Faculté de Médecine de Nice LEXIQUE à l'usage des étudiants en phénoménologie p
Faculté de Médecine de Nice LEXIQUE à l'usage des étudiants en phénoménologie psychiatrique Mémoire soutenu en vue de l'obtention du Diplôme Universitaire de Phénoménologie Psychiatrique Session Académique du 19 Juin 2014 Par Yann MANGOURNY Responsable Pédagogique : Pr. D. PRINGUEY Directeur de mémoire : Dr. F. JOVER 1 [ 1. ANTHROPOLOGIE ] Étude de l'être de l'homme "L'anthropologie est la science du phénomène humain. A la différence des disciplines qui découpent des portions d'entendement dans le phénomène, l'anthropologie considère l'histoire, la sociologie, l'économie, etc. non comme des domaines mais comme des composantes ou dimensions d'un phénomène global. Tout phénomène doit être considéré dans son unité fondamentale (ici l'homme) et sa diversité non moins fondamentale (les hommes de différents caractères, différents milieux, différentes sociétés, différentes civilisations, différentes époques, etc.). L'anthropologie, comme la biologie, est une phénoménologie : elle doit non seulement reconnaître un univers phénoménal, mais aussi discerner les principes qui le constituent ou le gouvernent, les forces qui le travaillent. " (Morin, 1970) / " Ludwig Binswanger emploie le mot anthropologie dans son sens philosophique et non pas biologique. La notion philosophique d'anthropologie implique plusieurs sens différents ; Binswanger a été inspiré par la notion d'anthropologie phénoménologique de Heidegger et il a d'abord pensé que ses recherches n'avaient d'autre but que de décrire des structures psychiques et empiriques existentielles. Ce n'est que progressivement qu'il prit conscience de ce qu'il faisait réellement : ses descriptions étaient dirigées par des structures ontologiques d'une part et, d'autre part, elles aboutissaient à de telles structures, de sorte que ses recherches ne tiraient par leur origine d'une idée préconçue sur l'essence de l'homme, comme ce serait le cas pour une recherche seulement anthropologique . " (Kuhn, 2002) [ 2. CONSTITUTION ] Conscience des choses dans le sujet " La méthode au moyen de laquelle Husserl tente de dévoiler l'essence absolue du sujet étudie empiriquement, dans la réflexion pure, les différentes formes d'objectivité en corrélation avec les structures subjectives coordonnées. La méfiance à l'égard des constructions conceptuelles qui amène Husserl à revendiquer une méthode entièrement intuitive, est la base de la doctrine phénoménologique de la conscience absolue. La phénoménologie ainsi conçue est une étude purement intuitive des structures noético-noématiques. Elle englobe comme champ toute réalité en tant que constituée dans le vécu subjectif, ainsi que l'étude de cette constitution. La constitution de toute objectivité dans les déroulement subjectifs a elle-même 2 plus d'une figure : elle est ou bien constitution statique, étude de la fondation des vécus, de leur stratification et de leur architectonique, ou bien constitution génétique, étude de leur structure temporelle essentielle. " (Patocka, 1992) / " Il s'agit donc pour Husserl de penser toujours mieux l’espace dans sa constitution. Ainsi la Terre en vient-elle à être interrogée comme dimension supplémentaire de l’espace et le vécu qui la constitue, révélé par l’attitude épochale et réflexive, enrichit la spatialisation elle-même. Cependant la Terre n’est pas essentiellement une partie supplémentaire de l’espace qui permettrait de le penser dans une plus grande complétude. Ou, si la saisie du vécu donnant la Terre boucle la thématisation de l’espace, c’est pour qu’elle se donne comme origine et fondement. La Terre est la première dimension de l’espace qui le soutient entièrement et à ce titre le fonde en étant son archè. L’ultime interrogation sur l’espace révèle le fonds absolument originaire de l’espace. En tant que fonds supportant l’espace, la Terre est spatiale et possède d’ailleurs une localisation sous l’espace, mais en même temps — et essentiellement — la Terre est a-spatiale. Il faut la comprendre comme la dimension a-spatiale de l’espace qui est dans et pour l’espace. En effet la Terre comme archè de l’espace ne se meut pas : son essence même que donne le vécu qui la constitue, est le non-mouvement. " (Ducros, 2007) [ 3. COMMUNICATION ] Ouverture d'un espace de dialogue " Tout ce qui ne se réalise pas dans la communication n’existe pas. Ce qui ne s’enracine pas en elle n’a pas de fondement suffisant. La vérité commence à deux. " (Jaspers) La communication existentielle puise son origine dans la prise de conscience que je ne suis moi-même que par un autre. Être soimême, c'est certes transcender son vivre empirique pour se réaliser en tant qu'individualité singulière. Mais pour y parvenir, la rencontre est indispensable, la rencontre avec d'autres individus disponibles pour accueillir la différence et capables de s'exposer eux-mêmes. L'éclairement de l'existence à travers le langage ne peut être conduit que par la raison. La communication authentique est conjointement existentielle et rationnelle : elle met en œuvre un partage lucide du logos et de la clarté. Elle puise son audace dans un combat spirituel entre deux libertés, mais ce combat ne peut être mené qu'aux frontières de l'échec. L'interruption est la menace toujours possible à laquelle la communication est exposée. Le maintien d'un incommunicable constitue le noyau d'échec inclus dans toute communication. Faire un usage existentiel de la communication, " c'est assumer en une lutte fraternelle, quel que soit le sens de la vérité énoncée, le risque d'une 3 communication sincère et authentique." (Jaspers) Mais tout individu qui cherche, par le dialogue avec les autres, à éclairer son existence et à actualiser sa liberté s'expose à la communication comme à un risque. D'autre part, l'homme se trouve engagé dans un mouvement dialectique infini : il dépasse en effet l'isolement qui est le sien en tant que "je" dans la communication avec les autres, mais par là le "je" fait lui-même l'épreuve d'un processus de transformation à la suite duquel le nouveau "je" est solitaire. S'ensuit une nouvelle démarche vers les autres pour sortir de cette nouvelle solitude, et le même processus est sans fin. Ce mouvement dialectique infini de la communication éclaire la double polarité de l'existence humaine, qui n'est jamais qu'un équilibre entre nomadisme et sédentarité, être-dans et être-vers, solitude et communauté. La condition de possibilité de la communication, dans sa dimension existentielle, est enfin qu'elle ait lieu dans une égalité faite de partage et de réciprocité, en excluant ainsi les formes de maîtrise et de domination qu'implique le sujet supposé savoir. / " Par conséquent, la tache de la psychothérapie consiste, dans une tentative de construction d’un entre ou aïda thérapeutique (espace intersubjectif), à exercer une action sur la vie psychique du patient de façon à ce qu’il puisse désormais se rapporter d’une manière moins perturbée à lui-même et aux autres. Cette tache ne pourra s’accomplir seulement que si le thérapeute, à travers son propre rapport au fond de la vie, participe thérapeutiquement à celui du patient. Il s’agit là d’une participation qui correspond dans le vrai sens du terme à l’empathie. Ce n’est que par une telle empathie d’un aïda commun, d’un entre commun dans le rapport au fond de la vie, qu’une véritable rencontre entre thérapeute et patient devient possible et que le patient, avec le soutien de cet aïda, peut de nouveau instaurer un rapport plus sain avec la réalité. La tâche de la psychothérapie ne se réduit donc pas à mettre de l’ordre à un niveau verbalisable dans le rapport du patient à soimême et aux autres. Certes toute psychothérapie des profondeurs s’efforcera aussi donc d’interroger le rapport inconscient non encore verbalisé à soi et aux autres de manière à modifier de la sorte l’influence de cette dimension de profondeur sur les rapports conscients à soi et aux autres. Mais à cette fin on doit tout d’abord verbaliser l’inconscient et le rendre abordable rationnellement. Cela se passe généralement à travers la mobilisation des formulations théoriques disponibles. Toutefois, à travers une telle verbalisation subséquente dans la langue théorique, l’événement dans la dimension des profondeurs perd nécessairement sa vrai profondeur. Par conséquent, la dimension profonde sera objectivée, prise par le filet de la langue théorique et détachée de l’authentique instance effectuante du fond de la vie, et cela même sans interroger si l’on peut en somme verbaliser correctement ce que l’on ne peut cependant jamais affirmer. On ne peut plus attendre d’un “fond” ainsi rationalisé d’être une instance, qui constamment pose et entretient le rapport à soi et à l’autre. Par conséquent ce qui importe 4 dans la formation authentique des psychothérapeutes est comment cette empathie thérapeutique, ce rapport thérapeutique non-verbalisable au fond de la vie du candidat, peut être transmis. Sans doute, doit-on avant tout veiller toujours de nouveau à montrer clairement au candidat que toutes les théories ne sont que de précaires tentatives de verbalisation de la dimension profonde de l’expérience humaine se tenant au-delà de toute parole et qu’une véritable et salvatrice communication avec le patient ne peut avoir lieu que dans la dimension irrationnelle de l’aïda. " (Kimura) [ 4. COMPRÉHENSION ] Saisie du sujet comme sens " La compréhension affective est la véritable compréhension de la vie psychique elle-même" (Jaspers). " Il y a compréhension intuitive d'un cas lorsque tout le développement du sujet paraît aussi clair que le développement des sentiments humains habituels " (Lanteri-Laura). Les états successifs de la personnalité ne sont plus séparés par d'incompréhensibles ruptures, mais leur évolution devient intelligible. Comprendre, uploads/Philosophie/lexique-de-phenomenologie.pdf
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- Publié le Apv 23, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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