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THÈSE Pour l'obtention du grade de DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS UFR de s

THÈSE Pour l'obtention du grade de DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS UFR de sciences humaines et arts Laboratoire Métaphysiques allemandes et philosophie pratique (Poitiers) (Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006) École doctorale : Lettres, pensée, arts et histoire - LPAH (Poitiers) Secteur de recherche : Philosophie Présentée par : Bernard Bourdin La médiation chrétienne : quelle altérité théologico-politique dans l’histoire ? Directeur(s) de Thèse : Jérôme de Gramont, Bernard Mabille Soutenue le 28 janvier 2014 devant le jury Jury : Président Olivier Abel Professeur des universités - Institut Protestant de Théologie (Paris) Rapporteur Olivier Abel Professeur des universités - Institut Protestant de Théologie (Paris) Rapporteur Philippe Capelle-Dumont Professeur - Université de Strasbourg Membre Jérôme de Gramont Professeur des universités - Institut Catholique de Paris Membre Bernard Mabille Professeur - Université de Poitiers Membre Charles Leben Professeur émérite - Université Panthéon-Assas, Paris 2 Pour citer cette thèse : Bernard Bourdin. La médiation chrétienne : quelle altérité théologico-politique dans l’histoire ? [En ligne]. Thèse Philosophie. Poitiers : Université de Poitiers, 2014. Disponible sur Internet <http://theses.univ-poitiers.fr> 1 Institut Catholique de Paris et Université de Poitiers Faculté de philosophie La médiation chrétienne: quelle altérité théologico-politique dans l’histoire ? Thèse conjointe pour l’obtention du grade de Docteur en philosophie de l’Institut Catholique de Paris et de l’Université de Poitiers soutenue par Bernard Bourdin Thèse dirigée par Monsieur Philippe Capelle-Dumont, Professeur des Universités (Université de Strasbourg) et par Monsieur Bernard Mabille Professeur des Universités (Université de Poitiers) Membres du jury : Monsieur Philippe Capelle-Dumont Professeur des Universités (Université de Strasbourg) Monsieur Bernard Mabille Professeur des Universités (Université de Poitiers) Monsieur Jérôme de Gramont Professeur des Universités (Institut Catholique de Paris) Monsieur Olivier Abel Professeur des Universités (Institut Protestant de théologie) Monsieur Charles Leben Professeur des Universités (Professeur émérite de l’Université Panthéon- Assas, Paris 2) 2014 2 Remerciements Au moment où je m’apprête à soutenir ma thèse en philosophie, je voudrais exprimer ma reconnaissance à l’égard des personnes qui m’ont permis de la réaliser. La première, et la plus déterminante d’entre elles, est le Professeur Philippe Capelle-Dumont. Plusieurs raisons justifient cette reconnaissance. D’une part, pour la confiance qu’il m’a faite lorsqu’il m’a proposé en 2006, d’enseigner la philosophie politique à la Faculté de philosophie de l’Institut Catholique de Paris. Docteur en théologie et en histoire des religions, et bien que déjà très orienté du côté de la philosophie politique, de par mes recherches sur la relation entre christianisme et politique, je n’étais pour autant titulaire d’aucun diplôme universitaire en philosophie. Il m’a donc fallu, à l’occasion de mon recrutement, soutenir un mémoire de master en philosophie. De là est né le projet de préparer une thèse sur travaux en philosophie politique sous l’angle de la question théologico-politique. J’ai soumis ce projet au Professeur Philippe Capelle-Dumont qui a spontanément accepté d’en prendre la direction. C’est un autre acte de confiance dont je lui sais gré. Je voudrais aussi exprimer ma gratitude à son égard pour tous les échanges, toujours très stimulants, que nous avons eu à chaque rencontre, dans le grand respect de ma liberté de recherche. Alors que je venais d’obtenir mon HDR en théologie, je découvrais combien la direction d’une thèse est un art qui ne s’improvise pas. Le Professeur Philippe Capelle-Dumont aura été jusque dans la phase finale de la rédaction de ma thèse, un directeur extrêmement attentif à toutes les étapes de mon questionnement, lisant systématiquement et de façon très serrée les développements successifs de mon travail et me suggérant de veiller à telle ou telle question. Diriger la recherche d’un doctorant est un art socratique dont j’ai fait l’heureuse expérience auprès du Professeur Capelle-Dumont. Une autre gratitude encore, celle d’avoir élargit ma recherche et ma réflexion systématique sur la pertinence en contexte chrétien d’une herméneutique théologico-politique de la Modernité, du côté de la pensée juive, et tout particulièrement dans la philosophie de Franz Rosenzweig. Sur sa vive recommandation, il m’a fallu « revenir » sur la lecture, déjà lointaine, de L’Étoile de la Rédemption. Cette relecture, certes encore bien partielle, aura été des plus fécondes pour mieux évaluer le rapport qu’entretiennent les deux Révélations bibliques avec le politique, et notamment lorsqu’il s’agit de confronter la théologie politique de Carl Schmitt avec le regard de Rosenzweig sur le christianisme. Au terme de la rédaction de cette thèse, il y aura indéniablement un avant et un après dans la recherche que je poursuis sur l’élaboration de catégories spécifiquement chrétiennes de la théologie politique. Elles ne sauraient s’abstraire de leurs sources juives. Ma gratitude va aussi, et tout naturellement, à la Faculté de philosophie de l’Institut Catholique de Paris, tout particulièrement à son Doyen, le Professeur Emmanuel Falque et le Directeur du 3e cycle, le Professeur Jérôme de Gramont. Gratitude, car là encore, c’est de confiance dont il s’agit, d’une part, celle de durer dans mon enseignement, et à la faveur de cet enseignement, d’approfondir ce que signifie d’enseigner la philosophie, qui ne saurait se limiter au seul enseignement de l’histoire des idées. D’autre part, grâce à cet enseignement, et à la collaboration entretenue depuis plusieurs années entre la Faculté de philosophie et le Centre d’études du Saulchoir, c’est aussi ma recherche qui en a été bénéficiaire. Autre manière de vivre l’art socratique, et autre acte de confiance, qu’il m’est donné de mettre en œuvre à la Faculté des sciences sociales, économiques et politiques de l’Institut Catholique de Paris. Je voudrais aussi remercier très vivement le Professeur Bernard Mabille de la Faculté de philosophie de l’Université de Poitiers, pour l’intérêt spontané qu’il a porté à ma recherche au cours d’un premier échange lors du colloque sur « Le statut contemporain du théologico-politique ». Mes remerciements vont aussi au Professeur Olivier Abel avec qui des liens amicaux se sont tissés par la collaboration entre le Fonds Ricoeur et le Centre d’études du Saulchoir. J’adresse également tous mes remerciements au Professeur Charles Leben, dont la présence au jury de ma thèse contribuera de toute évidence, à me faire progresser dans ma réflexion sur les sources juives de la philosophie politique. Je ne saurais non plus oublier tout ce que je dois au département de théologie de l’Université de Lorraine-Metz, qui m’a permis au cours de ces dernières années de développer ma recherche en articulant les disciplines théologique, philosophique et historique. Je remercie à cette occasion mon collègue Jean-Sébastien Rey, et mon ami Christian Bouchindhomme pour l’aide technique très précieuse qu’ils m’ont apportée dans la phase finale de la rédaction de ma thèse. Ma dette à leur égard porte aussi plus fondamentalement sur les nombreux échanges exégétiques et philosophiques que nous avons eus. Ma gratitude va enfin au Régent des études de la Province dominicaine de France, le frère Emmanuel Durand, pour son encouragement à soutenir ma thèse. C’est l’occasion d’exprimer une conviction : il me semble que dans la tradition dominicaine, la vie intellectuelle et la vie fraternelle se fécondent l’une par l’autre. 3 La médiation chrétienne : quelle altérité théologico-politique dans l’histoire ? Introduction générale La question qui fonde notre recherche soulève deux problématiques décisives pour une réflexion philosophico-politique. La première concerne l’existence du « problème » théologico-politique (principalement occidental), et le rapport qu’il a véhiculé avec l’histoire. Ce rapport s’est dissous avec l’avènement de la Modernité séculière, particulièrement sous sa forme démocrate-libérale, du moins ces dernières décennies. Pourtant, et c’est la deuxième problématique, une sphère publique politique articulée à un fondement démocratique séculier, ne saurait faire l’économie d’une pensée de l’histoire. Cette thèse, qu’il nous faudra démontrer, met en jeu toute la question complexe de la relation entre – sécularisation (ou autonomie séculière) – et – théologie politique – en contexte chrétien. Les discussions consacrées à ce thème ne sont,certes, pas nouvelles en tant que telles. De nombreux travaux sont parus ces dernières années dans le champ de la réflexion proprement philosophique1. Il s’agit le plus souvent d’un « retour » à des controverses ayant opposées des philosophes allemands contemporains, tels Hans Blumenberg, Karl Löwith, Leo Strauss, Hannah Arendt et Carl Schmitt. La dimension contemporaine de ces controverses n’a cependant pas occulté la longue trajectoire philosophique occidentale, depuis au moins le XVIIè siècle, en particulier Hobbes et Spinoza, jusqu’à Hegel au XIXè siècle et Max Weber au XXè. Si la thématique de la sécularisation n’est pas antinomique de l’interrogation portée sur la théologie politique, c’est que ces deux thèmes recouvrent plusieurs questions communes : quelle intelligibilité donner à la Modernité séculière ? Quelle relation entretiennent la sécularisation et la théologie politique ? Cette dernière est-elle pertinente, notamment au sein du christianisme, pour constituer une herméneutique de la sécularisation ? L’inverse est aussi vrai : la « sécularisation » est-elle un concept véritablement opératoire, notamment au regard de la théologie politique, pour rendre compte de la Modernité ? C’est en raison de ce vis-à-vis, ou peut-être même de cette compénétration entre ces deux données, semble-il, désormais inconciliables, que le christianisme constitue une ressource indispensable pour entrer dans la discussion philosophique sur la pertinence d’une herméneutique théologico-politique de la genèse de la Modernité séculière. Au XXè uploads/Politique/ 2014-bourdin-bernard-these.pdf