1 LES FORMALISMES DE LA MODELISATION SYSTEMIQUE Jean-Louis Le Moigne* Le contex

1 LES FORMALISMES DE LA MODELISATION SYSTEMIQUE Jean-Louis Le Moigne* Le contexte de cette publication en 2005. « FORMALISMS OF SYSTEMIC MODELLING” Cette étude fut initialement rédigée en français, fin 1992, à la demande du professeur H. Greppin (Université de Genève), sous la forme d’une contribution au séminaire qu’il organisait sur « Some physicochemical and mathematical tools for understanding of living systems . Elle fit l’objet d’une ‘Note de recherche GRASCE, Université d’Aix Marseille III, URA CNRS 935’.(NR 93-01)’ Comme elle reprenait des arguments exposés et développés dans nombre de mes publications en langue française sur ce thème, je ne songeais pas à l’époque la faire publier. Avec ses collègues de l’université de Genève, le pr. H. Greppin me proposa de la traduire et de la publier en anglais dans un recueil rassemblant les travaux exposés au séminaire qu’il venait d’animer. C’est ce texte anglais, repris également par numérisation prés de quinze ans plus tard que l’on trouvera attaché par un lien à cette version français . Je crois utile de le rendre aujourd’hui accessible sur le site Internet www.mcxapc.org pour répondre à un reproche qui m’est quelquefois objecté, celui du trop petit nombre de travaux de l’Ecole aixoise de Systémique disponibles en langue anglaise. Les ressources de la numérisation, et de la toile internet, comme le confraternel agrément de H Greppin permettent aujourd’hui de mettre aisément à la disposition des chercheurs intéressés un des textes caractéristique de cette Ecole aixoise. Je crois en le relisant que la présentation, certes très sommairement argumentée ici, des formalismes de la modélisation systémique présentée dans cet article est toujours pertinente, 15 ans après. Des branches se sont déployées, mais le tronc et ses enracinements épistémologiques se maintiennent et assurent leur fonction d’irrigation ascendante et descendante dans les champs de la modélisation intelligente des systèmes complexes. Je n’ai pas cru devoir modifier les références originales, lesquelles sont aujourd’hui inégalement accessibles.je m’efforcerai de documenter plus soigneusement les chercheurs qui me le demanderaient ; (lemoigne@univ-aix.fr) * Reproduction établie par numérisation en avril 2005, de la ‘Note de Recherche GRASCE, Université d’Aix-Marseille, URA CNRS 935’, NR 93-01. Ce texte, établi en français fin 1992, était rédigé afin d’être traduit en langue anglaise et publiée dans un ouvrage collectif publié par l’Université de Genève. Il a paru légitime de joindre cette ‘version originale’ à la nouvelle publication sur le site du Réseau Intelligence de la Complexité MCX-APC de la version anglaise. Je n’ai pas modifié le texte de cette version originale, hormis quelques détails de forme. Les références bibliographiques sont donc toutes antérieures à 1992, mais nombre d’entre elles ont fait depuis l’objet de nouvelles éditions , et sont souvent d’accès aisé en 2005. 2 LES FORMALISMES DE LA MODELISATION SYSTEMIQUE Jean-Louis Le Moigne* Peut-on se proposer d'établir et de communiquer quelques règles pouvant guider le bon usage de la raison dans ces magmas complexes et familiers que l'on désigne par les affaires humaines1 ? Le projet de la modélisation systémique est sans doute de permettre à chacun des acteurs qui la pratique, devenant ainsi modélisateur, de se construire quelques systèmes de symboles sur lequel il pourra exercer sa raison en les transformant à sa guise, de représentation en représentation, tour à tour diplomatique et théâtrale2 ; exercice que nous entendons habituellement sous le nom de "réflexion", par lequel l'acteur construit son projet dans sa tête avant et afin de l’incarner par son action3. C'est cette conception de la Modélisation Systémique (M.S.) qui légitime son projet d'entendement ou d'intelligence de la complexité4 : perception elle-même complexe de phénomènes perçus complexes, et donc irréductibles à un modèle fini, aussi compliqué soit-il. Perception que s'interdit la Modélisation Analytique qui depuis bientôt deux siècles s'est installée de façon quasi- monopoliste dans la culture scientifique occidentale. 1. SUR LA FORMALISATION ET LES FORMALISMES DE LA MODELISATION EN GENERAL Ce projet de la M.S., se ré-instituant progressivement non seulement comme une alternative plausible à la modélisation analytique, mais aussi comme une alternative plus ambitieuse, affirmant sa capacité à l'intelligence modélisable de l'immodélisable complexité des affaires humaines, appelle pour être praticable, l'explicitation de quelques "formalismes" (ou systèmes de règles) au moins aussi explicites que ceux proposés par les ‘Regulae ad directionem ingenii’ que René * Reproduction établie par numérisation en avril 2005, de la ‘Note de Recherche GRASCE, Université d’Aix-Marseille, URA CNRS 935’, NR 93-01. Ce texte, établi en français fin 1992, était rédigé afin d’être traduit en langue anglaise et publiée dans un ouvrage collectif publié par l’Université de Genève. Il a paru légitime de joindre cette ‘version originale’ à la nouvelle publication sur le site du Réseau Intelligence de la Complexité MCX-APC de la version anglaise. Je n’ai pas modifié le texte de cette version originale, hormis quelques détails de forme. Les références bibliographiques sont donc toutes antérieures à 1992, mais nombre d’entre elles ont fait depuis l’objet de nouvelles éditions , et sont souvent d’accès aisé en 2005. 3 Descartes ne put achever avant sa mort: Règles pour la direction de l’esprit5 qui pourtant constituèrent pendant près de trois siècles le formalisme matriciel de la modélisation analytique. Référence toujours citée et rarement relue, au point qu'elle constitue pour beaucoup la définition auto-référentielle de tout formalisme : ‘Représenter par des figures nues’ (Règle XIV) Il nous faut donc d'emblée nous désengluer de ces définitions analytiques des formalismes et de la formalisation par laquelle on les établit, définition que reprennent encore la plupart des dictionnaires contemporain de philosophie épistémologique et logique. Non pas pour les rejeter ou contester leur pertinence dans leur domaines de définition dès lors qu'il est reconnu dans ses sévères limites; mais pour les débarrasser assez afin de pouvoir disposer d'un contenant qui ne mutile pas un contenu que l'on souhaite suffisamment puissant, et qui pourtant s'insère aisément sur la trame sémantique que brode la communication scientifique contemporaine" .Entendons dès lors la formalisation par l’exercice cognitif par lequel une action (un système concret) est transformé en une forme (un système abstrait), et acceptons que l'opération inverse oit comprise comme l’interprétation, ces systèmes concrets et abstrait pouvant être considèrès comme des "systèmes de signes" (nous dirons bientôt des systèmes de symboles). Et entendons le formalisme comme un système symbolique de règles opérant un tel processus de transformation d’expériences (dans l’univers Φ, Φ pour physique selon P. Valéry) en connaissances (dans l’univers Ψ, Ψ pour psychique selon P. Valéry). Est donc formalisme tout système de signe résultant de la formalisation ; Mais cette définition ne réduit pas les formalismes à quelques variétés d'une logique formelle tout en les incluant sans réserve Inclusion d’autant mieux venue qu' elle nous incite à tirer parti de la millénaire expérience de la formalisation et en particulier des multiples initiatives des mathématiques, arithmétiques, géométriques et logiques ; nous disposons d'un patrimoine presque inépuisable , au sein duquel peuvent se forger bien des apprentissages de la formalisation et se retrouver bien des modèles originaux de formalismes La tentation, bien sûr est permanente depuis un siècle de réduire la formalisa ion à la mathématisation et les formalismes a des systèmes de 1ogiques formelles6 , tant les réussites de la physique théorique devenant physique mathématiques séduisent les modélisateurs ... en biologie, en économique ou en linguistique théorique. Mais de telles réussites font souvent illusion; H Simon l’a très bien montré en considérant l'émergence de la formalisation en chimie au XIXéme siècle : 4 Les langages formels à l'aide desquels l’homme s’est révélé à lui-même les formes (patterns) de la Nature dans un de ses domaines ne sont pas nécessairement appropriés ou utiles, pour la compréhension des phénomènes dans d'autres domaines Les outils du calcul si puissant en physique, contribueront peu à la Chimie au XIXème siècle. La chimie a eu à développer son propre langage. Ce langage a du admettre l'énorme variété combinatoire de composés qui peuvent être formés à partir des éléments. I1 eu a représenter les interactions qui peuvent n'être pas additives entre des molécules complexes … Ce langage chimique est fondamentalement non-numèrique, discret et combinatoire. Ses règles d'inférences sont nombreuses, éclectiques, très empiriques: sous tous ces aspects, il diffère beaucoup du langage de la physique. Nous devons convenir que ce n'est pas parce qu’un langage est apparu puissant dans un domaine qu’il le sera dans tous les autres. "H.A Simon (1965)7 Cette réflexion sur la nature des formalismes révèle surtout les deux critères implicites à tout entreprise de formalisation. Un critère de rigueur intellectuelle d’abord. Il peut y avoir, écrit H A Simon ( 1965/1967), des modèles formels qui bien que rigoureux ne ressemblent pas aux modèles utilisant les mathématiques traditionnelles7b. Le moraliste, le juriste, le grammairien, le rhéteur et parfois le poète ou l'artiste le savent d’une ancestrale expérience. Dés lors bien sûr que la rigueur s'entend dans la référence du raisonnement à un système d'axiomes explicites, axiomes qui ne sont pas nécessairement ceux de la seule déduction par non contradiction. Les trois axiomes construisant le syllogisme parfait d’Aristote, et aujourd'hui 1e formalisme des logiques déductives (rarement connu explicitement par les intégristes de la formalisation mathèmatico-logique) uploads/Philosophie/ 0505formalismesvfr-pdf.pdf

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