Georges Colleuil RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE APPLIQUÉ À L’ALLIANCE, AU COUPLE ET A

Georges Colleuil RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE APPLIQUÉ À L’ALLIANCE, AU COUPLE ET AU PARTENARIAT GUIDE PRATIQUE N° 2 I L’Hermite, un improbable arcane de l’alliance… Et pourtant… L’Hermite, le paradoxe d’un arcane de la solitude qui symbolise l’alliance La première fois que j’ai associé l’arcane de l’Hermite à la symbolique du couple (c’était dans Tarot l’Enchanteur en 1998), j’ai observé de nombreuses réactions d’incompréhension. On lisait dans mes propos de l’ironie un peu machiste ou de l’immaturité affective. C’était mal connaître le sens de l’arcane IX. J’ai depuis fort longtemps en mémoire la phrase de Saint-Exupéry : « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction. » L’expérience m’a montré que les couples qui tiennent la route sont ceux qui cheminent ensemble et chez lesquels chacun est suffisamment apte à s’appuyer sur lui-même sans avoir à se reposer sur l’autre. L’Hermite du Tarot symbolise précisément ces deux idées. D’une part un cheminement, d’autre part un subtil travail intérieur de consolidation de son autonomie. On retrouvera d’ailleurs cette dernière idée dans la Force (arcane XI), qui témoigne de cette autonomie réalisée grâce à la capacité de se relier autant aux forces de l’esprit qu’à sa puissance instinctive. Bien sûr, cette approche demande de considérer les arcanes du Tarot non point comme des stéréotypes, mais comme des archétypes. Les premiers ramènent la totalité de l’humanité à un modèle 11 RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE 12 unique, les seconds relient chaque individu à une force archaïque commune que Jung appelait « inconscient collectif ». Cette force est nourrissante pour autant que nous y puisions les nutriments nécessaires à notre évolution psychique et spirituelle. Mais on ne peut pas faire boire un cheval qui n’a pas soif. Une autre manière d’aborder le Tarot est de considérer chaque arcane comme un maître de sagesse, susceptible d’éclairer notre existence. Non par des leçons de morale, mais par des enseignements philosophiques. C’est en cela que réside l’exigence la plus complexe et la plus subtile dans la compréhension des arcanes. Ici réside la discipline de l’étude, et non point une étude strictement ésotérique. Comme je l’ai souvent exprimé, le Tarot est davantage humaniste qu’ésotérique. Il n’a pas pour fonction de prédire notre avenir, mais plutôt de nous aider à le construire. Le Tarot joue alors ce rôle que jouait il y a quelques années le photolangage1, un support de connaissance de soi et de résolution de conflits grâce au travail psychologique de projection ou d’induction. Il joue un rôle encore plus ancien si l’on considère que chaque personnage, chaque situation, chaque décor ou paysage dessiné sur les cartes nous montrent une voie, nous offrent mille possibilités d’avancer, de grandir, de guérir. Ici aussi, nous aurons à cœur d’inverser une croyance largement répandue. Le Tarot ne nous donne pas de réponses. Il est beaucoup trop sage pour cela. Il nous pose au contraire des questions. C’est en parcourant ces questionnements que nous sommes toujours amenés à un moment ou à un autre à trouver nous- mêmes nos réponses. Le Tarot nous respecte dans ce que nous avons de grand et de digne : la capacité de découvrir toutes les réponses en nous par un long, rigoureux et authentique dialogue intérieur. 1. Méthode créée en 1965 consistant à utiliser un jeu de 48 photos pour favoriser l’expression et la prise de parole. Cette méthode s’inspire en partie de la psychanalyse. RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE 13 Le Tarot n’est donc pas un jeu de cartes, contrairement à l’idée reçue. Le Tarot exprime un enseignement philosophique, représenté par des images archétypiques pour la plupart, dessinées, il est vrai, sur des jeux de cartes. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Avant que les jeux de cartes n’existent, le Tarot existait déjà. Mais sous une autre forme. Nous ne savons pas très bien. Peut-être les fresques égyptiennes, les jeux de dés ou d’osselets, les peintures rupestres, les mythes les plus anciens de notre histoire humaine. Toujours est-il qu’une direction est donnée dès les premiers matins de l’univers. Une direction qui indique les sommets des montagnes, les cimes de l’arbre, les étoiles éternelles. Une direction élevée, un alpha et un oméga pour reprendre une expression chère à Teilhard de Chardin dont la phrase « Tout ce qui monte converge » a donné un sens à toute ma recherche. Le Tarot s’inscrit donc à la fois dans un courant philosophique non dogmatique et libéré des systèmes, philosophia perrenis2 disait-on en un temps, mais également dans le monde des images que notre siècle a consacrées. C’est ainsi qu’en abordant le Tarot comme un réseau d’images archaïques et symboliques, un cursus d’études philosophiques, un miroir de soi, on peut constater que chaque arcane offre matière à une réflexion éthique et citoyenne. C’est ainsi qu’en appliquant des protocoles psychologiques rigoureux on est interpellé et questionné par chaque arcane sur les « pourquoi» de nos conflits relationnels ou intérieurs et sur les « comment-faire-au-mieux » pour les résoudre ou les transformer. C’est ainsi qu’est né le Référentiel de Naissance dans les années 1980. C’est ainsi que les Référentiels de Couple jouent un rôle plus que pertinent dans la compréhension du sens de nos alliances, aussi bien dans le cadre privé et personnel que dans le cadre professionnel, notamment en thérapie de couple, en ressources humaines ou en coaching d’entreprise. 2. « Philosophie éternelle ». RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE 14 Un des principes fondateurs de cette approche des Référentiels de Couple ou d’Alliance repose sur l’hypothèse suivante : ce n’est pas parce que l’on s’aime que l’on se marie ou que l’on se met ensemble, mais plutôt pour apprendre à aimer. Comment savoir ce que signifie réellement « aimer » si l’on ne se télescope pas au quotidien de la relation ? Si l’on n’affronte pas les épreuves générées par les blessures narcissiques ? Si l’on ne comptabilise pas les nuits blanches passées à consoler un bébé qui pleure ? Le couple est donc une école pour apprendre à aimer. Et qui dit école dit « enseignements », « discipline de l’étude », « travaux pratiques », « validation des acquis », « partage des connaissances », mais surtout « évolution plus qu’évaluation ». Comme le disait Montaigne : enseigner, ce n’est pas remplir un vase, mais allumer un feu3. Dès lors, une fois validée l’idée que l’Hermite du Tarot est la représentation symbolique d’un maître qui nous enseigne la nécessité du cheminement, l’exigence de trouver ses points d’appui en soi-même par un travail d’intériorisation, nous comprenons qu’il puisse représenter l’image du couple dans ce qu’elle a de plus évolutif et épanouissant. Il n’est pas question ici de solitude. D’ailleurs, le mot « Hermite » qui désigne l’arcane dans le Tarot de Marseille contient un « H », ce qui n’est pas l’orthographe correcte. Le mot « ermite » s’écrit sans « H ». Si ce dernier terme renvoie probablement à l’idée de solitude, l’ermite se retirant du monde dans l’acception courante, l’Hermite avec un « H » ajoute l’idée du dieu Hermès de la mythologie grecque. Un dieu qui fait le lien entre les hommes et les dieux, donc entre la matière et l’esprit. Ce mot sera d’ailleurs à l’origine du mot « hermétisme », en relation avec l’alchimie. 3. Montaigne : « L’élève n’est pas un vase qu’on remplit, mais un feu qu’on allume. » RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE 15 Il est question ici de lien. Lien entre l’un et l’autre, lien avec soi-même. Jamais l’idée de faire couple avec soi-même n’a eu autant de pertinence que dans la compréhension de la symbolique présente dans l’Hermite. Un lien établi selon la loi du désir plus que dans celle du besoin. « C’est parce que je n’ai pas besoin de toi que je te désire et que je désire cheminer à tes côtés. » Voilà comment on pourrait résumer la guérison du besoin et de la demande dans un couple, par la loi du désir et de l’offre. L’Hermite, ce personnage au regard plein d’amour et de tendresse, se définit dans le chemin initiatique comme un Bateleur qui serait retourné vers les hommes. À ce stade, de nombreux commentateurs l’ont déjà fait remarquer, l’Hermite a revêtu le manteau bleu de la spiritualité. Sous le regard de l’enfant, il évoque le père Noël ; le philosophe y voit une évocation de Diogène, de Socrate ou d’un maître zen ; le mystique reconnaît le pèlerin de Saint-Jacques ou de Jérusalem ; le Hadj sur la route de La Mecque ; le père du désert ou l’anachorète orthodoxe. Tout est possible. Sur son front, trois rides rappellent la tiare de pierres précieuses à trois étages que portaient le Pape et la Papesse. Ici, les trois aspects physique, mental et spirituel de l’homme ne sont plus représentés par des symboles noblement arborés mais sont directement intégrés dans le corps du personnage. De plus, on retrouve dans ces rides les formes ondulatoires présentes dans le sol et dont l’Hermite capte l’énergie avec un bâton. Ces mêmes ondes recouvrent l’intérieur de son manteau uploads/Philosophie/ telechargez-un-extrait-gp2 1 .pdf

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