ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ ESSAI SUR LA NOTION DE THÉORIE PHYSIQUE D E P L A T O N A G
ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ ESSAI SUR LA NOTION DE THÉORIE PHYSIQUE D E P L A T O N A G A L I L É E IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 Σ Ω Ζ Ε Ι Ν Τ Α Φ Α Ι Ν Ο Μ Ε Ν Α E S S A I Sur la Notion de Théorie physique DE PLATON A GALILÉE PAR PIERRE D U H E M CORRESPONDANT DE L'INSTITUT DE FRANCE PROFESSEUR A LU Ν I V Ε H S IΤ É DE BORDEAUX EXTRAIT DES Annales de Philosophie Chrétiaf}fî& PAKIS LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE A. HËRMANN HT FILS 6, RUE DE LA SOHHOPINJS, 6 4908 IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 E Q Z E I N TA O A I N O M E N A ESSAI SUR L A NOTION DE THÉORIE PHYSIQUE DE PLATON À GALILÉE AVANT-PHOPOS. Quelle est la valeur de la théorie physique ? Quelles rela- tions a-t-elle avec l'explication métaphysique ï Ce sont ques- tions fort agitées de nos jours. Mais, comme tant d'autres questions, elles ne sont point nouvelles ; elles sont de tous les temps ; depuis qu'il existe une science de la Nature, elles sont posées ; si la forme qu'elles revêtent change quelque peu d'un siècle à l'autre, parce qu'elles empruntent cette forme variable à la science du moment, il suffit d'écarter ce vêtement pour reconnaître qu'elles demeurent essen- tiellement identiques à elles-mêmes. La science de la Nature nous olfre, jusqu'au xvu' siècle, fort peu de parties qui aient progressé au point de consti- tuer des théories exprimées en langage mathématique, et dont les prévisions, numériquement évaluées, puissent être comparées aux mesures fournies par des observations pré- cises. La Statique que l'on nomme alors Scientia de pon- deribus, la Catoptrique que l'on range dans ce que l'on appelle la Perspective et qui est notre moderne Optique, ont à peine atteint ce degré de développement. Si nous lais- sons de côté ces deux chapitres restreints, nous ne rencon- trons devant nos yeux qu'une science dont la forme, déjà fort achevée, fasse prévoir l'allure de nos modernes théories de Physique mathématique ; cette science, c'est l'Astrono- mie. Là donc où nous disons : La théorie physique, les sa- IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 — 2 — ges hellènes ou musulmans, les savants du Moyen-Age et de la Renaissance disaient : L'Astronomie. Les autres parties de l'étude de la Nature n'avaient pas encore atteint ce degré de perfectionnement où le langage mathématique sert à exprimer les lois découvertes par des expériences précises ; la Physique positive, science à la fois mathématique et expérimentale, ne s'était pas encore sé- parée de l'étude métaphysique du Monde matériel, de la Cosmologie. Nous parlerions donc aujourd'hui de Métaphy- sique en une foule de circonstances où les anciens pronon- çaient le mot Physique. Voilà pourquoi cette question tant agitée aujourd'hui: Quelles soni les relations de la Théorie physique et de la Métaphysique ? a été, pendant deux-mille ans, formulée de la manière suivante : Quelles sont les relations de l'Astro- nomie et de la Physique ? Nous voudrions passer rapidement en revue les réponses qui ont été données à cette question par la pensée hellène, par la science sémitique, par la Scolastique chrétienne du Moyen-Age. enfin par les astronomes de la Renaissance. D'autres, marchant avant nous dans cette direction, nous ont frayé le chemin. Nous n'aurons garde d'oublier ici les noms de Th. H. Martin de M. Giovanni Schiaparelli ï , de M. Paul Mansion 3. Aux textes sur lesquels ces auteurs ont appelé l'attention, nous en joindrons bon nombre d'au- tres ; ils permettront, croyons-nous, de reconstituer assez exactement l'idée que les sages, de Platon à Galilée, se sont faite de la théorie physique. 1 . TH. H . MARTIN, Mémoires sur l'histoire des hypothèses astrono- miques chez les Grecs et chez les Romains ; Première partie : Hypo- thèses astronomiques des Grecs avant l'époque Alexandrine ; ch. V, § 4 [Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles lettres, t. XXX, 2· partie). 2 . GIOVANNI SCHIAPARELLI, Origine del Sistema planetario eliocen- trico presso i Greci, ch. VI e appendice [Memorie del fnstituto Lom- bardo di Scienze e Lettere ; Classe di Scienze matematiche i naturali ; vol. XVIII (Serie III, vol. IX), 17 mars 1898]. 3. P . MANSION, Note sur le caractère géométrique de l'ancienne As- tronomie Abhandlungen zur Geschictite der Mathematih, Bd. IX, 1899). IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 — 3 — I LA S C I E N C E HELLÉNIQUE. Si nous voulons trouver la source de la tradition dont nous prétendons suivre le cours, il nous faut remonter à Platon. Reçues et mises en pratique par Eudoxe, les opinions de Platon touchant les hypothèses astronomiques ont été re- cueillies, dans les écrits d'Eudoxe, par un disciple immé- diat d'Aristote, Eudème ; celui-ci les a rapportées au second livre de son Αστρολογική ιστορία ; Sosigène, philosophe et astronome qui fut le maître d'Alexandred'Aphrodisie, lésa empruntées à cette Histoire astrologique et les a transmi- ses à Simplicius, de qui nous les tenons 1. Voici donc en quels termes se trouve formulée, au Com- mentaire de Simplicius, cette tradition platonicienne : « Platon admet en principe que les corps célestes se meu- vent d'un mouvement circulaire, uniforme et constamment régulier 5 ; il pose alors aux mathématiciens ce problème : Quels sont les mouvements circulaires, uniformes et par- faitement réguliers qu'il convient de prendre pour hypothè- ses, afin que l'on puisse sauver les apparences présentées par les planètes? Τίνων νποτεΰέντων δι ' ομαλών καϊ εγκυκλίων και τεταγμένων κινήσεων ο^υνήσεται ΰιασωθήναι τα περι τους πλανωμένους φχινόιχενα ; » Le but de l'Astronomie est ici défini avec une extrême netteté ; cette science combine des mouvements circulaires et uniformes destinés à fournir un mouvement résultant semblable au mouvement des astres ; lorsque ses construc- tions géométriques assignent à chaque planète une marche conforme à celle que révèlent les observations, son but est atteint, car ses hypothèses ont sauvé tes apparences. Ce problème est bien celui quia sollicité les efforts d'Eudo- xe et de Calippe ; sauver les apparences (σώζειν τά φαινόμενα) 1. SUIPLICH In Aristolelis quatuor libres de Coelo commenlaria ; in lia. Ilcomra. 43 et cornm. 46. (Éd. Karsten, p. 219, col. a et p. 221, col. a ; éd. Heiberg, p . 488 et p. 493). 2. C'est-à-dire constamment de même sens. IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 _ 4 — est le seul objet en vue duquel ils aient combiné leurs hypothèses ; lorsque Calippe a modifié en quelques points la combinaison de sphères homocentriques qu'Eudoxe avait agencée, c'est uniquement parce que les hypothèses de son prédécesseur ne s'accordaient pas avec certains phénomè- nes, et qu'il a voulu que ces phénomènes fussent sauvés à leur tour. Si l'astronome doit se déclarer pleinement satisfait lors- que les hypothèses qu'il a combinées ont sauvé les apparen- ces, l'esprit humain n'est-il pas en droit d'exiger autre chose ? Ne peut-il découvrir et analyser quelques caractères de la nature des corps célestes ? Ces caractères ne peuvent- ils lui servir à marquer certains types auxquels les hypo- thèses astronomiques devront nécessairement se conformer? Ne devra-t-on pas, dès lors, déclarer irrecevable une com- binaison de mouvements qui ne pourrait s'ajuster à aucun de ces types, lors même que cette combinaison sauverait les apparences ? A côté de la méthode de l'astronome, si nettement défi- nie par Platon, Aristote admet l'existence et la légitimité d'une telle méthode ; il la nomme la méthode du physicien. Lorsqu'il compare en sa Physique,* la méthode du ma- thématicien et la méthode du physicien, le Stagirite pose certains principes qui s'appliquent, assurément, à la ques- tion dont nous venons de parler, mais qui ne permettent pas d'en pousser fort loin l'analyse. 11 remarque que le géo- mètre et le physicien considèrent souvent le même objet, qu'ils étudient la même figure ou le même mouvement, mais qu'ils le considèrent à des points de vue différents. Cette figure, ce mouvement, le géomètre les contemple en eux-mêmes et d'une manière abstraite ; le physicien, au contraire, les étudie comme la limite de tel corps, le mou- vement de tel mobile. Ce trop vague enseignement ne nous permet pas de saisir pleinement la pensée d'Aristote touchant la méthode de 1. ARISTOTE, $u<r«>iç àxpoéniaç zl B, ?· Physicae autcultationit, lib. II, cap. II. IRIS - LILLIAD - Université Lille 1 — 5 — l'astronome et la méthode du physicien ; si nous voulons vraiment pénétrer cette pensée, il nous faut examiner com- ment elle a été mise en pratique en l'œuvre môme du Sta- girite. Eudoxe qui l'a précédé de peu et dont il a longuement étudié les théories, Calippe qui fut son contemporain et son ami, ont exactement suivi la méthode de l'astronome, telle que Platon l'avait définie ; cette méthode est donc parfaite- ment familière à Àristote. Mais, de son côté, uploads/Philosophie/ p-duhem-sauver-les-apparences-essai-sur-la-theorie-physique-de-platon-a-galilee.pdf
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- Publié le Mai 11, 2021
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