Inconscient collectif 1 Inconscient collectif Pour les articles homonymes, voir

Inconscient collectif 1 Inconscient collectif Pour les articles homonymes, voir Inconscient (homonymie). Pour un article plus général, voir Psychologie analytique. Illustration de la structure des Enfers dans La Divine Comédie de Dante Alighieri, par Sandro Botticelli (1480 ou 1495). Selon Carl Gustav Jung, les enfers représentent dans toutes les cultures l'aspect inquiétant de l'inconscient collectif. L'inconscient collectif est un concept de la psychologie analytique s'attachant à désigner les fonctionnements humains liés à l'imaginaire, communs ou partagés, quels que soient les époques et les lieux, et qui influencent et conditionnent les représentations individuelles et collectives. Selon le psychiatre suisse Carl Gustav Jung (1875–1961), créateur du concept, l'inconscient collectif constitue « une condition ou une base de la psyché en soi, condition omniprésente, immuable, identique à elle-même en tous lieux »[1]. Selon Jung, « les instincts et les archétypes constituent l'ensemble de l’inconscient collectif. Je l’appelle « collectif » parce que, au contraire de l’inconscient personnel, il n’est pas fait de contenus individuels plus ou moins uniques ne se reproduisant pas, mais de contenus qui sont universels et qui apparaissent régulièrement »[2]. Jung donne en effet l'épithète de « collectif » à cette partie transpersonnelle de la psyché inconsciente, car ces matériaux se distinguent par leur récurrence d'apparition dans l'histoire humaine et parce qu'ils se manifestent au moyen des archétypes, autre concept central de la psychologie analytique. Si pour Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, l'inconscient se caractérise avant tout par le fait qu'il naît du refoulement des pulsions, pour Jung, au contraire, l'inconscient est constitué de tout ce qui n'est pas conscient. Selon ce dernier : « Il est inhérent à la réalité et la communication du conscient et de l'inconscient [et] permet le devenir de l'individu »[3]. L'inconscient collectif et le conscient forment par conséquent, dans cette vision, un « ensemble [qui] constitue la totalité psychique dont nul élément ne peut disparaître sans dommage pour l'individu »[4]. Il aurait par ailleurs une fonction vitale pour l'homme, notamment exerçant une activité compensatrice au Moi. Il serait enfin la source du renouveau de l'être, par la compréhension des rêves et le travail de l'individuation. Pour Jung, reconnaître l'existence et l'influence de l'inconscient collectif, c'est reconnaître que « Nous ne sommes pas d'aujourd'hui ni d'hier ; nous sommes d'un âge immense »[5]. Définition Origine Le terme d'« inconscient collectif » (kollektives Unbewußtsein en allemand) n'a de sens, chez Carl Gustav Jung, que dans le domaine de la psychologie analytique. Il n'est en effet pas reconnu au sein de la psychanalyse. De plus, le concept demeure ambigu, en raison de la polysémie des deux mots le formant. Cette ambiguïté est à l'origine de la mauvaise réception des travaux de Jung. Par ailleurs, le concept de « subconscient » est souvent employé de manière synonymique[6], à tort. Jung lui-même n'est pas toujours rigoureux quant à l'utilisation de concepts décrivant la réalité collective de l'inconscient. Il parle ainsi tour à tour d'inconscient « transpersonnel » de « représentations Inconscient collectif 2 collectives » (terme créé par l'anthropologue français Lucien Lévy-Bruhl en 1910 dans La Mentalité primitive), voire d'inconscient « suprapersonnel ». Jung parle également parfois de « patrimoine représentatif » afin d'insister sur le fait que le sujet, lors de son ontogénèse, ne le produit pas, ni même n'en hérite. Yves Le Lay rappelle que l'expression d'« inconscient archaïque », utilisée par Jung dans ses premiers écrits, lui est aussi équivalente : « on a appelé « archaïque » cet inconscient à cause du caractère primitif de ses manifestations ; on l'a appelé aussi « collectif », pour bien marquer qu'il n'est pas la propriété d'un individu, mais celle d'une collectivité »[4]. Représentation conique de la structure de la psyché selon la psychologie analytique : 1. le Moi ; 2. le conscient ; 3. l'inconscient personnel ; 4. l'inconscient collectif ; 5. la partie de l’inconscient collectif qui ne peut être connue, dite « inconscient archaïque »[7]. Au sens strictement psychologique, et comme le résume le psychothérapeute jungien Gerhard Adler : « l'inconscient collectif, reprenant en substance les dires de Jung, est le dépôt constitué par toute l'expérience ancestrale depuis des millions d'années, l'écho des événements de la préhistoire, et chaque siècle y ajoute une quantité infinitésimale de variation et de différenciation »[8]. De manière générale, dans l'œuvre de Jung, le concept désigne l'ensemble des représentations de l'imaginaire humain, ainsi que le note Salomon Resnik : l'« inconscient pour Jung est la matrice de toute affirmation métaphysique, de toute mythologie, philosophie et religion. L'individu fait partie d'un code universel qui s'exprime sous forme d'archétypes »[9]. Caractéristiques générales L'inconscient collectif selon Jung possède plusieurs propriétés qui en font un concept unique à la psychologie analytique. Tout d'abord, il n'est pas qu'un inconscient passif ; il possède une expressivité créatrice qui a pour but de dialoguer avec le conscient et qui lui donne des qualités proches de celles constitutives d'une personnalité à part entière. Selon Jung l'inconscient n'est pas « une boîte à ordure du conscient mais un système psychique largement autonome dont l'activité compense les erreurs et l'unilatéralité du conscient »[10]. L'inconscient collectif possède également une énergie numineuse, ressentie par le conscient comme étant d'origine sacrée car d'origine libidinale (chez Jung, la « libido » désigne toute énergie psychique)[11]. Ainsi, les influences de l'inconscient collectif, lorsqu'elles impriment le conscient, sont à la source des courants de croyances, des expériences religieuses, des visions extatiques mais aussi des arts, de la littérature et des rituels[12]. En ce sens il apparaît comme inconstant pour le sujet alors que, dans sa nature profonde, « il ne se transforme jamais »[13]. Si l'inconscient personnel est souvent représenté par le dieu Mercure (ou Hermès)[14] dans l'Antiquité ou dans l'alchimie, les processus de l'inconscient collectif, bien que plus rarement représentables, sont souvent imagés par des éléments naturels comme l'océan[15] ou la forêt, mais aussi par l'archétype de la Grande Mère[16] ou de l'âme (ce sont les concepts d'anima ou d'animus, selon le sexe)[17]. De plus, les matériaux collectifs sont projetés sur des objets de la réalité. Alors que l'inconscient freudien est une somme de pulsions refoulées, l'inconscient collectif jungien a naturellement tendance à sortir du psychisme pour s'incarner dans des objets extérieurs. Ces matériaux, par essence non représentables (car fusion d'opposés que les catégories de la raison ne peuvent appréhender) accèdent à la conscience par la médiation du symbole. Il existe ainsi un symbolisme inconscient qui ne suppose, chez Jung, ni refoulement ni censure, et que les études de Jean Piaget ont contribué à préciser selon Charles Baudouin[18]. Enfin, « thésaurus de la mémoire de l'espèce »[19], il possède un « savoir absolu » qui peut contribuer à expliquer la fonction prospective des rêves et certains phénomènes paranormaux comme la télépathie. Ce savoir peut aussi s'exprimer à travers l'art ; les grands écrits de l'humanité sont inspirés par les forces inconscientes qui ont une fonction créatrice[20], en plus de délivrer un message compensateur à l'attitude sociale dominante. Inconscient collectif 3 Genèse du concept Héritage philosophique Carl Gustav Carus, qui inspira beaucoup Carl Gustav Jung, par le peintre Johann Carl Rössler (1800). Si le concept d'« inconscient collectif » ainsi formulé par la psychologie analytique est moderne, créé par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, il n'en a pas moins des usages précurseurs, dans le domaine de la philosophie occidentale. En effet, et Jung le reconnaît maintes fois dans son œuvre, nombre de philosophes ont décrit un plan de réalité dont les caractéristiques se rapprochent d'un savoir universel que partageraient tous les hommes. Jung voit ainsi son concept comme l'héritier d'une tradition philosophique, celle de l'idéalisme philosophique et qui trouve sa source en Grèce antique, à travers les notions d'« apeiron » d'Anaximandre, d'« Un » de Parménide et des Idées de Platon, notions qui renvoient toutes à un principe indéfini et indéterminé, sorte de réceptacle du savoir humain. Jung est ainsi l'héritier du néoplatonisme renaissant et de la tradition hermétique, ainsi que de la philosophie allemande naturaliste ; il reprend les thèses de Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (1775–1854)[21] et de Novalis (1772–1801), qui est le premier à se servir du mot « inconscient », après Ernst Platner (1774-1818) (qui a inventé le terme allemand bewusstlos : « inconscient » en 1776, à la suite de Hery Home, le premier a employer ce mot, en anglais (unconscious) en 1751) sur la nature inconnaissable et irreprésentable du concept[22]Serge Nicolas et Laurent Fedié, Un débat sur l'inconscient avant Freud: la réception de Eduard von Hartmann chez les psychologues et philosophes français, Éditions L'Harmattan, coll. « Encyclopédie psychologique », 2008 (ISBN 9782296056497), p. 328.</ref>. Les thèses post-romantiques de Karl Robert Eduard von Hartmann (1842–1906) avec Philosophie des Unbewussten (Philosophie de l'inconscient) en 1869 mais surtout de Carl Gustav Carus (1789–1869) (Psyche, 1851), qui se représente un « inconscient absolu » et un « inconscient relatif », sont souvent citées par Jung comme étant à la base philosophique de ses travaux[23]. Pour Henri F. Ellenberger, le « concept d'inconscient - surtout sous la forme de l'inconscient collectif de uploads/Philosophie/inconscient-collectif-jung.pdf

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