Le concept Sohier : application à l'articulation coxo-fémorale Hip Therapy with
Le concept Sohier : application à l'articulation coxo-fémorale Hip Therapy with Sohier Method Centre hospitalier de Mulhouse, BP 1370, 68070 Mulhouse cedex, France Reçu le 7 octobre 2011 ; reçu sous la forme révisée le 3 mai 2012 ; accepté le 21 août 2012 INTRODUCTION « La forme des structures est le résultat des contraintes qui s'y exercent », telle est la défi- nition de la biomécanique déclinée par Raymond Sohier. Ainsi, l'observation du mor- photype, associée à l'analyse des qualités de fin de course articulaire, permettent de propo- ser à nos patients des mouvements de recen- trage de l'articulation pour des lésions dites « ostéopathiques ». L'objet de cet article n'est pas de revenir sur le concept, ni sur les types de qualité de fin de course ou le principe général de correction selon le concept, tout cela ayant déjà été décrit dans l'article sur la correction de l'arti- culation tibio-fémorale. Il s'agit ici de retrouver une synthèse du geste technique, accompagnée de son arbre décisionnel. BILAN DE LA HANCHE Position du sujet : couché sur le dos, la tête légèrement relevée par un coussin ou par mise en position relevée à 208 du dossier de la table de travail. Cela permettra à notre patient de participer à sa rééducation en pre- nant conscience des déficits et des gains acquis. Inspection Après quelques minutes de repos, on observe l'attitude spontanée en rotation des hanches (Fig. 1). La même observation se fait égale- ment en attitude debout quand le sujet est en position naturelle, habituelle. Les pieds sont- ils en rotation symétrique ou asymétrique ? Un pied en nette rotation externe signe une position de libération du pôle antérieur de l'interligne articulaire, une adaptation à un Marc Gross Mots clés Hanche Sohier Thérapie manuelle Keywords HIP Sohier Manual Therapy Adresse e-mail : GROSSM@ch-mulhouse.fr RÉSUMÉ La thérapie de l'articulation coxo-fémorale selon le concept de « kinésithérapie analytique » de Sohier vise à traiter les lésions dites « ostéopathiques » des articulations. Après une inspection qui prend en compte les éléments morphologiques du patient, le bilan palpatoire et l'analyse des qualités de fin de courses articulaires, nous permettent de proposer des gestes correctifs doux et précis, veillant à ne pas déclencher de réactions de défense du bénéficiaire. Niveau de preuve. – Non adapté. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. SUMMARY The coxo-femoral articulation therapy according to the concept of "Sohier's analytic kinesithe- rapy'' aims at treating the articulation lesions known as "osteopathic''. After an inspection which takes into account the morphological elements of the patient, the palpatory assessment and the quality analyses of articular motion end of the range, allows us to propose soft and precise corrective gestures taking care not to start defence reactions from the recipient. Level of evidence. – Not applicable. © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Kinesither Rev 2013;13(133):16–24 Pratique / Thérapie manuelle 16 © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.08.008 décentrage antérieur ou à une antéversion de la tête fémorale. Il arrive que l'un des deux pieds, ou les deux, se positionne au zénith comme pour assurer une position courte des structures internes de la cuisse ou de la hanche. Le thérapeute en prend note, et devra en éclairer ultérieurement les causes lors de l'examen analytique. L'examen du degré de rotation externe ne précise pas le type de décentrage de la tête fémorale. Mais on peut observer fréquemment que les sujets à cols fémoraux courts présentent le plus généralement une grande amplitude de rotation externe. Les sujets à cols fémoraux longs présentent au contraire une rotation externe qui ne dépasse généralement pas 608. Cette observation permet d'approcher le type morphologique de la hanche, reflet du type fonctionnel et donc reflet du type d'impact coxo-fémoral. Les sujets à col fémoral long sont du type expulsif alors que les sujets à col fémoral court présentent le plus souvent des hanches à déséquilibre interne. Observation du morphotype Les sujets à bassin large (à ligne de gravité postérieure, qui marchent par leurs fessiers [« La marche du bas »]), qui ont de grosses cuisses avec un Vastus lateralis développé, qui ont des mollets qui descendent largement jusqu'au niveau de la cheville et un important soléaire, qui marchent en rotation externe, qui sont à courbures rachidiennes accentuées, dont les appuis podaux sont à prédominance scaphoïdienne avec tendance au pied plat] présentent presque toujours des han- ches du type pénétrant (Fig. 2). Les sujets à bassin étroit (à bassin verticalisé, qui marchent en gravité antérieure, qui ne contractent guère leurs fessiers [« La marche du haut »]), qui ont des cuisses fusiformes avec un Vastus medialis développé, qui ont des mollets dont le volume ne descend pas jusqu'à la cheville, qui ont d'esthétiques Figure 3. Morphotype de sujet ayant une préférence fonctionnelle pour une hanche de type « expulsive ». Figure 1. Observation de l'attitude spontanée des membres inférieurs. L'objectivation est réalisée par la mesure de l'angle entre le deuxième rayon et la verticale. Figure 2. Morphotype de sujet ayant une préférence fonctionnelle pour une hanche de type « pénétrante ». Kinesither Rev 2013;13(133):16–24 Pratique / Thérapie manuelle 17 Peroneus longus et brevis, qui réalisent leur phase oscillante en Add-Rotation interne, qui présentent un rachis à courbures effacées, dont les appuis podaux présentent une prédominance cuboïdienne et des attaques au sol avec le bord externe du talon] présentent presque toujours des hanches du type expulsif (Fig. 3). C'est en supputant du type de décentrage fonctionnel que nous choisirons de recentrer la tête fémorale vers le dedans ou le dehors. Bilan palpatoire La palpation s'intéresse : au tonus musculaire du quadriceps et des muscles péri- articulaires de hanches (gluteus médius, piriformis,. . .) ; de l'insertion du gluteus médius au niveau du sommet du grand trochanter, à la recherche d'une tendinite d'insertion ; de l'insertion des pelvitrochantériens au niveau de la partie arrière du grand trochanter ; de l'insertion de l'ilio-psoas au niveau du point de Layani, c'est-à-dire deux travers de doigts en bas et en dehors du milieu du pli inguinal. Ce bilan palpatoire s'intéresse à l'évaluation de la tonicité musculaire, à la recherche de contractures douloureuses, voire d'insertions inflammatoires. Bilan global de mobilité Nous observons par un bilan comparatif, les différentes ampli- tudes de la hanche de notre patient. Bilan spécifique des décentrages Évaluation de la qualité de fin de course de rotation interne Le décentrage antérieur de la hanche détermine une butée précoce de la tête fémorale au niveau du pôle antérieur de l'acetabulum lors de la rotation interne (Fig. 4). Ce n'est pas l'amplitude qui nous intéresse mais la qualité du type d'arrêt de fin de course. Lors de l'examen de la rotation interne, le thérapeute place une main au dessus du genou et l'autre au niveau de la jambe. Les mains se posent plus qu'elles ne serrent les structures. Il ne faut pas que la prise de main déclenche des activités musculaires réflexes. Paradoxe, il arrive que la rotation interne de hanche ne montre aucune barrière motrice, que la hanche soit complètement dérigidifiée. C'est signe que la hanche est avancée sur le bourrelet cotyloïdien au point de ne plus y trouver de stabilité. L'appui physiologique de rigidification par rotation interne de la hanche ne peut plus survenir. Dans ce cas, après correction du décentrage antérieur, nous constaterons une rigidification mais qui ne devra pas être de type dur. Évaluation de la qualité de fin de course de flexion Le test de flexion consiste en une flexion passive de la hanche (Fig. 5). Un arrêt à contact de type dur montre un décentrage dans le plan frontal, mais il ne précise pas si cela est un dérapage de type pénétrant ou expulsif. Un décentrage antérieur de la tête fémorale ne limite pas que la rotation interne, mais également la flexion de hanche. L'angulation à partir de laquelle les barrières motrices de rotation interne et de flexion surviennent et leur densité sont notées au dossier. On va alors corriger le décentrage sagittal antérieur de la tête fémorale, puis analyser les caractéristiques du décentrage frontal. C'est l'observation du morphotype qui nous fera supputer pour un dérapage interne ou externe de la tête fémorale. Si après correction, l'amplitude et la fin de course s'améliorent, c'est que notre hypothèse était la bonne. La main du thérapeute saisit l'extrémité distale du fémur du patient pour amener la hanche en flexion dans un plan sagittal pur, sans permettre la moindre compensation en abduction– rotation externe. Évaluation de la qualité de fin de course de flexion–adduction Ce test montre un dérapage en antéversion de la hanche (Fig. 6). Mais il n'est significatif uniquement qu'après correction des dérapages dans les plans frontal et sagittal. Quand le Figure 4. Évaluation de la qualité de fin de course de rotation interne. Figure 5. Évaluation de la qualité de fin de course de flexion de hanche. M. Gross Pratique / Thérapie manuelle 18 décentrage en antéversion existe, la barrière motrice de l'adduction survient dès le début du mouvement à partir d'une uploads/Philosophie/ le-concept-sohier-application-a-l-x27-articulation-coxo-femorale.pdf
Documents similaires
-
18
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 15, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.3283MB