MASTER I Semestre 1 Master de Philosophie 2020-2021 V 13 PH5 HISTOIRE DE LA PHI

MASTER I Semestre 1 Master de Philosophie 2020-2021 V 13 PH5 HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE Sens et évolution du concept de « transcendance » dans la phénoménologie allemande et française 1ère Séance : Mardi 15 septembre Plan du Cours Introduction Générale : Pourquoi y a-t-il un problème de la « transcendance » dans la philosophie phénoménologique ? Première partie : Phénoménologie allemande. I. La question originelle : HUSSERL et la transcendance de l’objet. 1. L’ « énigme de la transcendance » : attitude naturelle et réduction transcendantale. 2. La transcendance constituable : l’objectivité et ses régulations aprioriques 3. Transcendance et intersubjectivité. II. De la théorie de la connaissance à l’analyse de l’existence : HEIDEGGER, la transcendance du Dasein. 1. Un premier tournant : la transcendance comme existential 2. Le principe de raison et la question du fondement. 3. Transcendance et Etre : le problème de la vérité Deuxième partie : Phénoménologie française. III. La transcendance de l’altérité infinie : E. LEVINAS. 1. Sortir de l’existence : transcendance et désir 2. La transcendance et le temps 3. L’altérité d’Autrui et la transcendance de Dieu IV. Résorption dans la phénoménalité radicale ? Le traitement de la transcendance dans la pensée de Michel HENRY. 1. Le monisme ontologique et la redécouverte de l’immanence de l’absolu. 2. La transcendance fondée, ou dissoute ? 3. Une transcendance dans l’immanence ? _____________ 2 Bibliographie des textes à étudier dans le cadre du cours : Partie I HUSSERL, Edmund : 1° L’Idée de la phénoménologie, (1907) ; Paris, PUF., trad. A. Lowit, 1970. Leçon I, al. 12 à 16 inclus ; al. 25 (trad. fr. pp. 41-43 et 46-48.) Leçon II, al.16 à 21 inclus (trad. fr. pp. 58-61) 2° Idées directrices pour une phénoménologie pure … (= Ideen I, 1913) ; Paris, Gallimard, trad. P. Ricoeur, 1950, Coll. TEL, n° 94. §§ 30 ; 38-39 ; 40-41 ; 43-46 ; 47. 3° Méditations cartésiennes, (1929), trad. G. Peiffer & E. Levinas, Vrin, 1931. §§ 28 ; 40, 41, 42 ; 55 ; 59-60. HEIDEGGER, Martin : 1° Etre et Temps, trad. E. Martineau, éd. hors-commerce « Authentica », à télécharger sur internet : §§ 4 ; 9 ; 12 (p. [52]-[55] uniquement) ; 13 ; 15 ; 22-24 ; 31 ; 40 ; 43-44 ; 62-65. 2° « Ce qui fait l’être-essentiel d’un fondement ou raison » (= Vom Wesen des Grundes) trad. française dans Questions I, Paris, Gallimard, 1968, pp. 87-158. 3° De l’essence de la vérité, trad. française dans Questions I, Paris, Gallimard, 1968, pp. 161- 194. Partie II : LEVINAS, Emmanuel : 1° De l’existence à l’existant, Paris, Vrin, 19842 : « Existence dans monde », pp.83-105. 2° Le temps et l’autre, (1946-47), Paris, PUF, Quadrige,1983. III, pp.51-70. 3° Totalité et Infini, (1961), Nijhof / Livre de Poche, Paris. I., A. « Métaphysique et transcendance », pp.3-23. HENRY, Michel : 1° L’essence de la manifestation, tome I, §§ 9 – 13 ; 22-24. 2° L’essence de la manifestation, tome I, §§ 29-33. 3° Incarnation, Paris, Seuil, 2000, §§ 8-10 ; 20 ; 22-23. N.B. : Commentaires et études de la littérature secondaire : Des indications bibliographiques seront éventuellement données, de façon ponctuelle, en complément de telle ou telle leçon. Mais seule est essentielle la lecture directe des textes des Auteurs mis au programme (Husserl, Heidegger, E. Levinas, Michel Henry). _______________ 3 TEXTE DU COURS Introduction Générale : Pourquoi y a-t-il un problème de la « transcendance » dans la philosophie phénoménologique ? On peut dire sans exagération qu’il existe en phénoménologie un double problème de la transcendance. Non seulement, en effet, la phénoménologie est née, dès les premières années du XXème siècle, dans l’effort de Husserl pour élaborer une théorie phénoménologique de la connaissance, à partir d’une réflexion motivée par « l’énigme de la transcendance » ; mais encore, après Husserl, et au-delà de sa phénoménologie transcendantale, la transformation imposée à l’emploi du concept de « transcendance » par Max Scheler et par Heidegger a fait de la notion elle-même un problème, l’objet et l’enjeu d’un débat philosophique entre phénoménologues. Le premier problème, celui que pose Husserl, était donc tout d’abord le problème de l’essence et des conditions de possibilité de la transcendance elle-même, comprise comme être-en-soi de l’objet de connaissance. Le second problème, en revanche, est en quelque sorte un problème « au second degré » : non plus le problème de l’essence de la transcendance elle-même, mais celui des conditions phénoménologiques de l’usage légitime du concept de « transcendance », et donc du sens attribué à la notion ainsi désignée. En effet, alors que, pour Husserl, « transcendance » est un terme qui désigne ordinairement un mode d’être de l’étant, lorsque celui-ci se trouve posé, ou présupposé, par la conscience comme étant en soi et par soi, Heidegger, après Husserl et en partie contre lui, choisit de définir la transcendance, (dans Etre et temps tout particulièrement), comme un « existential », c’est-à-dire une modalité, non de l’étant en général, mais de cet étant singulier qui prend la place du sujet transcendantal husserlien : l’être-là que je suis, ou « Dasein ». La transcendance devient ainsi un caractère du Dasein. Contre cet arrimage de la transcendance à l’existant subjectif singulier qu’est le Dasein, en tant que siège et source de toute « compréhension de l’être » (Seinsverständnis), Emmanuel Levinas et, d’autre part, Michel Henry, réagissent vigoureusement : le premier, Levinas, dès 1961 avec Totalité et Infini, en déplaçant radicalement la notion de transcendance hors du champ de l’ontologie, pour en rappeler l’origine pré-ontologique dans la dimension éthique de l’existence. Le second, Henry, en 1963 dans L’essence de la manifestation, en montrant que la transcendance, comprise à partir de Heidegger comme « ek-stase » suscitant l’horizon de l’Être, est incapable de se fonder elle-même, de rendre compte à partir d’elle-même de sa propre possibilité, c’est-à-dire d’être à elle-même sa propre origine. Le devenir phénoménologique de l’idée de transcendance, ainsi résumé, semble donc aboutir à une alternative tendue, difficilement acceptable : il ne permet en effet d’échapper à la subjectivation existentiale de la « transcendance » dans l’herméneutique de Heidegger — qui la relativise en en faisant un caractère de l’exister du Dasein — qu’en adoptant une position, certes radicale, mais également unilatérale, et donc 4 appauvrissante : soit, chez Levinas, à la condition d’accorder à la transcendance, repensée sous la figure du visage, d’autrui, et du commandement éthique, une priorité absolue fondée sur une altérité originaire, radicale, indépassable — mais qui risque de condamner la subjectivité et son immanence à la clôture sur soi de l’« athéisme » et de la « jouissance » ; soit au contraire, avec Michel Henry, en réduisant la transcendance à un produit dérivé de la Vie immanente absolue, souveraine en son absolue auto-affection close — mais qui risque au contraire, elle, de ramener toute visée d’un être transcendant au statut de simple illusion intentionnelle (fût-ce à titre d’illusion transcendantale). Ainsi, l’histoire des conceptions de la transcendance, dans le mouvement phénoménologique en Allemagne et en France, semble se dérouler comme si, après avoir porté à son degré extrême la réduction de toute transcendance à une détermination relative de la subjectivité, d’abord dans la théorie husserlienne de la constitution transcendantale, puis dans l’analytique existentiale du Dasein heideggerien, la phénoménologie ne pouvait rendre un sens non subjectiviste à la notion de transcendance qu’en se résignant à faire le sacrifice d’une relation équilibrée entre immanence et transcendance, entre subjectivité et être en soi : Ou bien, dans la perspective génialement ouverte par Levinas, en sacrifiant l’autonomie ontologique de la subjectivité à la priorité éthique de l’altérité, à partir de laquelle le sujet, otage de l’autre, ne pourrait se réaliser qu’en s’arrachant indéfiniment à lui-même ; ou bien au contraire, dans la phénoménologie radicale de l’immanence absolue que propose Michel Henry, en refusant toute consistance ontologique à la transcendance, au profit exclusif de l’immanence à soi d’une Auto-affection absolue, absolument originaire, et sans nulle extériorité. On pourrait ainsi avancer l’hypothèse, en guise de conclusion provisoire, que la phénoménologie contemporaine, en réalité, ne parvient pas à penser effectivement la transcendance, selon le sens simple, fondamental et strict qui est le sien : c’est-à-dire comme trans–cender, comme un au-delà effectif, outrepassant l’immanence : outrepassement qui ne peut évidemment avoir lieu qu’en conservant à la sphère immanente — c’est-à-dire à l’apparaître, à la phénoménalité, ou en d’autres termes à la subjectivité — son effectivité phénoménologique propre, sa forme propre d’être et sa dignité ontologique spécifique. Dans le but de réunir les éléments qui permettraient de vérifier une telle hypothèse, ce cours propose de passer en revue, très succinctement, les principales figures conceptuelles que les quatre grands phénoménologues cités ont élaborées sous le nom de « transcendance ». Une question directrice en effet s’impose au préalable, à partir du constat historique général que l’on vient de dresser : Ces phénoménologies parlent-elles toutes bel et bien de la même chose ? Leur façon de comprendre le sens de la notion de « transcendance » est-elle effectivement une uploads/Philosophie/ sens-et-evolution-du-concept-de-transcendance-dans-la-phenomenologie-allemande-et-francaise 1 .pdf

  • 28
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager