1 COURS DE PHILOSOPHIE Leçon 1 : LA RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE I. DES ORIGINES DE

1 COURS DE PHILOSOPHIE Leçon 1 : LA RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE I. DES ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE La philosophie, en tant que questionnement rationnel, visant à apporter des réponses aux énigmes que la réalité propose éternellement au souci des hommes, il est tout à fait important pour nous de s’intéresser aux questions de ses origines dès le début de ce travail. En fait, la philosophie n’a pas toujours existé. A l’en croire, Jean Lacroix nous souligne que « la philosophie ne nous est pas tombée du ciel », au contraire, elle a une histoire, un processus d’émergence. Elle s’enracine dans les problèmes scientifiques, politiques, religieux d’une société à une époque bien déterminé. Dès lors pour savoir ce qu’elle est, il est nécessaire ainsi que le suggère Jean Pierre Vernant d’ « examiner les conditions de sa venue au monde, suivre le mouvement par lequel elle s’est historiquement constituée ». Pour ce faire, il nous importe d’aborder la question des origines de la philosophie sous un angle dichotomique, autrement dit à travers deux axes. De ce fait, il s’agira d’exposer d’une part l’origine logique ou la source théorique qui définit la manière dont la philosophie s’est constituée en tant que discours spécifique, procédant d’une attitude intellectuelle tout à fait nouvelle. D’autre part, il sera question de l’origine chronologique comme tentative de détermination d’un lieu, d’un espace et d’un moment dans le temps où la philosophie s’inscrit pour la première fois. L’origine logique de la philosophie suppose que c’est en Grèce antique que la pensée humaine aurait effectué le passage du (mythos) mythe au logos avec les présocratiques en l'occurrence les milésiens comme Thalès, Anaximandre, Anaximène. En fait, les mythes étaient des récits fictif d’origine religieux qui, pour expliquer les origines et les fondements des choses, remontaient jusqu’aux temps immémoriaux. De plus, leurs récits inspiraient des craintes parmi les hommes à cause des pouvoirs surnaturels qu’ils accorder à la nature et aux dieux, ce qui bloquait ainsi l’intelligence humaine en interdisant toute tentative de questionnement. Par ailleurs, il y a eu la réflexion sur la physis (la nature) qui, avec les interrogations des présocrates va effectuer un processus de dénaturalisation de la nature jusqu’ici sacralisée par le mythe. Ainsi, la philosophie commence quand les hommes se détournèrent du mythe pour se lancer aux discours rationnels, d'où le passage de l'explication mythique à l'explication rationnelle. Ce passage du mythe à la philosophie a été rendu possible par l’étonnement et les interrogations 2 que se faisaient les présocratiques faces aux phénomènes extraordinaires. C’est pourquoi selon Aristote, « c’est l’étonnement qui poussa comme aujourd’hui, les premières penseurs aux premières spéculations philosophiques ». De même, Karl Jaspers nous dit dans son Introduction à la philosophie que l’origine de la philosophie est la source d’où jaillit constamment le besoin de philosopher. L’origine chronologique nous présente la naissance de la philosophie à travers le temps et l'espace. Communément, la philosophie serait née au 6ème siècle avant J-C dans la cité grecque de Milet, lorsque les milésiens ont proposés à la place des explications mythiques, des explications de types rationnelles. Pourquoi alors, la philosophie soit née en Grèce et non ailleurs ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire de prendre en compte les particularités socio-économiques (la richesse de ses colonies, l’agriculture, l’élevage, la navigation, le commerce, ainsi que la structure politique et sociale entre esclaves et nobles). Ces derniers grâce à leur catégorie sociale élevée (les hommes libres), peuvent se livrer à une activité désintéressée voire à des réflexions de types philosophiques. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’Aristote défendait que « ce fut seulement lorsque ce qui appartient au confort et au loisir de la vie a été bien présent que l’on a commencé à rechercher la connaissance philosophique ». De plus, sur le plan politique, l’avènement de l’agora comme lieu de débat public constituait une manifestation de la liberté de penser, donc la liberté d’expression. Par ailleurs, géographiquement, la Grèce antique était un carrefour ayant liaison avec la mer, ouvert aux peuples allogènes. Ainsi la navigation et le commerce permettent des rencontres avec d’autres cultures, ce qui aboutit par conséquence à leur cosmopolitisme. En fin sur le plan culturel, les grecques avaient développaient les sciences de l’esprit comme les mathématiques, propices à l’abstraction. Bref, les grecques développaient des thèmes relatives aux conditions humaines telle que la mort, le destin, la tragédie, l’absurde, la faute, le péché etc... Toutefois, l’origine chronologique de la philosophie est l’objet de vive controverse dans la mesure où il est impossible de ne pas prendre en compte les courants spirituels dans la pensée orientale comme en Inde, en Chine, en Moyen-Orient comme l’Égypte pharaonique, qui se réclament également fondateurs de la philosophie. En effet, en Inde, la religion de Véda (le savoir ou la science) apparu aux environs de 1500 avant J-C donne naissance à partir du 12ème siècle avant J-C à une pensée philosophique qui donnât aussi naissance aux Upanishads (une somme philosophique remarquable) dont le thème est l’idée d’âtman qui signifie souffle mais également l’âme universelle présente en tout être vivant, le principe spirituel quasi cosmique. De plus, le bouddhisme originel et l’idée de nirvâna (extinction) serait né vers 556 avant J-C comme opposition à la pensée des Upanishads et rejette toutes questions métaphysique en 3 prônant l’idée de vacuité qui postule que tous les phénomènes sont vides d’une existence propre et autonome. Par ailleurs en Chine, la pensée ou la philosophie de Confucius qui approfondie l’expérience morale par l’intériorisation de l’humanité et celle de Lao-Tseu (le sage caché) qui invente le taoïsme dont la doctrine est que le Tao n’a ni fin ni commencement, ont fondé de véritables pensées philosophiques. En Moyen-Orient, l’Israël et l’Égypte n’en sont pas en reste dans la mesure où en Israël, l’idée de transcendance de Dieu fait l’objet de pur pensés métaphysique dans les écrits de la Bible alors qu’en Égypte à travers la pensée religieuse, la croyance d’une vie après la mort fait naître l’idée de responsabilité du bien et du mal. De plus, les égyptiens avaient développé des sciences de l’esprit comme la géométrie et l’algèbre. En fin beaucoup de philosophes de la Grèce d’antan ont séjourné en Égypte antique pour acquérir de la connaissance. Ce qui d’ailleurs, fait dire à cheikh Anta Diop que l’Égypte antique a été l’éducatrice de la Grèce antique. En tout état de cause, Emil Bréhier nous apprend que « la question de l’origine de la philosophie reste sans solution précise ». Après avoir examiné les conditions de sa naissance, il nous parait dès lors légitime de savoir ce qu’est la philosophie. II. QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE Définir une discipline, c’est déterminer avec précision son objet et ses méthodes. Si pour le cas des sciences c’est possible, cela pose un problème en philosophie. En effet, il est difficile de définir ce qu’est la philosophie. Cependant, plusieurs tentatives de définitions ont été formulées. 1. PHILOSOPHIE COMME AMOUR DE LA SAGESSE Le mot philosophie est d'origine grecque (philosophia, φιλοσοφία). Il se décompose en philo- (verbe philein : aimer, chercher) d'une part, et, d'autre part, sophie (nom sophia : connaissance, savoir, sagesse). De plus, le verbe philosophein signifie chercher la culture, philosopher, être philosophe, étudier à fond, méditer. Et le mot philosophia signifie de même recherche de la culture, étude profonde. On attribue l'invention du mot philosophie à Pythagore, qui refusait de se considérer comme un sage (sophos) car la possession de la connaissance est le privilège des dieux. Il préférait être appelé « amoureux de la connaissance » (philosophos), c'est-à-dire amoureux des réalités divines. Mais, avant Pythagore, on appelait sophoi ceux qui cherchaient à connaitre les réalités divines et humaines, sans que ce mot soit péjoratif. Dans le banquet, Platon nous suggère que l’amour traduit un manque en matière de connaissance et que 4 la philosophie fait un aveu de pauvreté notamment avec l’affirmation de Socrate selon laquelle « tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Cette ironie socratique renvoie dès lors à une prise de conscience de soi-même par rapport à la connaissance. Finalement, en tant qu’amoureux de la sagesse, le philosophe est un pèlerin insatisfait de la vérité dont il est toujours avide. 2. LA PHILOSOPHIE EST-ELLE UNE SIMPLE VISION DU MONDE, UNE WELTANSCHAUUNG COMME LE PENSE LE SENS COMMUN ? Selon la terminologie de KANT, c’est ce que l’on appelle « la mundus sensibilis » (le monde des sens). Or selon Platon et Descartes, nos sens nous trompent. Descartes impulse de ce fait, le doute méthodique pour s’échapper des apparences trompeuses surtout quand il écrit : « Le doute est le sel de l’esprit, sans la pointe du doute, toute les connaissances sont bientôt pourries. Le vrai doute c’est qu’il ne faut jamais croire, il faut toujours examiner. » Par ailleurs, il rage de « n’admettre aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ». De son côté, Jacqueline RUSS missionne que « philosopher c’est rompre avec le cercle des évidences établies, recevoir le baptême philosophique, c’est repartir uploads/Philosophie/ philos-tle-cours.pdf

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