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DON PERNETY FABLES ÉGYPTIENNES ET GRECQUES 1  LES FABLES ÉGYPTIENNES E T GRECQUES Dévoilées & réduites au même principe, AVEC UNE EXPLICATION DES HIÉROGLYPHES, ET DE LA GUERRE DE TROYE : Par Dom ANTOINE-JOSEPH PERNETY, Religieux Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur. Populum Fabulis pascebant Sacerdotes Ægyptii ; ipsi autem sub nomimbus Deorum patriorum philosophabantur. Orig.l. i. contra Celsum. TOME PREMIER. Prix, 12 liv. les 2. Vol rel. A PARIS, Chez DELALAIN l’aîné , Libraire , rue Saint-Jacques, N°. 240. M. DCC. LXXXVI. AVEC APPROBATION, ET PRIVILEGE DU ROI. DON PERNETY FABLES ÉGYPTIENNES ET GRECQUES 2  TABLE DES LIVRES ET CHAPITRES DE LA PREMIÈRE PARTIE. Préface. Discours Préliminaire. Principes Généraux de Physique, suivant la Philosophie Hermétique. De la première matière. De la Nature. De la lumière, & de ses effets. De l’Homme. Des Eléments. De la Terre. De l’Eau. De l’air. Du Feu. Des opérations de la Nature. Des manières d’être générales des Mixtes. De la différence qui se trouve entre ces trois Règnes.  Le Minéral.  Le Végétal.  L’Animal.  De l’âme des Mixtes. De la génération & de la corruption des Mixtes. De la Lumière. De la conservation des Mixtes. De l’humide radical. De l’harmonie de l’Univers. Du Mouvement. DON PERNETY FABLES ÉGYPTIENNES ET GRECQUES 3  PRÉFACE. A Philosophie considérée en général a pris naissance avec le monde, parce que de tout temps les hommes ont pensé, réfléchi, médité ; de tout temps le grand spectacle de l’Univers a du les frapper d admiration, & piquer leur curiosité naturelle. Né pour la société, l’homme a cherché les moyens d’y vivre avec agrément & satisfaction ; le bon sens, l’humanité, la modestie, la politesse des mœurs, l’amour de cette société, ont donc dû être les objets de son attention. Mais quelque admirable, quelque frappant qu’ait été pour lui le spectacle de l’Univers , quelque avantage qu’il ait cru pouvoir tirer de la société, toutes ces choses n’étaient pas lui. Ne dut-il pas sentir, en se repliant sur lui-même, que la conservation de son être propre, n’était pas un objet moins intéressant ; & penserait-on qu’il se soit oublié, pour ne s’occuper que de ce qui était autour de lui ? Sujet à tant de vicissitudes, en but à tant de maux ; fait d’ailleurs pour jouir de tout ce qui l’environne, il a sans doute cherché les moyens de prévenir ou de guérir ces maladies, pour conserver plus longtemps une vie toujours prête à lui échapper. Il ne lui a pas fallu méditer beaucoup pour concevoir & se convaincre que le principe qui constitue son corps & qui l’entretient, était aussi celui qui devait le conserver dans sa manière d’être. L’appétit naturel des aliments le lui indiquait assez : mais il s’aperçut bientôt que ces aliments, aussi périssables que lui, à cause du mélange des parties hétérogènes qui les constituent, portaient dans son intérieur un principe de mort avec le principe de vie. Il fallut donc raisonner sur les êtres de l’Univers, méditer longtemps pour découvrir ce fruit de vie, capable de conduire l’homme presque à l’immortalité. L Ce n’était pas assez d’avoir aperçu ce trésor à travers l’enveloppe qui le couvre & le cache aux yeux du commun. Pour faire de ce fruit l’usage qu’on se proposait, il était indispensable de le débarrasser de son écorce, & de l’avoir dans toute sa pureté primitive. On suivit la Nature de près ; on épia les procédés qu’elle emploie dans la formation des individus, & dans leur destruction. Non seulement on connut que ce fruit de vie était la base de toutes ses générations, mais que tout se résolvait enfin eu ses propres principes. On Se mit donc en devoir d’imiter la Nature ; & sous un tel guide pouvait-on ne pas réussir ? à quelle étendue de connaissances cette découverte ne conduisit- elle pas ? Quels prodiges n’errait-on pas en état d’exécuter, quand on voyait la Nature comme dans un miroir, & qu’on l’avait à ses ordres ? Peut-on douter que le désir de trouver un remède à cous les maux qui antigène l’humanité, & d’étendre, s’il était possible, les bornes prescrites à la durée de la vie, n’aie été le premier objet des ardentes recherches des hommes, & n’aie formé les premiers Philosophes? Sa découverte dut flatter infiniment son DON PERNETY FABLES ÉGYPTIENNES ET GRECQUES 4  inventeur, & lui faire rendre de grandes actions de grâces à la Divinité pour une faveur si signalée. Mais il duc penser en même temps que Dieu n’ayant pas donné cette connaissance à tous les hommes, il ne voulait pas sans douce qu’elle fût divulguée. Il fallut donc n’en faire participants que quelques amis ; aussi Hermès Trimégiste, ou trois fois grand, le premier de tous les Philosophes connu avec distinction, ne le communiqua-t-il qu’à des gens d’élite, à des personnes dont il avait éprouvé la prudence & la discrétion. Ceux-ci en firent part à d’autres de la même trempe, & cette découverte se répandit dans tout l’Univers. On vit les Druides chez les Gaulois, les Gymnosophistes dans les Indes, les Mages en Perse, les Chaldéens en Assyrie, Homère, Talés, Orphée, Pythagore, & plusieurs autres Philosophes de la Grèce avoir une conformité de principes, & une connaissance presque égale des plus rares secrets de la Nature. Mais cette connaissance privilégiée demeura toujours renfermée dans un cercle très étroit de personnes, & l’on ne communiqua au reste du monde que des rayons de cette source abondance de lumière. Cet agent, cette base de la Nature une fois connue, il ne fut pas difficile de l’employer suivant les circonstances des temps & l’exigence des cas. Les métaux, les pierres précieuses entrèrent dans les arrangements de la société, les uns par le besoin qu’on en eut, les autres pour la commodité & l’agrément. Mais comme ces derniers acquirent un prix par leur beauté & leur éclat, & devinrent précieux par leur rareté , on fit usage de ses connaissances Philosophiques pour les multiplier. On transmua les métaux imparfaits en or & en argent, on fabriqua des pierres précieuses, & l’on garda le secret de ces transmutations avec le même scrupule que celui de la panacée universelle, tant parce qu’on ne pouvait dévoiler l’un sans faire connaître l’autre, que parce qu’on sentait parfaitement qu’il résulterait de sa divulgation, des inconvénients infinis pour la société. Mais comment pouvoir se communiquer d’âges en âges ces secrets admirables, & les tenir en même temps cachés au Public ? Le faire par tradition orale, c’eût été risquer d’en abolir jusqu’au souvenir ; la mémoire est un meuble trop fragile pour qu’on puisse s’y fier. Les traditions de cette espèce s’obscurcissent à mesure qu’elles s’éloignent de leur source, au point qu’il est impossible de débrouiller le chaos ténébreux, où l’objet & la matière de ces traditions se trouvent ensevelis. Confier ces secrets à des tablettes en langues & en caractères familiers, c’était s’exposer à les voir publics par la négligence de ceux qui auraient pu les perdre, ou par l’indiscrétion de ceux qui auraient pu les voler. Bien plus, il fallait ôter jusqu’au moindre soupçon, sinon de l’existence, au moins de la connaissance de ces secrets. Il n’y avoir donc d’autre ressource que celle des hiéroglyphes, des symboles, des allégories, des fables, &c. qui étant susceptibles de plusieurs explications différentes, pouvaient servir à donnée le DON PERNETY FABLES ÉGYPTIENNES ET GRECQUES 5  change, & à instruire les uns, pendant que les autres demeureraient dans l’ignorance. C’est le parti que prit Hermès, & après lui tous les Philosophes Hermétiques du monde. Ils amusaient le Peuple par des fables, dit Origène, & ces fables, avec les noms des Dieux du pays, servaient de voile à leur Philosophie. Ces hiéroglyphes, ces fables présentaient aux yeux des Philosophes, & de ceux qu’ils instruisaient pour être initiés dans leurs mystères, la théorie de leur Art sacerdotal, & aux autres diverses branches de la Philosophie, que les Grecs puisèrent chez les Egyptiens. Les usages, les modes, les caractères, quelquefois même la façon de penser varient suivant les pays. Les Philosophes des Indes, ceux de l’Europe inventèrent des hiéroglyphes & des fables à leur fantaisie, toujours cependant pour le même objet. On écrivit sur cette matière dans la suite des temps, mais dans un système énigmatique ; & ces ouvrages, quoique composés en langues connues, devinrent aussi intelligibles que les hiéroglyphes mêmes. L’affectation d’y rappeler les sables anciennes, en a fait découvrir l’objet ; & c’est ce qui m’a engagé à les expliquer suivant leurs principes. On les trouve assez développés dans leurs livres, quand on veut les étudier avec une attention opiniâtre, & qu’on a assez de courage pour vouloir se donner la peine de les combiner, de les rapprocher les uns des autres. Ils n’indiquent la matière de leur Art que par ses propriétés, jamais par le nom propre sous lequel elle est connue. Quant aux opérations requises pour la mettre en œuvre philosophiquement, ils ne les ont pas cachées sous le sceau d’un secret impénétrable ; ils n’ont uploads/Philosophie/ pernety.pdf

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