Vocabulaire esthétique : On peut définir le génie comme la faculté des Idées es
Vocabulaire esthétique : On peut définir le génie comme la faculté des Idées esthétiques, par-là se trouve en même temps indiquée la raison pour laquelle c'est la nature (du sujet) et non une fin réfléchie, qui dans les productions du génie donne sa règle à l'art (de la production du beau). En effet, puisque le beau ne peut être jugé d'après des concepts, mais selon la disposition finale de l'imagination à un accord avec la faculté des concepts en général (l'entendement), ce n'est pas une règle ou un précepte qui peut servir de mesure subjective à cette finalité esthétique mais inconditionné de l'art qui doit avoir la prétention légitime de plaire à tous, mais seulement ce qui dans le sujet n'est que nature, et qui ne peut être saisi sous des règles ou des concepts, c'est-à dire le substrat supra-sensible de toute ses facultés (qu'aucun concept de l'entendement n'atteint), donc cela même en rapport auquel c'est la fin donnée par l'Inteligible à notre nature que d'accorder toutes nos facultés de connaître. C'est seulement ainsi qu'il est possible qu'un principe subjectif et cependant universellement valable a priori se trouve au fondement de cette finalité, à laquelle on ne peut prescrire aucun principe objectif (Critique de la faculté de juger, Section II, remarque I, p167-168). Définition: Le génie est le talent (don naturel), qui donne les règles à l'art. Puisque le talent, comme faculté productive innée de l'artiste appartient lui-même à la nature, on pourrait s'exprimer ainsi: "Le génie est la disposition innée de l'esprit (ingenium) par laquelle la nature donne les règles à l'art" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §46, p138). Or cette règle ne peut être exprimée dans une formule pour servir de précepte, elle doit donc être abstraite de l'action, c'est-à-dire du produit, par rapport auquel les autres peuvent mesurer leur talent, en faisant usage de ce produit non comme un modèle d'une imitation servile, mais comme d'un héritage exemplaire. En ce sens les modèles de l'art sont les seuls guides qui peuvent transmettre à la prospérité, c'est là ce qui ne pourrait se faire par de simples descriptions (surtout pour les arts du discours), et dans ces arts seuls parmi ces modèles peuvent devenir classiques ceux qui sont fournis par les langues anciennes, mortes et seulement conservées comme langues savantes (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §47, p140). De la relation du génie aux beaux-arts: "Les beaux-arts doivent nécessairement être considérés comme des arts du génie" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §46, p138). De la différence entre les arts et les beaux-arts: De l'art: Tout art suppose des règles sur le fondement desquelles un produit est tout d'abord représenté comme possible, si on doit l'appeler un produit artistique (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §46, p138). Des beaux-arts: Le concept des beaux-arts ne permet pas que le jugement sur la beauté de son produit soit dérivé d'une règle quelconque, qui possède comme principe de détermination un concept, et par conséquent il ne permet pas que l'on pose au fondement un concept de la manière dont un produit est possible. Or puisque sans une règle qui le précède un produit ne peut jamais être dit un produit de l'art, il faut que la nature donne la règle à l'art dans le sujet, en d'autres termes les beaux-arts ne sont possibles que comme produits du génie (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §46, p138). Définition du génie déduite du moment des beaux-arts: On voit par là que: 1. le génie est un talent, qui consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucune règle déterminée, il s'ensuit que l'originalité doit être sa première propriété; 2. l'absurde aussi pouvant être original, ses produits doivent en même temps être des modèles, c'est-à-dire exemplaires et par conséquent, sans avoir été eux-mêmes engendrés par l'imitation, ils doivent toutefois servir aux autres de mesures ou de règle du jugement; 3. le génie ne peut décrire lui-même ou exposer scientifiquement comment il réalise son produit, et qu'au contraire c'est en tant que nature qu'il donne la règle: il n'est pas en son pouvoir ni de concevoir à volonté ou suivant un plan de telles idées, ni de les communiquer aux autres dans des préceptes, qui les mettraient à même de réaliser des produits semblables; 4. La nature par le génie ne prescrit pas de règle à la science, mais à l'art, et que cela n'est le cas que s'il s'agit des beaux-arts (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §46, p138-139). Définition du génie déduite du moment des Idées esthétiques: Nous voyons que: 1. il s'agit d'un talent pour l'art et non pour la science, en laquelle des règles clairement connues viennent en premier et doivent déterminer la méthode; 2. le génie, comme talent pour l'art, suppose un concept déterminé du produit en tant que fin, donc l'entendement, mais aussi une représentation (bien qu'indéterminée) de la matière, c'est-à-dire de l'intuition, pour la présentation de ce concept et par conséquent un rapport de l'imagination à l'entendement; 3. le génie montre moins dans la réalisation de la fin proposée dans la présentation d'un concept déterminé que dans l'exposé ou l'expression d'Idées esthétiques, qui contiennent pour ce projet une riche matière et par conséquent le génie fait apparaître l'imagination libérée de toute conduite par des règles et cependant comme finale pour la présentation du concept donné; 4. la finalité spontanée, sans aucune intention et subjective dans le libre accord de l'imagination avec la légalité de l'entendement, suppose une proportion et une disposition de ces facultés, que ne saurait produire aucune observation des règles de la science ou de l'imitation mécanique et que seule la nature du sujet peut engendrer (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p147). Ainsi le génie est l'originalité exemplaires des dons naturels d'un sujet dans le libre usage de ses facultés de connaître. Aussi le produit d'un génie n'est pas un exemple à imiter, mais un héritage exemplaire pour un autre génie, l'éveillant au sentiment de sa propre originalité et l'incitant à exercer son indépendance vis-à-vis des règles de l'art, de telle sorte que celui-ci reçoive par là même une nouvelle règle et que, ce faisant, le talent se montre exemplaire (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p147). Du génie: Le génie est constitué de l'union de ces facultés de l'âme que sont l'imagination et l'entendement. Mais l'imagination dans une perspective esthétique est libre, afin de fournir, sans le chercher toutefois, par delà cette convenance avec le concept, une matière riche et non élaborée pour l'entendement, qui n'en tenait pas compte dans ses concepts, et qui l'applique moins objectivement en vue de la connaissance que subjectivement afin d'animer les facultés de connaître, l'appliquant toutefois, ce faisant, indirectement aussi aux connaissances. Ainsi le génie consiste proprement dans un heureux rapport, qu'aucune science ne peut enseigner et qu'aucun labeur ne permet d'acquérir; ce rapport est celui en lequel d'une part on trouve les Idées se rapportant à un concept donné et d'autre part l'expression qui leur convient, et par laquelle la disposition subjective de l'âme ainsi suscitée, comme accompagnant un concept, peut être communiquée à autrui; ce dernier talent est proprement celui que l'on nomme âme; en effet exprimer et rendre universellement communicable ce qui est indicible dans l'état d'âme lors d'une certaine représentation, que l'expression appartienne au langage, à la peinture, à la plastique, c'est là ce qui exige une faculté permettant de saisir dans sa marche rapide le jeu de l'imagination et de l'unifier dans un concept, qui peut être communiqué sans la contrainte des règles (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §49, p147). De la liaison du goût avec le génie dans les produits des beaux- arts: Problème I : Savoir si dans l'oeuvre d'art il importe plus que se montre le génie ou le goût. Si le génie l'emporte sur le goût, cela signifie que dans l'oeuvre d'art l'imagination l'emporte sur le jugement. Or un art, relativement à l'imagination est dit ingénieux et ne mérite d'être dit bel art qu'en rapport au jugement qui importera le plus lorsqu'il s'agira d'apprécier l'art en tant que bel art. En effet, la beauté n'exige pas si nécessairement que l'on soit riche et original dans les Idées, elle exige plutôt la conformité de l'imagination en sa liberté à la légalité de l'entendement. Car toute la richesse de l'imagination en sa liberté sans loi ne produit rien que de l'absurde, en revanche la faculté de juger est en revanche le pouvoir de l'accorder à l'entendement (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §50, p148). Du rôle du goût dans le génie ou du conflit entre l'imagination et le goût comme facteur de progrès: "Le goût, comme faculté de juger, est la discipline du génie" (Critique de la faculté de juger, Section I, livre II, §50, p148). uploads/Philosophie/ vocabulaire-esthetique-le-genie.pdf
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- Publié le Dec 17, 2022
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