HAL Id: tel-01512498 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01512498 Submitted on
HAL Id: tel-01512498 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01512498 Submitted on 25 Apr 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE DE FORMALISATION DE L’ETHIQUE DANS LES GRANDES ENTREPRISES Samuel Mercier To cite this version: Samuel Mercier. UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE DE FORMALISATION DE L’ETHIQUE DANS LES GRANDES ENTREPRISES. Gestion et management. Université Paris Dauphine - Paris IX, 1997. Français. tel-01512498 UNIVERSITE PARIS IX DAUPHINE UFR SCIENCES DES ORGANISATIONS Thèse présentée en vue de l’obtention du DOCTORAT NOUVEAU REGIME ES SCIENCES DE GESTION par Samuel MERCIER Sujet : UNE CONTRIBUTION A LA POLITIQUE DE FORMALISATION DE L’ETHIQUE DANS LES GRANDES ENTREPRISES Membres du Jury : M. Bernard COLASSE Professeur à l’Université Paris IX Dauphine M. Claude JAMEUX Professeur à l’Université de Savoie, Rapporteur M. Bernard de MONTMORILLON Professeur à l’Université Paris IX Dauphine, Directeur de recherche M. Yvon PESQUEUX Professeur Associé au Groupe HEC M. Jacques ROJOT Professeur à l’Université Paris I Panthéon- Sorbonne, Rapporteur Date de la soutenance : 25 septembre 1997 1 INTRODUCTION 2 «Autant jusqu'à maintenant, ce sont des valeurs de succès individuel, de rémunération personnelle, de développement unique des individus qui importaient et fondaient les règles de notre société, autant, dans dix ans, c'est une morale de groupe qui apparaîtra, assortie d'une responsabilité et d'une rétribution collectives» (Thévenet, 1985, p. 20). Dix ans plus tard, cette prédiction de Maurice Thévenet semble se réaliser : la question éthique est entrée, depuis la fin des années 80, dans le champ de l'actualité. Dans les discours sur la conduite des entreprises, elle accède au statut ambigu de nouvel art de management («art» entendu ici en son sens opératoire), comme l'avait fait avant elle le concept de culture d'entreprise. Confrontées à un problème, les entreprises ne sont pas seulement guidées par l'analyse de ce qui est mais aussi par la prise en compte, souvent implicite et confuse, de ce qui leur paraît «devoir être». Des valeurs sont donc présentes dans leurs choix et les orientent pour partie. C'est ici qu'intervient la dimension éthique. L'engouement pour l'éthique n'est pas dû au hasard mais aux nécessités du moment et à l'évolution des modes de pensée des dirigeants. Cela a donc le grand mérite d'amener les entreprises à se poser quelques questions fondamentales car leur importance prise dans la société contemporaine interdit qu'elles s'exonèrent d'un certain nombre de responsabilités ou se dispensent de toute exigence morale vis-à-vis de cette même société et de ses membres. Cet effet de mode a, d’autre part, l'inconvénient de plonger sans préavis les entreprises dans des domaines non encore explorés. Notre recherche est donc motivée par l’apparition d’un champ quasiment vierge de tout travail empirique mais devenu l’objet de prises de position marquées : «Les entreprises durables ont toutes une forte éthique», telle est la conviction d'Octave Gélinier (1991, p. 9) ; de son côté, Peter Drucker (1981, p. 18) prétend que l'éthique des affaires n'est rien de plus qu'une mode et lui donne le nom d'élégance éthique. Cette divergence de vue peut paraître paradoxale. En effet, ce sont précisément les Américains qui sont à l'origine de la vague éthique qui submerge l'entreprise. Cette éthique- mania est « une création de l'idéologie de l'autorégulation libérale» (Guillon, 1994, p.1). Ce renouvellement de la pensée libérale repose sur la constatation que la main invisible du marché a cessé d'être souterrainement morale au travers des actions égoïstes et que son efficacité requiert maintenant la moralité subjective des agents économiques. 3 Notre travail part du constat suivant : les firmes sont de plus en plus nombreuses à expliciter et à affirmer publiquement leur «éthique» à travers différents types de documents, à investir des hommes et des moyens dans la réflexion et l'action concernant cette dimension. Nous souhaitons centrer nos travaux sur ce concept de formalisation éthique. La formalisation éthique consiste à poser explicitement, par écrit, les idéaux, valeurs, principes et prescriptions de l’entreprise. Elle prend donc l’aspect d’un document de référence rédigé par l’entreprise énonçant ses valeurs et comportant une dimension éthique. Une telle préoccupation éthique semble d'autant plus urgente que le climat dans lequel se déroulent les activités économiques et industrielles est empoisonné par la multiplication d'affaires mettant en cause de grandes entreprises occidentales. D'après Etzioni1 (1986), les deux tiers des 500 plus grandes firmes américaines ont été impliquées, à différents degrés, dans une forme de comportement illégal durant la période 1976-1986. La France qui n'est pourtant pas épargnée par cette montée de la corruption et des pratiques illégales est certainement le pays occidental le plus attardé en matière de formalisation de l’éthique. Toutefois, les nombreuses interrogations et incertitudes soulevées à ce sujet témoignent de la vitalité de la réflexion qui lui est consacrée : - l'éthique est-elle un élément supplémentaire de notoriété pour les entreprises et leurs dirigeants qui se décernent un certificat de bonne conduite ? - est-elle plutôt à usage interne pour créer un consensus social entre tous ceux qui travaillent dans l'entreprise : support actif d'identification, de cohésion, de culture, par les valeurs qu'elle propose ? - peut-on, en outre, parler de la gestion de l'éthique, comme le fait Bergmann (1989, p. 1121) indiquant par là que celle-ci est un instrument au service de l'entreprise ? Ainsi, la prise en compte de la réflexion éthique dans l'entreprise suscite un débat idéologique d’une telle ampleur que nous sommes incités à formuler plusieurs questions fondamentales : comment se manifeste-t-elle, en France et à l'étranger, faut-il recourir ou non à la publication des principes éthiques fondamentaux d'une entreprise, l'éthique d'entreprise peut-elle se réduire à des codes, quelle utilité les dirigeants espèrent-ils tirer de la rédaction de tels documents ? En d'autres termes, les outils mis en place actuellement constituent-ils une bonne réponse à une vraie question ? 1 Cité par Saul W. GELLERMAN : "Why "good" managers make bad ethical choices", Harvard Business Review, July-August 1986, p. 9. 4 A ce propos, on peut considérer que le débat sur la formalisation de l’éthique en entreprise est le domaine d'application par excellence de l'hypothèse de la relativité culturelle des pratiques organisationnelles (Hofstede, 1987, p. 10). Il paraît alors pertinent de chercher à distinguer des spécificités culturelles dans la mise en place de programmes de réflexion éthique. En outre, plusieurs études semblent mettre en évidence l’existence d’un lien très étroit entre éthique et culture. Ainsi, Baucus et Near (1991, p. 9) ont montré, pour certaines organisations, la permanence dans le temps des comportements illégaux. De même, il semble que les grandes entreprises ont plus tendance que les petites à commettre des actes illégaux ; il serait, en effet, plus facile d'y cacher des activités illégales. Certaines organisations semblent donc posséder une culture qui renforce l'existence d'actes illégaux et peuvent, par là même, inciter leurs membres à considérer le comportement illégal comme faisant partie de leurs occupations normales (Wimbush et Shepard, 1994, p. 641). Une des solutions possibles, afin de remédier à ces dysfonctionnements, est de faire en sorte que les comportements procèdent d'un souci éthique propre porté par l'individu et soutenu par l'entreprise. Hegarty et Sims (1979, p. 338) ont ainsi montré que les comportements éthiques étaient plus fréquents quand existait une politique de formalisation éthique dans l'organisation. Ces données ont été validées dans un contexte bien particulier mais elles permettent d'avancer l'idée que le climat (c’est-à-dire les perceptions partagées des politiques et pratiques de l'organisation) peut avoir un impact sur les comportements des individus, ce qui peut affecter de façon significative la performance globale du groupe de travail. Ce constat ne repose donc pas sur une validation scientifique mais il semble avancé par un nombre croissant de dirigeants d'entreprises justifiant leurs investissements en matière de réflexion éthique. Nous allons, dans cette partie introductive, présenter les objectifs de notre recherche ainsi que la démarche que nous avons suivie, puis nous présenterons l’architecture de la thèse. 5 1) Les objectifs de la recherche «La problématique est l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ.» (Quivy et Van Campenhoudt, 1995, p. 85). Kervern (1993, p. 113) propose de distinguer deux grands domaines à l'intérieur de l'éthique : l'éthique stratégique et l'éthique tactique. L'éthique stratégique comprend elle-même deux dimensions principales : - l'axiologie qui correspond à la rédaction d'un système de valeurs et au travail sur l'approfondissement de ces valeurs ; - la déontologie qui correspond à la définition de règles du jeu par un ensemble de spécialistes d'une même profession. Elle aboutit à la rédaction de codes. Axiologie et déontologie réclament des réflexions sur l'ontologie (réflexion sur l'être), l'épistémologie (ensemble de liens entre éthique et connaissance), l'éthologie (science des comportements uploads/Philosophie/ thesemercier-1997.pdf
Documents similaires










-
28
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 05, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.2734MB