1 PHILOSOPHIE ANALYSE ÉLÉMENTAIRE DU PROGRAMME DE TERMINALE Tronc commun AVERTI
1 PHILOSOPHIE ANALYSE ÉLÉMENTAIRE DU PROGRAMME DE TERMINALE Tronc commun AVERTISSEMENT : les fiches que vous allez trouver ici ne sont pas des résumés de cours. Elles prétendent seulement vous apporter les éléments problématiques des notions du programme. Leur finalité est de vous donner les « détonateurs » de la réflexion, afin que vous trouviez plus facilement les problèmes correspondants à un sujet de dissertation ou à un texte à expliquer. Une notion est problématique à trois points de vue : ou bien par l’ambivalence de son sens, ou bien par une contradiction interne, ou bien par sa prétention à devenir un principe, toujours critiquable. En effet, une notion peut : 1. Prendre des sens différents. Nous n’indiquons ici que les ambivalences problématiques de la notion. Ces indications ne sauraient remplacer la construction des concepts, ni l’analyse des sujets spécifiques donnés à l’examen. 2. Renfermer une contradiction qui est le germe des problèmes plus spécifiques qu’on peut poser ensuite. Les deux éléments qui établissent une tension à l’intérieur de la notion seront mis en évidence (termes en italiques gras). Ces contradictions doivent lancer la réflexion, elles ne sont pas des conclusions. 3. Prétendre devenir un principe fondamental de l’explication du réel ou de l’homme. La notion est alors beaucoup plus qu’un concept, elle devient le premier principe d’une philosophie. Souvent, cette « prétention » de la notion est rendue manifeste par la possibilité d’entrer dans une proposition universelle du type : « tout est… », ou « tout peut être expliqué par… » ou « tout peut être réduit à… », etc. Dans une dissertation, ces propositions doivent être envisagées comme des hypothèses discutables, et non pas comme des conclusions définitives. C’est pourquoi toute « prétention » sera accompagnée de sa « critique », celle-ci ne signifiant pas pour autant que celle-là est infondée. Ne prenez aucune des affirmations ci-dessous pour des vérités indiscutables. Ce sont au contraire des éléments de discussion. Chaque fiche est donc divisée en trois parties correspondant à ses trois caractéristiques. 2 LA CONSCIENCE A. SIGNIFICATIONS : 1. Sens moral ou sens psychologique : capacité de discerner le bien et le mal (on parle alors de « conscience morale »), ou capacité de percevoir quelque chose en sachant qu’on le perçoit (« conscience psychologique »). On peut contester cette distinction, en montrant que dès que le sujet prend conscience de lui-même au sens psychologique (il devient objet pour lui-même), il devient du même coup un sujet moral, puisque, en se dédoublant, il devient capable de se juger. 2. Conscience d’objet et conscience de soi : en fait, deux aspects inséparables de la conscience au sens psychologique. Quand quelque chose m’apparaît comme un ob-jet (= op-posé à moi), cela implique que j’ai également conscience de moi. Même quand je ne pense pas explicitement à moi, cette conscience de soi est présente implicitement dans la conscience tournée vers le monde. 3. Conscience de soi : cette expression est ambiguë, puisqu’elle peut désigner ou bien la conscience qui prend pour objet le moi empirique individuel (mes sensations, mes désirs, mes pensées, mes qualités, mes défauts, mes actes, etc.), ou bien la conscience consciente d’être une conscience, un sujet pensant (cf. Descartes : « je suis une chose qui pense »). B. CONTRADICTIONS : la conscience révèle et cache en même temps le réel. 1. Le monde n’est jamais perçu que partiellement : j’ai conscience d’une totalité appelée « monde », mais je n’en perçois jamais qu’une partie (ma perspective).. 2. Même problème pour le sujet : je sais que je suis un tout mais je ne perçois pas tout ce qui se passe en moi, cf. ignorance de mes déterminismes (Spinoza), inconscient (Leibniz, Freud) 3. Le moi s’apparaît à lui-même tout en perdant son unité : il se brise en moi-objet et moi- sujet, sans pouvoir cependant renoncer à son unité (quand je pense à moi, je me dédouble sans me dédoubler, le moi-objet ne devient pas réellement un objet totalement opposé à moi). 4. L’habitude de percevoir le réel comme objet en face de moi me fait oublier que je suis sujet (la conscience s’oublie dans son objet, un peu comme l’œil qui ne se voit pas). On finit par croire qu’il n’y a dans le réel que des choses, et tenir pour rien la conscience. C. PRETENTIONS : 1. La conscience fait de l’homme un être supérieur à tous les autres, puisqu’il a l’avantage de savoir ce qu’il est et ce qu’il fait. CRITIQUE : la conscience fait de l’homme un être malheureux (conscience morale) et inadapté (la réflexion se substitue à l’instinct). Le sort d’un animal peut sembler plus enviable ! Nous avons perdu l’innocence originelle et l’harmonie avec la nature. 2. La conscience fonde la transcendance absolue de l’homme, puisqu’elle le place toujours au-dessus de ce dont il est conscient. Il est sujet, ne peut donc être confondu avec un objet, ce qui fonde sa liberté essentielle et sa dignité (Kant, Sartre). CRITIQUE : vanité, orgueil de l’homme qui, parce qu’il est conscient du monde, s’imagine qu’il est au-dessus, ou hors du monde, « un empire dans un empire » (Spinoza), alors qu’en fait il est soumis aux lois de l’univers, comme le reste. 3. La conscience rend possible une parfaite connaissance de soi-même : je sais ce que je suis, je sais ce que je pense, je sais ce que je veux, je sais ce que je fais. CRITIQUE : la conscience est source d’illusions. Illusion de la liberté (Spinoza). Illusion de l’existence d’un moi permanent (Kant). Illusion de la division de la réalité en sujet et objet, qui brise l’unité de l’Être (Spinoza, Hegel, Heidegger). 4. La conscience constitue l’individu en sujet autonome, capable de penser et de choisir par lui-même. CRITIQUE : il y a de nombreuses causes extérieures à la conscience qui me font penser et choisir malgré moi (l’inconscient, le corps, la société ; voir fiche sur la liberté). 3 L’INCONSCIENT A. SIGNIFICATIONS : 1. Ne pas confondre l’inconscienT (ensemble de phénomènes mentaux dont je n’ai pas, ou plus, ou pas encore conscience) et l’inconscienCE (état d’un homme ayant perdu conscience, comme dans le sommeil, ou bien irresponsabilité, fait de ne pas penser aux conséquences de ses actes, insouciance). 2. Ne pas confondre a/ l’inconscient, qui désigne l’ensemble des phénomènes psychiques, appartenant à mon esprit, dont je n’ai pas conscience, et b/ la totalité des phénomènes extérieurs à mon esprit dont je ne suis pas conscient (par exemple le mécanisme de la digestion pendant que je digère ; ou bien le nombre de personnes qui meurent chaque jour ; ou les pensées secrètes d’un ami : rien de tout cela ne fait partie de « l’inconscient » , bien qu’on puisse dire que « je n’en suis pas conscient », dans le sens où je l’ignore ; il faut alors parler de l’inconnu). 3. Ne pas confondre : a/ l’inconscient de constitution : ensemble de mécanismes inconscients qui contribuent positivement au développement de la vie psychique (habitudes, mémoire, automatismes relevant des apprentissages, enchaînement rapide des pensées etc.) et b/ l’inconscient de dissolution : mécanismes inconscients qui contribuent à la dégradation de la vie psychique en divisant la personne : névroses, dédoublement de la personnalité, schizophrénie, hystérie etc. Dans ce cas, une partie de moi m’échappe à moi-même. 4. Ne pas confondre : a/ l’inconscient statique, que Freud préfère appeler préconscient, parce qu’il renferme des représentations qui peuvent devenir conscientes sans grande difficulté, ou bien parce qu’elles ne sont pas encore conscientes (cf. le son d’une cloche, exemple de Leibniz), ou bien parce qu’elles ne sont plus conscientes (cf. le bruit d’une chute d’eau, autre exemple de Leibniz) ; et b/ l’inconscient dynamique, ou inconscient psychanalytique proprement dit : ensemble des pulsions, d’origine sexuelle, qui cherchent constamment à se satisfaire mais qui sont constamment refoulées, peut-être depuis toujours. C’est pourquoi cet inconscient est aussi appelé « le refoulé ». Il engendre des conflits dans le sujet, pris entre la logique du principe de plaisir, qui commande l’inconscient, et le principe de réalité, auquel obéit la conscience, qui doit s’adapter au monde extérieur (normes sociales). Comme la censure des pulsions est elle-même un phénomène inconscient, Freud finit par diviser l’inconscient en Ça (pulsions) et Surmoi (censure). Le moi, pour s’adapter aux normes sociales, doit constamment trouver des compromis entre le Ça et le Surmoi. B. CONTRADICTION : L’inconscient est très intelligent… Songer aux mots d’esprit, aux intuitions, au génie créateur. On a justement reproché à Freud de prêter à l’inconscient (au sens psychanalytique), théoriquement constitué de pulsions primitives, infantiles, d’être en même temps capable de ruser très finement avec la censure de la conscience, d’inventer des métaphores, des métonymies, de construire tout un langage symbolique pour pouvoir satisfaire les pulsions de manière indirecte, dans le rêve ou le lapsus par exemple. Intelligence inconsciente, que Nietzsche appelle « la grande Raison », qui nous gouverne réellement, par opposition à la « petite raison » (l’intelligence consciente, dont le pouvoir est illusoire). C. 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- Publié le Apv 29, 2022
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