Revue Philosophique de Louvain Sylvain Zac, L'idée de vie dans la philosophie d

Revue Philosophique de Louvain Sylvain Zac, L'idée de vie dans la philosophie de Spinoza Maurice Vanhoutte Citer ce document / Cite this document : Vanhoutte Maurice. Sylvain Zac, L'idée de vie dans la philosophie de Spinoza. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, tome 64, n°82, 1966. pp. 318-320; https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1966_num_64_82_7958_t1_0318_0000_2 Fichier pdf généré le 25/04/2018 3 16 Comptes rendus Sylvain Zac, L'idée de vie dans la philosophie de Spinoza (Bibliothèque de philosophie contemporaine). Un vol. de 22,5 x 14 de 284 pp. Paris, Presses Universitaires de France, 1963. Prix : 15 F. Les études spinozistes progressent constamment. Voici un élément nouveau. La thèse de S. Zac vient souligner très opportunément l'originalité de la philosophie de Spinoza, au sens où cette originalité comporte une réelle authenticité. Qu'est-ce que le « spinozisme », si l'on entend par là « uniquement et exclusivement la doctrine de Spinoza » ? S. Zac établit dans sa conclusion qu'aucun des « ismes » dans lesquels on a tenté d'enfermer cette doctrine, ne lui convient parfaitement, tels que panthéisme, acosmisme, émanatisme, mathématisme ou logicisme. En conséquence, dit-il, la solution vers laquelle Spinoza se dirige pour sa part est celle d'un problème religieux, déjà posé dans la Réforme de l'entendement, le problème du bien véritable qui est « la connaissance de l'union de l'esprit avec la nature totale ». Ni juif ni chrétien, le philosophe se contente de décrire la nature de notre propre essence dans ses relations avec les autres essences et avec l'essence de l'Etre. Avec les restrictions qu'il y apporte, S. Zac croit pouvoir qualifier la philosophie de Spinoza de « Phénoménologie de l'Etre ». Le salut consiste à rechercher la place que l'homme occupe dans la hiérarchie des essences et les moyens qu'il a à sa disposition. L'homme peut arriver à une conscience adéquate de lui-même parce que son corps a une certaine autonomie vis-à-vis des causes extérieures, bien que sa nature soit de vivre plus ou moins sous le régime de la passion. Ces quelques points de la conclusion à laquelle aboutit S. Zac, reflètent en fin de compte assez bien l'essentiel du « spinozisme ». Seulement ils sont le fruit de nombreuses démonstrations qui, tout en étant menées avec une très grande maîtrise dans l'ensemble, ne laissent pas dans le détail de faire apparaître chez l'interprète lui-même une pointe d'originalité peut-être étrangère à celle qu'il prétend trouver chez Spinoza. Je m'explique brièvement. On sait que Spinoza rejette les idées de finalité et de contingence et que pour être déterministe, il n'accepte pas pour autant le pur mécanisme. Partant de ce fait, S. Zac croit pouvoir ramener tous les thèmes spinozistes autour de l'idée de vie. Son ouvrage prétend démontrer, en utilisant toutes les sources de la pensée de Spinoza, notamment vétéro- et néo-testamentaires, thalmudiste8 ou cabbalistes, que la vie est partout pré- Ouvrages d'histoire sente dans cette pensée : Dieu est la vie ; l'étendue, attribut de Dieu, est un dynamisme vivant, toutes les choses (même celles que le vulgaire avec Aristote considère comme inanimées) vivent en Dieu — la nature étant un vivant unique — ; les êtres vivants ne sont pas des u machines » ; en l'homme, la raison est la « vraie vie de l'esprit », en tant que conscience de soi, du monde et de Dieu ; l'éternité est une « éternité de vie » et non une « éternité de mort » ; la sagesse est une méditation de la vie et non de la mort ; la société politique elle-même est une « nature » vivante. Les interprètes de Spinoza, constate S. Zac, n'ont pas mis assez en relief l'importance de la notion de vie dans son système. Mais n'a-t-on pas lieu de croire cette fois que l'importance en a été exagérée ? Spinoza lui-même n'a-t-il pas porté l'accent tantôt sur l'immanence, tantôt sur le conatus, tantôt et surtout sur la puissance ? Je concède qu'en fin de compte toutes ces notions et d'autres semblables peuvent se réduire les unes aux autres. Pourquoi cependant privilégier la notion de vie ? Alors qu'elle figurait en bonne place dans les Pensées métaphysiques, cette notion est remplacée dans Y Ethique par celle de puissance. N'est-ce pas gloser sur le texte de Y Ethique I, pr. XI, Scolie, que d'introduire dans son commentaire le petit mot « vie » (p. 41, 1. 19), alors qu'il est question de Dieu et de sa puissance sans plus ? Si l'on mesure la valeur très relative des Pensées métaphysiques par rapport à l'Ethique quant à l'expression définitive de la pensée de Spinoza, ce simple détail peut avoir son poids. Le chapitre le plus « original » de l'ouvrage de S. Zac a pour objet l'étendue, attribut de Dieu, en tant que dynamisme créateur, chapitre qui s'oppose le plus nettement à la lecture idéaliste de Spinoza par Brunschvicg et Lachièze-Rey. Je ne puis que marquer mon accord sur le réalisme spinoziste, sur son idée fondamentale que a ce n'est pas l'esprit qui explique mais l'Etre qui s'explique lui-même, en se déployant ». Mais n'est-on pas fondé à regretter que S. Zac n'ait pour ainsi dire pas « voulu » d'un chapitre sur la pensée, cet autre attribut de Dieu ? Je ne sais si un tel chapitre n'eût pas jeté plus de lumière sur le parallélisme psycho-physiologique (il ne suffit pas de le nier, sous prétexte que le mode de l'étendue et l'idée de ce mode sont une seule et même chose), sur la nature de la connaissance et surtout sur le problème de la conscience. A propos de ce dernier problème, je ne parviens pas à voir comment M. Alquié, dans son cours Servitude et liberté chez 320 ' Comptes rendus Spinoza, aurait eu le tort d'admettre deux conceptions de la conscience, selon que Spinoza envisage l'âme comme idée du corps actuel (corps conscient de soi) ou l'âme comme idée vraie du corps (idée prenant ce corps comme objet). Il me semble que ce passage de la connaissance inadéquate à la connaissance adéquate du corps permet justement de se délivrer de la servitude passionnelle pour atteindre la liberté rationnelle. En d'autres termes, je ne pense pas que l'idée vraie se rapporte à un idéat qui est encore un corps réel et matériel, comme le prétend S. Zac, en faisant appel à la distinction entre l'essence formelle et l'essence objective (p. 125). A mon sens, le problème de l'ambiguïté de la conscience remet en question tout le spinozisme et sa prétention à la compréhension totale. S. Zac lui-même n'avoue-t-il pas en dernière analyse une part d'agnosticisme chez Spinoza, lorsqu'il écrit : « II y a en Dieu une puissance de produire les corps qui, en raison de l'homogénéité de la cause et de l'effet, est matérielle, mais le fond originaire de la matière est incomparable à la matière vulgaire et à la matière physique. Il en est de même d'ailleurs (en ce qui concerne l'entendement)... Alors que l'entendement est constitué d'idées, la pensée, attribut de Dieu, est indéterminée ; principe de toute pensée, l'attribut de la pensée n'est pas ceci et cela. En ce sens il est vrai de dire que Spinoza, lui non plus, ne rend compte totalement du passage de l'un au multiple » (p. 77) ? Maurice VANHOUTTE. François DagognET, Gaston Bachelard. Sa vie, son œuvre avec un exposé de sa philosophie (Coll. « Philosophes »). Un vol. 18,5 x 12 de 1 16 pp. Paris, Presses Universitaires de France, 1965. Prix :5 F. Les admirateurs de Bachelard trouveront dans cette courte analyse de sa philosophie, suivie d'extraits parfaitements choisis et éclairants, une étude panoramique de toutes les transformations que son génie novateur a introduites dans des domaines aussi divers que l'histoire des sciences, la critique littéraire, l'anthropologie, les arts et la poésie. Explorant tour à tour les deux versants de la philosophie bache- lardienne, la science et la rêverie, F. D. réussit admirablement à en dégager les thèmes et à montrer leur convergence. La philosophie scientifique de Bachelard le conduit à un rationalisme appliqué qu'il identifie à un matérialisme rationnel. Elle lui fait prendre le contre-pied exact du rationalisme cartésien. Il en résulte, selon le titre d'un de ses ouvrages, une « philosophie du uploads/Philosophie/ resena-sylvain-zac.pdf

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