31/12/2017 Association Charles Mopsik http://www.charles-mopsik.com/Texte44.htm
31/12/2017 Association Charles Mopsik http://www.charles-mopsik.com/Texte44.html 1/13 Voir : " Une théosophie transhistorique de l'holocoste, esquisse d'un modèle à partir de la pensée cabalistique" paru dans Pardès, n°9-10 - "Penser Auschwitz", 1989, p. 211-221 : Réédité dans "Chemins de la cabale" Charles Mopsik, l'Eclat, 2004. UNE DISCUSSION AVEC CHARLES MOPSIK : LA SHOA COMME PUNITION DIVINE ... Rivon Krygier Les lignes qui suivent ne constituent pas un article soigneusement peaufiné mais le fragments d'une correspondance. Elles rapportent une discussion erratique et inachevée entre Charles et moi, par courriel, sur un sujet évoqué dans la presse, et qui nous tenait à cœur.(1) Je n’aurais sans doute jamais cherché à la divulguer si la disparition prématurée de Charles et le besoin de faire encore entendre sa voix ne m’y avaient poussé et si je n’étais convaincu de l’intérêt de faire connaître cette facette si fascinante et méconnue de l’homme. Charles n’était pas simplement le grand savant traquant la pensée « théologique » des grands d’Israël. Ceint de sa puissante armada critique, de son scepticisme espiègle et caustique, il savait au demeurant se faire plongeur, explorateur, chercheur éperdu de sens, mettre en jeu sa foi intime, ses sentiments et ses valeurs. Il considérait la Cabale non comme une relique curieuse, mais comme une grille de lecture audacieuse – bien plus pertinente que la philosophie classique – susceptible de bouleverser notre regard trop convenu sur les questions actuelles et existentielles. Que la mémoire de mon ami et maître soit bénie à jamais. * Extrait d’une lettre ouverte du rabbin Daniel Farhi pour Tribune juive (31 janvier 2000) : 31/12/2017 Association Charles Mopsik http://www.charles-mopsik.com/Texte44.html 2/13 [Concernant] le livre d'entretiens du grand rabbin Joseph Sitruk avec Bertrand Dicale et Claude Askolovitch, « Chemin faisant » : […] Les propos qu'y tient l'actuel grand rabbin de France sont confus et mélangés. S'il est vrai qu'il semble s'insurger à certains moments contre la théorie de la Shoa comme résultant "d'une sanction divine à l'égard des victimes" (p. 325), il n'en reste pas moins qu'à plusieurs reprises, il développe la théorie inverse. Quelques exemples : il cite le Deutéronome (chapitre 28) " Si tu n'obéis point à la voix de l'Éternel" qui "énumère les malédictions : le mépris et les sévices dont les nations accableront le peuple juif, les plaies et les calamités, les souffrances et les persécutions." (p. 326). À la question de ses interlocuteurs concernant le "lien entre la Shoa et l'abandon de la religion par une partie du peuple juif", il répond : « Je m'inscris en faux contre cette relation de cause à effet [.] Reste un certain nombre de choses troublantes. À Brunswick en 1834, le premier congrès des rabbins réformés autorise officiellement les mariages mixtes sans conversion préalable. Le rav Israël Salanter, éminent rabbin orthodoxe de l'époque, proteste en écrivant que si les Juifs se marient avec des fidèles de n'importe quelle autre religion sans autre formalité, viendra un jour où les nations du monde interdiront aux Juifs de se marier en leur sein [...] Quatre-vingt dix neuf ans plus tard, Hitler interdit les mariages entre Juifs et Allemands [...] Ce genre de coïncidence n'a pas échappé à nos maîtres » (p. 327). Ailleurs, le grand rabbin Sitruk établit un lien entre la "sanction" de la Shoa et la création de l'État d'Israël, rapprochant deux chapitres du Deutéronome (p. 328-29). Plus loin, il n'hésite pas à prêter de curieux propos au rabbin Charles Liché (lui- même déporté) selon lesquels il aurait constaté "dans la période qui a précédé la Shoa une terrible décomposition morale dans le judaïsme, une tendance à l'assimilation portée à son comble" (p. 329). Autre jugement du chef spirituel du Consistoire : « Ainsi, pour nos sages (sic), l'explication de la Shoa ressemble-t-elle à cette image du fumeur (re-sic) qui meurt d'un cancer du poumon pour n'avoir pas ménagé sa santé. Pour filer la métaphore, je vous dirais qu'Israël ne peut pas mourir paisiblement dans son lit quand Israël n'est plus Israël » (p. 331). À une autre question du journaliste, établissant un parallèle entre le destin de Job et la Shoa, Joseph Sitruk cite le cas d'un ancien déporté ayant fait teshouva et qui "vit aujourd'hui dans la piété et le bonheur" (p.336). Et il poursuit : "Certains ont peut-être écrit trop tôt leur colère, alors que d'autres ont attendu de comprendre" (p.337). Et pour finir, aux propos de son interlocuteur établissant un 31/12/2017 Association Charles Mopsik http://www.charles-mopsik.com/Texte44.html 3/13 parallèle entre le programme du parti laïc Shinouï et "le message libéral et libertin qui a perverti le judaïsme avant la Shoa", il répond tranquillement : "Tout à fait " (p.345). (1) Pour une meilleure lisibilité, j’ai apporté certaines retouches à mon message tout en conservant la trame improvisée et son argumentation. Je me suis bien gardé en revanche de remanier le texte de Charles, si ce n’est par de très légères corrections stylistiques. * Message de Charles Mopsik à Rivon Krygier : Cher Ami, J'ai lu avec attention la lettre du rabbin D. Farhi que tu as eu la gentillesse de me faire parvenir. Il me semble réagir avec raison aux propos du rabbin Sitruk. Sur le fond de la question, je crois qu'il y a justement, dans le Zohar sur les Lamentations, des éléments qui pourraient enrichir le débat, si débat il y a. À la question des souffrances endurées par Israël, il répond finalement : Elles sont sans raison ! Au lieu de rechercher une explication justificative et d'insister sur la culpabilité, il ouvre une autre perspective en parlant du retrait du « Père » (sefira Tifèrèt) et de l'impuissance de la « Mère » (sefira Malkhout). Celle-ci ne souffre plus à la place de ses enfants, comme avant la destruction du Temple, mais avec eux. Si l'on suit encore le Zohar, le « Serpent » joue un rôle majeur : il représente non pas tant le mal absolu que le « rien » (ce qui n'a pas de sens, l'insignifiant). Et c'est cela qu'introduit l'exil (la ruine du Temple qui remonte elle-même à un désastre métaphysique primordial assez complexe et obscur) : la possibilité de souffrir sans cause, sans que les fautes (qui existent toujours évidemment) ne suffisent à expliquer cette souffrance. Celle-ci est sans raison (ou n'a que des « raisons » historiques, économiques, politiques, tel est le déterminisme symbolisé par le discours du Serpent et la logique implacable qu'il représente...), et le drame le plus grand, le plus insupportable, réside dans ce « sans raison ». Le Zohar le dit quelque part en toutes lettres : les Israélites souffrent « sans raison ». Parler de « culpabilité » pour expliquer la Shoa, c'est entrer dans le jeu du Serpent, adopter comme lui une logique déterministe et une 31/12/2017 Association Charles Mopsik http://www.charles-mopsik.com/Texte44.html 4/13 approche littéraliste de la Torah... Il existe bien un déterminisme historique, mais il ne faut pas le confondre avec Dieu... Pour le déjouer ou lutter contre lui, il faut d'abord le reconnaître et ne pas le confondre avec Lui. Que Dieu nous préserve de la morsure des serpents, même des plus petits. Amicalement et Shabbat Shalom, Charles *** Extrait d’une dracha du rabbin Ovadia Yossef prononcée à Jérusalem, le 5 août 2000, à l’approche de Tichâ be-Av : “Les six millions de juifs, tous ces pauvres gens qui ont été décimés par les mains de scélérats, les Nazis, que leur nom soit effacé, était-ce sans raison ? Non. Ceux-là étaient tous la réincarnation d’âmes antérieures qui avaient fauté et entraîné la faute d’autres, commettant toutes sortes de transgressions. Ils s’étaient réincarnés dans le but de redresser leur situation mais ils ont subi, ces pauvres gens, tous les tourments et supplices par ceux qui les ont assassinés durant l’Holocauste. Ce n’était pas la première fois que leur âme était venue au monde, ils étaient venus pour expier leurs fautes. » Extrait du journal Le Monde, 8 août 2000 : Le rabbin massorti, Rivon Krygier, juge que les propos d'Ovadia Yossef sont « une forme de sacrilège et une insulte à la mémoire des victimes de la Shoa ». Selon lui, « les religieux qui tiennent ce genre de propos procèdent par intimidation à des fins de propagande, en mettant l'accent sur la culpabilité. » Pour le rabbin massorti, « des malheurs peuvent intervenir sans qu'une faute préalable ait été commise. Il existe plusieurs interprétations théoriques sur l'origine du mal, mais personne ne peut prétendre identifier les 31/12/2017 Association Charles Mopsik http://www.charles-mopsik.com/Texte44.html 5/13 motivations de Dieu. » Selon lui, la réincarnation est « une croyance respectable » mais qui n'est pas « un dogme ». Suite à quoi, Charles M. demande à Rivon K. de lui expliciter son point de vue : Cher Charles, Tentons de dépasser la réaction épidermique à ces propos scabreux et agaçants. La Shoa est un si grand désastre qu’il est difficile d’en interpréter le sens sur le plan théologique. La difficulté tient en l’occurrence à la question de « l’opportunité » : pourquoi est-ce arrivé justement à cette époque, uploads/Philosophie/ association-charles-mopsik-shoah-krygier.pdf
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- Publié le Mar 30, 2022
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