QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37, RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - N° 6291 VEN
QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37, RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - N° 6291 VENDREDI 26 - SAMEDI 27 AVRIL 2013 - ALGÉRIE 15 DA - FRANCE 1 € - GB 1£ 20 - ISSN 1111- 4290 LIBERTE LE DROIT DE SAVOIR, LE DEVOIR D’INFORMER IL L’A SOUMIS HIER À L’APPROBATION DE SON CONSEIL NATIONAL Le RCD rend public son projet de Constitution P .3 Une cinquantaine d’étudiants ont failli périr dans un accident P .8 UNE CATASTROPHE ÉVITÉE DE JUSTESSE SUR LA ROUTE DE LARBAÂ NATH IRATHEN “Sans mon humour, je serais mort” P .28 DJAMEL DEBBOUZE AVANT SON SPECTACLE À ALGER MOKRANE AÏT LARBI, AVOCAT ET MILITANT DES DROITS DE L’HOMME, À “LIBERTÉ” “Un 4e mandat n’est pas dans l’intérêt du Président”P .2 Moumen Khelifa, objet d’un procès en France P .4 ACCUSÉ DE MALVERSATIONS POUR LA SAUVEGARDE DE SON PATRIMOINE La BDL à l’écoute de sa clientèle P .6 ELLE ORGANISE AUJOURD’HUI UNE JOURNÉE PORTES OUVERTES Yahia/Liberté CESSION DE DJEZZY ET LANCEMENT DE LA 3G Djoudi joue les prolongations P .7 CELA S’EST PASSÉ MERCREDI SOIR À SKIKDA Un groupe terroriste se rend avec femmes et enfants P .4 Louiza/Liberté Louiza/Liberté Newpress Liberté :Nous sommes exactement à une année de l’élection présidentielle et à ce jour, on ne connaît pas encore les noms des candidats, sa- chant que dans les pays à tradition électorale dé- mocratique,les postulants à la magistrature su- prême sont connus des années avant. Par quoi expliquez-vous,chez nous,ce“retard” pour au- tant qu’on puisse le qualifier ainsi ? Mokrane Aït Larbi :Justement, notre pays n’a pas de traditions démocratiques. Le président de la République a tou- jours été choisi par un groupe. La situation actuel- le ne permet pas l’émergence de leaders charis- matiques, compétents et intègres, capables d’im- poser l’alternance. D’autre part, la plupart des chefs de parti politique, candidats potentiels à cette élec- tion, ne sont même pas capables de faire le consensus au sein de leurs militants. Mais ne vous inquiétez pas, les candidats farfelus sont déjà connus et je peux vous en citer une dizaine. Quant au candidat qui sera président, il ne sera connu officiellement qu’en janvier 2014. C’est la tradi- tion “démocratique” dans notre pays. Une commission de révision de la Constitution vient d’être mise sur pied par le président de la République. Ce qui fait trois révisions pour un même président en quatorze ans. Est-ce une si- tuation normale ? Cette révision est-elle si ur- gente que cela ? Dans une démocratie et un État de droit, la ré- vision de la Constitution ne se décide pas par un seul responsable. Elle est le ré- sultat d’une longue réflexion et d’un débat public visant à as- seoir la démocratie, garantir les libertés publiques et les droits de l’Homme, renforcer la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs, l’in- dépendance de la justice et le contrôle du gouvernement et des services de sécurité par le Parlement. Mais en Algérie, aucune révision précédente n’a visé cet objectif. Ce qui est urgent aujourd’hui, à mon avis, se résume dans l’abroga- tion des amendements de 2008 relatifs aux mandats et aux prérogatives du gouverne- ment. Le reste peut attendre car les problèmes des ci- toyennes et citoyens ne rési- dent pas dans le texte de la Constitution en vigueur ni dans les lois. “Les réformes du Président” n’ont pas empêché la fraude électorale aux der- nières élections. Cette fraude et l’absence d’élections libres sont un obstacle à la souverai- neté du peuple, qui a toujours manifesté sa volonté de se donner des institutions démocratiques et des représentants compétents, crédibles et intègres, capables de régler les pro- blèmes urgents, à commencer par ceux des plus défavorisés. La commission est composée d’experts en droit constitutionnel.D’abord,est-ce que vous avez un commentaire sur la composante de cette com- mission ? Pourquoi une commission d’experts et non pas une commission composée de repré- sentants de la classe politique et de la société ci- vile ? Je n’ai pas de commentaire sur la composante de cette commission car il ne s’agit pas de personnes. Toutefois, il est à rappeler qu’au moins un de ses membres est militant FLN et je ne vois pas comment concilier la rigueur d’experts et les in- térêts partisans. La révision de la Constitution doit, à mon avis, être précédée d’un grand débat public sur les questions d’intérêt national, suivi d’un document de travail qui doit être soumis à une commission composée de représentants de la classe politique et de la société civile. Des ex- perts indépendants interviennent, par la suite, pour la mise en forme et ce n’est pas à une com- mission d’experts, quelle que soit par ailleurs la compétence de ses membres, de décider de l’ave- nir de l’ Algérie. La révision de la Constitution est d’abord un problème politique. Et ce n’est pas à un architecte de décider à la place du propriétai- re de la maison. Malheureusement, nous consta- tons que la révision se prépare à huis clos et c’est une révision de plus qui ne vise que le maintien du système mis en place par la force en 1962. Certains plaident pour un régime parlementai- re, d’autres pour un régime semi-présidentiel, d’autres encore pour un régime présidentiel fort. Vous,en tant que praticien du droit mais surtout en homme politique, quel est le système qui convient en cette phase historique pour l’Algé- rie ? Je plaide pour un système démocratique et un État de droit car le problème ne réside pas dans la na- ture du régime mais dans l’absence de la démo- cratie. Un régime présidentiel nécessite des ins- titutions fortes et stables choisies librement par le peuple afin d’éviter le despotisme ; et le régi- me parlementaire passe par de grands partis po- litiques organisés pour éviter l’instabilité et par des élections libres. En l’absence d’institutions fortes et de partis politiques organisés, le régime semi-présidentiel peut faire éviter les inconvé- nients des deux autres régimes. Même si la mouture finale du projet est en cours d’élaboration,des indiscrétions prêtent au pré- sident Bouteflika,qui a la prérogative d’amen- der la Constitution,le désir de créer un poste de vice-président. On parle aussi d’un retour à la limitation des mandats,alors qu’elle a été abo- lie en 2008. À quel calcul répondrait la création d’un poste de vice-président ? Et pourquoi le re- tour à la limitation des mandats ? Je ne suis pas dans le secret du palais. À ce jour, la présidence de la République n’a pas publié le document de travail soumis à la commission, comme cela a été le cas en 1996, et la commission travaille à huis clos. Il m’est difficile de commen- ter “les indiscrétions”. Sur le fond, le problème ne réside pas dans le nombre de mandats, encore moins dans la création d’un poste de vice-prési- dent, mais dans l’élection du président. Lorsque le président de la République est choisi effective- ment par le peuple, par des élections libres et ou- vertes sans “candidat de consensus”, le nombre de mandats est secondaire. Mais dans un système comme le nôtre, où le président est choisi par quelques personnes, deux mandats sont largement suffisants. Un quatrième mandat pour le président Boute- flika, physiquement diminué à cause de sa maladie, est-il dans l’intérêt de l’Algérie ? Le problème, encore une fois, ne réside pas dans la maladie du Président mais dans le fonc- tionnement des institutions et le respect de la Constitution. Concernant un quatrième mandat, le Président ne s’est pas encore prononcé. Vu la charge de la fonction, quatre mandats, même pour un homme en bonne santé, et quels qu’en soient sa politique et son programme, c’est trop. Et un quatrième mandat n’est pas dans l’intérêt du Pré- sident lui-même. Je ne pense pas que le Président ait dit “tab djnanna” et “acha man arifa qadrahou” dans le but de briguer un quatrième mandat. La Kabylie vient de célébrer le 33e anniversai- re du Printemps berbère par des marches qua- lifiées de démonstration de “force” pour reven- diquer l’officialisation de tamazight.Pensez-vous que le pouvoir est aujourd’hui assez mûr pour répondre favorablement à cette revendication ? Quelles conséquences éventuelles sur la cohé- sion nationale en cas de refus ? Le Maroc a reconnu, par l’article 5 de la nouvel- le Constitution, tamazight comme langue officiel- le, au même titre que la langue arabe, suivi par le nouveau régime libyen. Le pouvoir algérien est tenu aujourd’hui, même par calcul, de répondre à la revendication de plusieurs générations qui vi- sent notamment la reconnaissance de tama- zight comme langue officielle dans la prochaine Constitution. MOKRANE AÏT LARBI À “LIBERTÉ” “Un quatrième mandat n’est pas dans l’intérêt du Président” Pleinement versé dans l’exercice de son métier d’avocat “des procès durs”, Mokrane Aït Larbi, militant libre de toute attache partisane, reste néanmoins un observateur avisé de l’arène politique. Dans cet entretien, il fait notamment part de son analyse du projet de révision constitutionnelle et des enjeux de pouvoir sous-jacents. Vendredi 26 - Samedi 27 avril 2013 2 LIBERTE L’actualité en question Louiza/Liberté Publicité F.1409 uploads/Politique/ 6291.pdf
Documents similaires










-
32
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 20, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
- Taille du fichier 1.5973MB