PAUL RICŒUR : DE LA VOLONTÉ À L’ACTION Présentation Roberta Picardi Vrin | « Re

PAUL RICŒUR : DE LA VOLONTÉ À L’ACTION Présentation Roberta Picardi Vrin | « Revue des sciences philosophiques et théologiques » 2015/4 Tome 99 | pages 537 à 545 ISSN 0035-2209 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-des-sciences-philosophiques-et- theologiques-2015-4-page-537.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Vrin. © Vrin. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Cette visée – qui n’a pas laissé beaucoup de traces dans les écrits du philosophe français 1 – se manifeste clairement dans les documents conservés dans les Archives du Fonds Ricœur, où l’on trouve plusieurs schémas et feuillets de notes manuscrites, rangés par Ricœur  Ce numéro rassemble quelques travaux dont les premières versions ont été présentées et discutées à l’occasion de la journée d’étude « Vers l’herméneutique de l’agir : Ricœur face aux philosophies de la volonté », qui a eu lieu au Fonds Ricœur de Paris en décembre 2014. L’organisation de cette journée d’étude et la contribution de Roberta Picardi à la préparation de ce numéro ont été rendues possibles grâce au soutien de la Commission européenne, dans le cadre d’un Marie Curie IEF (Projet 328259). 1. Parmi les écrits que Ricœur publie dans la deuxième moitié des années soixante on trouve seulement un texte qui est consacré au thème de la volonté : à savoir, le texte de la conférence intitulée « Le Problème de la volonté et le Discours philosophique », que Ricœur professe à l’Université de Notre-Dame (Indiana), à Toronto et à Chicago, dans les derniers mois de 1968, aujourd’hui disponible en français dans le volume Anthropologie philosophique. Écrits et conférences 3, Textes rassemblés, établis, annotés et présentés par Johann MICHEL et Jérôme PORÉE, Paris, Éd. du Seuil, 2013, p. 123-145. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.24.127.204 - 28/04/2020 23:13 - © Vrin Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.24.127.204 - 28/04/2020 23:13 - © Vrin 538 ROBERTA PICARDI lui-même dans un classeur intitulé « Plans pour une nouvelle philosophie de la volonté » 2. De manière significative, c’est dans ce classeur que sont gardées les notes pour la préparation de la première leçon du cours « Le concept philosophique de volonté » 3, que Ricœur enseigne à Montréal et à Nanterre en 1967 et en 1968 et dont vient de paraître sur le site du Fonds Ricœur une édition digitale, basée sur le polycopié rédigé par Luc Brisson 4. Cette circonstance n’est pas fortuite : elle montre plutôt comment la traversée des grandes philosophies de la volonté – offerte par ce cours – ne répond pas à une simple contrainte didactique et n’appartient pas à cette « histoire de la philosophie », à laquelle Ricœur avoue procéder « en quelque sorte professionnellement, sans être en état d’entrevoir en quoi elle participe » à sa propre recherche 5. Dans le cours sur « Le concept philosophique de volonté » Ricœur n’expose pas de façon neutre les doctrines principales de la volonté d’Aristote à Hegel, mais s’efforce plutôt d’évaluer avec une intention appropriative l’apport de chaque grande doctrine exposée à la philosophie de la volonté qu’il cherche à cette époque à poursuivre pour son propre compte, selon une orientation nouvelle. Cette intention programmatique est clairement énoncée par Ricœur dans les notes préparatoires pour la leçon introductive, où il illustre la méthode et l’intention de ce cours : Il se présente comme une recherche sur le concept philosophique de volonté à partir des quelques grands textes philosophiques. Un projet systématique, qui passe par une conquête historique a ses difficultés propres qu’il faut assumer au départ. Je les avais éludées jadis dans Le Volontaire et l’involontaire par une méthode phénoménologique qui mettait entre parenthèses les « constructions », les « théories » philosophiques. Aujourd’hui il me parait naïf de vouloir faire comme si Aristote, Descartes, Kant, Hegel n’étaient pas parus et n’avaient pas constitué notre concept philosophique de volonté. J’avais également éludé ces difficultés dans L’Homme Faillible qui tentait d’élaborer une 2. Paul RICŒUR, Archives Ricœur, Bibliothèque de l’Institut Protestant de Théologie, « Plans pour une nouvelle philosophie de la volonté », Classeur 12/Dossier 2, f. 31534- 31600. 3. Archives Ricœur, « Plans + Cours », Classeur 12/ Dossier 2, f. 31567-31575. 4. Paul RICŒUR, Le Concept philosophique de volonté. Cours professé à Montréal (18 septembre-31 octobre 1967), édité par Olivier ABEL et Roberta PICARDI, édition digitale, Paris, Fonds Ricœur, 2014 (www.fondsricoeur.fr/uploads/medias /doc/cours/le-concept-philosophique-de-la-volonté.pdf). Le polycopié de ce cours a été rangé par Ricœur lui-même dans le classeur 13, qui porte un autre titre significatif, à savoir : « Towards a poetics of the Will, Renesselaer College, 1972 ». 5. Paul RICŒUR, « L’histoire de la philosophie et l’unité du vrai », dans Histoire et vérité, Paris, Éd. du Seuil, 1964, p. 64. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.24.127.204 - 28/04/2020 23:13 - © Vrin Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.24.127.204 - 28/04/2020 23:13 - © Vrin PRÉSENTATION 539 anthropologie philosophique, mais restait silencieux sur la structure propre du vouloir […]. Or cette lacune m’apparaît aujourd’hui insupportable : j’avais encore éludé ces difficultés dans la Symbolique du mal qui se meut dans l’horizon du pré-philosophique : or il est impossible d’aller au-delà de la Symbolique du Mal sans un concept de la volonté qui permette de poursuivre l’interprétation des mythes. Cette recherche est donc entièrement nouvelle par rapport aux 3 ouvrages précédents de ma philosophie de la volonté. C’est dans une confrontation avec les grandes philosophies de la volonté que je cherche la possibilité de faire un nouveau pas qui à la fois me porte au-delà d’une phénoménologie neutre du volontaire et de l’involontaire, – me permet de combler la lacune essentielle d’une ontologie de la faillibilité et surtout me fournisse le concept d’appui pour reprendre l’interprétation de la symbolique du mal. 6 Ces passages méritent deux commentaires, afin de comprendre quelle est la réelle nouveauté de ce cours et quel est le « projet systématique » auquel Ricœur se réfère. Quiconque étant un peu familier avec la pensée ricœurienne, sait bien que dans les trois tomes de la philosophie de la volonté Aristote, Descartes et Kant constituent déjà une source d’inspiration importante et des interlocuteurs privilégiés de la réflexion ricœurienne. La véritable nouveauté réside plutôt dans le rôle privilégié que Ricœur attribue dans ce cours à Aristote et à la philosophie hégélienne de la volonté, telle qu’elle est exposée dans l’Encyclopédie et dans les Principes de la philosophie du droit. Si la récapitulation aristotélicienne représente le point de départ, c’est la « récapitulation hégélienne » qu’il assume explicitement – dès la première leçon – comme le noyau, autour duquel il se propose de réordonner sa mémoire « culturelle et notionnelle, avant de tout remettre en mouvement et, qui sait, peut-être en désordre, après Hegel, après Nietzsche, voire après Heidegger » 7. En ce qui concerne le « projet systématique » évoqué par Ricœur, il s’agit tout vraisemblablement du projet d’une nouvelle philosophie de la volonté – organisée en deux parties – dont il esquisse l’articulation dans les feuillets précédents gardés dans ce dossier. La première partie – intitulée « Les trois discours de la philosophie de la volonté » – aurait dû à son tour comprendre trois sous-sections : à savoir, « Phénoménologie : le discours de la décision », « Philosophie de l’Esprit : le discours de l’action sensée (Psychologie, éthique, politique) », « Ontologie : le discours de l’energeia ». La deuxième partie – intitulée « Philosophie 6. Archives Ricœur, « Plans pour une nouvelle philosophie de la volonté », Classeur 12/ Dossier 2, f. 31567. 7. Ibid., f. 31575. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.24.127.204 - 28/04/2020 23:13 - © Vrin Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.24.127.204 - 28/04/2020 23:13 - © Vrin 540 ROBERTA PICARDI et non philosophie de la volonté » – est également conçue selon une organisation tripartite : « uploads/Philosophie/ rspt-994-0537-pdf.pdf

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