© Éditions Albin Michel, 2017 ISBN : 978-2-226-42231-6 À mon époux et à mes fil
© Éditions Albin Michel, 2017 ISBN : 978-2-226-42231-6 À mon époux et à mes filles Avant-propos C’était à la sortie d’une émission. Le maire d’une ville de banlieue explique, le regard un peu ailleurs : « V ous ne vous rendez pas compte, si on applique toutes vos réformes, la baisse des dépenses publiques et surtout des dépenses sociales, ce sera la révolte en France. » La réponse est sortie toute seule : « Si on ne fait rien, ce sera pire. » Le pire en question, on y est déjà. Encore plus de dette, encore plus de chômage, la décomposition de la société et le lent déclassement de la France ne sont plus un secret pour personne. Le désastre est sanglant. Cela fait quinze ans que la France coule. Aujourd’hui, nos conquistadors du pouvoir sont bien alignés sur la ligne de départ. Le candidat Hollande est hors service, le candidat Juppé s’est montré très (trop) prudent : était-il prêt à réformer le statut de la fonction publique, réduire le nombre d’élus, passer outre la pression des syndicats ? Et que veulent Manuel V alls, Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg, Jeau-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ? Quant à François Fillon, conservera-t-il son programme ambitieux de la primaire ? Une question nous taraude : sont-ils prêts à faire ce qu’ils DOIVENT faire ? À se battre pour l’intérêt général ? Le bilan, à gauche comme à droite, est calamiteux. Sous Sarkozy : 600 milliards d’euros de dette en plus et 783 000 demandeurs d’emploi de catégorie A ajoutés dans les statistiques de Pôle emploi. Sous Hollande : plus de 400 milliards de dette nouvelle et 600 000 chômeurs de plus. Les « ça va mieux » et les faux bons bilans ne trompent personne. On ne fait que planquer les déficits et ripoliner les mauvais chiffres. Quant à l’alternance pour l’alternance, elle ne rime à rien. On se demande parfois si les hommes politiques ont vraiment saisi, à gauche comme à droite, l’urgence de la situation. On aimerait qu’ils soient prêts à réformer. Et qu’ils sachent comment éviter le mur. Les précédentes expériences ont confirmé l’impréparation et les perpétuelles hésitations. En fait, ils ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent. Prendre le pouvoir ne suffit plus. Quelles sont les réformes les plus importantes, quel programme adopter, selon quelle gradation, quel calendrier ? Quelles réformes structurelles ? Quelle réorganisation pour la France ? Toutes ces questions sont, élection après élection, laissées à l’après-victoire. Les promesses qui sont tenues dès les premiers mois sont les plus électoralistes et contre-productives (60 000 profs et taxe à 75 % en 2012). Ensuite, le gouvernement se retrouve, au bout de quelques semaines seulement, totalement dominé par l’actualité, au gré des crises et des psychodrames qui se succèdent. Toute l’énergie a été mise dans la bataille électorale et, en arrivant à Matignon ou à l’Élysée, nul ne sait plus vraiment où sont les priorités. La feuille de route et l’organisation commando sont rapidement oubliées. C’est bien là le problème. Nos cabinets ministériels font semblant d’avoir du pouvoir sur leurs administrations. Nos administrations font semblant de chercher à se réformer et de vouloir trouver des idées de baisse des dépenses. La Cour des comptes fait semblant de s’énerver devant la gabegie publique. Nos syndicats, fidèles adeptes du statu quo, singent la négociation collective. Bref, chacun joue à merveille sa partition et rien ne bouge. Pour éviter que notre futur gouvernement se résigne, nous devons alerter le prochain président, l’obliger à se positionner sur les vrais sujets et le forcer à afficher clairement son programme. Avant de choisir, nous devons savoir. Maintenant. Savoir le montant des économies envisagées, la cadence de la mise en place des réformes, la baisse de la fiscalité. Les chiffres, mais aussi la méthode. Quel rôle et quelle place pour l’État, quelle gestion innovante des politiques publiques ? Quelle Sécurité sociale 2.0 ? Quelles ambitions et quelle croissance pour la France ? Quelle vision et quel avenir (meilleur) ? Les Français aspirent vraiment à un pays qui retrouve sa première place en Europe, qui ne gâche plus ses talents, qui encourage les innovateurs et les entrepreneurs. La France aspire à se désengluer et à retrouver le chemin de la réussite. Monsieur le futur président, nous vous demandons de « faire le job » et de RÉFORMER ce pays avant qu’il ne soit trop tard. Il est urgent de devenir collectivement exigeant. Beaucoup plus que nous ne l’avons jamais été. Quand on se plonge dans la gestion publique, il apparaît clairement que tout le système est pensé pour préserver les intérêts particuliers avant l’intérêt général. C’est donc à la société civile, à vous, à nous, à moi, chacun à sa place, de faire pression pour faire basculer le front antiréforme constitué par les agents publics, les syndicats et les élus de notre démocratie. Le programme à appliquer est dans ce livre. C’est simple, non ?! Les ordonnances, les lois, les simplifications, les référendums : tout est là. Il y a même le calendrier. Maintenant, monsieur le président, les Français vous attendent… au pied du mur. PREMIÈRE PARTIE ARRÊTER LE GÂCHIS ! 1. Ce qu’on ne veut plus voir Le ministre est fou de rage. Il n’en peut plus. Quand Matignon et l’Élysée lui donnent un arbitrage favorable, rien à faire, ses collègues et les technos arrivent à lui savonner la planche. Réformer en France ? Mais c’est devenu impossible ! Comment voulez-vous ? Sur votre propre périmètre ministériel, vous avez deux ou trois collègues qui vous flinguent au quotidien. En dehors de votre présence, dans ces fameuses et exécrables « RIM », ces réunions interministérielles qui occupent les cabinets à longueur de journée, on arbitre, on décide à votre place. Ras-le-bol de ces rituels interminables où rien n’avance mais qui occupent trente à quarante membres de cabinet, tous là, en fait, pour défendre les soi-disant « intérêts » de leurs ministres. En permanence, on détricote ce qui a été difficilement obtenu précédemment. C’est totalement épuisant et entièrement lié au fait que, quand le président et le Premier ministre composent le gouvernement, ils partagent souvent les responsabilités entre plusieurs ministres qui se retrouvent en permanence à négocier pied à pied pour la moindre décision. Tout cela parce que le président et son Premier ministre n’aiment pas les ministres trop puissants. Pire, la plupart des ministres ne connaissent pas leur portefeuille et sont plus dans l’idéologie qu’autre chose. Prenons l’exemple d’un ministre de l’Éducation. À peine nommé, un de ses collègues confiera, médusé, l’avoir entendu déclarer en conseil des ministres qu’il est contre l’apprentissage, au prétexte que « ce n’est pas une voie d’avenir » (sic !). V entriloque des syndicats. Le ministre se fera finalement reprendre par l’un de ses collègues, plus avisé : « On a déjà entendu cette rengaine qui ne correspond à rien et après, les Allemands nous passent devant en permanence… » Les idées fausses sont passées en boucle aux ministres par leurs administrations. Et leurs syndicats font toujours très peur au plus haut du pouvoir. Un ministre ose dire qu’il est pour la régionalisation de Pôle emploi ? On le menace, on lui dit que l’excellent inspecteur des finances à la tête de l’organisme public a fait un malaise à cause de lui, oui, à cause de lui. Réformer la France ? Attention, risque d’infarctus chez les grands corps. En vérité, les grands corps de l’État instrumentalisent les différents gouvernements avec l’aide des syndicats. Tous les politiques en France savent bien qu’il faudrait régionaliser Pôle emploi pour que ça marche mieux, mais n’osent pas le dire. La triste réalité ? Ils ont peur des grèves, tout simplement. Le Premier ministre Manuel V alls l’a dit un jour en off : « Arrête avec ta réforme de Pôle emploi, je ne veux pas de grève avant les présidentielles. » L ’obsession est là. Et cela décide de tout. Le Premier ministre n’est pas prêt à déclencher la colère des syndicats de Pôle emploi, mais visiblement le patronat non plus. Ce dernier s’empresse, sur la question de la régionalisation de Pôle emploi, de sortir un communiqué signé à la fois par la CGT, la CFDT, FO, la CFE-CGC et la CFTC et par… le Medef et l’UPA : « Les signataires de cette lettre tiennent à réaffirmer leur attachement au principe d’une politique de l’emploi définie et pilotée au niveau national », dont « Pôle emploi, en tant qu’opérateur national, est l’un des principaux acteurs », écrivent les sept organisations. Une vraie chorale. Cet ancien et flamboyant ministre le dit crûment : « On ne réforme pas, on fait de la figuration. Le temps des cabinets est utilisé à 80 % à la “com” du ou de la ministre, point barre. Et on attend que ça se passe. » Les élus locaux, champions des promesses électorales Finalement, on ne sait pas non plus faire de réformes parce que les ministres, le plus souvent d’anciens élus locaux, sont formatés pour ne pas changer les choses. Ils uploads/Politique/ agnes-verdier-molinie-ce-que-doit-faire-le-prochain-president.pdf
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- Publié le Mai 06, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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