L’HOMME QUI DIRIGEAIT L’AFRIQUE FOCCART, L’HOMME LE PLUS MYSTERIEUX ET LE PLUS

L’HOMME QUI DIRIGEAIT L’AFRIQUE FOCCART, L’HOMME LE PLUS MYSTERIEUX ET LE PLUS PUISSANT DE LA Ve REPUBLIQUE DOCUMENTAIRE DE CEDRIC TOURBE CONSEILLER HISTORIQUE - PIERRE PEAN DUREE - 90’ ECRIT PAR CEDRIC TOURBE ET LAURENT DUCASTEL -2- «N’EN PARLEZ A PERSONNE, MEME PAS A FOCCART» DE GAULLE hommes d’affaires, parachutiste, agent se- cret, diplomate, aventurier: j’ai eu tant de vies que je suis aussi trouble qu’une mare d’Afrique Equatoriale. J’ai été l’homme le plus puissant d’Afrique. J’ai nommé les présidents. Je les ai proté- gés. Je les ai destitués. J’ai décidé de qui pouvait vivre, qui devait mourir. J’ai décidé de qui s’enrichissait. J’ai tissé un réseau de renseignement si vaste que j’ai nargué à la fois le KGB, la CIA et le MI-5. J’ai parfois perdu, souvent gagné. Au service de la France, J’ai vendu des armes à l’Afrique du Sud de l’Apartheid, j’ai employé des armées privées au Biafra, au Congo, et ailleurs. J’ai jalousement protégé l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Equatoriale de toute influen- ce étrangère. En Afrique, tout le monde me crai- gnait, et je ne rendais de comptes à personne. Mon nom sent encore le souffre chez les initiés. Je m’appelais Jacques Foccart. -3- NOTE D’INTENTION DECOR SEQUENCIER NOTE ARTISTIQUE TEMOINS-CLES BIOGRAPHIE DES AUTEURS L’ANGLE : FOCCART L’AFRICAIN SOURCES PRINCIPALES ARCHIVES filméeS INA PAGE 4 PAGE 6 PAGE 7 PAGE 48 PAGE 50 PAGE 52 PAGE 53 PAGE 55 PAGE 56 SOMMAIRE L a mauvaise réputation de Jacques Foccart (1913-1997) est établie. Il est celui qui tire les ficelles, le manipulateur d’un réseau mystérieux et protéiforme, le fomentateur de coups d’Etat. Il a fait de l’Afrique Subsaharienne son domaine réservé, et, sous le contrôle dis- tant de deux présidents de la République, il en était le seul maître à bord. Tout cela est incon- testable. Quel regard peut-on poser sur un tel person- nage ? On pourrait tout à loisir tirer à bout portant sur les complots, les dictateurs corrompus, bref, le «mal» que Foccart a ordonné. Cette approche est évidemment stérile : ce qui est «mal», com- me ce qui est «bien», n’appelle aucune compré- hension. Le pamphlet, à charge ou à décharge, n’a jamais éclairé personne. On pourrait opposer les gaullistes (Foccart) aux anti-gaullistes, ou bien encore la droite forcé- ment néocolonialiste à la gauche inévitable- ment humaniste. La rancune contre Foccart est toujours vivace au sein d’une partie de la droite. Quant à la gauche, Foccart n’était rien moins que sa bête noire. Mais cette grille de lecture est erronée : elle néglige la continuité de la po- litique française à l’égard de l’Afrique, qui n’a pas varié d’un iota de 1958 à 1993, que Foccart ait été ou non aux commandes. On peut, enfin, et c’est ma vision, mettre en scène Foccart dans son environnement histori- que et le montrer tel qu’il est : un produit de son époque, une époque pas si éloignée où la France s’accrochait bec et ongles à l’Afrique. La politique Franco-africaine, la protection ja- louse du « pré carré », la fusion charnelle des élites blanches et noires, la francophonie, mais aussi la coopération économique et éducative (qui se souvient qu’il y avait 250 000 coopérants français en Afrique dans les années 1980 ?) n’avaient qu’une seule finalité : permettre à la France de conserver son rang de grande puis- sance. La politique décidée par De Gaulle, mise en œuvre par Foccart, poursuivie par Pompidou, Giscard, et Mitterrand, affiche clairement une volonté de puissance et de fierté nationale. L’action de Foccart ? Elle est intégralement au service de cette politique. Une politique impé- rialiste assumée, exigeant par des méthodes généralement amicales, mais brutales si né- cessaire, une fidélité sans faille des dirigeants africains. Une politique d’opposition frontale aux Etats-Unis et à l’Union Soviétique. Une po- litique, enfin, qui imposait une voie française de développement : zone franc, accords militaires, coopération civile. Ce temps est révolu et appartient aujourd’hui à l’Histoire. Foccart est mort. Il n’a eu ni enfant, ni successeur. Son « réseau », il le tissait in- lassablement à coup de relations personnelles. C’était un artisan et un homme seul. Le systè- me, c’était lui-même et il ne pouvait lui survivre. Sans tête, les « réseaux » Foccart se sont mor- celés, puis ont disparu. La France a changé et regarde vers l’Europe. L’Afrique a changé aussi et, pour son malheur, ses élites périssent en mer par centaines. Les reconduites à la frontière tiennent désormais lieu de politique africaine, et la «Françafrique», vocable fourre-tout et au moralisme suspect n’existe plus. Les maigres reliquats au Gabon, au Sénégal, au Cameroun, sont partagés en- tre Bolloré, Bouygues, Alcatel, et Total mais le cœur, si je puis dire, n’y est plus, et seuls comp- tent les chiffres. Ces multinationales ne sont là que parce que l’Afrique est un continent pauvre où l’on gagne paradoxalement de l’argent. Elles partent dès que les taux de profit sont jugés in- suffisants. -4- .../... NOTE D’INTENTION A l’inverse, et ce n’est pas un hasard, Foccart appartenait par ses origines puis ses propres activités à ce patronat colonial au comportement certes discutable, mais qui a aimé l’Afrique. Au travers de la vie de Foccart, retracée par des témoins directs uniquement et par des images d’archive, ce film dépeindra une histoire d’hom- mes dont l’action a marqué l’Afrique pour le meilleur et pour le pire, mais dont on peut dire qu’ils ont tous été sentimentalement attachés à ce continent. Il va mettre en lumière des aspects méconnus de notre Histoire, et, porté par une voix-off très écrite, une mise en scène relevée et palpitante, rendre le parfum d’une époque. Des aspects sombres, mystérieux, insolites, tous passionnants, seront évoqués. Le synopsis documenté et précis qui suit vous en donnera un avant-goût. Ni ange, ni démon, Jacques Foccart est un hom- me de son siècle entouré de pénombres et de mystères. Ce film lève, sans concession, une partie du voile. Il va sans dire que l’apport de Pierre Péan en tant que conseiller historique est primordial. Unique biographe de Foccart et très fin connais- seur de la politique africaine et de ses hommes, «l’homme de l’ombre» est véritablement «son» homme Cédric Tourbe -5- NOTE D’INTENTION -6- DECOR IMAGES D’ARCHIVE & VOIX-OFF Paris. 15 août 1963. La France est en vacan- ces. Mais, alors que les vacanciers insouciants se prélassent dans la chaleur estivale, on s’agite frénétiquement dans les couloirs presque vi- des de l’Elysée. L’affaire est grave : au Congo- Brazzaville, un coup d’Etat est en cours. Déjà six mois plus tôt, la France est restée mysté- rieusement silencieuse après l’assassinat du leader togolais, Sylvanius Olympio. Les chefs d’Etat du «pré carré» africain s’inquiètent! A quoi servent les accords secrets de protec- tion si Paris ne lève pas le petit doigt lorsque leur pouvoir est menacé ? Témoin-clé Alain Plantey ancien ambassadeur, adjoint de Foccart (1961-1967) -7- séquencier PRE-GENERIQUE : CA BARDE A BRAZZA ! TEMOIGNAGE L’ambassadeur de France au Congo est en vacances. Le général de Gaulle, dérangé dans sa villégiature de Co- lombey, est hors de lui et par dessus tout très indécis. Joint par téléphone, l’ambassadeur de France estime qu’une intervention armée de la France ferait de nom- breuses victimes, tant la population congolaise semble soutenir les insurgés, fatiguée et outrée des frasques du président-abbé Youlou. Il faut dire que l’abbé Youlou est un sacré personnage. Il porte des soutanes de chez Dior et pour un ecclésias- tique ses mœurs sont particulièrement débridées. Et surtout, la corruption qui règne dans son entourage a excédé la rue congolaise. Mais Youlou est un ami de la France, et de plus c’est un gaulliste fervent. Si fervent, qu’au moment de l’indépendance, il a proposé d’adopter le drapeau français et la Marseillaise ! Et puis le Congo- Brazzaville, c’est un symbole. En 1944, Brazzaville était la capitale officielle de la France Libre. «Combien de morts risque-t-on ?» demande De Gaulle à l’ambassadeur «Peut-être trois mille» se hasarde ce dernier TEMOIGNAGE (suite) De Gaulle fulmine. Si l’armée française in- tervient et que ça tourne au bain de sang, on risque la Une de « Paris-Match » ! Mais d’un autre côté, lâcher Youlou enverrait un signal très négatif en Afrique. Youlou, effrayé, ap- pelle directement De Gaulle. Pour le tran- quilliser, le président français l’assure du soutien des troupes françaises stationnées sur place. Le général français Kergaravat déploie ses hommes autour du palais pré- sidentiel de Brazzaville et dispose ses chars aux points stratégiques. VOIX-OFF Tout est prêt, mais quels sont les ordres ? VOIX-OFF (SOLEIL COUCHANT SUR L’OCEAN, PUIS PALAIS DE L’ELYSEE, PUIS PLUSIEURS PHOTOS DE FOCCART) … Il n’y a pas d’ordres… Non. Il n’y a pas d’ordres parce qu’un petit homme est parti pêcher tranquillement en Méditerranée et qu’il n’est pas joignable ! Le coup d’Etat est rapidement plié. Les insurgés entrent dans le palais présidentiel. Youlou est déposé et promis à une exécution rapide. Les soldats français n’ont pas bougé, De Gaulle, comme paralysé, est demeuré dans son indécision. Le lendemain, le petit homme uploads/Politique/ dp-foccart-fr-l-x27-homme-qui-dirigeait-l-x27-afrique.pdf

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