon ces deux axes. - l’axe paradigmatique est l’axe vertical, sur cet axe un ensemble d’unités linguistiques peuvent commuter dans chaque point de l’énoncé mais l’apparition d’une nouvelle unité entraîne l’exclusion de toutes les autres pouvant apparaître dans le même contexte. - l’axe syntagmatique est l’axe horizontal ; c’est le lieu de l’enchaînement linéaire des unités de la langue, cette organisation des unités linguistiques est soumise à des règles bien précises. C- Les différentes branches de la linguistique(1- la phonétique et la phonologie) Q’est-ce que la phonétique ? C’est l’étude des sons du langage, elle s’intéresse à l’aspect oral du langage. C’est l’étude de la substance physique et physiologique (acoustique, phonation, articulation…) de l’expression linguistique . - la phonétique articulatoire étudie l’appareil phonatoire et la façon dont cet appareil produit le son. Il comprend une soufflerie subglottique (trachée artère, bronches poumons, muscles respiratoires), un générateur vocal (le larynx) et un pavillon supra-glottique, ensemble de structures immobiles (parois nasales, palais osseux, mâchoire supérieure, dents) et de structures mobiles (parois de larynx, voile du palais, mâchoire inférieure, langue et lèvres). - Outre la phonétique articulatoire, la phonétique auditive s’intéresse à la réception du message ; il existe aussi la phonétique acoustique qui s’occupe de la transmission du message. La phonétique combinatoire étudie les rapports des sons les uns avec les autres dans un contexte donné. La phonétique utilise des méthodes expérimentales, elle bénéficie de l’avancement technologique :Kynographe( permet de dire les caractéristiques sonores du son) , Sonographe (permet de dire avec précision si on a un son sourd ou oral, Oscilloscope (permet de décrire le son). La phonétique n’a pas à tenir compte du signifié, elle ne s’occupe que des éléments phoniques de la parole ; on peut étudier phonétiquement une langue qu’on ne comprend pas. Q’est-ce que la phonologie ? « C’est la science qui étudie les sons du langage du point de vue de leur fonction dans le système de communication linguistique. Elle se fonde sur l’analyse des unités discrètes (phonèmes et prosodèmes) ».Dictionnaire de linguistique. * le phonème est l’élément minimal, non segmentable, de la représentation phonologique d’un énoncé, dont la nature est déterminée par un ensemble de traits distinctifs. Chaque langue présente dans son code, un nombre limité et restreint de phonèmes (une vingtaine ou une cinquantaine uploads/Philosophie/ linguistique-moderne-par-madame-gherieb.pdf

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