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CAFÉ PHILO SOPHIA CAFÉ PHILO SOPHIA Page d'accueil > Sujets > Le jugement du beau EN QUOI CONSISTE LE JUGEMENT DU BEAU ? - SEPTEMBRE 2013 La présentation du sujet En quoi consiste le jugement du beau ? Qu’est-ce que le beau ? Tous ceux qui ont cherché des critères permettant de fonder un jugement esthétique ont échoué, confrontés qu’ils étaient à l’incapacité de définir « objectivement » ce qu’était la beauté, qu’il s’agisse du beau artistique ou du beau « naturel ». Il est par conséquent tentant de considérer que, comme les goûts et les couleurs, le beau ne se discute pas… Mais pourquoi alors, comme le disait Nietzsche, nous ne cessons pas de le faire ? Discuter, c’est la réunion de deux choses apparemment contradictoires : d’une part reconnaître la pluralité des points de vue et l’absence d’une quelconque « vérité officielle » ; d’autre part, pressentir que son jugement peut légitimement être partagé, donc prétendre à une certaine universalité… Qu’en est-il alors du jugement esthétique ? Daniel Mercier, le 24/04/2013 L'écrit philosophique « En quoi consiste le jugement du beau ? » Introduction : problématique « Le beau ». Notons aussitôt qu’il s’agit d’un substantif… Depuis les origines de la philosophie, le beau semble attaché à l’idée de vérité. « Le beau est l’éclat du vrai » : Avec Platon… Le classicisme et sa critique… Hegel... Schopenhauer… La critique nietzschéenne… ► La subjectivité du beau, qui ne signifie pas pour autant un historicisme ou un relativisme radical. ► Que la beauté soit au service de la vérité (en tout cas d’une certaine vérité…) ne nous apprend rien sur ce qu’est la beauté… « Est Beau ce qui plaît universellement sans concept », Emmanuel Kant – Critique de la faculté de juger Beauté naturelle et Beauté artistique L’être du beau est tout entier dans son apparaître « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface » (Victor Hugo) La question du « sens » du beau n’est pas soluble dans celle de son rapport au vrai Un « là-bas » qui n’est autre « qu’ici » Un « accomplissement » qui me transporte hors de moi La beauté est « ce qui reste » malgré l’effort de la pensée Il nous arrive très souvent d’émettre des jugements esthétiques, et cela dépasse bien sûr largement le cadre du beau artistique. « C’est beau » disons-nous…Qu’il s’agisse de la beauté naturelle ou de celle qui est l’objet de nos artifices (pas seulement les œuvres d’art, mais aussi nos intérieurs, nos vêtements, nos tatouages, nos jardins, nos villes, nos architectures… etc.) nous sommes régulièrement sollicités par elle ; nous parlons volontiers d’un beau paysage, d’un beau port, d’une belle association, mais aussi d’une belle personne, ou d’un beau visage… Notre quotidien n’est heureusement pas exempt de beauté, et nos vies sont souvent soucieuses de ne pas s’en éloigner trop longtemps ou trop souvent. Mais qu’est-ce que la beauté ? Si elle a de la valeur, elle ne peut pas être seulement dépendante du goût de chacun, et doit donc être en quelque sorte « objective »… Comment passer de la variété et de la relativité des jugements portant sur la beauté à l’idée du beau, c’est-à-dire à une certaine universalité du beau dépassant par conséquent la particularité du jugement de tel ou tel… Car tel est bien le fond de notre sujet : si véritablement jugement il y a, nous sommes susceptibles en droit de trouver un accord, un consensus, sur ce qui est « jugé » beau. A tout le moins nous pouvons discuter ensemble sur ce qui est beau dans l’espoir de trouver un accord qui fasse « sens commun ». Et le paradoxe est le suivant : d’un côté nous savons bien que le jugement du beau est subjectif et relatif : il dépend non seulement de la conformation de tel ou tel individu, mais aussi de la culture ou de la période historique concernée. Ce relativisme est illustrée par la formule : « les goûts et les couleurs ne se discutent pas », dépendants qu’ils sont de sensibilités multiples, qui en outre se transforment historiquement et culturellement. Il est vrai que l’individualisme ambiant aurait tendance à conforter ce relativisme. Mais alors, comme le dit Nietzsche, pourquoi malgré tout, « passons-nous notre temps à les discuter » ? Ne se discute en effet que ce qui peut-être susceptible d’être objet de persuasion, et donc de pouvoir espérer obtenir (en droit) l’assentiment de tous, et non une affirmation qui serait subjectiviste, enfermée dans la monade de chacun. Mais il faut aussitôt ajouter ce correctif : ne se discute que ce qui ne peut pas être prouvé (c’est la différence essentielle entre discussion et « disputatio »). Une vérité scientifique ne se discute pas, une fois qu’elle est acquise (jusqu’au moment où un fait observé viendra l’infirmer). Quand on dit « c’est beau », on pose comme une attente d’accord de tous les autres pour reconnaître cette beauté : en quoi peut consister son objectivité, si elle ne repose pas sur un concept scientifique déterminé ? En quoi consiste un jugement du beau qui a la particularité de ne pas pouvoir être démontré, et en même temps de pouvoir prétendre à une certaine universalité ? Comment cela est-il possible ? Nul doute que pour répondre à ces difficultés il soit nécessaire de poser la question princeps : qu’est-ce que le beau ? « Le beau ». Notons aussitôt qu’il s’agit d’un substantif. Nous passons ainsi des « belles choses », qualificatif à la fois au spectre très étendu (une belle journée, un beau livre, une belle pièce, un beau tableau…), et dont la signification embrasse la beauté dans sa diversité et sa pluralité, au concept ou à l’idée du beau, censé regrouper cette diversité dans une essence qui exprimerait le propre de ce qui fait la beauté. Quand notre philosophie occidentale (contrairement à d’autres pensées, par exemple chinoise) pose ce substantif, l’objectivité du beau est dors et déjà postulée : c’est en particulier Platon, dans le dialogue de l’ « Hippias Majeur », qui met en difficulté son interlocuteur en lui montrant qu’il ne sait pas distinguer la différence entre des objets beaux et « le beau ». Nous pouvons ainsi dégager avec François Jullien les « parti-pris » de pensée sous-jacents à l’idée du beau, et inséparable de la pensée occidentale (« Cet étrange idée du beau »), Platon faisant ici figure de fondateur. Cela nous aidera à comprendre comment cette idée se construit, et peut-être aussi à mieux identifier les questions et difficultés qui s’attachent à ce concept Le passage de l’adjectif au substantif est inséparable d’une partition entre le sensible et l’intelligible. Le beau serait ainsi le lieu privilégié d’articulation entre ces deux instances séparées : la première étant la réalité véritable, la seconde la réalité plus ou moins dégradée, lointaine et imparfaite copie de la première. Deuxièmement, l’idée du beau renvoie à « l’eidos », c’est-à-dire l’essence, ou « forme idéale », modèle, archétype. Plotin, dans le prolongement de Platon, premier grand penseur de l’art, explique que l’artiste imprime dans la matière « la forme idéale ». Nous retrouvons une idée voisine avec la théorie de la « mimesis » aristotélicienne : il s’agit de prélever la forme qui est devant moi et de la reporter sur mon support. L’idée de représentation est ainsi dès l’origine associée à l’objet beau. Enfin, la question de l’être est également inséparable de celle du beau : Chez Platon, la présence de beaux corps sont comme les lointains témoins de l’être (monde intelligible). C’est par une dialectique ascendante que le philosophe, à partir des beaux corps (celui de son amant en particulier…), aura accès aux belles âmes, puis aux Idées dans leur quintessence. Plotin à sa suite va penser l’équivalence des deux : hantant le sensible de sa présence, le beau est la manifestation de l’être : plus cela est, plus c’est beau. Depuis les origines de la philosophie, le beau semble attaché à l’idée de vérité. « Le beau est l’éclat du vrai » disait Hegel. Voilà donc un chemin qui devrait nous permettre de dégager quelques critères, portant à la fois sur la finalité et sur les conditions de la réalisation du but visé, fixant « objectivement » la notion... il est hors de question ici de retracer cette histoire du beau comme représentation sensible du vrai ; contentons-nous d’en rappeler quelques moments importants. Avec Platon, comme nous l’avons déjà évoqué, le beau permet de faire l’articulation entre le sensible visible et l’intelligible invisible. Un objet du monde sensible est beau quand il représenterait ou symboliserait d’une quelconque manière une idée dans l’autre niveau du monde intelligible. Cette thèse selon laquelle le secret de la beauté réside dans son rapport à la vérité va marquer toute l’histoire de la conception du beau. Le classicisme, dans son prolongement direct, pense que l’universalité du bon goût (posé comme à priori) tient à ce que le beau est l’expression uploads/Philosophie/le-jugement-du-beau-cafe-philo-sophia.pdf

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