Notion Série Académie Année Auteur Texte 0 « On assiste aujourd'hui en plusieur

Notion Série Académie Année Auteur Texte 0 « On assiste aujourd'hui en plusieurs endroits à l'apparition de la culture d'une société dont le "commerce" constitue l'âme tout autant que la rivalité individuelle chez les anciens Grecs et que la guerre, la victoire et le droit chez les Romains. Celui qui pratique un commerce s'entend à tout taxer sans le fabriquer et, très précisément, à taxer "d'après les besoins du consommateur", non d'après ses propres besoins les plus personnels : « Quels gens et combien de gens consomment cela ? », voilà pour lui la question des questions. Ce type d'estimations, il l'applique dès lors instinctivement et constamment : à tout, et donc aussi aux productions des arts et des sciences, des penseurs, savants, artistes et hommes d'État, des peuples et des partis, des époques tout entières : à propos de tout ce qui se crée, il s'informe de l'offre et de la demande, "afin de fixer pour lui-même la valeur d'une chose". Cette attitude érigée en caractère déterminant de toute une culture, élaborée jusqu'à l'illimité comme jusqu'au plus subtil, imposant sa forme à tout vouloir et à tout pouvoir : voilà ce dont vous serez fiers, hommes du siècle à venir: si les prophètes de la classe commerçante ont raison de vous en promettre la possession ! Mais j'ai peu de foi en ces prophètes. » ANTHROPOLOGIE CD POLYNESIE 1977 ROUSSEAU "Depuis trois ou quatre cents ans que les habitants de l'Europe inondent les autres parties du monde et publient sans cesse de nouveaux recueils de voyages et de relations, je suis persuadé que nous ne connaissons d'hommes que les seuls Européens ; encore paraît-il aux préjugés ridicules qui ne sont pas éteints, même parmi les gens de lettres, que chacun ne fait guère sous le nom pompeux d'étude de l'homme, que celle des hommes de son pays. Les particuliers ont beau aller et venir, il semble que la philosophie ne voyage point, aussi celle de chaque peuple est-elle peu propre pour un autre. La cause de ceci est manifeste, au moins pour les contrées éloignées. Il n'y a guère que quatre sortes d'hommes qui fassent des voyages de long cours : les marins, les marchands, les soldats, et les missionnaires. Or on ne doit guère s'attendre que les trois premières classes fournissent de bons observateurs, et quant à ceux de la quatrième, occupés de la vocation sublime qui les appelle, quand ils ne seraient pas sujets à des préjugés d'état comme tous les autres, on doit croire qu'ils ne se livreraient pas volontiers à des recherches qui paraissent de pure curiosité... On n'ouvre pas un livre de voyage où l'on ne trouve des descriptions de caractères et de mœurs ; mais on est tout étonné d'y voir que ces gens qui ont décrit tant de choses, n'ont dit que ce que chacun savait déjà, n'ont su apercevoir à l'autre bout du monde que ce qu'il n'eût tenu qu'à eux de remarquer sans sortir de leur rue, et que ces traits vrais qui distinguent les nations, et qui frappent les yeux faits pour voir, ont presque toujours échappé aux leurs. De là est venu ce bel adage de morale, si rebattu par la tourbe philosophesque, que les hommes sont partout les mêmes, qu'ayant partout les mêmes passions et les mêmes vices, il est assez inutile de chercher à caractériser les différents peuples ; ce qui est à peu près aussi bien raisonner que si l'on disait qu'on ne saurait distinguer Pierre d'avec Jacques, parce qu'ils ont tous deux un nez, une bouche et des yeux." ANTHROPOLOGIE CD MONTPELLIE R 1986 NIETZSCHE « Nous ne dérivons plus l'homme de "l'esprit", de la " divinité", nous l'avons replacé dans le monde animal. Nous le tenons pour l'animal le plus fort parce qu'il est le plus rusé : de là résulte entre autres qu'il est spirituel. Nous repoussons d'autre part une fatuité qui aimerait bien là aussi se refaire entendre : comme si l'homme avait été le grand arrière-dessein de l'évolution animale. Il n'a vraiment rien d'un couronnement de la création : tout être, à ses côtés, se trouve à un égal degré de perfection... Et le prétendre est encore une prétention : pris relativement, l'homme est l'animal le plus malvenu, le plus morbide, le plus dangereusement dévoyé de ses instincts - bien entendu, avec tout ça, aussi le plus "intéressant" ! » ANTHROPOLOGIE CD MONTPELLIE R 1978 ROUSSEAU « Quand on dit que l’homme est faible, que veut-on dire ? Ce mot de faiblesse indique un rapport, un rapport de l’être auquel on l’applique. Celui dont la force passe les besoins, fût-il un insecte, un ver, est un être fort; celui dont les besoins passent la force, fût-il un éléphant, un lion ; fût-il un conquérant, un héros ; fût-il un dieu; c’est un être faible. L’ange rebelle qui méconnut sa nature (1) était plus faible que l’heureux mortel qui vit en paix selon la sienne. L’homme est très fort quand il se contente d’être ce qu’il est ; il est très faible quand il veut s’élever au-dessus de l’humanité. N’allez donc pas vous figurer qu’en étendant vos facultés vous étendez vos forces ; vous les diminuez, au contraire, si votre orgueil s’étend plus qu’elles. Mesurons le rayon de notre sphère, et restons au centre comme l’insecte au milieu de sa toile ; nous nous suffirons toujours à nous-mêmes, et nous n’aurons point à nous plaindre de notre faiblesse, car nous ne la sentirons jamais. » (1) Allusion à Lucifer, le premier des anges, qui refusa Dieu selon les Ecritures ANTHROPOLOGIE A BESANCON 1984 COMTE «Vous devez définir d'abord l'Humanité comme l'ensemble des êtres humains passés, futurs et présents. Ce mot ensemble vous indique assez qu'il n'y faut pas comprendre tous les hommes, mais ceux-là seulement qui sont réellement assimilables, d'après une vraie coopération à l'existence commune. Quoique tous naissent nécessairement enfants de l'Humanité, tous ne deviennent pas ses serviteurs, et beaucoup restent à l'état parasite qui ne fut excusable que pendant leur éducation. On n'hésite point alors à regarder tels chevaux, chiens, bœufs, etc. comme plus estimables que certains hommes... Dans cette première conception du concours humain, l'attention concerne naturellement la solidarité, de préférence à la continuité. Mais, quoique celle-ci soit d'abord moins sentie parce qu'elle exige un examen plus profond, sa notion doit finalement prévaloir. Car l'essor social ne tarde guère à dépendre davantage du temps que de l'espace. Ce n'est pas seulement aujourd'hui que chaque homme, en s'efforçant d'apprécier ce qu'il doit aux autres reconnaît une participation beaucoup plus grande chez l'ensemble de ses prédécesseurs que chez celui de ses contemporains... Ainsi la vraie sociabilité consiste davantage dans la continuité successive que dans la solidarité actuelle. » (Session de septembre) ANTHROPOLOGIE CD AIX- MARSEILLE 1992 ALAIN La nécessité biologique nous ramène toujours à elle, surtout dès que nous essayons de la braver ; c'est ainsi qu'en chacun de nous l'intelligence et même les sentiments dépendent d'abord de la santé ; et l'humble condition du sommeil et de la nourriture est imposée au plus grand génie, qui se trouve en péril dès qu'il tente de l'oublier. Cette vue sur l'animale condition de l'homme ne doit point conduire à de vaines déclamations. Au contraire, il est bon de remarquer que, par cette pression continue, se trouve limitée la fantaisie des actions, et surtout celle des pensées, toujours stériles et même nuisibles dès qu'elles sentent moins la contrainte des nécessités inférieures. Car, de toute façon, nous devons construire sur ce qui résiste, comme font les maçons. Et l'histoire des utopies fait voir que le progrès est souvent ralenti et même directement contrarié par l’illusion que l'on peut toujours changer ce qui déplaît. ANTHROPOLOGIE A CLERMONT- FERRAND 1978 COMTE « Pour y parvenir (1), vous devez... définir d’abord l’Humanité comme l’ensemble des êtres humains, passés, futurs et présents... Dans cette première conception du concours humain, l’attention concerne naturellement la solidarité, de préférence à la continuité. Mais, quoique celle-ci soit d’abord moins sentie, parce qu’elle exige un examen plus profond, sa notion doit finalement prévaloir. Car, l’essor social ne tarde guère à dépendre davantage du temps que de l’espace. Ce n'est pas seulement aujourd’hui que chaque homme, en s’efforçant d’apprécier ce qu’il doit aux autres, reconnaît une participation beaucoup plus grande chez l’ensemble de ses prédécesseurs que chez celui de ses contemporains. Une telle supériorité se manifeste, à de moindres degrés, aux époques les plus lointaines; comme l’indique le culte touchant qu’on y rendit toujours aux morts, suivant la belle remarque de Vico (2). Ainsi, la vraie sociabilité consiste davantage dans la continuité successive que dans la solidarité actuelle. Les vivants sont toujours, et de plus en plus, gouvernés nécessairement par les morts : telle est la loi fondamentale de l’ordre humain. » AUGUSTE COMTE (1) A mieux concevoir le principe du positivisme. (2) Historien et philosophe italien, ANTHROPOLOGIE B POLYNESIE 1987 NIETZSCHE « L'activité du génie ne paraît vraiment pas quelque chose de foncièrement différent de l'activité de l'inventeur mécanicien, du savant astronome uploads/Philosophie/ textes-philosophiques-bac-philo-france.pdf

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