1 UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY UFR SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ DÉ
1 UNIVERSITÉ FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY UFR SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIÉTÉ DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE RELIGION, ÉCONOMIE ET DÉVELOPPEMENT Ethique du travail et du principe de responsabilité MASTER 1RE 2 INTRODUCTION Depuis quelques années, tout le monde s'intéresse à l'éthique. On entend sans arrêt parler d'éthique à la télévision, dans les journaux, au travail, à l'école, bref, un peu partout. Chacun a déjà lu ou entendu le genre d'affirmations suivantes : « Plusieurs enquêtes ont révélé la présence de corruption dans certaines villes de Côte d’Ivoire. Le monde de la politique municipale fait face à de sérieux problèmes éthiques. » « Nous sommes à la recherche de sujets pour tester ce nouveau médicament. Cette étude est sécuritaire et elle a été approuvée par notre comité d'éthique. » « Cette entreprise rejette ses déchets polluants dans la lagune ébrié! Ce n'est pas très éthique de sa part! » Dans ce genre de situations, on utilise aussi le mot « morale » : Un élu corrompu peut être blâmé moralement: on va dire qu'il a mal agi, ou qu'il a agi de façon immorale. Il serait moralement inacceptable qu'une compagnie pharmaceutique utilise des humains pour tester un médicament dangereux. Pour certains, l'environnement est précieux et tous devraient le respecter du mieux possible. Ceux qui le négligent font quelque chose de moralement répréhensible. 3 Les mots « éthique » et « morale » renvoient à une dimension importante des actions humaines visible dans des situations de la vie courante. Par exemple, on est souvent confrontés à des problèmes moraux ou éthiques : « Ma collègue et amie commet souvent de petits vols dans la réserve des fournitures de bureau. Devrais-je la dénoncer? » « Devrais-je donner de la monnaie à ce mendiant ou non? » Dans ce genre de situations, on se pose des questions comme : que dois-je faire pour bien agir et pour éviter de mal agir? Quelle est la bonne action à poser? Bien entendu, toutes les questions à propos des actions ne sont pas morales ou éthiques. Par exemple, je peux me demander quel est le meilleur trajet d’autobus pour me rendre rapidement à mon rendez-vous, ou quel repas commander sur le menu du restaurant. Ces problèmes sont simplement pratiques. Pour qu’un problème soit moral ou éthique, il doit mettre en jeu des idéaux qui donnent du sens à notre vie ou des règles qu’on se sent obligés de respecter. « Il serait injuste envers mon employeur que je ne dénonce pas ma collègue; par contre, ma collègue est aussi mon amie et je ne veux pas lui être déloyale. De plus, il ne faut pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent. » « Je devrais faire preuve de générosité et donner de la monnaie à ce mendiant; mais d’un autre côté, ce n’est pas ma responsabilité de subvenir à ses besoins. Chacun est responsable de lui-même! » La justice, la loyauté, la générosité et la responsabilité individuelle sont des idéaux supérieurs auxquels on croit important d’obéir : ce sont des valeurs 4 morales. De même, « ne pas faire aux autres ce qu'on ne veut pas qu’ils nous fassent » est une règle que plusieurs trouvent fondamentale. C’est pour eux un principe moral. En général, un principe moral découle d'une ou de plusieurs valeurs morales. Ces valeurs et principes sont aussi au cœur des jugements moraux qu'on porte. En résumé, quand on parle de morale et d’éthique, on touche à la sphère des valeurs et des principes moraux. Les mots « morale » et « éthique » se rapportent à la sphère des valeurs et des principes moraux. Sont-ils synonymes? Ont-ils des significations distinctes? Différentes écoles de pensée existent sur cette question. Pour certains penseurs, « morale » et « éthique » ont la même signification : le premier provient d'un mot latin (« mores ») et le second d'un mot grec (« êthos ») qui, tous les deux, signifient « moeurs ». Pour d'autres, ces termes prennent des sens différents et ne sont pas équivalents. Au Québec, notamment, une distinction s'est imposée : La morale réfère à un ensemble de valeurs et de principes qui permettent de différencier le bien du mal, le juste de l'injuste, l'acceptable de l'inacceptable, et auxquels il faudrait se conformer. « Ce que j'ai fait en dénonçant le harcèlement dont j'ai été témoin est conforme à la morale. » « La morale demande de redonner à chacun ce qui lui revient de droit. » 5 À travers les époques et les cultures, des individus et des groupes ont défendu différentes conceptions de ces principes et valeurs. Ces conceptions de la morale sont appelées des « morales ». Par exemple, le christianisme propose un ensemble de valeurs (la charité, le pardon) et de principes (« Aime ton prochain comme toi-même ») devant guider l'agir humain. Pour y référer, on parle de la « morale chrétienne ». L'éthique, quant à elle, n'est pas un ensemble de valeurs et de principes en particulier. Il s'agit d'une réflexion argumentée en vue du bien agir. Elle propose de s'interroger sur les valeurs morales et les principes moraux qui devraient orienter nos actions, dans différentes situations, dans le but d'agir conformément à ceux-ci. La réflexion éthique peut se faire à différents niveaux, certains plus fondamentaux et d'autres plus pratiques. Elle se divise ainsi en différents champs. Comme la médecine, la psychologie ou la chimie, l'éthique est une discipline complexe comprenant différents champs. Les principaux sont l'éthique appliquée, l'éthique normative et la méta-éthique (ou éthique fondamentale). L'éthique normative et la méta-éthique appartiennent à la philosophie et s'intéressent aux fondements de la morale. On les regroupe donc sous l'expression « philosophie morale ». Ce travail réalisé, relève pour sa part de l'éthique appliquée. Il s'agit d’un champ que se partagent des spécialistes de plusieurs disciplines : médecins, juristes, biologistes, philosophes, théologiens, gestionnaires, etc. Il ne porte pas sur les fondements de la morale, mais sur des situations concrètes soulevant des enjeux éthiques. En éthique appliquée, l'accent est souvent mis 6 sur le soutien à la prise de décision face à des enjeux concrets, tant du point de vue de la forme et du processus décisionnel que du point de vue substantiel, c'est-à-dire des valeurs et principes en jeu et de leurs rapports entre eux. L'éthique appliquée est en effervescence au Québec. De nombreux spécialistes contribuent à enrichir la réflexion sur divers problèmes et aspects de la démarche éthique L'éthique doit aussi être distinguée de la déontologie. Mais qu'est-ce que la déontologie? Le terme « déontologie » vient du grec « deontos », qui veut dire « devoir ». Dans son sens courant, il renvoie aux obligations que des personnes sont tenues de respecter dans leur travail. Il peut s'agir de travailleurs d’une même profession, comme les enseignants ou les ingénieurs; de personnes au service d’un même employeur, comme les employés de la fonction publique du Québec; de gens exerçant des fonctions professionnelles semblables, comme les élus municipaux; ou encore de travailleurs d’un même secteur, comme le milieu des affaires. Les obligations partagées par un groupe reflètent des valeurs ou principes jugés fondamentaux. On les consigne parfois dans un code de déontologie, aussi appelé « morale professionnelle ». Bien que la déontologie soit très présente dans divers milieux professionnels, beaucoup de travailleurs ne sont pas encadrés par des codes. Les codes, généralement fixés par les ordres professionnels, exercent deux fonctions principales : protéger le public et préserver la réputation des 7 travailleurs. Ces deux valeurs sont menacées lors d’une infraction à un code. Un premier exemple : la confiance entre le planificateur financier et son client Adjobo Kouakou a un peu d'argent de côté. Il consulte M. Akassimadou, planificateur financier et représentant en épargne collective. Elle l’informe qu'elle ne connaît rien du tout en matière de placements. Celui-ci lui vante sans ménagement sa stratégie de gestion de portefeuilles. Il lui assure que les fonds de placement qu'il lui propose lui donneront un bon rendement et qu'elle n’a rien à craindre en lui confiant son argent. Il omet toutefois de l’informer que le capital investi dans ces fonds n’est pas garanti, et qu’en cas de fluctuation des marchés il est possible qu'elle perde de l'argent. M. Akassimadou contrevient à une de ses obligations professionnelles, énoncée dans le Code de déontologie de la Chambre de la sécurité financière . Celui-ci stipule qu'il doit exposer à sa cliente de façon complète et objective la nature, les avantages et les inconvénients de ce qu'il lui propose et s'abstenir de donner des renseignements incomplets (article 13). En commettant une infraction à son code de déontologie, M. Guérin s'expose à des sanctions. Un second exemple : les rapports sexuels entre médecin et patient Rémi souffre de problèmes cardiaques et vit une grande détresse. Il se confie à Dre Paquet, sa cardiologue, et trouve réconfort auprès de celle-ci. Rémi lui plaît beaucoup et elle lui propose de se fréquenter à l'extérieur de l’hôpital. Il refuse poliment, car il n'a pas envie de développer uploads/Philosophie/ethique-du-travail-et-du-principe-de-responsabilite.pdf
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- Publié le Oct 16, 2021
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