DES MOMENTS À VISÉE PHILOSOPHIQUE AVEC DES ENFANTS EN ZEP D E S M O M E N T S À
DES MOMENTS À VISÉE PHILOSOPHIQUE AVEC DES ENFANTS EN ZEP D E S M O M E N T S À V I S É E P H I L O S O P H I Q U E A V E C D E S E N F A N T S E N Z E P . Académie de Montpellier Ecole élémentaire Antoine BALARD 123, rue de Salamanque - 34090 MONTPELLIER Etablissement en ZEP Tél. 04.67.75.43.01 Mail : sylvain.connac@laposte.net Référent du projet : Sylvain CONNAC Classes concernées : Cycle II et Cycle III Disciplines concernées : Citoyenneté, Oral Ecrit réalisé en mai 2003. Nombre de caractères : 60 000 Auteurs : Martine AZAIS, Sylvain CONNAC, Colette LOMBARD, Cédric LEON, Mireille RONGIER, Catherine SALZE. Axe National : axe 3 Chantier académique : Lire, écrire s'exprimer RÉSUMÉ DU PROJET Les enfants de nos classes sont amenés à vivre une forme de démocratie participative qui les conduit à donner leur avis, estimer celui de l’autre, puis sanctionner les opinions par un vote. Ils vivent donc des situations d’éducation à la citoyenneté très fortes. Cependant, être citoyen ne se résume pas seulement par une participation à des scrutins. La philosophie peut être un des moyens pour aider des enfants à développer leur pensée réflexive. Lors des discussions organisées, chacun est en mesure de conceptualiser les principaux domaines abordés, de problématiser les opinions énoncées et de s'entraîner à l'argumentation. Adopter ce geste mental, c’est apprendre à se construire une pensée personnelle. Ce projet s'adresse à des enfants qui, au départ, maîtrisent moins que d’autres les déterminants de la culture française. MOTS CLÉS Philosophie – Discussion – Pensée réflexive – Classe coopérative – Ecole élémentaire – Enfant – ZEP – Citoyenneté – Maîtrise des langages MISE EN BOUCHE Les enfants d’une classe de CP - CE1 prennent leur place dans le cercle. Le président déclare “ La discussion philosophique est ouverte. Le thème "est le Père Noël existe-t-il ?" Qui veut prendre la parole ? ” Plusieurs mains se lèvent : - Ismaël : “ Moi je pense que le Père Noël, il existe pas parce que à la maternelle c’était Brahim. ” - Loïc : “ Moi je crois qu’il existe pas parce que ma mère, elle m’a dit la vérité, elle m’a dit qu’il existe pas. ” - Ayoub : “ Moi je crois qu’il existe pas parce que à la maternelle, eh ben, pour Noël, j’avais demandé des jeux et il a apporté des livres, alors il existe pas. ” 1 DES MOMENTS À VISÉE PHILOSOPHIQUE AVEC DES ENFANTS EN ZEP La discussion est lancée, les mines se tordent et les fesses dessinent des cercles sur les chaises. - Raouïa : “ Oui s’il existe, hein, pourquoi il donne pas des cadeaux à tous les enfants hein ? ” - Jalal : “ Si le Père Noël existe, pourquoi il apporte pas de cadeau ou pas les bons cadeaux ? ” Petit à petit, le débat s’enflamme et dévie vers un tout autre sujet. - Hamed : “ Maîtresse, pourquoi ces grands nous racontent-ils des choses qui ne sont pas vraies ? ” - Jalal : “ C’est des mensonges et ça me met en colère contre les parents. ” - Raouïa : “ Non, moi, je remercie mes parents de m’avoir laissé ce mensonge parce que, quand je pense au Père Noël qu’il existe, je reste calme. ” Les enfants viennent d’employer un nouveau mot – mensonge – et l’enseignante en profite pour demander : - Maîtresse : “ De quoi parle-t-on là ? Qu’est-ce que c’est qu’un mensonge ? Ou qu’est-ce que la vérité ? ” - Loïc : “ Un mensonge, c’est quand on dit pas la vérité et la vérité, ça veut dire que … ” - Raouïa : “ La vérité, c’est que ça arrive, c’est qu’on peut le voir en vrai. ” - Amine : “ Moi le mensonge ça me fait mal au cœur parce qu’on promet quelque chose et après on le fait pas. ” Les enfants demandent la parole pour donner leur avis, répondre à leurs copains, poser des questions et la discussion suit son cours. A la fin, Jalal et Ikram proposent une synthèse : - Jalal : “ Aujourd’hui, on sait que le Père Noël, il existe pas, que c’est une histoire que les grands ils racontent aux petits pour leur faire plaisir ou qu’ils sont sages. ” - Ikram : “ On a dit que les grands ils racontent des fois des mensonges aux petits et que, quand on s’en rend compte, ça nous énerve. ” La discussion se termine, pour l’instant. Elle aura duré 50 minutes dans cette classe de 17 élèves. Pendant ce temps, une classe de CE2, CM1 et CM2 se posait la question du beau et du laid. Loubna y avait expliqué que “ moi je dis qu’y a des couleurs qui sont belles parce qu’il y aura toujours quelqu’un qui dira que c’est beau et d’autres qui vont dire que c’est des grabouillages. Tout ça, ça dépend des goûts de chacun. ” 2 DES MOMENTS À VISÉE PHILOSOPHIQUE AVEC DES ENFANTS EN ZEP P R É S E N T A T I O N D U C O N T E X T E Nous sommes une équipe de six enseignants travaillant dans une même école du quartier de La Paillade à Montpellier. L’école Antoine BALARD est située dans une Zone d’Education Prioritaire depuis plusieurs années en raison de la caractéristique sociale des familles qui viennent inscrire leurs enfants. Celles-ci sont à environ 90 % d’origine maghrébine, avec une majorité provenant du Maroc rural. Peu de pères travaillent. Lorsque c’est le cas, ils occupent des professions dans le bâtiment. Les quelques mamans qui exercent une activité professionnelle s’occupent de ménages dans les centres commerciaux, les entreprises ou les administrations. Ces familles sont presque toutes de confession musulmane et semblent attachées à sa pratique. Elles vivent dans des tours ou des barres construites dans les années 1960 qui sont, pour la plupart, dans un assez mauvais état. En dehors de l’école, quelques enfants participent à des activités péri-éducatives par l’intermédiaire d’associations d’accompagnement scolaire ou de centres de loisirs. Beaucoup occupent leurs journées devant une télévision, un écran de jeu vidéo ou en bas des “ blocs ” à jouer au foot. Très peu de familles disposent d’un ordinateur, encore moins ont accès à internet. Pendant les vacances ou week-ends, les enfants ont tendance à rester dans le quartier. Ils auraient pourtant la possibilité de s’inscrire dans des structures sportives (piscine, club de foot, de rugby, …) ou culturelles (médiathèque, maison pour tous, …) mais peu semblent l’avoir fait. L’école Antoine BALARD est composée de dix classes : cinq de cycle III, quatre de cycle II et une classe d’accueil des Enfants Nouvellement Arrivés. Elle tend à devenir une école à projet coopératif, s’appuyant sur les pédagogies Freinet et institutionnelles. Cela se concrétise par la constitution de classes de cycle, c’est à dire des classes qui regroupent des enfants de tous les niveaux du cycle, par exemple pour le cycle III des CE2, CM1 et CM2. Cette coloration éducative se traduit aussi par des approches pédagogiques visant à s’appuyer sur la parole et l’engagement des enfants. Dans chaque classe, un conseil de coopérative guide la vie des groupes, des temps de travaux personnels sont permis, des moments de parole sont possibles (“ Quoi de neuf ? ”, Bilan météo, …), des approches d’apprentissages naturels existent, notamment en ce qui concerne la lecture et l’écriture. Cette dynamique trouve aussi sa place au sein de l’école dans sa globalité. Deux fois par mois, un conseil de coordination se réunit et, par l’intermédiaire de délégués, essaie d’organiser un élan coopératif pour les moments collectifs comme ceux de récréation. Ainsi, dans la cour, chaque membre de l’école dispose d’un permis de circulation valable au regard d’un règlement de cour collectivement établi en début d’année, des enfants médiateurs sont à disposition de ceux qui entrent dans un conflit dont la sortie ne semblerait être que la violence. La plupart des personnes qui viennent nous rendre visite nous font remonter qu’au regard de ce qui se passe dans la plupart des écoles similaires, les moments de récréation sont calmes, les relations entre et avec les enfants apaisées et les temps de classe propices à des apprentissages durables. De notre point de vue, le paysage apparaît comme moins parfait dans le sens où ce qui se passe au quotidien n’est que la résultante d’un équilibre instable qui nécessite de la part de chacun un engagement conséquent en une vigilance pédagogique importante. De plus, ce qui se bâtit est peu mesurable et n’apporte en aucune manière les preuves d’un aboutissement certain. Par l’intermédiaire de quelques enseignants, l’école s’était déjà investie dans un précédent PNI1. Il s’agissait alors de développer un travail de constitution d’outils en direction de classes coopératives de cycle III : la démarche PIDAPI. Au terme de ce partenariat avec la uploads/Philosophie/des-moments-a-visee-philosophiques-avec-des-enfants-enzep.pdf
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- Publié le Mar 04, 2021
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