TRANSHUMANISME, MARCHANDS DE SCIENCE ET AVENIR DE L’HOMME Collection / Eclairag
TRANSHUMANISME, MARCHANDS DE SCIENCE ET AVENIR DE L’HOMME Collection / Eclairages philosophiques d’Afrique ECLAIRAGES PHILOSOPHIQUES D’AFRIQUE Collection dirigée par Émile KENMOGNE La recherche et la production philosophiques en Afrique connaissent depuis le dernier quart du XXe siècle une évolution considérable. Des recherches universitaires novatrices sur les problématiques du terroir africain d’une part, l’étude, la discussion et la remise en perspective des philosophies antiques, classiques et modernes des traditions occidentales et asiatiques par les Africains d’autre part, demeurent souvent ignorées. Cela s’explique soit par les problèmes d’édition en contexte africain, soit par la très faible mobilité de l’expertise africaine, soit encore par les difficultés réelles à faire fonctionner des universités en Afrique. L’examen de la diffusion de la philosophie africaine montre que si l’Europe paraît encore, plus à tort qu’à raison, résolument repliée sur elle- même, l’Amérique s’entrouvre aux philosophes d’Afrique. Quoi qu’il en soit, la collection ECLAIRAGES PHILOSOPHIQUES D’AFRIQUE de L’Harmattan Cameroun veut tirer les conséquences de la prise de conscience du besoin d’un dialogue sincère de l’écrit philosophique d’Afrique avec l’Occident et l’Asie. Elle veut surmonter les obstacles qui bloquent des « éclairs d’acier », pour emprunter cette image de J. Michelet dans La sorcière : « Ce lieu, tout africain, a des éclairs d’acier ». Déjà parus Michel Ngueti, Critique du structuralisme à partir de Michel Foucault. L’homme est-il mort ?, 2013. Ebénézer Njoh Mouelle, Henri Bergson et l’idée de dépassement de la condition humaine, 2013. Ebénézer Njoh Mouelle, Emile Kenmogne, Vie et éthique, de Bergson à nous, 2015. Emile Kenmogne, Maladies paranormales et rationalités, 2016. Ebénézer NJOH MOUELLE TRANSHUMANISME, MARCHANDS DE SCIENCE ET AVENIR DE L’HOMME Préface de Monique Castillo SOMMAIRE PRÉFACE ............................................................................... 7 INTRODUCTION ................................................................ 11 CHAPITRE PREMIER : LE TRANSHUMANISME DE L’ARGENT ET DES MARCHANDS ................................. 17 CHAPITRE II : TRANSHUMANISME ET VALEURS .... 53 CHAPITRE III : QUEL AVENIR POUR L’HOMME ? .... 77 CONCLUSION .................................................................. 133 BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ....................................... 139 PRÉFACE Le Professeur Njoh Mouellé est une figure connue de l’humanisme africain, dont le rayonnement est assuré par son statut de membre du Conseil Exécutif de l’UNESCO. Il affronte ici, dans ce livre, une figure de l’utopie qui semble identifier à tout jamais le progressisme et le technologisme. L’utopie est pourtant un vecteur de l’imagination créatrice ; le progrès est la réalisation historique de l’humanisme et la technologie le moyen de l’intelligence appliquée. Certes, quand l’utopie ouvre l’esprit vers des horizons qui sollicitent l’effort, quand le progrès porte la perfectibilité à dévoiler des potentiels inaccomplis, quand la technique invente l’habitation humaine de l’homme, la pensée et l’action contribuent à faire du monde, selon la magistrale expression de Bergson, philosophe dont le Pr. Njoh Mouellé est un spécialiste, « une machine à faire des dieux ». Des dieux qui sont le but de l’effort, de l’énergie et du génie ; des dieux qui unissent la raison, la sensibilité et la spiritualité dans la même œuvre de dépassement de soi, d’engendrement de soi, de recréation perpétuelle de soi de la vie humaine. Mais quand l’utopie se croit parvenue à son terme et qu’elle stoppe le progrès au stade de l’accumulation de performances asservies à un même processus, qui consiste à prolonger la vie en la rendant de plus en plus semblable à la machine, alors les techno-prophètes sont d’étranges dieux qui font du monde un vaste appareil à ne produire que des robots. Il n’est plus de moteur inspirant quand l’utopie, le progrès et la technique se confondent dans la même productivité de résultats. Efficacité et productivité ne désignent plus un progrès de l’esprit, mais un tournant de l’histoire 8 économique, un « affairisme » qui traduit en informations numérisables le vaste chantier qu’est devenu le monde humain. L’humain cessant d’être le but du progrès, il en devient l’instrument, un terreau indéfiniment exploitable. L’information absorbe les ressources de l’esprit, traitées comme des aspirations à gérer par un vaste système de conso- communication. La techno-bio-économie est parfaitement décrite comme un système qui passe aujourd’hui pour l’état normal d’une civilisation évoluée. L’examen serré, toujours clair et documenté, fait de ce phénomène de biopolitique mondiale gouvernée par d’immenses pouvoirs qui échappent au contrôle des États, un objet de réflexion publique et l’objet d’un appel à un humanisme mondial. Mais, en outre, subtilement, de manière discrète, déconcertante mais parfaitement juste, derrière la cohérence logique et l’ordonnancement philosophique des arguments, une tonalité se fait entendre à une oreille attentive : l’étrange absence d’un réel intérêt humain pour le transhumanisme. Vivre longtemps, voir et sentir au-delà de nos sens, se connecter à des appareils qui nous testent quand nous les sollicitons, robotiser les actes quotidiens, déprogrammer la maladie qui guette… autant de performances techniques qui affichent leur haute et étonnante technicité, mais qui ne parlent que d’elles-mêmes et de leur pouvoir de faire augmenter toujours plus leur pouvoir propre ; ce n’est pas tant la vie qui se porte au-delà d’elle- même que la technique qui porte la vie vers une nouvelle manière de l’administrer ; et si le transhumain devait être ennuyeux et servile, trop prévisible et jamais surprenant ? L’ambiguïté du jeu des mots « trans » et « post » est soulignée : il n’y pas une transcendance, mais une postérité « transhumaniste » de la vie humaine ; autre jeu sur les mots et les associations mentales avec la référence à la « singularity », nom de l’université du futurisme techno- numérique, mais qui évoque aussi la signification 9 existentielle de la singularité de la personnalité humaine, sa vocation spirituelle. La réflexion engagée n’est ni moraliste ni technophobe, elle est celle d’un citoyen du monde qui envisage les enjeux géopolitiques d’une nouvelle répartition des forces, des richesses et des alliances dans un espace sans règles et dans une temporalité aux urgences imprévisibles. Que sera une géographie transhumaniste ? Que deviendra l’école sous l’impulsion des avancées de l’intelligence artificielle ? Quel type d’homme sera le produit d’un auto-eugénisme ? Il fallait porter le regard vers cette mondialisation encore insoupçonnée d’hommes-machines pour prendre la mesure du besoin de responsabilité politique et éthique qu’elle appelle. L’impuissance du politique dans cette nouvelle configuration constituerait un danger mortel pour l’humanité. Le risque sur lequel le Professeur Njoh Mouellé insiste est celui de l’illusion de l’autorégulation, qu’elle soit économique ou éthique, l’illusion de croire que la raisonnabilité accompagne inévitablement la rationalité instrumentale triomphante ; les ordinateurs sont intelligents, les armes high-tech sont intelligentes, on sait que les robots peuvent se rendre plus performants par apprentissage et que la décision peut être confiée à des logiciels. Mais le risque éthique d’abandonner la responsabilité à l’intelligence de la machine parce qu’elle est moins faillible que l’homme est le danger suprême ; non parce que la machine risque de manquer à sa fonctionnalité, mais parce qu’elle n’est que fonctionnalité… La responsabilité est œuvre humaine parce qu’elle est action libre face à un partenaire libre. La sagesse qui guide l’auteur du livre commande de prendre toute la mesure de la responsabilité du futur : pour ne pas renier la vocation de la science à l’humanisation, il importe de ne pas tomber dans une démesure alimentée par le seul goût du profit. Mais il faut encore la dimension 10 spirituelle de l’humain qui seule arrête la tentation de réduire la science à un total contrôle technique du monde. Bergson est présent dans l’ensemble de l’ouvrage. Remercions-le pour l’inspiration qui guide cette contribution à l’avènement d’un humanisme cosmopolitique : que l’homme devienne machine, la machine peut le faire ; mais que la machine devienne homme, qui le pourra ? Monique Castillo Professeur émérite de l’université Paris-Est INTRODUCTION Le présent ouvrage est conçu pour être une participation de notre part au débat provoqué par les annonces que diffuse le mouvement philosophico-scientifique dénommé « transhumanisme », en matière de « réparation » et surtout « d’amélioration » aussi bien des conditions de vie que de la nature humaine. Tout en servant de noble prétexte aux préoccupations commerciales évidentes du groupe qui contrôle la très grande majorité des recherches scientifiques menées dans le monde aujourd’hui, à savoir le groupe GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), la philosophie qui transparaît derrière les élaborations et les programmes des protagonistes de ce mouvement semble s’opposer au dualisme classique entre le corps et l’âme, la matière et l’esprit. Pour avoir travaillé sur le thème de « l’humanité de l’avenir selon le bergsonisme1 », la découverte du « transhumanisme » ne pouvait pas nous laisser indifférents. En effet voici comment Bergson a clôturé ses « Deux sources de la morale et de la religion » : « L’humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu’elle a faits. Elle ne sait pas assez que son avenir dépend d’elle. A elle de voir d’abord si elle veut continuer à vivre. A elle de se demander ensuite si elle veut vivre seulement, ou fournir en outre l’effort nécessaire pour que s’accomplisse, jusque dans notre planète 1 C’est le titre de notre thèse pour l’obtention du grade de Docteur d’État ès Lettres et Sciences Humaines soutenue le 8 uploads/Philosophie/ebenezer-njoh-mouelle-transhumanisme-marchands-de-science-et-avenir-de-l-x27-homme-1-pdf.pdf
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- Publié le Sep 04, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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