Alain, Idées. Introduction à la philosophie: Hegel Alain, Idées. Introduction à
Alain, Idées. Introduction à la philosophie: Hegel Alain, Idées. Introduction à la philosophie. Platon, Descartes, Hegel, Comte 133 Idées. Introduction à la philosophie (1939) Quatrième partie : Hegel Hegel La philosophie de Hegel est un aristotélisme. Par rapport à Platon et à Descartes, il s'agit donc maintenant de l'autre philosophie, qui recherche la conscience sous ses dehors, et qui pense l'esprit du monde. Ayant fait nourriture de la philosophie de Platon, j'ai usé de cette autre comme de remède et m'en suis bien trouvé. Platon convient à ceux qui sont en difficulté avec eux-mêmes. Aristote, Hegel, et même Leibniz, sont plutôt des naturalistes. On choisira. Dans le fait, la philosophie Hégélienne est celle qui a remué les peuples, par le Marxisme, et cela est à considérer. Laissant le travail de l'historien, qui n'est pas de mon métier, je veux seulement mettre en lumière un bon nombre d'idées profondes et souterraines, sans critiquer les moyens. Le platonisme n'est que critique de soi ; les fruits en sont cachés. Dans la présente étude, il faut que la critique se taise. C'est assez avertir, car nous avons à faire un long voyage. La philosophie de Hegel est divisée en trois parties, qui sont la Logique, la Philosophie de la Nature, et la Philosophie de l'Esprit. Cette dernière partie elle-même comprend l'Esprit Subjectif, l'Esprit Objectif, l'Esprit Absolu. L'Esprit Objectif, c'est famille, Société, État, Histoire ; l'Esprit Absolu se développe en trois degrés, l'Art, la Religion, la Philosophie. Il n'est pas inutile de se placer d'abord au point d'arrivée ; car au départ la logique bouche les avenues ; beaucoup y restent, alors que l'esprit de la logique Hégélienne est en ceci, qu'on n'y peut rester. C'est dire que ce penseur fut et est mal compris souvent, et surtout misérablement discuté. En route maintenant. La logique La pensée n'est pas un petit accident en quelqu'un. Presque tous nos biens et nos maux viennent de pensées. Nous connaissons assez bien une suite de pensées qui fait l'histoire de la Philosophie ; combien abstraite et aérienne à côté des réelles pensées d'Ésope, de César, de Napoléon, d'un banquier, d'un marchand, d'un juge, d'un gendarme, d'un terrassier l Toutefois, il apparaît assez clairement que ce n'est pas d'une bonne méthode de commencer par ces dernières pensées, les plus efficaces certes, mais les plus impénétrables qui soient. Au contraire la suite des systèmes philosophiques nous offre un spectacle abstrait et transparent. Que sont les doctrines ? Des thèses non pas différentes mais opposées, et dont on dirait que chacune d'elles définit l'autre. L'être des Éléates et le non-être d'Héraclite sont l'exemple le plus frappant ; chacun dit non à l'autre, et tous les deux ont une espèce de raison. L'arbitre voudrait, selon le mot de Platon, faire comme les enfants et choisir les deux. C'est de la même manière, mais moins abstraitement, que l'atome s'oppose à la monade ; selon l'atome, chaque être exclut tous les autres, et se trouve à l'égard de tous les autres dans un rapport purement extérieur ; selon la monade chaque être contient tous les autres et les pense tous ensemble selon une unité sans parties, Les deux ont du vrai ; mais il faut pourtant choisir et l'on ne peut choisir. Le spectateur de bonne foi commence à se dire qu'il se trouve entraîné dans une immense aventure. Il n'existe que la matière ; bon ; mais creusée jusqu'aux forces et jusqu'à l'atomisme, la matière est une pensée, et même très abstraite. Le monde est hors de moi ; mais le monde est en moi. Tout est objectif, je le veux, et je m'en tiens aux êtres particuliers ; mais, par cela même, tout est subjectif. Ces pensées sont livresques ; mais la morale nous presse. Toute vertu est d'intention, certes cela se prouve ; mais toute vertu aussi est de société. Vous ne pourrez que sauter d'un extrême à l'autre. Et chacun des deux termes éclaire l'autre. L’idée de moralité n'est pas une idée en l'air, correctement dessinée à la pointe de la plume ; c'est toujours, au contraire, une révolte de l'esprit tout entier contre l'ordre du droit. Mais faisons attention à ces mouvements de tout l'esprit à l'égard de lui-même. L'idée de moralité n'est pas l'idée d'un plaideur mécontent, c'est un drame à l'intérieur de l'esprit. D'où chacun revient à une morale Kantienne, de soi en soi, car il n'y a pas d'autre porte. Mais on n'y peut rester ; l'appui manque. On revient inévitablement à l'ordre extérieur, qui a cet avantage d'exister. On y revient, mais non pas le même ; on ne s'y fie plus immédiatement ; il est jugé et comme transpercé par les raisons opposées. Telle est l'histoire intime de beaucoup d'hommes raisonnables, qui, après avoir affirmé, puis nié, la morale pure, la retrouvent dans l'obéissance, et c'est ce que Hegel nomme des moments dépassés et conservés. Voilà comment l'esprit réel se fait une philosophie réelle Les passions seraient un autre exemple ; car il faut bien les surmonter ; mais qui ne voit que le meilleur de nos pensées est en des passions sauvées ? Ces vues suffisent à présent. Il est rappelé assez au lecteur que la contradiction n'est pas un petit accident dans nos pensées, mais qu'au contraire nous ne pensons que par contradictions surmontées. Et, par cette autre remarque, que les thèses opposées sont toujours abstraites par rapport à la solution, qui est plus concrète, nous sommes presque de plain-pied dans les abstractions de la logique Hégélienne, car les mêmes mouvements - s'y retrouvent L'atome n'est qu'un moment, et une sorte de remède aux contradictions que l'on rencontre dans l'idée naïve de l'être extérieur et qui se suffit à lui-même. Et l'on ne peut rester à l'atome ; il faut qu'on l'interprète comme une définition et comme un rapport ; d'où nous sommes jetés dans le vide de l'essence, tissu de théorèmes sans aucun rapport. Il faudra après cela que la pensée revienne à elle-même, totale et indivisible comme elle est car les rapports ne se pensent pas eux-mêmes, et leurs termes sont à la fois distincts et unis. Unité mère de toutes ces pensées, d'où ces pensées doivent sortir comme d'un germe, telle est la Notion, et bientôt l'Idée, qui nous jettera finalement dans la nature. La logique se nie alors par son propre mouvement. D'après ces sommaires explications, on trouvera déjà un grand sens à cette construction en marche qui veut nous entraîner de l'être à l'essence et au-delà de l'essence, où, comme nous dirions, de la physique naïve à la physique mathématique, et enfin à l'esprit vivant qui a su traverser ce désert. La logique de l'ordre, qui est la logique, exige que nous commencions par le commencement, c'est-à-dire par ce qui est le plus abstrait et le plus simple. Les Éléates ont spéculé sur l'être, se défendant d'en rien penser sinon qu'il est, ce qui a fait un système clos et un système vide. Le sophiste, en face d'eux, s'amusait à prouver que c'est le non-être qui est. Approchons plus près. L'être absolu est exactement l'être auquel ne convient aucun attribut, ni le repos, ni le mouvement, ni la grandeur, ni la forme. Cet être ne peut rien être ; il est le non-être. On peut tourner dans ce cercle de discours ; mais il est clair qu'il faut en sortir, et que penser c'est en sortir. Quelle idée nous permettra de penser ensemble ces contraires ? Non pas marcher, comme faisait Diogène ; car cette solution, qui est certainement une solution, est trop loin du problème. Nous cherchons l'idée la plus prochaine, encore abstraite, mais composée des deux autres, ou plutôt les assemblant en un tissu déjà plus réel, et les sauvant par là. Cette idée se trouve dans l'histoire comme un produit ; c'est le devenir d'Héraclite. Mais n'allez pas l'entendre comme un simple possible, comme si vous disiez : « Il n'y a pas seulement l'être, il y a aussi le devenir. » Vous auriez perdu votre première journée d'apprenti. Non, non. Au lieu de penser être en face du non-être, et de vous laisser jeter de l'un à l'autre, vous formez maintenant une idée positive, et plus concrète d'un degré, qui implique que l'être ne cesse de passer au non-être, et que le non-être ne cesse de passer à l'être. Seulement il ne s'agit plus d'un jeu sophistique ; il s'agit d'une idée commune ; d'une idée que tout le monde a. Et, par l'impossibilité que le contraire ne passe pas aussitôt dans son contraire, vous pensez fortement le devenir. Dans le devenir vous conservez être et non-être, et identiques, mais justement comme ils peuvent l'être ; c'est-à-dire que ce qui est cesse aussitôt d'être ; et que ce qui n'est pas commence aussitôt d'être. Le devenir n'attend pas ;le devenir ne s'arrête jamais ; telle est la solution réelle, et nous voilà partis. Si vous avez compris, en ce passage si simple, qu'une porte vient de se fermer derrière vous, vous êtes déjà uploads/Philosophie/alain-hegel.pdf
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- Publié le Jan 22, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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