Commentaire de saint Thomas d'Aquin Docteur des docteur de l'Eglise Du traité d

Commentaire de saint Thomas d'Aquin Docteur des docteur de l'Eglise Du traité de la métaphysique d'Aristote Prologue et leçon 1: Traduction par Guy Delaporte, 2004 Édition numérique, http://thomas-d-aquin.com PROŒME AU COMMENTAIRE DE LA METAPHYSIQUE ............................................... 1 PREMIERE LEçON DU COMMENTAIRE DE LA METAPHYSIQUE. .............................. 3 DEUXIEME LEçON DU COMMENTAIRE DE LA METAPHYSIQUE. ............................. 9 TROISIEME LEçON DU COMMENTAIRE DE LA METAPHYSlQUE. ........................... 12 PROŒME AU COMMENTAIRE DE LA METAPHYSIQUE Conformément à la doctrine politique d'Aristote, lorsque plusieurs objets sont ordonnés à une certaine unité, l’un d'entre eux doit être le guide qui régit les autres. L'union du corps et de l'âme en est un exemple patent : l’âme commande et le corps obéit. De même, au sein des puissances de l'âme, l’irascible et le concupiscible sont naturellement gouvernés et ordonnés par la raison. Or tous les arts et toutes les sciences tendent vers un seul but : la perfection humaine, qui n'est autre que le bonheur. C'est pourquoi l'un d'entre eux doit nécessairement diriger les autres. Celui-ci revendique alors à juste titre le nom de sagesse car le propre du sage est de les ordonner. Pour étudier cette science, et délimiter son domaine, il faut d'abord observer attentivement la façon dont il convient de diriger. Aristote a écrit dans l'ouvrage cité que les hommes à l'intelligence vigoureuse dominent et dirigent naturellement les autres, tandis que ceux qui ont la robustesse physique, mais des facultés intellectuelles limitées, doivent naturellement être gouvernés. De la même façon, sera naturellement directrice la science la plus intellectuelle, c'est-à-dire celle qui se tourne vers les réalités les plus intelligibles. Or on peut donner trois façons d'être plus intelligible : 1) En regardant la démarche de la connaissance. La source de la certitude intellectuelle parait en effet être ce qu'il y a de plus intelligible. Comme l'intelligence acquiert une certitude scientifique à partir des causes, la connaissance de ces dernières a donc le plus haut degré d'intellectualité. Aussi la science des causes premières est-elle le plus vraisemblablement celle qui dirige les autres. 2) En comparant l'intelligence aux sens. L'intelligence diffère des sens en ce que ceux-ci donnent une connaissance du singulier, tandis que celle-là embrasse les universels. La science la plus intellectuelle est donc celle qui se tourne vers les principes les plus universels, lesquels sont l'être et ce qui s'y attache, comme l'un et le multiple, la puissance et l'acte, etc. Les choses de ce genre ne doivent pas rester à jamais indéterminées, car on ne peut avoir sans elles une connaissance complète de ce qui est propre aux différents genres d'êtres et à leurs espèces. Elles ne doivent pas non plus faire l’objet d'une science supplémentaire, car elles sont nécessaires pour connaître chaque genre de réalité, de sorte que chaque science devrait les étudier au même titre. Reste par conséquent la solution d'en traiter dans une science commune, qui sera la plus intellectuelle et dirigera les autres. 3) En s’arrêtant sur la connaissance même de l'intelligence. Comme la capacité de toute chose à être connue est fonction de son détachement de la matière, est le plus intelligible ce qui en est le plus libre. L'intelligible et l'intelligence sont adaptés l'un à l'autre, et de même genre, car ils deviennent un seul acte. Sont par ailleurs les plus détachées de la matière les réalités qui non seulement sont abstraites de leur conditionnement individuel, comme les formes naturelles considérées dans leur universalité, et dont traite la philosophie de la nature, mais même sont abstraites de tout aspect sensible de la matière. Et cette séparation n'est pas seulement le fait de la raison, comme pour les mathématiques, mais aussi de l'être, comme pour Dieu et les esprits. Aussi la connaissance de ces réalités est-elle la plus intellectuelle et la reine des sciences. On ne peut accorder à des sciences différentes chacune de ces trois caractéristiques, mais toutes vont à la même, car ce sont ces substances séparées dont on a parlé, qui sont les universels et les causes premières de l'existence. Il revient à une même science d'étudier un genre de réalités donné et les causes propres de ce genre. La philosophie de la nature, par exemple, étudie les principes des corps physiques. C'est donc une même science qui doit aborder l'être en général et les substances séparées, le premier étant le genre dont les secondes sont les causes universelles. Si cette science étudie les trois points que l'on a soulevés, la notion générale d'être en est cependant le seul sujet, à l'exclusion de tout autre. Le sujet d'une science est en effet ce dont on cherche les causes et les attributs, et non ces causes elles-mêmes. La connaissance des causes d'un genre de réalités est plutôt la perfection à laquelle une science peut parvenir. Quoique le sujet de notre science soit le fait d'être en général, il vaut tout à fait pour ce qui est indépendant de la matière et pour exister et pour être compris, car sont ainsi non seulement les êtres qui ne peuvent en aucun cas exister de façon matérielle, comme Dieu ou les esprits, mais aussi ceux qui peuvent parfois se passer de la matière, comme le fait d'être par exemple, ce qui ne saurait arriver si leur existence était liée à la matière. On donne trois noms à cette science, correspondant à ses trois traits de perfection : On l'appelle science de Dieu ou théologie parce qu’elle étudie les substances dont on a parlé ; elle est dite aussi métaphysique, car étudiant l'être et ce qu'il inclut, sa façon de résoudre va au- delà de la physique, comme on s'élève du moins universel au plus universel ; elle est dite enfin philosophie première en raison de sa considération sur les causes premières. Voilà donc quels sont le sujet de cette science, ses rapports avec les autres disciplines, et le nom qu'on doit lui donner. PREMIERE LEçON DU COMMENTAIRE DE LA METAPHYSIQUE. Aristote fait précéder son étude scientifique d'un proœme en deux parties. Il précise premièrement l'orientation de cette science vers la causalité ( d'où son nom de sagesse ), et la distinction entre les différentes causes, puis deuxièmement, le type de scientificité qui en découle. Mais il éclaircit au préalable ce qu'est en général la valeur de la science, et l'ordre des connaissances. La valeur de la science tient à ce qu'elle est une finalité naturellement souhaitée de tous. La raison de la présence en tout homme de ce désir de savoir est triple : 1) Chaque chose veut naturellement sa perfection. On dit par exemple que la matière désire la forme comme l'inachevé son terme. Or l'intelligence, qui fait la nature de l'homme, est par elle-même en puissance à tout, et n'est actualisée par le réel qu'avec la science, car on ne connaît rien de ce qui existe avant d'avoir fait acte d'intelligence. «L'homme désire savoir comme la matière désire la forme.» 2) Tout être a un penchant naturel pour les opérations qui lui sont propres. La chaleur tend à réchauffer, et le poids à faire tomber. Or l'opération propre à l'homme en tant que tel, c'est de faire acte d'intelligence, en quoi il diffère de tout le reste. C'est donc à cette opération, et par suite au savoir scientifique, qu'est disposé le désir naturel de l'homme. 3) Toute chose désire rejoindre son origine, car en cela consiste sa perfection. Aussi la physique prouve-t-elle que la rotation, en réunissant le terme à l'origine, est le plus parfait des mouvements. Les substances séparées sont à l'origine de l’intelligence humaine, qui est vis- à- vis d'elles comme l'imparfait face à la perfection. Or l'homme ne les rejoint que par son intelligence, et là réside sa félicité complète. Voilà pourquoi il désire la science. Cela n’empêche pas les hommes de se détourner de son étude, car souvent, la difficulté ou diverses préoccupations sont des motifs qui distraient de la poursuite de ce qu'on désire. Aussi, bien que tout le monde veuille savoir, on ne s'adonne pas tous à l'étude des sciences, parce qu’on est accaparé par les plaisirs et les nécessités de la vie, ou bien que la paresse nous éloigne de l'effort d'apprendre. Aristote se propose donc de montrer que l'étude d'une science comme celle-ci, sans autre dessein, n’est pas absurde, car un désir de la nature ne peut être vain. Il illustre son propos d'un exemple. Les sens nous rendent service en deux occasions : pour connaître la réalité et pour répondre aux nécessités de la vie. Nous les aimons pour eux- mêmes parce qu’ils permettent de connaître autant que parce qu’ils nous aident à vivre. Ceci est particulièrement net de la vue qui offre une perception plus étendue que les autres sens, et que nous préférons non seulement dans l'action, mais même lorsque nous n'avons rien à faire, car c'est le sens qui permet la connaissance la plus grande et le meilleur discernement des différences. Il est donc clair que la vue jouit dans l'ordre des connaissances sensibles d'une double prééminence. En premier lieu, sa perception est plus parfaite, car elle uploads/Philosophie/ st-thomas-d-x27-aquin-commentaire-metaphysique-d-x27-aristote-lecons-1-2-3.pdf

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