Le SOUFISME AFRO-MAGHREBIN AUX XIXè et XXè SIÈCLES Cap-Tours S.A. (Rabat, 1995)

Le SOUFISME AFRO-MAGHREBIN AUX XIXè et XXè SIÈCLES Cap-Tours S.A. (Rabat, 1995) Par le Professeur Abdelaziz BENABDALLAH TABLE DE MATIERE Introduction ........................................................................…………………..... 7 I- Sources du Soufisme .……………...........................……………………………… 17 II- Naissance de l'ésotérisme : modes et secrets du jaillissement des goûts initiatiques ……………………..…..23 III- Transcendance et compendium des vertus ………………………………………..37 IV- L'initié et son comportement ................................... …………………...………….49 V- Fidélité et esprit chevaleresque du musulman ………… .....……………………...61 VI- Vertu auditive : heureuse disposition à prêter une oreille attentive………………73 VII- Différence de goûts comme signes distinctifs des rites soufis ………………….83 VIII- Soufisme salafi ou clés du soufisme la Tijanya : voie abrahamo-mohammadienne ...... ………………………………103 INTRODUCTION Le grand savant maghrébin, Sidi Larbi Ben sayah a pris, au début de ce siècle hégirien, l'heureuse initiative d'élaborer une oeuvre magistrale intitulée "Boghiat el Moustafid, en guise de commentaire au poème mystique composé par le célèbre alem de Chinguit (Mauritanie). Il s'agit d'un compendium, esquisse ou fresque vivante, claire et exhaustive, assise structurale de la pensée mystique. Nous allons essayer d'analyser les sept chapitres essentiels qui reflètent le souci constant du croyant en quête d'un comportement idéal, susceptible d'assurer à l'homme imbu de spiritualité, l'équilibre rationnellement humain entre la psyché et la matière. Sidi Larbi s'est ingénié, grâce à un esprit prospectif révélateur, d'introspecter les subconscients, d'élucider les secrets les plus intimes du for intérieur, de sonder la nature intrinsèque de l'Etre, dans sa double quintessence humaine et somato- psychique. Le dogme lui -même est disséqué, dans le but d'humaniser l'idéal et d'harmoniser le couronnement plénier, chez le croyant. Toute la documentation de notre célèbre auteur, procède d'une expérimentation sûre, à partir du terre-à-terre et de la faiblesse de l'homme, où réside le secret d'une surhumanité psycho-rationnelle, à toute épreuve. Un des buts recherchés par l'éthique soufie dont Sidi Larbi esquisse un grand schéma évocateur, est de mettre en corrélation les éléments voués à un tiraillement déchirant, dans toute âme, appelée à émerger, en redressant toute distorsion intruse. Le monde afro-asiatique et surtout africain est intéressé, en premier lieu, car son conformisme aberrant cède nécessairement la place, dans un dialogue constructif, aux options discursives dont la valeur doit se vérifier par son adaptabilité à la vie moderne bien entendue. L'élite afro-asiatique a atteint un stade de rayonnement intellectuel tel qu'il serait opportun de fructifier ses larges dispositions, pour un épanouissement spirituel. C'est dans le contexte d'une réédition du patrimoine de l'Islam, que nous pourrons mettre en exergue le rôle de la religion, dans la cristallisation de l'idéalisme transcendant, qui puise sa force et sa vitalité dans cette heureuse équation humaine : le rationnel et le spirituel. L'idée de l'antagonisme classique de l'esprit et de la matière, est, sinon battue en brèche, du moins fortement ébranlée, par suite des travaux scientifiques qui ont mis en évidence l'unité énergétique du cosmos et la corrélation profonde entre la physique et la biologie, d'une part et la psychologie d'autre part. C'est cette superstructure psychologique - que notre auteur cherche à consolider - qui est l'aboutissement de ce psychisme métamathématique et énergétique subtil, vers lequel s'oriente la science de demain, bien loin des facteurs - fiction. La raison d'être d'un tel élan est le légitime souci d'un libre discernement entre le faux et le vrai où doit être éliminé tout traditionisme irraisonné, en tant que mode éventuel de travestissement de la pensée, qui s'éloigne de l'équilibre, véritable potentiel intellectuel où la réalité transcendante s'identifie à la sagesse. Nous allons donc parcourir, avec notre éminent auteur, ces phases d'objectivisation de la personnalité du croyant, doublé, par définition, d'un initié mystique, dégagé de tout fatras extatique ou érémitique, en tant qu'éléments intrus d'un subjectivisme abérrant , allant à l'encontre de l'Islam salafi et sunnite. Sidi Larbi a eu le grand mérite de dépeindre, avec bonheur, profondeur, aisance et élégance, des péripéties d'un long itinéraire qui était le propre exclusif des initiés et que notre éminent Cheikh cherche à vulgariser . Le style purement philosophique est banni et une heureuse exemplification se substitue, pour projeter des lumières vivantes très évocatrices, à la portée du simple initié, sinon du simple croyant. La prière intérieure, est, pour Avicenne, une épuration, une élévation de l'âme qui conduit le cœur jusqu'à la contemplation de l'Etre Absolu; et, par cette connaissance et cette intellection et cette science, une béatitude s'épand sur l'âme et l'effusion sainte descend du Ciel Supérieur, jusqu'en l'intime de l'âme raisonnable. Cette prière conduit donc l'âme jusqu'au sein de l'intimité du monde, de la domination et des mondes plus élevés de la Toute Puissance Divine; l'âme humaine raisonnable est apte à recevoir, par degrés, une communication, toujours plus haute, de cette lumière du flux émanateur, dont elle-même est formée et qui découle en nécessaire surabondance de l'Essence Divine; c'est là la nature même de la connaissance mystique chez Ibn Sina. Cette conception avicennienne de la transcendance de l'être vers Dieu, trouve une certaine complémentarité dans la dialectique apparemment contradictoire d'Ibn'Arabi. "Le Dieu révélé - dirait le grand gnostique andalous - est un Dieu qui pense et qui œuvre, qui supporte les attributs divins et est capable de relations." La causalisation ou la simple orientation imprimée à l'être par l'actuation des Noms de Dieu, constitue un catalyseur essentiel où les canalisations confluentes n'infirment guère le principe d'unicité du système, dans sa supra-structure, malgré la discordance de certaines terminologies, des sources d'inspiration secondaires. Dieu nous a ordonné l'usage de tous moyens de nature à nous aider à réaliser nos vœux. Ce sont des causes ou mobiles à propriétés déterminantes, étant eux-mêmes le effets du Nom qui les actue. Chacun de nos actes est "mobilisé", grâce à un Attribut dont il est la manifestation théophanique. La révélation coranique demeure la structure de base chez les deux philosophes qui représentent respectivement la pensée philosophique et la conception soufie non altérée par l'intellect. Le système Avicennien et Hatimien est caractérisé, certes, par une double dialectique de lumière et d'amour. Mais, tandis que la pensée d'Ibn 'Arabi est de quintessence soufie, celle d'Avicenne ''n'aurait pu se saisir, sans le mouvement initial de mystique naturel qui le traverse". La philosophie d'Avicenne est une philosophie d'influence musulmane où le donné coranique devient une base philosophique qui s'unit à certaines influences hellénistiques, de sorte que la pensée avicennienne ne saurait se comprendre sans l'Islam. Le Prophète Mohammed ainsi que les autres Apôtres et Messagers de Dieu, ont atteint l'étape sublime, dans leur ascension vers Dieu. Par le même processus, quoique limité et miniaturé, l'initié voit s'ouvrir, devant lui, tous les accès, vers la grande ouverture. L'homme, dont la vision est voilée, n'est - d'après Ibn 'Arabi - qu'un simili-homme; Avicenne s'ingénie à manier un langage strictement soufi, quand il nous parle de la procession initiatique ou apostolique. Il rejoint les soufis les plus ,,orthodoxes", en précisant que seul le Prophète est apte à pénétrer et vivre l'harmonie secrète qui relie l'homme au Cosmos; cette harmonie que l'observance des actes religieux tend, sans cesse, à actualiser; les actes cultuels consistent ou en mouvements comme les prières rituelles ou en privation de mouvements, comme le jeûne. L'initié, habitué à orienter son intellect, pour recevoir l'illumination des substances séparées, en viendra, dans le miroir purifié de son âme, à s'élever jusqu'à la compréhension intime des fondements de la loi religieuse. Il restera, cependant, toujours tributaire du Prophète quant au contenu et au détail de chaque acte cultuel; mais, le sage et le saint ne sont guère dispensés des prescriptions imposées à tous-, quand bien même son intellect en arrive à refléter, comme un miroir transparent, les lumières du divin, il doit continuer à se soumettre aux obligations religieuses. L'observance des prescriptions positives de la loi religieuse, la pratique des actes cultuels, faciliteront au croyant sincère la mise en relation avec le corps du ciel, la captation de l'influx des sphères célestes et l'intensification de la sympathie qui relie le microcosme. C'est là, dans sa double acception philosophique et mystique, le contexte cosmique des Noms divins, dans leur actuation des mondes. Dans quelle mesure ces données coïncident-elles, sinon avec la Grande Réalité, du moins avec les réalités transcendantes relatives, c'est-à-dire le processus de relation Dieu-créature?. Comment réaliser cette relation?. Quel est le rôle des Noms de Dieu ?. Comment peuvent-ils influer dans "l'idéalisation" des comportements cosmiques de l'homme, l'harmonisation de ses rapports avec ses semblables, l'humanisation de l'échelle des valeurs, dans les sphères du sensible et du visible ?. Comment concevoir l'homogénéité psychologique du Monde et de l'homme?. Comment, dans ce contexte, concilier la métaphysique des Noms de Dieu avec ses implications cosmiques ?. La réalité étant une, en quoi les données de la ''Haqiqa (réalité) sont-elles complémentaires de celles de la -Charia" (loi coranique)? ; autant de questions, autant de problèmes ardus dont les solutions rie seraient que partielles, étant donné le caractère strictement relatif des investigations humaines ?. Nous voudrions, autant que possible, limiter, sinon éliminer, certaines subjectivités d'ordre mystique et philosophique susceptibles de fausser les jugements, de par leur psychisme incontrôlé ou leur métaphysisme sans mesure ?. Pour ne pas sombrer dans l'abstrait, nous allons essayer, uploads/Philosophie/ oeuvre-soufisme-pdf.pdf

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