1 COMPOSITION DE PHILOSOPHIE ÉPREUVE COMMUNE : ÉCRIT Jacques-Olivier BÉGOT, Phi

1 COMPOSITION DE PHILOSOPHIE ÉPREUVE COMMUNE : ÉCRIT Jacques-Olivier BÉGOT, Philippe BÜTTGEN, Mildred GALLAND-SZYMKOWIAK, Gweltaz GUYOMARC’H, Mélanie PLOUVIEZ, Gabrielle RADICA, Arnaud TOMES, Laetitia VIDAL Coefficient : 3 Durée : 6 heures Sujet : La connaissance et la croyance I. ANALYSE DES NOTES Le niveau global pour l’épreuve écrite de philosophie a été jugé correct, quoique moins satisfaisant que l’an passé. La moyenne de l’épreuve baisse ainsi de presque un demi-point (8,46/20 pour la session 2015, 8,84/20 pour la session 2014). Les notes se distribuent de 0 à 19. Le nombre des copies indigentes (notées entre 0 et 3) reste relativement faible : 24 sur 712. En revanche, le nombre de copies médiocres, sanctionnées par des notes allant de 4 à 7, augmente nettement : 297 sur 712, soit plus de 40% des copies. Ces copies en sont restées le plus souvent, faute d’une analyse définitionnelle suffisante, à une opposition caricaturale de la science et de la religion, sans construction de problème ni orientation philosophique. Un peu plus d’un tiers des copies (277 sur 712) correspond à des prestations moyennes, qui ont reçu des notes comprises entre 8 et 10. Ces copies combinent des défauts persistants de méthode avec, toutefois, une interrogation quant à la nature de la différence entre croyance et connaissance. Le nombre de copies ayant reçu une note supérieure à 10/20 baisse : 170 contre 194 l’an passé. 143 candidat-e-s ont obtenu une note comprise entre 11 et 15. Ces copies présentent une certaine maîtrise de l’exercice de la dissertation. On y trouve les distinctions attendues, ainsi qu’une construction de problème et un raisonnement démonstratif appuyé sur des références plus ou moins maîtrisées. 21 copies correspondent à de très bonnes dissertations ayant obtenu 16 et 17 ; 6 à d’excellentes copies ayant obtenu 18 et 19. Comme en 2014, les notes obtenues à l’épreuve écrite de philosophie sont concordantes avec les résultats d’ensemble du concours : la moyenne à l’épreuve écrite de philosophie des 63 admissibles est de 14,09/20, avec 28 admissibles ayant obtenu une note supérieure ou égale à 15 à l’écrit. La moyenne pour l’épreuve écrite de philosophie des 25 admis-e-s s’élève quant à elle à 14,84/20 avec 16 admis-e-s ayant obtenu une note supérieure ou égale à 15 à l’écrit. Ces données montrent combien il est important pour les candidat-e-s au concours B/L se préparer à l’épreuve de philosophie. II. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE SUJET La tournure classique du sujet proposé semble avoir déstabilisé bon nombre de candidat-e-s. Alors que « L’exception » avait, en 2014, suscité des traitements amples s’efforçant de parcourir différents domaines, « La connaissance et la croyance » a fait l’objet d’un traitement massivement 2 et unilatéralement épistémologique, réduisant la connaissance à la connaissance scientifique. Les candidat-e-s ont par ailleurs eu tendance à proposer un traitement très général du sujet, « la connaissance » et « la croyance » se faisant face tout au long de la copie, sans que soient pris en compte les différents sens possibles de chacune des deux notions. Les différents visages de la croyance ont ainsi été largement négligés, de même que les différentes modalités de la connaissance. Enfin, ce sujet à notions coordonnées a souvent favorisé l’adoption d’un plan-type qui aurait pu être appliqué à n’importe quel autre couple conceptuel. Le plan le plus couramment adopté a ainsi consisté à commencer par opposer les deux notions, avant de s’apercevoir qu’elles présentaient un ensemble de points communs justifiant, pour finir, de les aborder dans une vague relation de complémentarité, voire de les confondre purement et simplement. Face à un sujet de ce type, rappelons aux candidats qu’il est inutile de fétichiser le « et » ou de lui chercher des intentions cachées : opposition, réunion… Si un « et » dans un sujet doit avoir par lui-même une signification, celle-ci réside dans l’invitation à construire différents plans de comparaison entre les notions proposées, et à comparer ces plans entre eux. L’esprit est toujours capable de placer plusieurs notions sous son regard ; ce qui importe est ce qu’il voit ensuite. Comme on va le voir, les plans de comparaison étaient nombreux : la connaissance et la croyance du point de la certitude, de la vérité, de la raison. III. CONSEILS DE METHODE Les éléments discriminants pour la notation demeurent les mêmes que les années précédentes. 1. La précision des analyses Les bonnes copies sont celles qui ont pris le temps et la peine d’effectuer une analyse précise et rigoureuse des termes du sujet. Rappelons que l’analyse définitionnelle ne consiste pas à se doter dès le début d’une définition unique de la notion. Il convient au contraire de construire plusieurs définitions de chacun des termes du sujet et de les confronter jusqu’à aboutir à un problème. Il ne pouvait donc suffire de parler de la croyance et de la connaissance en général. Il n’était guère plus pertinent de réduire la croyance à la seule foi et la connaissance à la seule connaissance scientifique dans une opposition caricaturale de la religion et de la science. Pour éviter les généralités et les réductions, il était nécessaire de partir de l’analyse – et non simplement de la mention – d’exemples, aussi divers que possibles, de croyances. Les différences sont grandes entre la suspicion, la simple supposition, la présomption liée à l’habitude, la prévision, la confiance donnée, les superstitions et la foi. Toutes pourtant sont bien des croyances. De même, il était nécessaire de déployer les différentes modalités de la connaissance et de prendre en compte les modes de connaissance qui ne relèvent pas de la connaissance scientifique. Grammaticalement, la règle de base est de ne pas se contenter de l’article défini que propose le sujet : la connaissance, la croyance… Le traitement de la question commence lorsque l’on est capable d’écrire « une connaissance » ou « les croyances ». En l’occurrence, cette confrontation à la pluralité permettait de s’ouvrir au problème, insuffisamment traité par les candidat-e-s, des degrés de croyance et de connaissance. Les candidat-e-s auraient également pu utiliser leurs connaissances en langues étrangères – apportées par la formation généraliste de la khâgne – pour amorcer la réflexion. Il y a, en allemand, un seul terme pour désigner la croyance, der Glaube, qui supporte un usage tant 3 épistémique (l’opinion, l’assentiment logique) que religieux (la foi, l’adhésion religieuse). Le français et l’anglais disposent au contraire de deux termes : croyance/foi, belief/faith. Pour autant, ces deux couples ne se recoupent pas strictement : a belief désigne un état d’esprit d’assentiment détaché du champ religieux tandis que la croyance est porteuse de cette même acception logique (la croyance-opinion, croire que), éventuellement combinée à une acception religieuse (la croyance-foi, croire en). Faute d’un travail suffisant de distinction, la croyance a été fréquemment confondue avec l’erreur. Les croyances ne sont pourtant pas toutes fausses : la proposition « Je crois qu’il pleut » peut être vraie s’il s’avère qu’il pleut. Ont dès lors été valorisées les copies qui s’efforçaient de déterminer un critère de différenciation prenant en compte la possible vérité de la croyance. La plupart des copies moyennes sont ainsi parvenues à définir la connaissance comme une croyance vérifiée. On a pu lire ainsi : « Prenons la proposition “ il pleut” : je peux soit savoir que cette proposition est vraie (par exemple, en en faisant l’expérience, en voyant ou sentant actuellement la pluie), soit croire à cette proposition (en ayant l’impression d’entendre les gouttes d’eau tomber sur le toit). La croyance n’est que probablement vraie. Lorsque je crois, je prends quelque chose pour vrai mais cette chose porte en elle la possibilité d’être fausse (il se peut que le bruit que j’entends ne soit pas celui de la pluie, mais celui des feuilles mortes tombant des arbres) ». Une excellente copie est parvenue, en prenant appui sur la définition platonicienne de la connaissance dans le Théétète (201c), à dégager la condition de justification qui différencie connaissance et croyance : « Une croyance vraie demeure une croyance, mais qu’en est-il d’une croyance vraie et justifiée ? Si je crois que quelque chose est vrai et que je suis capable de le justifier rationnellement, alors cette croyance vraie justifiée est une connaissance. La Terre tourne autour du soleil, j’y crois et je peux l’expliquer par les forces de la mécanique newtonienne, j’ai là une connaissance. La connaissance se trouve ainsi à l’intersection de la croyance, de la vérité et de la justification, à distance d’une opposition simple à la croyance ». D’une manière générale, le nombre de candidat-e-s maîtrisant la définition standard de la connaissance comme croyance vraie justifiée a paru étonnamment bas. Une autre erreur fréquente a consisté à assimiler rapidement croyance et irrationalité. Certain-e-s candidat-e-s ont ainsi considéré que la simple mention de Dieu dans un texte philosophique suffisait à verser la réflexion de son auteur du côté de la croyance, si ce n’est de la foi par-delà toute rationalité. Le traitement du sujet s’en trouvait considérablement appauvri, les idées de « raisons de croire », de « croyances raisonnables uploads/Philosophie/ 15-bl-rap-ecrit-philosophie.pdf

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