LA SYNTHESE DES YOGA Tome 2 Sri Aurobindo Le yoga de la connaissance intégrale

LA SYNTHESE DES YOGA Tome 2 Sri Aurobindo Le yoga de la connaissance intégrale Le yoga de l'amour Divin Traduit de l'anglais par La Mère Quatrième de couverture «La vie, la vie seule est le champ de notre yoga, et non quelque au-delà lointain, silencieux et extatique», déclare Sri Aurobindo. Dans ce monde harcelé où nous vivons, Sri Aurobindo nous offre une nouvelle synthèse des systèmes de yoga, permettant aux chercheurs encombrés que nous sommes, non seulement de comprendre les sources cachées de notre existence, mais de mettre en œuvre les forces latentes de notre conscience. Car, estime Sri Aurobindo, «la vérité et la connaissance sont un vain rayon si la connaissance n’apporte pas le pouvoir de changer le monde». «Le yoga, dit Sri Aurobindo, est potentiellement l’un des éléments dynamiques de la vie future de l’humanité.» Or, nul mieux que Sri Aurobindo, qui vécut quatorze années de sa jeunesse en Occident avant de redécouvrir l’Inde à vingt ans et de commencer son yoga en pleine action révolutionnaire, ne pouvait réunir en un yoga intégral la triple voie des œuvres, de la connaissance et de l’amour, débouchant sur un «yoga de la perfection de soi», ou yoga de la surhumanité de demain. Car, dans la vision de Sri Aurobindo, l’homme est un «être de transition» et le yoga, un moyen de «compresser l’évolution naturelle» pour accéder plus rapidement à l’être du prochain cycle, le cycle Supramental. La Synthèse des yoga (trois tomes) constitue le livre de base de tous ceux qui veulent non seulement étudier mais mettre en pratique le yoga intégral de Sri Aurobindo. Note de l'éditeur Pour la première fois en français, nous présentons le texte intégral de l’œuvre magistrale de Sri Aurobindo, La Synthèse des Yoga, que nous avons divisée en trois tomes : I. Le Yoga des Œuvres II. Le Yoga de la Connaissance Intégrale et le Yoga de l’Amour Divin III. Le Yoga de la Perfection de soi Ces trois ouvrages constituent le livre de base de tous ceux qui veulent non seulement étudier mais mettre en pratique le yoga intégral de Sri Aurobindo. “Toute la Vie est un Yoga” DEUXIÈME LIVRE Le Yoga de la Connaissance Intégrale Chapitre 1 L’Objet de la Connaissance Toutes les recherches spirituelles poursuivent une Connaissance dont l’objet n’est généralement pas recherché par le regard mental des hommes ; elles s’acheminent vers quelqu’un ou quelque chose d’Éternel, d’infini, d’Absolu, qui n’est pas les réalités ni les forces temporelles auxquelles nous sommes sensibles, quoique Il — ou Cela — puisse être en elles ou derrière elles, leur source ou leur créateur. La recherche spirituelle vise à un état de connaissance qui nous permet de toucher cet Éternel, Infini et Absolu, d’entrer en Lui ou de le connaître par identité ; elle aspire à une conscience autre que notre conscience ordinaire des idées, des formes et des choses, à une connaissance qui n’est point ce que nous appelons connaissance, mais quelque chose qui existe en soi, qui est perpétuel et infini. Et puisque l’homme est une créature mentale, cette recherche peut, ou même doit nécessairement, partir de nos instruments ordinaires de connaissance ; mais, nécessairement aussi, elle doit les dépasser et se servir de méthodes et de facultés suprasensorielles et supramentales, car elle poursuit un objet qui est lui-même suprasensoriel et Supramental et qui échappe à l’emprise du mental et des sens, bien que, à travers le mental et les sens, quelque première lueur puisse en filtrer ou quelque image réfléchie. Les systèmes traditionnels, quelles que soient leurs différences par ailleurs, se fondent tous sur la croyance ou la perception que l’Éternel et Absolu ne peut être, ou du moins habiter, que dans un pur état transcendant, un état d’existence non cosmique ou de non-existence. Toute existence cosmique, ou tout ce que nous appelons existence, est un état d’ignorance. Même la perfection individuelle la plus haute, même l’état cosmique le plus béatifique, n’est guère mieux qu’une suprême ignorance. Tout ce qui est individuel, tout ce qui est cosmique, doit être austèrement abandonné par le chercheur de la Vérité absolue. Le suprême Moi immobile, ou l’absolu Néant, est la seule Vérité, le seul objet de la connaissance spirituelle. Et cet état de connaissance que nous devons atteindre, cette autre conscience non temporelle, est le Nirvâna, l’extinction de l’ego, la cessation de toutes les activités mentales, vitales et physiques, ou de toute activité quelle qu’elle soit, une suprême immobilité illuminée, la pure béatitude d’une tranquillité impersonnelle absorbée en soi et ineffable. Les moyens d’y parvenir sont la méditation, une concentration qui exclut tout, sauf cela, et une perte totale du mental en son objet. L’action n’est permise que pendant les premières étapes de la recherche afin de purifier le chercheur et d’en faire moralement et constitutionnellement un pur vaisseau de la connaissance. Et encore, cette action même doit-elle se réduire à la pratique des rites du culte et des devoirs de la vie tels qu’ils sont prescrits et ordonnés à la lettre par le Shâstra [Les Écritures sacrées.] hindou, ou, comme dans la discipline bouddhique, elle doit suivre l’octuple sentier et conduire à la pratique suprême des œuvres de compassion, qui en fait conduit à l’annihilation pratique du moi dans le bien des autres. Dans tout jnânayoga [Le yoga de la connaissance.] sévère et pur, les œuvres doivent en fin de compte être toutes abandonnées pour une immobilité totale. L’action peut préparer au salut, elle ne peut pas le donner. Toute persistance prolongée dans l’action est incompatible avec le progrès suprême et peut être un obstacle insurmontable à la réalisation du but spirituel. L’état d’immobilité suprême est le contraire même de l’action et ne peut être atteint par ceux qui persistent dans les œuvres. Et même la dévotion, l’amour, le culte, sont simplement des disciplines pour les âmes qui ne sont pas mûres ; au mieux, ce sont les meilleures méthodes dont dispose l’Ignorance. Car elles sont offertes à quelque chose d’“autre”, quelque chose de plus haut et de plus grand que nous-mêmes ; mais dans la connaissance suprême, il n’est rien de tel, puisqu’il n’y a qu’un seul moi, ou pas de moi du tout, et par conséquent personne pour faire le culte et offrir l’amour et la dévotion, ni personne pour les recevoir. L’activité même de la pensée doit disparaître dans la seule conscience de l’identité, ou du néant, et par sa propre immobilité, amener l’immobilité de notre nature tout entière. Seul, l’identique absolu doit demeurer, ou seul l’éternel Néant. Ce pur jnânayoga procède par l’intellect, bien qu’il finisse par transcender l’intellect et ses opérations. Le penseur en nous se sépare du reste de l’être et de tout ce que nous sommes phénoménalement ; il rejette le cœur, se retire de la vie et des sens, se sépare du corps afin d’arriver à son propre accomplissement exclusif et de se fondre en cela qui est au-delà de lui-même et de sa fonction. Une vérité fonde cette attitude, et une expérience semble la justifier. Il existe une Essence, en effet, qui, de par nature, est immobilité ; un extrême de l’Etre qui est Silence par- delà son propre déroulement et ses propres mutations, qui est immuable et, par conséquent, supérieur à toutes les activités dont il est, tout au plus, le Témoin. Et dans la hiérarchie de nos fonctions psychologiques, la Pensée est plus proche de ce Moi, d’une certaine manière, ou du moins plus proche de cet aspect du Moi, Connaisseur conscient de tout, qui regarde toutes les activités mais peut se détacher de toutes. Le cœur, la volonté et les autres pouvoirs en nous sont fondamentalement actifs ; ils se tournent naturellement vers l’action et trouvent en elle leur accomplissement (bien qu’ils puissent aussi, automatiquement, arriver à une certaine immobilité quand leurs activités sont pleinement satisfaites ou, au contraire, quand elles s’épuisent à force de déceptions et d’insatisfaction perpétuelle). La pensée est également un pouvoir actif, mais elle est davantage capable d’atteindre à l’immobilité par sa propre volonté et son propre choix conscients. Elle se satisfait plus facilement de la perception intellectuelle illuminée de ce Moi-Témoin silencieux, supérieur à toutes nos activités, et, dès qu’elle perçoit cet Esprit immobile, elle est prête, estimant accomplie sa mission de découverte de la vérité, à tomber dans le repos et à se faire elle-même immobile. Car son mouvement le plus caractéristique l’incline à être le témoin des choses, un juge, un observateur désintéressé plus qu’un participant ardent ou un travailleur passionné de travail, et, très facilement, elle peut parvenir à un calme spirituel ou philosophique et à un détachement lointain. Et puisque les hommes sont des êtres mentaux, la pensée, même si elle n’est pas vraiment leur meilleur moyen, ni le plus haut, est du moins le moyen le plus constant, le plus normal et le plus pratique pour éclairer leur ignorance. Armée de ses fonctions de concentration, de réflexion, de méditation, de fixe contemplation, d’absorption soutenue du mental en son objet, shravana, manana, nididhyâsana, elle se tient sur nos cimes et elle est uploads/Philosophie/ sri-aurobindo-la-synthe-se-des-yoga-tome-2.pdf

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