Yvon Gauthier Hegel Introduction à une lecture critique 王 PUL Collection 王 Cett
Yvon Gauthier Hegel Introduction à une lecture critique 王 PUL Collection 王 Cette collection accueillera des ouvrages consacrés à la logique et à la philosophie des sciences entendues dans leur sens formel. La logique de la science, un titre emprunté au philosophe américain C.S. Peirce, rend compte de la logique interne du savoir qui peut se décliner en plusieurs versions et il est légitime de parler de logiques au pluriel comme on parle de sciences au pluriel. L’éventail des recherches pourra s’ouvrir pour inviter des analyses portant sur l’intersection et l’héritage commun des traditions philosophiques et scientifiques. Enfin, les travaux d’épistémologie générale ou historique dans les sciences sociales et humaines ne sauraient être exclus dans cet esprit d’ouverture qui doit caractériser l’idée d’une logique interne du discours scientifique. Si le principe de tolérance invoqué par le logicien et philosophe des sciences R. Carnap doit présider à une telle entreprise, c’est pour mieux assurer le rôle de la philosophie comme vigile du savoir. Le symbole 王 utilisé pour représenter la collection signifie la quan- tification « effinie » ou illimitée de la logique arithmétique et il est tiré de l’idéogramme pour « wang », roi en langue chinoise. Yvon Gauthier Hegel Introduction à une lecture critique DU MÊME AUTEUR L’arc et le cercle. L’essence du langage chez Hegel et Hölderlin, Desclée de Brouwer/Bellarmin, Paris/Montréal, 1969. Fondements des mathématiques. Introduction à une philosophie constructiviste, Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1976. Méthodes et concepts de la logique formelle, Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1978, 2e éd., revue, corrigée et augmentée, 1981. Théorétiques. Pour une philosophie constructiviste des sciences, Le Préambule, Longueuil, 1982. De la logique interne, Vrin, Paris, 1991. La logique interne des théories physiques, Vrin/Bellarmin, Paris/Montréal, 1992. La philosophie des sciences. Une introduction critique, Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1995. Logique et fondements des mathématiques, Diderot , Paris, 1997, 2e édition, 2000. Logique interne. Modèles et applications, Diderot/Modulo, Paris/Montréal, 1997. Internal Logic. Foundations of Mathematics from Kronecker to Hilbert, Kluwer, “Synthese Library”, Dordrecht/Boston/London, 2002. La logique du contenu. Sur la logique interne, l’Harmattan, Paris, 2004. Entre science et culture. Introduction à la philosophie des sciences, Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 2005. Logique arithmétique. L'arithmétisation de la logique, collection « Logique de la science », Presses de l’Université Laval, Québec, 2010. Hegel Introduction à une lecture critique Yvon Gauthier Maquette de couverture : Hélène Saillant Mise en pages : Mariette Montambault ISBN 978-2-7637-8996-5 pdf ISBN 9782763709963 © Les Presses de l’Université Laval 2010 Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal 3e trimestre 2010 Les Presses de l’Université Laval 2305, rue de l’Université Pavillon Pollack, bureau 3103 Université Laval, Québec Canada, G1V 0A6 www.pulaval.com Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société d’aide au développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise de son Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition. Pour Félix, l'enfant des antipodes Avant-propos U ne introduction à la lecture critique d’un auteur ou d’une œuvre est plutôt une invitation à une relecture que propose le commen- tateur à un public averti. Pourtant, j’ai d’abord conçu cette introduc- tion comme un guide pour les nouveaux lecteurs de Hegel qui n’auront pas eu le loisir d’aiguiser leur esprit critique par de multiples relectures, ou la patience d’analyser le texte de Hegel sur de longues années. Ayant très tôt été un lecteur de Hegel, je lui ai consacré une part importante d’une thèse de doctorat rédigée durant un séjour à l’Université de Heidelberg deux cent cinquante ans après le passage de l’auteur de la Phénoménologie de l’esprit et de la Science de la logique. J’ai ensuite écrit quelques travaux critiques sur la logique de Hegel pour l’abandonner par la suite et y revenir sur le tard dans un enseignement qui revisite la phénoménologie et la logique du système – puisqu’il faut bien l’appeler ainsi selon le terme même de Hegel (System der Wissenschaft) ou système de la science. Il s’agit ici bien entendu du système de la philosophie entendue comme science suprême et c’est cette prétention que voudra d’abord dénoncer une lecture critique. Remarquons que la lecture critique de Hegel n’est pas un fait nouveau. Les néo-hégéliens de gauche, Marx le premier, n’ont pas manqué de démonter assez tôt le texte hégélien. Entre Marx et nous, la relecture de Benedetto Croce dans son fameux ouvrage Ciò che è vivo e ciò che è morto della filosofia di Hegel [8] faisait le tri entre ce qui demeu- rait vivant et ce qui était mort dans la philosophie de Hegel. Pour le philosophe italien, la logique de la philosophie, un titre qui sera repris X Hegel – Introduction à une lecture critique plus tard par Éric Weil [57], requiert une dialettica dei distinti ou dialec- tique des concepts distincts par degrés (ordini) plutôt qu’une dialettica degli opposti ou dialectique des concepts opposés ou contraires. Croce considérait comme mort le projet de philosophie de la nature chez Hegel en critiquant la tentative ou la tentation de la philosophie spécu- lative de se substituer à la démarche proprement scientifique inaugurée par un autre italien, Galileo Galilei. La nature comme extériorisation (Äusserung) de l’Idée devait rester lettre morte pour Croce. Ce que Croce a conservé de Hegel, c’est une philosophie de l’esprit qui s’in- carne dans l’histoire culturelle de l’humanité, après Vico et Herder qui sont certainement dans l’ascendance de Hegel. Plus près de nous, la lecture critique de Croce n’est pas si éloignée de celle du philosophe américain R. Pippin qui propose aussi une lecture déflationniste du système hégélien dans son Hegel’s Idealism. The Satisfactions of Self- consciousness [47]. J’entends par lecture déflationniste l’exégèse qui tente de polir la gangue métaphysique de la pensée hégélienne afin de lui enlever son relief dogmatique et veut en énucléer le cœur théorique pour en faire une théorie de l’homme et de la société modernes. L’in- terprétation de Pippin défend l’hypothèse, qui n’est pas neuve, d’une reprise hégélienne du projet kantien de la Critique du jugement dans une perspective immanentiste qui redonne ses droits à la construction sociale de la conscience et à l’auto-construction (Selbstbildung) de la conscience de soi. La lecture de Pippin n’est pas étrangère aux lectures de la tradition hégélianiste française depuis Jean Wahl, Alexandre Kojève et Jean Hyppolite qui ont fait de la philosophie hégélienne une philosophie de la conscience avant une philosophie du concept (Begriff). Mais la récupération de l’idéalisme objectif dans une analyse concep- tuelle qui s’amarre à une philosophie du concept n’est plus compatible avec la désaffection dans laquelle est tombée la philosophie de la nature ou la théorie hégélienne de l’Esprit absolu. Une autre lecture que j’ap- pellerai lecture d’appropriation est celle de R. Brandom. Dans ses ouvrages Making it explicit [3] et Tales of the Mighty Dead [4] (en plus de quelques articles [5], un ouvrage consacré à Hegel est annoncé), Brandom tire une partie de Hegel vers la philosophie analytique du langage et veut faire de Hegel un penseur de la norme socialement médiatisée dans une phénoménologie de la conscience ordonnée en quelque sorte à un esprit du temps (Zeitgeist) qui acquerrait ainsi un Avant-propos XI statut presque transcendantal. Cette lecture « normativiste » n’est pas fausse, elle est partiale parce qu’elle fait abstraction du motif idéaliste de l’esprit absolu qui pour Hegel doit transcender le temps et l’histoire dans le concept (Begriff) et dans l’histoire conçue (begriffne Geschichte). S’il est vrai que l’on peut réinvestir la philosophie de l’esprit dans une théorie sociale de la culture, il peut être fastidieux de diluer l’idéalisme absolu en un idéal rationaliste ou en un système sans dogmes ou sans axiomes. Des lectures orthodoxes de Hegel, comme celle de l’hégélia- niste français B. Bourgeois ou celle d’un commentateur fidèle comme J. Reid [51] qui n’ont aucune visée critique sont toujours possibles, mais elles ne contribuent guère à rendre Hegel plus vivant. La philoso- phie de la nature ne peut sortir indemne d’un procès qui la confronte à la science contemporaine, malgré les efforts de certains lecteurs et commentateurs – je pense à A. Lacroix dont La philosophie de la nature de Hegel [41] est un bel effort de réanimation, aux travaux de E. Renault ou à un essai plus audacieux encore de J.-F. Filion [9], à une Renate Wahsner plus critique ou à D. Wandschneider qui dans son Raum, Zeit, Relativität [56] voit en Hegel un précurseur d’Einstein plutôt qu’un critique de Newton. Il faut épargner la philosophie des mathé- matiques de Hegel dans ce procès. Bien informé des travaux des mathé- maticiens contemporains, en particulier Cauchy et Lagrange, Hegel a fourni une analyse critique du concept d’infini mathématique, la mauvaise infinité (die schlechte Unendlichkeit) qui n’avait pas eu d’équi- valent depuis la critique du calcul infinitésimal par Berkeley dans son The Analyst de 1734. On ne saurait ressusciter une philosophie uploads/Philosophie/ yvon-gauthier-hegel-une-introduction-critique.pdf
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- Publié le Oct 20, 2021
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