Ath-Ahmed : le jour d'après LES FOULES CONTINUENT D'AFFLUER AU VILLAGE DE HOCIN

Ath-Ahmed : le jour d'après LES FOULES CONTINUENT D'AFFLUER AU VILLAGE DE HOCINE AÏT AHMED APS P .2/3/4 QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37 , RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - N° 7119 DIMANCHE 3 JANVIER 2016 - ALGÉRIE 20 DA - FRANCE 1,30 € - GB 1£ 20 - ISSN 1111- 4290 LIBERTE LE DROIT DE SAVOIR, LE DEVOIR D’INFORMER Mali : Iyad Ag Ghali en guerre ouverte avec ses anciens alliésP .17 ANSAR EDDINE MET À EXÉCUTION SES MENACES CONTRE LES SIGNATAIRES DE L’ACCORD D’ALGER Réveillon 2016 : le tourisme reprend ses droits dans le M’zab P .6 L’ONAT A AFFICHÉ COMPLET À GHARDAÏA Les conducteurs de train paralysent le rail P .6 ILS SONT À LEUR 4e JOUR DE GRÈVE Makhloufi en stage, ces jours-ci, en Afrique du SudP .19 ATHLÉTISME : APRÈS AVOIR RÉGLÉ SES PROBLÈMES DE VISA ET DE PRISE EN CHARGE FINANCIÈRE La Banque d’Algérie renforce le contrôle sur les virements électroniques P .7 EN CONFORMITÉ AVEC LES RECOMMANDATIONS DU GAFI Ce qui concerne la communauté algérienne établie à l’étrangerP .7 LES NOUVELLES DISPOSITIONS DE LA LF 2016 lUne jeunesse à la recherche d’un idéal perdu ! lAbderrezak Makri : “C’est une belle leçon pour le système” lLa mort d’Aït Ahmed met à nu l'isolement du pouvoir EMPÊCHEMENT DE LA DÉLÉGATION OFFICIELLE D’ASSISTER AUX FUNÉRAILLES D’AÏT AHMED Ce qu’en pensent les partis Dimanche 3 janvier 2016 2 LIBERTE Dossier POUR LA PLUPART, ILS N’ONT PAS CONNU DA L’HO Une jeunesse à la recherche d’un idéal perdu ! C’est une longue quête de la connaissance et de la vérité qu’a entreprise, ce vendredi 1er janvier 2016, une jeunesse à la recherche de repères et surtout d’un idéal perdu. I ls affluent de partout de la terre d’Algérie et ils sont pour la plupart âgés entre vingt et trente-cinq ans. Ils avancent, jouent des coudes, brisent les barrières et les cordons sécuritaires pour accompa- gner le défunt révolutionnaire Ho- cine Aït A h m e d , jusqu’à sa dernière demeure, au sommet des hautes montagnes de la commune d’Ath-Yahia, dans la daïra de Aïn El-Hammam. Ils constituent au moins 70% du cor- tège funèbre. Ils n’ont qu’une ima- ge de lui. Une voix et quelques no- tions de son parcours combien pourtant légendaire. Rares sont par- mi eux ceux qui, un jour, l’ont ren- contré ou connu de près. Mais il y a tant d’idéaux qu’ils partagent visible- ment avec lui. Il y a comme un sen- timent d’injustice et de révolte par- tagé qui remonte d’abord à l’“Indé- pendance confisquée” et jusqu’à en- suite l’“exil forcé”. Il y a un combat et un besoin de réconciliation avec son identité et tout au long de cette marche funèbre vers l’ultime de- meure, au hameau Ath-Ahmed, ils ne cessent de scander : “Imazighen, Imazighen”. Ils lui parlent. Ils le chantent. Ils le prient presque de re- venir pour recommencer à nou- veau, mais cette fois-ci, tous avec lui, le combat pour une Algérie rêvée. Ils le regrettent. Ils le pleurent. Et ils au- raient aimé vivre en son temps, du- rant cette époque où Da L’Hocine avait encore l’âge et la force de se battre. Ils sont des milliers derrière lui. Ils sont venus s’abreuver de sa grandeur. Humer le parfum de l’amour véri- table de la patrie et le courage de vivre dans la dignité. Ils veulent ressortir plus forts et plus détermi- nés de ce triste mais grandiose évé- nement qui fait vibrer toute la région de Kabylie. Ils ne croient presque pas à sa mort et à mesure que Si L’Ho- cine se rapproche de la tombe, ils scandent “Assa azzeka, Si L’Hocine yella yella” (aujourd’hui, demain, Si L’Hocine est et sera toujours là). Un jeune médecin qui, contraire- ment à beaucoup de gens de sa gé- nération, a eu le privilège de le connaître, raconte cette anecdote pour le moins émouvante. Il s’appelle Hakim Bouâ- gache, il est de la famil- le de Da L’Hocine et té- moin de la scène : “C’était à Paris, vers la fin 1998. Hocine Aït Ahmed passait par une ruelle pour rejoindre son hôtel préféré. Il faisait nuit. C’est alors que j’entends une voiture qui s’arrête brusquement, une porte qui s’ouvre, puis un bruit de pas de chaussures qui avance à vive allure. Une très jolie jeune femme venait en courant vers D’da L’Hocine. Une fois devant lui, elle criait pour alerter son père : c’est lui, c’est lui. Elle parlait fran- çais et arabe mais pas kabyle. Elle était originai- re de M’sila (250 km au sud-est d’Alger, ndlr). Elle parlait avec beau- coup d’émotion pour ex- pliquer à son idole révo- lutionnaire et politique qu’elle n’a jamais raté aucune de ses conférences publiques ou interventions média- tiques. Mais à la fin, elle lui a dit quelque chose qui l’a beaucoup ému : ‘Vous êtes tout ce que l’Algérie a per- du et tout ce qu’il lui reste d’espoir’.” L’idole est partie, mais l’espoir est toujours présent ! M. M. ABDERREZAK MAKRI COMMENTANT LES OBSÈQUES DE HOCINE AÏT AHMED “C’est une belle leçon pour le système” E t si les obsèques populaires de Hoci- ne Aït Ahmed servaient de déclic pour provoquer la transition démo- cratique longtemps revendiquée tant par l’opposition que par le peuple ? C’est, du moins, tout le mal que sou- haite pour l’Algérie Ab- derrezak Makri, président du Mouvement pour la société de la paix (MSP), qui invi- te les tenants du pouvoir à méditer et à re- tenir cette “belle leçon” que venaient de leur donner les citoyens à l’occasion de l’enter- rement de l’un des pères de la Révolution et fervent défenseur de la démocratie. “Les funérailles populaires de Hocine Aït Ah- med auxquelles nous avons assisté avec beaucoup de fierté nous ont donné la chair de poule. Nous y avons vu des images ter- rifiantes. Le peuple a démontré qu’il est at- taché aux symboles de la Révolution et à la grande personnalité que fut Aït Ahmed, pa- trimoine de tous les Algériens. Le système doit ainsi retenir cela comme une leçon et comprendre que, quoi qu’il fasse, il ne peut exclure une quelconque idée, ni marginali- ser une quelconque personnalité comme il a fait pour Aït Ahmed, Chaâbani et bien d’autres”, a-t-il clamé, hier, en marge d’une réunion organique d’évaluation des activi- tés de son parti. Tout en rendant homma- ge aux habitants du village d’Ath-Ahmed, terre natale de Dda L’Hocine, pour “l’accueil chaleureux” qu’ils lui ont réservé, M. Ma- kri raconte que le cortège du Premier mi- nistre, qui a tenté vainement de se rendre sur les lieux de l’enterrement, a été empê- ché par la seule volonté des citoyens et que la famille du défunt n’y était pour rien. Il a dit avoir eu une discussion avec les membres de la famille du défunt, notam- ment son fils qui lui a fait la “confidence” que la famille d’Aït Ahmed “n’a donné au- cune directive aux citoyens pour empêcher le passage du cortège officiel”. “Ils ont vou- lu s’imposer, mais le peuple les a refusés”, lui dira encore le fils d’Aït Ahmed. Rappelant, par ailleurs, les deux combats, le premier pour la libération du pays et le second pour les droits de l’Homme et la dé- mocratie, pour lesquels Hocine Aït Ahmed a consacré sa vie, le leader du MSP appel- le, à ce titre, ses militants à faire de la “concrétisation de la déclaration du 1er No- vembre” leur combat à eux. Au régime qu’il accuse d’avoir provoqué la “dislocation de l’État qui s’approfondit de plus en plus avec la guerre des clans engagée au sommet”, M. Makri appelle les plus hauts respon- sables à “cesser de croire que l’État leur ap- partient”. “Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Monsieur Gaïd Salah, Monsieur le chef du DRS, Monsieur Abdelmalek Sellal, Monsieur Saïd Bouteflika, l’État ne vous appartient pas, il appartient au peuple !” s’est-il excla- mé, arrachant les applaudissements nour- ris de son assistance. Sans transition, M. Makri ne manque pas de réitérer sa convic- tion que le projet de révision de la Consti- tution relancé par Bouteflika n’est que de “la poudre aux yeux”. Pour lui, ce projet est “irrecevable” de la part d’un président de la République dont la cré- dibilité est “triplement entamée” pour n’avoir tenu aucune de ses promesses de- puis 2011 à ce jour. Il lui reproche de n’avoir pas tenu ses trois promesses rela- tives aux “réformes profondes”, annoncées en 2011, ni la révision “constitutionnelle comme couronnement de ces réformes”, encore moins “la réalisation d’un consen- sus autour de cette Constitution”. M. Ma- kri juge que le plus important aujour- d’hui, c’est plutôt l’instauration d’une ins- tance indépendante pour une surveillance des élections car, dit-il, “la fraude électora- le constitue le problème majeur de la vie po- litique dans notre pays”. Il a rappelé, avec un brin d’ironie, une confidence que lui avait faite un officier à la retraite selon qui “la fraude, dans ce pays est plus importan- te que la corruption”. Cette uploads/Politique/ 6-7119-3f51761a-pdf.pdf

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