Texte arabe Le livre de l'harmonie entre les opinions des deux sages Platon le

Texte arabe Le livre de l'harmonie entre les opinions des deux sages Platon le divin et Aristote Kitâb al-jamʿ baîna ra’yy al-Ḥakîmayn Aflâṭûn al-ilâhî wa Arisṭûṭâlîs1 Abu Nasr Al Farabi Biographie et introduction commentée par Albert Nasri Nadir Traduction de Mahjouba Mounaïm Philopsis : Revue numérique http s ://philopsis.fr Les articles publiés sur Philopsis sont protégés par le droit d’auteur. Toute reproduction intégrale ou partielle doit faire l’objet d’une demande d’autorisation auprès des éditeurs et des auteurs. Vous pouvez citer librement cet article en en mentionnant l’auteur et la provenance. [71] Brève biographie d’Abu Nasr Al Farabi Al Farabi, Le Second maître (259-339 de l’hégire/870-950 de l’ère chrétienne)2 1 Dar al mashreq, Imprimerie catholique, Beyrouth, Liban, 1968, pp.69-110 2 Nadir Albert Nasri Traduction de Mahjouba Mounaïm - © Philopsis – Tous droits réservés 1 Abu Nasr Muhammad ibn Muhammad ibn Tarkhan ibn Awzalagh est né à Farab dans la région du Khorasan turc. On raconte que son père était d’origine perse, qu’il s’était marié avec une femme turque et qu’il avait été promu au grade de Cadi dans l’armée turque. Il était versé dans les études dans sa ville de Farab excellant dans les langues dont le perse, le turc et le kurde. Il s’est établi en Iraq, à Baghdad qui était, à cette époque, la capitale de la science et de la connaissance. Il fut le disciple de Abu Bishr Matta (mort en 327/939) et il étudia auprès de lui la logique. Il étudia la pensée philosophique auprès de Yohanna Ibn Khaylan (mort à Baghdad au temps du Califat d’Al Moqtadir (295-907)). Al Farabi se serait distingué de ses condisciples par ses dispositions particulières. Il est probable qu’Al Farabi ait ignoré l’arabe ou l'ait peu maîtrisé à son arrivée à Baghdad, car il raconte lui-même sa découverte de la logique auprès d’Abu Bakr Al Sarraj, dans le cadre des cours de grammaire que celui-ci lui dispensait. Al Farabi est devenu une célébrité de son temps, ses œuvres connurent un grand succès et le nombre de ses élèves augmenta. L’un d’eux s’est ainsi démarqué, il s’agit de Yahya Ibn Adi, le nazaréen. C’est en 330-941 qu’Al Farabi voyage à Damas et rencontre Sayf Al Dawla Al Hamdani, le maître d’Alep. Celui-ci l’intègre dans l’équipe de savants de son pays et l’enrôle dans une expédition à Damas. Al Farabi meurt en 339-950, à l’âge de quatre-vingt ans. [72] Son statut Ibn Khaliqan dit qu’Al Farabi est le plus grand philosophe musulman de tous les temps, qu’il a construit une doctrine philosophique complète et parfaite, qu’il a joué dans le monde arabe le même rôle que Platon a joué en Occident. Et c’est lui qu’Ibn Sina a pris pour maître, comme Ibn Rushd (Averroès) qui a repris aussi son enseignement, à l’exclusion de ceux des autres philosophes arabes. Il fut surnommé le « Second maître », en regard du « Premier maître » Aristote. Ses œuvres Al Qofti fait état d’une liste des œuvres d’Al Farabi dont la majeure partie se compose d’explications et de commentaires de l’œuvre d’Aristote, Platon, et Galien. Al Farabi y traite des livres de logique, de physique, des lois et de métaphysique. Al Farabi s’est rendu célèbre en en commentant Aristote. Ibn Sina dit qu’il a lu le livre de la Métaphysique d’Aristote plus d’une quarantaine de fois et qu’il ne le comprit pas jusqu’à ce qu’il tombe enfin sur le livre Les Fins de la Métaphysique d’Al Farabi. C'est une fois qu’il l’a lu, s’est révélé à lui ce qui lui était demeuré jusque-là caché dans ce livre, et s’est éclairé ce qui était obscur. Cependant la véritable renommée d’Al Farabi s’est établie par ses propres livres dont les plus célèbres sont : Le livre de l’harmonie des opinions des deux sages : Platon le divin et Aristote, Le livre de l’obtention du bonheur, Le livre des Opinions des habitants de la cité idéale, le Livre des politiques civiles, le Grand livre de la musique, Le livre de la recension des sciences, L’Épitre sur l’intellect, L’Épitre sur ce qui doit précéder l’étude de la philosophie, Les Sources des questions, Du vrai et du faux dans la science des sphères célestes, etc. [73] Introduction commentée du Livre de l’harmonie entre les opinions des deux sages Platon et Aristote Ce livre a une grande importance historique car il nous montre l’étendue des lectures d’Al Farabi des traductions arabes de certaines œuvres philosophiques grecques, et en particulier, les œuvres de Platon et d’Aristote, bien qu’il ait lu également quelques-unes des Ennéades de Traduction de Mahjouba Mounaïm - © Philopsis – Tous droits réservés 2 Plotin sans savoir qu’elles lui appartenaient. De la même manière ce livre nous montre comment Al Farabi a étudié ces traductions en vue de l’harmonie des opinions entre les deux sages. Dans l’introduction de son livre, Al Farabi nous indique les thèmes qu’il examine, thèmes à propos desquels il a été dit que Platon et Aristote étaient en désaccord. Ces thèmes sont : a-La création et de l’éternité du monde. b-La détermination du premier moteur et l’existence des causes premières qui lui sont liées. c-La question de l’âme et de la raison d-Des récompenses des actions e-Nombre de questions relevant de la politique, de la morale et de la logique. C’est de cette façon qu’Al Farabi dessine le plan de son livre. Sauf qu’il ne suit pas ce plan dans la conduite de son exposé, dans la mesure où il anticipe certaines questions par rapport à d’autres, censées venir après selon le plan. Et avant qu’il ne commence à traiter ces questions, il fait savoir que la philosophie est « la science des êtres en tant qu’ils existent ». Puis il s’interroge sur les causes qui font que « nombre des gens de son temps » affirment qu’il y a là une différence essentielle entre les deux sages. Al Farabi rapporte ces causes à trois hypothèses : a-Soit la connaissance de la philosophie est erronée b-Soit la connaissance du grand nombre au sujet de Platon et d’Aristote est insuffisante. c-Soit enfin celui qui soutient qu’il y a une divergence entre Platon et Aristote est ignorant. Nous avons divisé l’introduction en parties. Dans chaque partie, nous avons disposé une opinion qu’Al Farabi expose, réfute et à laquelle il répond. Puis il commence l’exposé des questions dont il a été dit qu’elles recélaient des désaccords entre les deux sages. Al Farabi a là- dessus un procédé d’exposition de ces questions : Tout d’abord, il dispose l’opinion qui affirme l’existence d’un désaccord [74] essentiel entre les deux sages, puis il y répond en s’appuyant sur certains de leurs textes, ou bien, à défaut de ce type d’éléments, il s’appuie sur des preuves logiques qu’il tient parfois de son propre fait, car il lui semble impossible qu’il y ait une différence essentielle entre ces deux maîtres de la philosophie. Cela constitue pour lui une croyance ferme, et il met toute son énergie pour l’établir de manières différentes. Nous comptons à ce sujet un nombre de 13 questions, et nous attribuons un titre à chacune d’elles pour en faciliter la lecture. Ces questions répondent dans leur ensemble aux questions concernant : les voies choisies et la forme d’écriture des livres des deux sages ; les questions logiques, physiques, morales et d’autres questions portant sur la métaphysique. Première question : D’aucuns disent que le mode de vie de Platon diffère de celui d’Aristote. Al Farabi répond que la différence dans leurs manières de vivre se rapporte à la nature de Platon qui diffère de celle d’Aristote, mais les deux sages sont d’accord sur les savoirs et les principes ; et que les puissances naturelles soient moindres chez Platon que chez Aristote, cela est un fait établi parmi les gens. Deuxième question : Ils affirment que la manière choisie par Platon pour établir ses livres, de les écrire ainsi que d’utiliser les symboles diffère de la manière d’écrire d’Aristote qui dispose davantage d’explications et d’éclairages (Platon n’a pas écrit en premier lieu, à l’instar de son maître Socrate qui enseignait sans avoir jamais écrit aucun livre. Et cette position quant à l’établissement des doctrines relatives à la sagesse, nous la trouvons également chez Ammonios Saccas et chez Plotin qui n’a rien écrit avant l’âge de cinquante ans, et qui permit à son disciple Traduction de Mahjouba Mounaïm - © Philopsis – Tous droits réservés 3 Porphyre de le faire. Ces philosophes étaient convaincus que des feuilles de parchemin et de l’encre n’étaient pas dignes de retenir ces savoirs qui ne pouvaient être divulgués et qu’ils devaient être contenus dans des poitrines [cœurs] pures). Al Farabi répond à cette affirmation que le propos d’Aristote ne manque pas d’obscurités comme le propos de Platon. Et il donne à cet effet des exemples de la Lettre à Alexandre dans les Politiques des villes partielles, car il y a dans cette lettre une certaine concision qui confine à l’ambiguïté. Al Farabi revient sur ce sujet dans la quatrième question car il affirme qu’Aristote a organisé ses uploads/Philosophie/al-farabi-le-livre-de-lharmonie-entre-les-deux-sages-platon-le-divin-et-aristote-complet.pdf

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