Marx, une critique de la philosophie Isabelle Garo Marx, une critique de la phi
Marx, une critique de la philosophie Isabelle Garo Marx, une critique de la philosophie Editions du Seuil CET O U V R A G E EST PUBLIÉ D A N S LA COLLECTION POINTS ESSAIS SÉRIE « PHILOSOPHIE » , DIRIGÉE PAR LAURENCE DEVILLAIRS ISBN 2-02-034520-X © ÉDITIONS D U SEUIL, FÉVRIER 2000 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle Sommaire Abréviations 9 Introduction 11 1. Matérialisme et révolution 19 1. La critique de la religion 20 2. Droit et démocratie 33 3. Le travail et son aliénation 44 2. L'idéologie 57 1. La philosophie allemande 59 2. Idéologie et connaissance 59 3. Production des marchandises et formation des individus 60 3. Les luttes de classes 97 1. Un manifeste 99 2.1848 et la république 115 3. La ligne descendante de la révolution . . . 129 4. Le capital 147 1. Marchandise et monnaie 148 2. La survaleur 162 3. Le fétichisme de la marchandise 177 5. Travail et politique 197 1. Propriété et personne • • • 198 2. La division du travail 206 3. Libération du temps 212 4. Histoire et politique 225 de la philosophie 241 1. Questions de méthode 244 2. La dialectique comme scandale 258 3. Idéologie, science, philosophie 267 Conclusion 287 ANNEXES Indications bibliographiques 297 Glossaire 307 Abréviations 18B Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte C Le Capital CDPH Critique du droit politique hégélien Contribution Contribution à la critique de V économie politique Différence Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure Gr « Grundrisse » ou Manuscrits de 1857- 1858 IA L'Idéologie allemande LDC Les Luttes de classes en France MP Misère de la philosophie MPC Le Manifeste du parti communiste M 44 Manuscrits de 1844 QJ La Question juive SF La Sainte Famille TPV Théories sur la plus-value Introduction Marx est-il un philosophe? La question n'est pas neuve. Il a été longtemps admis d'y répondre positive- ment et d'exposer sous le nom de matérialisme dialec- tique *a le contenu propre de cette philosophie inédite. Cette opération, initiée par Engels et accomplie par Lénine, se situe au point de départ de la longue histoire des reprises, des réinterprétations et des reconstructions de la pensée marxienne se réclamant toutes d'une fidé- lité sans faille à son auteur. A l'affrontement entre ortho- doxies auquel elle donnera bientôt lieu, il faut ajouter les définitions concurrentes d'une philosophie de Marx par des opposants, marxistes ou non, aux courants officiels. Par suite, l'expression de « philosophie marxiste » désigne en premier lieu ces luttes elles-mêmes. Elle tend, tout au long du xxe siècle, à redoubler et à déplacer des affron- tements politiques qui se firent jour au sein des partis communistes et de leur rassemblement en Internationales. L'une des difficultés héritées de ces débats est la ten- dance continue à attribuer à Marx lui-même les thèses de ses commentateurs. Pour ces raisons, il importe d'abord de souligner qu'une lecture de Marx est par suite, nécessairement, une relecture qui ne saurait feindre d'ignorer une telle his- * Les notes explicatives sont appelées par des lettres et pla- cées en bas de page. Les notes purement référentielles sont appelées par des chiffres et rassemblées en fin de chapitre. a. L'expression est forgée par Joseph Dietzgen, ouvrier tan- neur allemand qui s'emploie à la diffusion de la pensée de Marx et publie en 1887 les Incursions d'un socialiste dans le domaine de la connaissance. Cette œuvre a été lue par Lénine. toire. Et le problème est complexe, car si cette histoire a conduit à occulter en partie la pensée marxienne, elle ne se résume nullement à l'ensemble des «contresens2» commis sur Marx. D'une part, elle détermine jusqu'à aujourd'hui la réception de son œuvre. D'autre part, l'ori- ginalité de Marx réside précisément dans la volonté déli- bérée d'intervenir en politique, d'inscrire dans la pratique ses découvertes théoriques, d'y enraciner le mouvement d'une recherche continuée et d'engendrer une descen- dance. C'est pourquoi la lecture de Marx aujourd'hui ne saurait être indépendante d'une évaluation de son actua- lité persistante et de sa portée critique maintenue ou bien de son ancrage dans un monde disparu et de son obsoles- cence définitive. Doctrine de pouvoir ou pensée de résistance, confor- misme ou dissidence, doctrine close ou recherche inache- vée, le marxisme a de multiples figures qui informent nécessairement la découverte ou la redécouverte des textes de Marx lui-même, aujourd'hui comme hier. A cet égard, l'ambition d'une lecture pure de toute idée pré- conçue parce que dépourvue de tout enjeu risque fort de n'être pas plus fidèle à l'auteur que la présentation du palimpseste avec lequel on le confond parfois. Ne serait- ce que parce que la liaison inédite qu'instaure Marx entre théorie et pratique est à la fois une des questions historiques majeures du XX E siècle, mais aussi un des problèmes internes à sa pensée, et cela dès le moment de sa formation. De l'ensemble de ces affirmations surgit un paradoxe, finalement bien connu : comment lire Marx, sachant que la recherche de sa philosophie ne rencontre que la préconception qu'on en a et que le mot d'ordre d'un retour aux textes mêmes est une néces- sité autant qu'un leurre ? L'objectif de la présente lecture est justement de faire d'une telle difficulté une voie d'accès à l'œuvre de Marx et non un obstacle infran- chissable. On commencera par distinguer trois dimensions dans la question de la philosophie de Marx, qui maintiennent sa pertinence mais obligent à reconsidérer sa définition. D'une part, elle ressortit à une façon de concevoir le tra- vail théorique, la construction des catégories, la réélabo- ration de leur sens. D'autre part, elle concerne le débat permanent qu'entretient Marx avec un certain nombre de philosophes, Aristote, Hegel, Feuerbach, notamment, mais aussi Kant, Smith et Stirner, entre autres encore. En troisième lieu, l'étude de la formation économique et sociale comme totalité articulée et se transformant conti- nûment au cours du temps le conduit à aborder la ques- tion de l'histoire, de sa connaissance et de sa maîtrise. Dans le même temps, il lui faut étudier prioritairement la relation entre les dimensions économiques, sociales et politiques de cette totalité historique qu'est le mode de production capitaliste, les conditions du développement des individus qu'il implique et la possibilité de supprimer les rapports de domination et d'exploitation qui y pré- valent. L'ensemble de ces questions situe Marx à l'évidence sur le terrain de la philosophie, même s'il s'agit aussitôt pour lui d'en reformuler les problèmes et d'en récuser un traitement strictement théorique. Le problème est désor- mais de relier une nouvelle théorie de l'histoire à la per-* spective de sa maîtrise collective, enfin rationnelle. Il s'agit d'articuler la perspective d'un dépassement révolu- tionnaire à une analyse des lois de fonctionnement et des contradictions essentielles du mode de production capita- liste. La question des fondements et de la validité de la théorie s'y joue, qu'elle soit ou non thématisée comme telle. La définition du matérialisme et celle de la dialec- tique sont de ce point de vue, en effet, placées au centre du projet marxien, même s'il convient d'être attentif à la place exacte qui leur est accordée. En ce sens, il faut défi- nir en quoi exactement la critique de l'économie politique - nom propre de la théorisation marxienne à l'époque de sa plus grande maturité - est aussi, de façon permanente, une critique de la philosophie, même si elle ne s'y résume pas. L'examen du traitement de ces questions par Marx exige qu'on adopte quelques principes de lecture. D'une part, et trivialement, le projet d'une introduction à la lec- ture de l'œuvre impose de distinguer, autant que faire se peut, les énoncés de Marx lui-même des interprétations et des prolongements qui ont pu en être proposés sous cou- vert de sa propre autorité. La tâche est malaisée. Il faut commencer par affirmer qu'il n'existe pas de philosophie marxienne, élaborée et présentée comme telle : c'est sans doute pourquoi cette philosophie introuvable est devenue le lieu d'élection d'un marxisme ventriloque. Il convient donc de souligner les continuités et les ruptures, les reprises et les tensions internes d'une œuvre foisonnante, en chantier permanent, et qui ne cesse de reprendre ses propres questions, parfois sans en proposer de traitement achevé et sans atteindre de conclusion définitive. Redéfi- nie ainsi, l'ambition d'une fidélité aux textes cesse d'être présomptueuse. Elle se trouve depuis longtemps à l'ori- gine d'études nombreuses et précises, dont une sélection est proposée dans la bibliographie. Un second principe d'analyse est l'hypothèse qui four- nit son plan à cet ouvrage. Car dire qu'il n'existe pas de philosophie chez Marx, c'est encore présupposer ce qu'elle est, pourrait ou devrait être et trancher par avance le problème à étudier. Il se trouve uploads/Philosophie/ marx-critica-de-la-filosofia-pdf.pdf
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- Publié le Oct 09, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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