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Théories sociologiques modernes – L2- S1- Mme IDRIS-BAHLOUL 1 Ministère de l’en

Théories sociologiques modernes – L2- S1- Mme IDRIS-BAHLOUL 1 Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Université Abderrahmane Mira de Bejaia Faculté des Sciences Humaines et Sociales Département de sociologie Théories de la sociologie moderne Un polycopié à caractère pédagogique destiné aux étudiants de deuxième année licence – sociologie Chargée de cours : IDRIS-BAHLOUL Souhila Idris.souhila@gmail.com L’unité d’enseignement : l’unité fondamentale Coefficient : 3 Crédit : 5 Contrôle de connaissance : Évaluation continue en TD + examen écrit d’une durée de 1heure 30mn à la fin du semestre. L’année universitaire : 2021-2022 2 COURS 1 : LA NAISSANCE DE LA SOCIOLOGIE : CONTEXTE ET FONDATEURS Il s’agit, dans ce chapitre, de répondre à trois questions fondamentales : De quand date la sociologie ? Qui sont ses fondateurs ? Et est ce qu’on peut considérer la sociologie comme étant la fille des trois révolutions ? En fin du chapitre, on définira la sociologie comme étant une démarche particulière d’analyse scientifique du social. 1. La naissance de la sociologie Etymologie : du latin socius qui signifie « compagnon, associé », et du grec logos qui veut dire discours, parole. C’est A Comte (1798- 1857) qui invente le néologisme « sociologie », il apparait pour la première fois en 1838 dans la 47e leçon des cours de philosophie positive pour remplacer celui de « physique sociale » Jean-Michel BERTHELOT affirme que « La sociologie comme discipline scientifique et académique a tout juste un siècle. Durant tout le XIX e siècle s’est opéré un lent travail de défrichement du terrain sur lesquels les premières fondations seront posées, entre 1890 et 1914, par les œuvres principales de Durkheim, Tönnies, Weber, Simmel. Les grands auteurs du XIXe siècle, Comte, Tocqueville, Marx, Quételet, Le Play, Spencer, sont les accoucheurs de la discipline nouvelle » Il explique que deux réponses génériques sont en général apportées à la question « de quand date la sociologie ? » : - La première associe l’apparition de la sociologie à celle d’une réflexion organisée et consciente sur la société. Dans ce cas la sociologie sera la fille de la philosophie grecque (Platon, Aristote) ou la pensée des lumières (XVIIIe siècle) - La seconde à celle d’une activité de connaissance socialement reconnue et spécifiée par une incarnation institutionnelle déterminée. Donc la sociologie n’apparaitra qu’au cours du XIX siècle. La majorité des historiographes de la sociologie lient sa naissance en tant que discipline à sa reconnaissance institutionnelle « la sociologie du XIX siècle est marquée par de fortes personnalités, mais si A Comte, A de Tocqueville, K Marx, F Le Play, Tönnies, Spencer, Pareto…ont posé les bases du raisonnement sociologique, ils n’ont pas contribué à faire de la sociologie une discipline institutionnelle reconnue par le champ scientifique et universitaire » (Delas & Milly, 2005, p. 41). On assigne à ces derniers le label de précurseurs et on réserve celui de fondateurs à Weber et Durkheim. Si l’acte officiel de la naissance de la sociologie, écrit Jean Pierre Simon, date des années 1830, lorsque Auguste Comte lui attribue son nom, « Il faut en réalité attendre la fin du XIX siècle pour voir la sociologie se constituer en discipline autonome : principalement en France avec Durkheim, qui publie « les règles de la méthode sociologique », avant de se lancer peu après dans l’aventure de « l’Année sociologique » autour de laquelle va se former l’école française de sociologie (courant de pensée). Et d’autre part aux états unis ou est fondée en 1895 également par Albion Small au département de sociologie de l’université de Chicago qui venait d’être créé (1982) la première Théories sociologiques modernes – L2- S1- Mme IDRIS-BAHLOUL 3 grande revue de la nouvelle science « l’American journal of sociology". On peut ainsi considérer les années autour de 1895 come les dates de référence à partir desquelles la sociologie commence – mais commence seulement- à acquérir dans le monde universitaire un statut, à se voir reconnaitre par l’institution universitaire une certaine place parmi les disciplines. 2. La sociologie, fille des trois révolutions ? Figure 1: société traditionnelle/société industrielle Société traditionnelle (primitive- archaïque) Société industrielle (technologique) Economie simple (technologie archaïque, agriculture, élevage, pêche- division du travail élémentaire – économie de subsistance (production faible) Economie de production Progrès technique, investissement des capitaux, division du travail extrême et spécialisée, industrialisation Organisation sociale simple Société restreinte (densité faible), organisation autour de la famille, clan. Rapports sociaux dictés par le groupe et basés sur le droit et le devoir, fort contrôle social Politique : régime royal, aristocratie, féodalité. Organisation sociale complexe Urbanisation, société de classe (bourgeois, les ouvriers), bureaucratisé, institutionnalisé, monté de l’esprit individualiste Politique : société bureaucratisée, bourgeoisie, régime centralisé Connaissance (Pratique, abstraite). pensée mythique, métaphysique, religieuse, magique Connaissance : Valorisation de la science, valorisation de l’instruction, démythification morale, rationalité Le XIX siècle européen voit se développer un foisonnement de réflexions sur les remèdes à la crise : les révolutions et insurrections politiques, les bouleversements industriels, les révolutions du travail scientifique ont créé les conditions d’une nouvelle vision des phénomènes sociaux. Même si les solutions proposées par les sociologues divergent, elles répondent toutes, peu ou prou, à la même question : comment mettre fin à l’évidence crise sociale que traverse l’Europe ? La naissance de la sociologie est liée, en fait, à l’apparition d’une conception nouvelle de la société. Ou plus précisément, d’un déchirement, d’un éclatement, d’une bipartition de la notion de société sous le choc de la révolution. La prise de conscience d’un affrontement, d’une opposition antagoniste de deux formes fondamentales du lien social et des institutions sociales et politiques : la forme traditionnelle, que l’on peut dire communautaire, et qui est d’abord identifiée à l’ancien régime, et la forme moderne, que l’on peut dire sociétaire, et qui conceptualisée, annoncée, préparée, par les philosophes rationalistes, les économistes libéraux, les théoriciens du droit naturel et du contrat social. La sociologie européenne est souvent décrite comme étant la fille des trois révoltions : 2.1. La révolution industrielle Elle marque le début du capitalisme moderne, pose les fondations d’un nouveau système de production et engendre de profondes mutations dans le tissu social. On enregistre plusieurs modifications : - Urbanisation croissante et multiplication de grandes cités industrielles. l’urbanisation est massive et désorganisée. 4 - L’industrialisation fait naitre une nouvelle catégorie sociale : le prolétariat. Les progrès rapides de la production industrielle, le développement du machinisme et de la fabrication sur une grande échelle ont pour effet d’attirer l’attention sur les conditions de vie et de travail des ouvriers (les problèmes sociaux) et sur la nécessité de promouvoir une science sociale, capable de procéder à l’analyse de la situation au moyen d’une méthode scientifique à l’image des sciences de la nature. A la fin du XIXe siècle de nombreuses enquêtes sociales sur le paupérisme furent menée pour des fins pratiques. 2.2. La révolution politique La révolution française de 1879, menée par la classe bourgeoise, a ébranlée l’ordre politique et social ancien, et détruit certains équilibres sociaux sur lesquels reposait la société française, générant ainsi une rupture avec la société féodale. Les bouleversements provoqués par la révolution politique ont donné lieu à des idéologies antagonistes (conservatrice, libérale, solidaire, révolutionnaire, rétrograde…) qui s’affrontent et alimentant ainsi une réflexion sur le social. Les questions de la sociologie vont se constituer à partir de ces bouleversements ; les précurseurs de la sociologie vont essayer de trouver un nouvel ordre social dans lequel pourraient s’instaurer de nouvelles formes de solidarité. 2.3. La révolution scientifique Au XIX siècle se produisent des transformations radicales dans les domaines de la physique, de la chimie et de la biologie et de leurs applications sous forme de technologies industrielles et médicales. La sociologie naissante met à l’essai des paradigmes élaborés par les sciences nouvelles (Le modèle organique - physiologie comparée-, le modèle historique, le modèle des sciences exactes). On parle d’un autre facteur historique qui explique en partie, l’émergence de la sociologie, il s’agit des transformations du champ intellectuel qui ont causées une crise de la métaphysique, qui va dans une certaine mesure préparer le terrain des sciences positives de l’homme et favoriser l’irruption des sciences sociales. Subséquemment, la déstabilisation politique consécutive de la révolution française, et l’avènement d’un système industriel ont pour effet de favoriser les réflexions sur le nouvel ordre social à promouvoir et les mesures à prendre pour résoudre ses difficultés. Le traitement de la question sociale sollicite les intellectuels. Au même temps le développement des sciences de la nature ébranlent les soubassements de grands systèmes philosophiques et proposent de nouveaux modèles qui vont être exploités pour penser la société. 3. La sociologie, une démarche particulière d’analyse scientifique du social La sociologie se définit comme une démarche qui « se veut scientifique du social en tant que tel »…sa posture d’interrogation du réel, ses méthodes et son raisonnement font d’elle une démarche hypothético-inductive qui s’éloigne de toute philosophie sociale. (Giraud, 2004, p. 13). Définir la sociologie comme étant une science, implique de la situer du côté des disciplines scientifiques et de la distinguer de l’art, de uploads/Philosophie/ theories-de-la-sociologie-moderne-l2.pdf