LES SEPT JARDINS MYSTIQUES J'offre ces notes aux Amis, afin qu'en les lisant il

LES SEPT JARDINS MYSTIQUES J'offre ces notes aux Amis, afin qu'en les lisant ils prennent le goût des études attentives, pour ensuite parvenir à l'ignorance omnisciente des Pauvres en esprit. J'ai pensé qu'il serait utile aux lecteurs de ce petit manuel de leur offrir quelques précisions sur les itinéraires de l'homme à Dieu, sur l'itinéraire chrétien et, au cours de celui-ci, sur les sentiers plus étroits du mysticisme catholique et d'un discipulat parfait. La connaissance exacte de l'esprit évangélique me semble tellement nécessaire que j'aimerais exposer l'un après l'autre tous les systèmes connus de la vie intérieure, leurs nuances, leurs filiations, leurs exactitudes, leurs illusions. Mais il y faudrait des volumes; au surplus, disposerais-je de toutes les bibliothèques, pourrai-je comprendre exactement toutes ces théories ? Pourrai-je dire la vérité telle quelle ? Car, si la Nature entière monte vers la perfection, il n'est pas deux créatures qui cheminent exactement du même pas, qui suivent le même chemin. La pensée oscille sans repos du concret à l'abstrait, du particulier au général, de l'individuel à l'universel et, sans cesse, elle subit l'influence du milieu, de l'atavisme, de l'hérédité, de l'éducation, de l'exemple, de courants plus obscurs encore, et les silencieux appels de la Providence vivante se succèdent dans notre nuit. Puisque, après tout, c'est sur la terre qu'il nous faut vivre et que nos mouvements les plus subtils aboutissent toujours à des actes, à quoi mesurer la valeur d'un système, sinon à ses fruits ? Le sens commun tombe ici d'accord avec le sens divin et nous voilà dirigés vers l'Évangile. Etudions la courbe de ce retour. Aucun homme descendant tout au fond de soi qui n'y trouve la présence obscure d'une Réalité suprême; elle est, il sait qu'elle est. Voici l'Absolu avec ses deux pôles métaphysiques : Etre et Savoir; avec ses deux modes : le Bien et le Vrai; avec ses applications : les lois morales et les axiomes intellectuels; avec sa réalisation synthétique : le Beau, harmonie du Vrai et du Bien. Voici encore l'Absolu, en dehors de l'homme, avec ses deux pôles ontologiques : toutes les consciences et toutes les a-consciences s'individualisant par les spontanéités et par les nécessités, s'exprimant au cours des involutions et des évolutions, s'harmonisant et résolvant leurs antinomies par les mystères conjugués d'une Providence et d'un Sauveur, où nous retrouvons les Personnes divines, c'est-à-dire les modes qu'adopte la Réalité suprême pour se faire accepter de nous. La connaissance du Vrai et l'art du Bien se réunissent pratiquement dans la Religion, forme sociale du troisième archétype, le Beau. Ces trois termes, qui limitent l'ensemble des phénomènes naturels et des actes humains et circonscrivent la Nature entière, remplissent les sciences, les arts, la politique et se concentrent sur l'homme, objet de tous ces efforts, agent de tous ces travaux, destiné à réunir en soi la triple vie de l'absolu, du monde et de la terre, par son labeur général que guide la Providence. * * * Le problème religieux nous apparait donc à l'origine de tous les autres problèmes. Les pages qui suivent sont un essai de diagnostic des solutions provisoires aux corollaires individuel et intérieur de ce problème. Au cours des siècles on voit le genre humain, d'abord lyrique, inventer les légendes et les mythes et recevoir de la Providence diverses révélations patriarcales antérieures à Fo-Hi, à Krishna, à Noé, au premier Zoroastre, aux Pharaons; puis il devient philosophe, il systématise et coordonne les Mystères ésotériques. En récompense de cet effort la même Providence lui délivre la révélation nouvelle de l'Évangile et lui ouvre ainsi la possibilité du Salut définitif. Le Verbe rédempteur, la Vie éternelle, le Règne de Dieu : par ces trois onces de levain mystique entre en fermentation toute la masse humaine, se mélangent le relatif et l'absolu, la Nature et Dieu, la ma-tière et l'esprit, tous les couples d'oppositions dont les batailles forment les modes innombrables de l'existence. Il parait donc évident que nous, êtres humains, sommes des reflets de ces feux, que nous subissons les prolongements de ces luttes, et qu'à l'image du Créateur, à l'image de l'univers, une triple vie palpite dans notre enveloppe corporelle. La première image, c'est l'âme, je veux dire la force éternelle pure; la seconde, c'est le corps, entendez la substance sous toutes ses formes, pondérables ou radiantes et, au milieu, se tient notre insaisissable esprit, tour à tour conscience, amour, haine, volonté, qui court de notre flamme éternelle à notre matière temporelle et remonte sans ârret, ainsi que dans l'infini procède l'Esprit-Saint, entre le Père et le Fils. L'âme remplit à l'égard de l'esprit et du corps le même rôle que Dieu à l'égard de l'humanité, puis de l'univers : elle soutient l'édifice, elle allume des phares, elle préserve, elle attire vers le haut. Le centre corporel avec les sensations, les instincts et les énergies non-conscientes venus des états subtils de la matière; le centre spirituel, avec les sentiments et les passions; le centre intellectuel avec les idées et les inspirations : voila les trois organismes où notre volonté, qu'éclaire la conscience morale, reflet de l'âme éternelle, doit étendre son empire. Remarquons tout de suite que l'organisme médian, le centre affectif mû par le désir se trouve en rapport immédiat avec le centre volitif, lequel n'est pas autre chose que la réfraction sur le miroir du moi de la lumière libre et spontanée de l'âme éternelle, elle-même fille de l'Absolu. C'est donc par le perfectionnement du centre affectif que nous obtiendrons le meilleur perfectionnement de l'être entier. On soigne un arbre en améliorant sa sève, bien plutôt qu'en lavant ses feuilles. Or, parmi les méthodes de culture psychique, les unes soignent les feuilles, les autres le tronc, d'autres modifient l'ambiance; seule l'école qui admet l'ingérence physique du divin dans le naturel soigne la sève. C'est la méthode du Christ. Parmi les méthodes non-chrétiennes, les unes, suivant une marche expérimentale, procèdent de l'externe vers l'interne, du bas vers le haut. Elles veulent rendre parfaite la santé corporelle, l'adresse, la vigueur, l'acuité des sens; puis la santé des différents corps fluidiques : électricités, éthérismes et magnétismes; puis des corps sentimentaux et mentaux, ayant obtenu le contrôle des idées, comme le contrôle des sensations ou des actes de la vie végétative, elles cherchent le contrôle du principe pensant lui-même, de cette abstraction qui, en nous, sait qu'elle sait. Et, de là, elles intro-duisent le disciple dans les sphères de l'inconscient, dont les innombrables expériences s'effectuent au moyen d'extases diverses. Exemple : le Radja-Yoga. D'autres écoles, négligeant l'homme corporel, consacrent tous leurs soins à l'homme intellectuel. Exemple : Plotin. D'autres cultivent l'émotion sentimentale, tels les Soufis et les Bhaktis. D'autres enfin enseignent à s'arrêter de sentir, d'aimer et de penser : tels les Bouddhistes primitifs. Mais toutes prétendent atteindre l'Archétype en montant du dehors vers l'interne et leur instrument principal, c'est l'extase. * * * Il est inutile de donner ici une théorie nouvelle de l'extase. Elle ne serait vérifiable que pour un très petit nombre de contemplatifs et, au surplus, chacune des centaines d'écoles auxquelles je viens de faire allusion possède sa théorie propre, indubitable et sûre. Mais faisons plutôt quelques remarques préalables. L'extase, c'est la conscience d'un univers inconnu qui s'éveille pendant que s'endort la conscience de l'univers habituel; c'est un songe plus riche; c'est une dépolarisation psychique. Toutefois elle peut s'obtenir de bien des manières, et à chaque procédé correspond une expérience spéciale : certaines drogues, les manoeuvres hypnotiques, magnétiques, spirites ou magiques, l'auto-magnétisme de la concentration volontaire, l'exaltation fanatique, la contemplation des entités abstraites. Mais toutes ces méthodes, parce qu'elles ne mettent en oeuvre que des forces relatives, mixtes ou locales, restent illégitimes dans leur principe, précaires dans leurs résultats et perverses dans les excès où elles aboutissent presque fatalement. Leurs adeptes poursuivent trois buts principaux : une exaltation de plus en plus stable qui rende l'individu naître des énergies psychiques les plus puissantes, c'est- à-dire les plus cachées; une participation à la création par la pratique des sciences occultes; une direction des destinées terrestres par l'emploi des sociétés secrètes et des arts occultes. Par contre d'autres hommes existent qui conçoivent Dieu comme indépendant et non dilué dans l'océan du monde, qui voient Sa Providence toujours active en la personne de Son Fils, venu dans la chair, reparti, mais toujours présent, et qui se préoccupent seulement d'aider leurs frères à saisir ce salut. Voilà l'originalité du christianisme et toute sa puissance. L'expression la plus pure de sa méthode se trouve dans l'Évangile, auquel d'ailleurs il faut revenir constamment pour ne pas se perdre dans la multi-plicité des commentaires auxquels, depuis vingt siècles, il a donné lieu. Essayons de fixer ces principes. Les méthodes non-chrétiennes oublient une notion de sens commun : c'est qu'en nous le corps, les fluides, l'intellect, l'émotivité, l'inconscient s'interpénètrent; en nous, aucune cloison étanche; un caillou qui blesse le pied du pèlerin peut provoquer quelque drame dans les régions les plus sublimes de son esprit; toute émotion altère la qualité chimique de nos échanges corporels; la pensée pure même influe sur uploads/Philosophie/ paul-sedir-les-sept-jardins-mystiques.pdf

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