Adouli Khouloud 3 ème année licence en philosophie L ’Ecole normale de Tunis- E
Adouli Khouloud 3 ème année licence en philosophie L ’Ecole normale de Tunis- ENS Querelles Cartésiennes Le Débat entre Ferdinand Alquié et Martial Gueroult Introduction : Dans son livre Querelles Cartésiennes Pierre Macherey évoque deux querelles, d’abord celle qui opposa Ferdinand Alquié et Martial Gueroult dans la première moitié des années 50, ensuite celle qui mit aux prises Michel Foucault et Jacques Derrida dans les années 60 et encore au-delà. Ce qui nous intéresse dans cet exposé est la première querelle entre Ferdinand Alquié et Martial Gueroult où Macherey nous montre les différents facettes de chaque lecture. I. L ’histoire de la philosophie et les querelles : 1-Qu’est ce qu’un querelle ? Dans le dictionnaire, une querelle se définit comme une opposition entre deux ou plusieurs personnes. Une querelle dans le domaine de l’histoire d’idée est définit dans la lexicographie du centre nationale de ressources textuelles et lexicales : « un controverse, lutte d’idées, débat dans lesquels les thèses s’opposent vivement ou les lectures se contredisent. » 2- Histoire de la philosophie et ses méthodes : Dans son principe, l’histoire de la philosophie s’occupe d’abord de la compréhension et de l’articulation des contenus de la philosophie dans son objet propre comme dans son inauguration en tant que discipline. Il n’y a pas de signification du mot « philosophie » sans une relation appropriée aux textes qui nous ont été transmis par la tradition. L’histoire de la philosophie est donc l’organon de la philosophie elle-même. Elle fournit par ses contenus le savoir nécessaire à toute réflexion philosophique, et procure par ses méthodes spécifiques les outils nécessaires à toute discussion argumentée. En elle se reconnaît toute rationalité se constituant dans son histoire, formant ce que les Anciens appelaient les Humanités et que les Modernes nomment Culture. A ce titre elle apparaît comme une condition nécessaire de la recherche et constitue une école de rigueur pour l’acquisition de compétences dans quelque domaine que ce soit. Dans son article « la méthode en histoire de la philosophie » Martial Gueroult distingue entre l’histoire horizontale de la philosophie qui s’intéresse surtout aux aspects historiques des systèmes et l’histoire verticale de la philosophie qui s’intéresse d’abord aux doctrines proprement philosophique. L ’histoire verticale de la philosophie peut se faire selon deux méthodes différentes : La méthode des sources et la méthode des structures. Gueroult montre la supériorité de la méthode des structures pour dégager l’intelligibilité interne de l’œuvre ,méthode qu’il présente comme une méthode des raisons. Pour lui, la méthode des structures correspond à la nature de l’œuvre philosophique ,d’une part en tant qu’œuvre ,d’autre part en tant que philosophique. De l’autre coté, on trouve la lecture de Ferdinand Alquié considéré comme une lecture existentialiste qui refuse de faire une dissociation entre l’homme et l’œuvre. Voilà, Deux grands historiens de la philosophie, deux grands universitaires qui ont consacré deux ouvrages à la lecture de Descartes. Le premier de ces ouvrages, publié en 1950 aux PUF, est La découverte Métaphysique de l’homme chez Descartes de Ferdinand Alquié et L’autre ouvrage, paru trois ans plus tard aux éditions Aubier, est Descartes selon l’ordre des raisons de Martial Gueroult. II. Le Débat entre Alquié et Guéroult : 1- Le commencement du débat : En 1946, Martial Gueroult, professeur à Strasbourg depuis l’avant- guerre, quitte son poste pour la Serbonne où il s’installe sur la chaire qui avait été occupée par son maître Léo Brunschvicg. Guéroult sera recruté à la Sorbonne en 1947, après avoir soutenu sa propre thèse sur Hegel. En 1951, à la suite du départ d’Étienne Gilson pour le Canada, Il quitte la Sorbonne pour le Collège de France. Ferdinand Alquié, qui avait été professeur en khâgne à Henri IV en 1944-1945, assistant à la Sorbonne en 1945-1946 et professeur à l’université de Montpellier jusqu’à 1951, est alors recruté à la Sorbonne à la place d’Émile Bréhier. L’histoire de la philosophie, domaine que l’on croirait volontiers extérieur aux problèmes épistémologiques, est alors animée par des débats qui concernent son statut et son rapport à la philosophie. Dans ce cadre là s’inscrit le débat entre Ferdinand Alquié et Martial Guéroult. De ce fait, l’étude de Descartes en France pendant les année cinquante exige un positionnement dans l’une des deux interprétations célèbres de la pensée cartésienne. Ce débat qui a été déclenché dans les universités et à travers les ouvrages de chacun d’eux atteint son point culminant pendant un grand colloque sur Descartes tenu à Royaumont dont ses travaux étaient publiés en 1957 aux éditions de Minuit sous le titre Descartes. 2- L’approche historique et existentialiste de Ferdinand Alquié : Pour Alquié il ne faut pas faire une dissociation entre l’œuvre et l’homme car la pensée cartésienne exprime une évolution temporelle des idées. De ce point de vue, se révèle l’approche historique défendu par Alquié. Une approche qui se base sur la recherche dans la vie de l’auteur pour trouver les liens entre le personnel et la genèse des idées. Cette idée de genèse montre qu’il y a des liens essentiel entre le chronologique et le développement des thèmes cartésiennes. Selon Alquié il ya deux ordres dans la pensée cartésiennes : le premier est l’ordre de la connaissance scientifique qui représente des réalités homogènes à caractère hypothético-déductif et le deuxième est l’ordre de l’expérience Métaphysique qui procède d’une expérience de pensée pour parvenir à des certitudes absolus qui sont toujours inaccessibles à l’esprit scientifique .Il est très important de suivre cette expérience vécu de Descartes vers l’être pour demeurer fidèle à l’aspect philosophique et problématique de l’histoire de la philosophie. L’approche historique permet de relire les événements politiques, économique, religieux..etc et de chercher l’évolution des thèmes cartésiennes dans ce cadre historique .Par exemple : Alquié considère dans son livre Leçon sur Descartes que le mécanisme cartésien n’est pas une particularité de Descartes mais c’est la position normale des penseurs progressistes de cet époque. L’histoire et l’évolution temporelle est importante dans la mesure ou elle exprime une conscience vivante qui se forme vers la question de l’être. Alquié rejette l’idée que Descartes a un système parce que un système exprime un ensemble de vérités sur un même plan verticale sur lequel chaque vérité dépond de l’autre .Dans le chapitre 8 de son livre La découverte métaphysique de l’homme chez Descartes ,Alquié exprime cette idée : « Ce que l’on méconnait toujours en un philosophe, c’est la philosophie. On s’attache au système, car il traduit la tendance paresseuse à la simplification et à l’unification qui nous habite tous. » Selon Alquié la pensée cartésienne n’a pas ce caractère homogène puisque il ya deux ordres différents : la science qui vise à la maitrise d’un monde privé d’être (la nature) et la métaphysique qui fixe au contraire son attention sur l’être. Ce dualisme est exprimé dans la pensée cartésienne dans la dissociation entre la substance pensante et la substance étendu et entre l’esprit et la matière, ce qui mène Alquié a distinguer entre ces deux ordre en mettant son attention sur l’ordre de la métaphysique étant l’ordre qui s’attache à l’existence et à cette expérience ontologique mené par Descartes. Ecoutant Alquié quand il exprime ce dualisme : « Le monde se divise en deux domaines: il y a celui du réel physique qui n’a pas de valeur et qui peut être soumis à mon action technicienne, de même qu’il est offert à ma connaissance; car tout cela est du même côté, et, si je puis dire, au-dessous de moi: le monde physique, c’est ce que je comprends, c’est ce sur quoi j’agis, et c’est ce dont je doute. Et, d’un autre côté, il y a le domaine métaphysique: c’est ce que je ne comprends pas, c’est ce sur quoi je ne peux pas agir, et c’est ce dont je ne doute pas; voici mon être propre, qui est liberté, et l’Etre divin que je ne puis qu’admirer et adorer. ». L’ordre de la métaphysique nous permet de dégager les structures mentales dans l’œuvre de Descartes. La métaphysique qui succède la physique sur le plan temporel se construit comme une réaction contre la nature de la vérité scientifique. Ces structures mentales montrent qu’il y a quelque chose de plus authentique et de plus vivante que les vérités scientifiques. L’idée du système qui juxtapose des vérités homogènes sur un même plan est rejeté avec Alquié en affirmant : « Quand je dis que Descartes n’a pas de système, je ne veux pas dire que les parties de sa philosophie ne sont pas liées ensemble par des liens étroits, je ne fais pas de Descartes l’injure de penser qu’il est incohérent. Mais il y a pour les diverses parties d’une philosophie, diverses façons d’être incohérente. La déduction systématique n’est pas le seul lien possible. Il y a des liaisons par antithèse, par opposition qui supposent une irréductible expérience mentale. » Ce qui intéresse Alquié c’est l’expérience ontologique dans lequel l’homme se découvre dans le cogito et à travers laquelle on peut dégager l’évolution progressive de la pensée de Descartes. 3- L’approche systématique et structuraliste de uploads/Philosophie/ querelles-cartesiennes-debat-entre-alquie-et-gueroult-adouli-khouloud.pdf
Documents similaires
-
13
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 21, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.0803MB