Magouilles et corruption des élites - Partie 11 : En France, prolifération des
Magouilles et corruption des élites - Partie 11 : En France, prolifération des réseaux d'influence US Pour comprendre ce qu'il se passe aujourd'hui, la connaissance de la période des réseaux stay-behind est un atout important. Ces réseaux d'influence US sur l'armée et les renseignements dans les pays européens ont permis de contrôler la politique, le business, la culture, et de faire basculer l'opinion publique toujours plus à droite. Si aujourd'hui nos dirigeants politiques sont tellement fanatiques d'une doctrine ultra libérale destructrice, s'ils sont prêts à mettre à bas la démocratie au premier prétexte venu, c'est parce que tout a été fait pour que nous en arrivions là. Après l'Angleterre, la Suisse et l'Italie, retour sur l'installation des réseaux stay-behind en France. En 1990, le 1er ministre italien Giulio Andreotti a déclaré que plusieurs pays dont la France étaient membres du système Gladio. Ce fut un scandale dans les différents pays concernés, sauf en France. Mitterrand, qui a évidemment cherché à dissimuler la vérité aux citoyens en déclarant que l’armée secrète était inactive depuis belle lurette, était parfaitement au courant. Les médias français ont diffusé des rumeurs autorisées allant dans le sens de la version officielle et se sont consacrés à la guerre au Koweit. Alors que les médias de toute l’Europe demandaient des comptes, en France le mot d’ordre était "silence !". Depuis les années 60, Mitterrand était en contact régulier avec les faucons américains. Il est entré en contact dès 1974 avec l’ambassadeur à Paris John Irwin, et en 1975, alors simple premier secrétaire du parti socialiste, il a rencontré Henry Kissinger au Département d’Etat à Washington, pour lui promettre que le PS était atlantiste même s’il fricotait avec les communistes pour gagner des élections. Puis en 1978, il a rencontré Jimmy Carter, toujours à Washington [1]. L’armée secrète en France, une seconde vie pour les fascistes et collabos En France, nous sommes encore priés de croire que les réseaux stay-behind ont été mis par terre en 1958, quand De Gaulle est revenu au pouvoir. Le système n’aurait duré que 10 ans, ce qui amène à se demander pourquoi Mitterrand a refusé d’ouvrir les archives en 1991. En effet, les US se sont appuyés très tôt sur les membres de la résistance gaulliste, notamment les ex Collabos comme on l’vu, qui ont largement contribué à permettre le retour au pouvoir de de Gaulle. Quand le 1er ministre Italien Giulio Andreotti a déclaré que Mitterrand était bien présent à la dernière réunion du stay-behind, en octobre 1990, Chevènement a affirmé que cette armée, qui existait donc bien, était inopérante et serait restée "en sommeil" depuis des années. C’était en tout cas le plan de com’ mis en place en petit comité afin de nier au maximum la réalité vis- à-vis de cette ingérence des Etats- Unis dans la vie politique française depuis plus de 40 ans. Les enjeux en France étaient au moins aussi importants qu’en Italie : les tensions sociales y étaient aussi prégnantes, les communistes y étaient aussi puissants, les idées et valeurs de gauche aussi populaires. Les US se sont donc activés pour que les opinions publiques et les dirigeants rentrent dans la ligne politique et économique de Washington. François de Grossouvre, éduqué chez les Jésuites, ex Collabo et bras droit de Mitterrand, tué d’une balle au lendemain du début officiel de la guerre au Rwanda en avril 1994, a joué un rôle important dans la coordination des réseaux stay-behind français. Juste avant l’élection de Mitterrand, l’affairiste d’extrême droite proche de la CIA Jean Violet l’avait fait entrer au Cercle Pinay un lobby atlantiste, anticommuniste et pro-Europe. Et dès son élection en 1981, Mitterrand a promu Grossouvre chef des renseignements. Arrêtons-nous un peu sur le personnage. Fils du fondateur de la Banque française du Liban, il s’est marié à une héritière d’industriels du sucre. Tout en étant membre de groupes d’extrême droite, notamment de la Cagoule et d’une milice de Darnand [2], il aurait finalement rejoint la résistance pour jouer le rôle d’agent double au service des US. Il a été l’un des dirigeants de l’armée "Rose des vents" à partir de 1950 dans la région lyonnaise[3], l’embryon d’armée secrète en France, mis en place en 1947. Grossouvre a officiellement rencontré Mitterrand à la fin des années 50 (alors que les deux ont fréquenté la cagoule et l’extrême droite depuis les années 30) par le biais de Pierre Mendès-France et a ensuite contribué à étendre son cercle de relations dans les milieux industriels et d’affaires. C’est ainsi qu’il a été l’un des principaux financiers des campagnes électorales de Mitterrand en 1965, 1973 et 1981. Quant à la version autorisée sur le revirement de Grossouvre du côté de la Résistance à la fin de la guerre, elle est donnée par Gérald Arboit, chercheur au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) : "Sous le nom de "Colbert", celui-ci avait été un agent de l’Organisation de résistance de l’armée (1942-1944), pour le compte de laquelle il avait infiltré le Service d’ordre légionnaire, une organisation militarisée fortement collaborationniste (1942-1943) ; sous le nom de code de "Monsieur Leduc", il contacta "dix personnes de son entourage qu[‘il] juge[ait] aptes à encadrer un réseau de résistance en région Rhône-Alpes"". Le Service d’Ordre Légionnaire était une milice vichyste paramilitaire dirigée par le Collabo Joseph Darnand. Le vieil ami de Mitterrand était chevalier de l’Ordre de Malte dont il était ambassadeur au Maroc. L’Ordre de Malte se veut un ordre religieux catholique, bien qu’il ait repris tout le décorum templier dont ils disent descendre directement, né en France au début du XIXe siècle. Il est divisé en différentes branches, dont l’une très présente en France s’appelle l’"ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte". L’intérêt de cet ordre –et d’une partie de ses dérivés- n’est pas seulement de distribuer des breloques et de flatter les idiots avec des initiations ridicules : l’Ordre bénéficie des attributs de la diplomatie, avec des ambassades, des passe-droit et des valises diplomatiques dans les Etats (nombreux hélas) qui le reconnaissent. L’Ordre de Malte est une marionnette, comme les Jésuites, les Rose-croix, les Illuminés de Bavière, la Franc-Maçonnerie, la Golden Dawn, l’Ordo Templi Orientis, l’Order of Nine Angles etc. Mais on y reviendra. Officiellement Grossouvre était surtout connu comme un industriel, détenant une licence exclusive avec Coca-Cola [4] depuis les années 50, et ayant évidemment des contacts avec les représentants de cette entreprise, dont certains étaient proches des renseignements US. A cette époque, Grossouvre était aussi correspondant du SDECE dans la région lyonnaise et chargé de mettre en place des cellules stay- behind dans la région. Devenu le parrain de Mazarine, au sujet de laquelle il a contribué à organiser le secret d’Etat, il s’est converti en patron de presse : actionnaire principal de La Montagne et le Journal du Centre dans les années 70, financier de l’Express, journal anticommuniste et atlantiste, depuis sa création en 1953[5]. Selon un câble de l’ambassade des Etats-Unis à Paris destiné à Washington datant de février 1984, Grossouvre "a connu, conseillé (et financé) Mitterrand pendant plus de vingt ans et ils sont considérés comme de bons amis". En 1985, selon certains observateurs tenants de la thèse du suicide, Grossouvre aurait été écarté de toutes fonctions officielles par Mitterrand, tout en conservant son bureau à l’Elysée, ses gardes-du-corps et son appartement de fonction au quai Branly, au-dessus de celui de Mazarine et sa mère. Et puis le 7 avril 1994, au lendemain du déclenchement de la guerre au Rwanda[6] et alors qu’il avait prévu de se rendre à une soirée, il se serait tiré une balle dans la tête dans son bureau. Un suicide toutefois contesté par la famille [7], qui s’est étonnée de voir fouiller les affaires et le coffre-fort personnel de Grossouvre et une enquête totalement bâclée. Il est devenu conseiller international pour les avions Marcel Dassault jusqu’en 1986 mais aurait continué à assurer des missions discrètes pour le compte de Mitterrand. Le 7 novembre 1990, le secrétaire général de l’OTAN, l’Allemand Manfred Wörner, a convoqué les ambassadeurs de l’Alliance Atlantique pour une réunion à huis clos au cours de laquelle il a déclaré que le SHAPE (le commandement militaire de l’OTAN), coordonnait bien les actions de Gladio. Cela, alors que l’OTAN avait diffusé un démenti la veille, et refuse depuis tout commentaire sur les "secrets officiels", qui pourtant nous concernent au premier chef. Par ailleurs, un chercheur allemand a montré que les dirigeants des services secrets de plusieurs pays européens dont la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Luxembourg, se sont réunis plusieurs fois dans les années 80-90 pour organiser une stratégie de désinformation sur les réseaux stay-behind. Comment en est-on arrivé là ? A la fin de la guerre, les communistes, qui avaient été meneurs dans la Résistance, étaient puissants en France. C’est ce qui leur a permis de créer et de mettre en œuvre le programme du Conseil national de la Résistance (appelé "Les jours heureux"), qui a donné nombre d’acquis sociaux en uploads/Politique/ magouilles-et-corruption-des-elites-partie-11.pdf
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- Publié le Jan 08, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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