AVANT PROPOS Sur la voûte céleste du temple de Denderah, au nord de l’ancienne

AVANT PROPOS Sur la voûte céleste du temple de Denderah, au nord de l’ancienne Thèbes, on pouvait admirer, il n’y a pas si longtemps encore, une représentation du Zodiaque au moment précis où le Soleil se trouve dans le signe de la Balance. Or, d’après certains hiéroglyphes retrouvés dans le temple, les Anciens Egyptiens avaient observé que le Soleil était revenu trois fois dans ce même signe. Quand on sait qu’en raison de l’inclinaison de l’axe de la Terre par rapport à l’écliptique, il faut 2160 ans pour que le Soleil passe d’un signe à l’autre au moment exact de l’équinoxe du printemps, le cycle complet dans les douze signes est donc de 25920 ans, « année zodiacale ». Tous les bons astronomes vous le confirmeront. Compte tenu de notre calendrier actuel, cela fait remonter la première observation par les Egyptiens à deux cycles et demi, soit… 65000 ans ! Il ne faut donc pas s’étonner lorsque Platon, dans « Timée », rapporte la conversation du sage Solon avec un hiérophante lui révélant que l’Ancienne Egypte connaissait la Sagesse depuis plus de 50000 ans. L’observation des « rythmes » de l’Univers remonte, en fait, à l’aube de l’Humanité. L’homme primitif eut tout d’abord une perception très simple et binaire des lois de la nature auxquelles il était soumis : le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité, le bruit et le silence, le chaud et le froid, le sec et l’humide, le haut et le bas, le bien- être et la souffrance… Dès lors, il lui paraissait évident d’en attribuer les causes à des « forces supérieures » opposées : un dieu bienveillant et un dieu nocif se partageant le Monde. Plus tard, ces deux entités n’en feront qu’une, un seul dieu de bonté et de colère, synonyme de récompense ou de punition. Les premières lueurs de la Connaissance furent donc indissolublement liées à la notion de divinité. De là naquit la science sacrée, mère de toutes les sciences. Certains savants contemporains, au demeurant fort instruits mais sans doute mal informés de la Grande Tradition, déclarèrent avec fracas que l’Egypte n’avait rien apporté au monde et que tout venait de Mésopotamie, berceau de civilisation. Certes, les tablettes cunéiformes semblent leur donner raison. Elles portent la preuve de la première forme d’écriture « connue ». Grâce à elles, la tradition orale fut mise en exergue, celle des mythes et des légendes dont la plus célèbre est l’Epopée de Gilgamesh qui inspira Moïse dans son récit du Déluge. Nul ne conteste par ailleurs le haut niveau scientifique et les grands talents de bâtisseurs que possédaient les Babyloniens. A la lumière de ce qui vient d’être dit plus haut, il semble toutefois impensable que l’écriture hiéroglyphique, même balbutiante, n’ait pas vu le jour bien avant les Sumériens. Quant aux « équations du second degré » que ces derniers savaient soit-disant manipuler, les Anciens Egyptiens, en supposant qu’ils en aient eu connaissance, ne semblaient guère s’en soucier. Ils étaient avant tout d’excellents arpenteurs en raison, notamment, des crues régulières du Nil qui les obligeaient sans cesse à reconsidérer les tracés des cultures inondées. Mais ce n’était là que la moindre facette de leur génie. Ils étaient maîtres dans l’art de la géométrie sacrée, entièrement vouée à une mission qui revêtait un caractère quasiment obsessionnel : mettre l’immortalité de l’homme en conformité avec celle des dieux. Au sommet de la pyramide, Atoum, le dieu créateur. C’est peut être le moins connu de tous. Pour nous, il est d’une importance capitale, puisque tout est parti de lui. « Je suis Un devenu deux, Je suis deux devenu quatre, Je suis quatre devenu huit, mais Je suis Un ». Ainsi parlait-il en s’expliquant lui-même, préfigurant la genèse des mondes telle qu’elle nous fut transmise dans le Premier Livre. Tout est dans l’intelligence de son nom : ATouM. Deux lettres initiales et sacrées, l’Aleph et le Thau, l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. La syllabe ouM, vraisemblablement prononcée en appuyant longuement sur le Mem final, symbolisait la matière inerte des eaux primordiales, le chaos originel qui s’est animé sous l’action du Verbe créateur, l’Aleph. Nous en retrouvons aujourd’hui la trace dans l’« aoum », cette longue et grave mélopée prononcée par les moines tibétains. L’explication qui vient d’être donnée est particulièrement significative. Elle est la troisième voie de compréhension que les « Grands Prêtres ou Mages » donnaient à leurs hiéroglyphes : le parlant, le signifiant et le caché. Chacune de ces voies était réservée aux hommes selon leur degré de connaissance et de mérite. Le parlant et le signifiant aux profanes, crédules ou croyants, et le caché aux initiés. La Très Ancienne Egypte fut ainsi le creuset du symbolisme initiatique qui se répandit dans tout l’Occident. La Franc-Maçonnerie en est l’un des derniers refuges. Héritière de la Grande Tradition, elle puise ouvertement ses sources au plus profond du « khem », la terre noire de Misraïm, qui donna son nom à l’« Al-kimia », la mystérieuse chimie des éléments primordiaux. Elle en fait jaillir l’esprit de la pierre taillée, matière vivante et sacrée, pour la construction symbolique de ses sanctuaires, à l’image du Temple de Salomon le Sage, fils de David, qui inspirera plus tard les Bâtisseurs de Cathédrales. En déposant l’Equerre et le Compas sur les Saintes Ecritures, les Francs-Maçons du Siècle des Lumières ont voulu rendre hommage à tous leurs Anciens Frères Opératifs qui, depuis des millénaires, oeuvraient en silence à la gloire du Créateur. Riches de leur sapience, ils ont élaboré un système de morale et de philosophie. Morale orientée vers le Principe, philosophie tournée vers l’action et le comportement. Que nous enseignent les Trois Grandes Lumières ? Dieu, Grand Architecte de l’Univers, a laissé à l’Homme, au soir du Sixième Jour, la tâche sublime et redoutable de parachever Son Œuvre, de continuer la Création. Pour cela, il lui a fait don de Sa propre Parole. Un seul mot d’ordre : la recherche du sens. Car la parole est vide sans le sens, germe de l’action créatrice. Aussi le Franc-Maçon regarde-t-il avec une certaine angoisse les hommes orgueilleux et bavards s’époumoner à reconstruire la Tour de Babel. Le pire, c’est qu’il n’y peut pas grand chose, englué qu’il est, comme tous les autres, dans la « matière » du monde profane. Il n’a qu’une solution : venir se ressourcer dans le Temple à la recherche du sens et le distiller à ses semblables par la flamme discrète de sa parole et l’exemplarité de ses actes. Autrement dit, soulever doucement le Compas sous l’Equerre, dévoiler peu à peu la lumière de la conscience devant le grand mystère de l’existence. Or le monde manifesté, symbole de l’existence, vit en état de crime permanent. Tel Caïn tuant son propre frère de sang, le temps « tue » l’espace en le vieillissant. Heureusement, l’espace résiste. Il a cette faculté extraordinaire de se régénérer constamment, puisqu’il possède en son sein le divin Principe de Vie. Le Franc-Maçon, infime segment de cet espace dont il est à la fois spectateur et acteur, participe donc « en conscience » au cycle sans fin de la Création. En comprendre le sens, c’est comprendre la vie… et la mort, aussi nécessaire qu’inéluctable. Cela, les Anciens Egyptiens le savaient depuis longtemps. Et ce d’autant mieux que tout semblait être « offert » à leur entendement : l’eau du Nil, le feu du Soleil et l’éther du Ciel, s’unissant en rythmes réguliers pour féconder la Terre, quatrième élément. Et que leur rendait la Terre ? Deux nourritures essentielles et sacrées : la moisson, manne providentielle assurant la survie de la chair éphémère, et la pierre, gardienne éternelle et muette, à l’ombre des pylônes et des tombeaux, du grand secret de l’immortalité de l’âme. Derrière l’apparente simplicité de la raison, quelle formidable richesse de l’esprit ! C’est le principe même de la Connaissance et le début de la Sagesse, cette Sagesse perdue que nous essayons de retrouver dans l’étude de la science sacrée. Rien, dans cette science, ne saurait s’expliquer sans le point de départ de tout, le Principe, l’Arché, le « Bereschit », le Verbe Créateur, Parole de Dieu. C’est par la Parole que tout fut créé. Les « mystères cachés de la Nature et de la Science » en portent le vivant témoignage. Pour retrouver la Sagesse perdue et se fondre avec le Créateur dans l’Harmonie du Monde, le Franc-Maçon de Tradition se doit donc d’exercer son « devoir de mémoire » en remontant, le long de ces mystères, au plus près de la Parole Divine. Certains, avec une pincée d’ironie et un brin de provocation, qualifient cette démarche, et avec elle la Franc-Maçonnerie de Tradition, de « rétrograde et génuflexive ». Sans vouloir attiser de vaines polémiques, c’est tout de même aller un peu vite en besogne. La mémoire n’a rien de rétrograde. Elle est le fil à plomb inflexible de la transmission. Quant à la génuflexion, elle ne saurait être confondue avec une quelconque adoration béate ou contemplative. Elle uploads/Philosophie/l-x27-harmonie-du-monde-livre-maconnique.pdf

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