METHODOLOGIE DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE 1- La nature de l’exercice. 2- Le
METHODOLOGIE DE LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE 1- La nature de l’exercice. 2- Le travail au brouillon. 3- La composition et la rédaction. 1-LA NATURE DE L’EXERCICE Il s’agit de vous confronter à une question et donc pas de la « subir » ou de vouloir répondre par : a) un « savoir » tout fait, b) mon opinion personnelle (vous n’en avez pas sur ces questions !), c) ce qu’un tel ou un autre a dit !, d) mes croyances (religieuses, politiques ou autres). Il s’agit de formuler un problème (vous devez le formuler ! Et qui d’autre sinon ?). Il s’agit de s’orienter dans la réflexion grâce aux notions du programme (à ce propos vous avez des cours !!). Bien évidemment une « méthodologie » philosophique doit porter sur un exemple concret. C’est pourquoi le sujet que j’ai choisi est le suivant : Que gagnons-nous à travailler ? a) Qu’est- ce qu’une question philosophique ? Une question philosophique appelle souvent une réponse (ou plus) qui semble évidente. Ici : un salaire, de l’argent (c’est déjà un hors sujet puisque la question ne dit pas ; un travail, un emploi, un « job ») TRAVAILLER ! c’est faire ! agir ! cela découle d’un projet qui vise à PRODUIRE ou CREER ( l’artiste !) quelque chose ou alors… et là est la question… à PERDRE quelque chose : par exemple : la santé, la liberté, la dignité etc. (pensez à : travail salarié, Marx ; esclavage, les grecs, Adam et Eve expulsés du jardin d’Eden culture judéo chrétienne etc. On le voit déjà : une question philosophique n’admet pas une réponse simple ou immédiate. Ici : travailler pourrait être l’activité qui exerçant un effet sur le monde nous permet de réaliser, gagner notre humanité (intelligence, savoir-faire, sociabilité etc.). On aperçoit une tension paradoxale donc entre travailler et perdre, entre travailler et gagner. (1) b) Qu’est-ce qu’un problème ? Un problème philosophique est une difficulté théorique qui se pose quand deux réponses à la même question se contredisent. Il y a problème quand surgit un paradoxe. Seulement, et c’est sur ce point que vous rencontrez souvent une difficulté, le problème n’est pas à « l’intérieur d’une question » à tel point qu’il apparaîtrait comme par miracle aux spectateurs. Il surgit, comme vous le voyez ici d’une réflexion qui est tout à fait à votre portée. Il suffit de s’y mettre, de ne pas rester passif devant une question. Les problèmes surgissent parce que les questions sont complexes. Dites-vous bien que leur complexité dépend pour beaucoup du fait que les notions sont équivoques,( les mots mêmes sont de fait parfois équivoques) elles recèlent une équivocité que vous devez dissiper par la conceptualisation en vous appuyant sur les cours car c’est en cours que nous faisons le travail de distinction conceptuelle, de clarification, en nous appuyant aussi sur les textes des grands auteurs. n.b. j’avais suggéré qu’une bonne « technique » pour déclencher la réflexion initiale pourrait être à chaque fois de se dire que si la question est posée selon une certaine formulation, ici : que gagnons-nous à travailler ? (le contraire de gagner c’est perdre) on nous demande donc d’examiner si penser l’opposé est-ce possible. Faites cela donc ! Ca vous aidera à ne pas rester paralysés devant un sujet. A retenir : disserter c’est discuter d’un problème philosophique afin de parvenir à une solution acceptable par tous. Méditez bien cela ! Par TOUS, c’est quelque chose qui peut nous impressionner et nous bloquer : « je ne me sens pas prêt ! », « ce n’est pas pour moi ! » etc. mais il faut bien comprendre que dans votre vie : professionnelle, familiale, citoyenne et donc politique, vous aurez de plus en plus à discuter, convaincre, être convaincu aussi et cela impose, quel que soit le sujet, un accord collectif, ce qui ne veut pas dire du tout une unanimité toute bête. Pour Platon, historiquement le premier philosophe, la philosophie est « fille de l’étonnement », elle s’enracine dans « le désir de savoir » et ne peut se pratiquer que dans la confrontation des idées. Confrontation=dialogue, que celui-ci soit le dialogue « intérieur » : avec moi-même, ou avec autrui. c) Problématiser Le problème découle de la problématisation de la question, pour problématiser, il faut dégager les différentes réponses possibles à la question à partir de l’analyse des termes ; analyser signifie décomposer un « tout » en ses parties, simplifier le complexe, lui ôter ses équivocités Ici il faut donc analyser : travailler, gagner/perdre. Travailler : action nécessaire (on n’a pas le choix !) pour satisfaire les besoins. Soumission donc à des contraintes (les besoins déjà !) physiques, matérielles, techniques. Il y a donc ici une dimension négative. Pensez au travail salarié tel que Marx l’a décrit ; à l’esclavage etc. Travailler : c’est aussi produire quelque chose qui ne préexiste pas à l’acte de travailler. Cette activité découle d’un projet d’abord pensé, imaginé, il requiert la mise en œuvre de l’intelligence technique. Si nous travaillons pour satisfaire nos besoins, par le même travail nous nous libérons de ces mêmes besoins, travailler c’est aussi échanger dans tous les sens de ce mot et cela nous installe dans une dimension sociale etc. il y a ici une connotation positive. Gagner : remporter une victoire. Intéressant parce que cela peut nous pousser à nous poser la question : travailler= remporter une victoire mais contre quel adversaire ? (ici des adversités ?) Au sens propre gagner c’est surtout acquérir quelque chose que nous n’avions pas et par là augmenter nos capacités, notre pouvoir d’agir ; s’enrichir en quelque sorte… mais encore une fois de quoi ? Puisqu’il s’agit de travailler (et pas d’emploi simplement). La question du salaire peut être envisagée dans la copie, mais à condition de la penser comme quelque chose qui pose question ; la question de la justice, de l’égalité ou de l’équité par exemple. Perdre : bien sûr tout le contraire de ce qui a été dit sur gagner mais j’insisterais sur l’idée de renoncer à quelque chose que nous avions auparavant. La liberté, la santé, l’humanité ? (Vous constatez qu , comme beaucoup de questions philosophiques et cela est normal et logique, l’enjeux d’un tel sujet c’est une définition, (la vôtre, dans le sens où vous vous l’appropriez par un travail de réflexion et non pas parce que vous saviez déjà tout avant de commencer à réfléchir), de l’humain, de notre humanité). Vous voyez facilement que, au final, disserter c’est définir, conceptualiser et à partir de cela être en mesure de poser clairement un problème. Tout dépend ici des définitions. Si on considère que travailler c’est se soumettre au règne de la nécessité, aux contraintes, aux routines « métro-boulot-dodo » disait une expression populaire, à l’exploitation capitaliste etc.= perte de liberté, dignité, intelligence, créativité : en définitive d’humanité. Cependant si travailler est au contraire, bien sûr, s’exposer à la contrainte (perdre quelque chose de nous) mais que cela nous permet de gagner en intelligence, savoir-faire, créativité, liberté etc. (y aurait-il chez-nous cet amour de la liberté qui nous caractérise si bien, si les contraintes n’existaient pas ? J’en doute !) il y a donc paradoxe.( Et que dire du « désir » que nous avons caractérisé comme désir de reconnaissance de la part d’autrui, comme partie prenante de la conscience de soi, travailler c’est aussi désirer être reconnu par les autres, son patron, ses collègues etc. = gagner.) Je me permets de signaler que tout ce que je viens de rappeler ici de manière schématique, c’est déjà beaucoup, est totalement à votre portée. Il faut juste s’y mettre !! 2- LE TRAVAIL AU BROUILLON (épreuve du bac : prévoir une heure !) a) Analyse et réflexion Il s’agit donc de prendre le temps de la réflexion, d’analyser les termes du sujet, de problématiser et de construire l’argumentation. n.b. Puisqu’on travaille ici sur un exemple précis : « que gagnons-nous à travailler ? », vous trouverez un certain nombre de répétitions de ma part. Ce n’est pas grave ! En même temps que vous lisez, cherchez vos propres arguments et idées. Cela est très formateur ! Le travail au brouillon se fait en trois temps : - Commencez par noter la réponse évidente que la question vous semble appeler. Ce sera ce qu’on appelle l’opinion commune. Elle est essentielle car ce sera le point de départ de votre réflexion. Ici, comme rappelé ci-dessus, ça pourrait être : nous cherchons à gagner notre vie par un salaire mais en ce faisant nous perdons de notre liberté ou dignité etc. Nous ne gagnons rien donc. - Analysez les termes du sujet. (rapportez-vous à ce qui a été écrit au chapitre 1 de notre exposé). Soyez créatifs dans l’analyse en ne vous focalisant pas seulement sur les notions du programme. On a déjà indiqué que dans notre question, perdre et gagner sont fondamentaux. (attention! gagner quoi ? Perdre quoi ?) - Notez la deuxième réponse à la question et uploads/Philosophie/ methodologie-de-la-dissertation-philosophique 1 .pdf
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- Publié le Mai 08, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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