Commentaire de saint Thomas d'Aquin Docteur des docteur de l'Eglise Du traité d
Commentaire de saint Thomas d'Aquin Docteur des docteur de l'Eglise Du traité de la politique d'Aristote Prologue et leçon 1: Traduction par Guy Delaporte, 2004 Édition numérique, http://thomas-d-aquin.com PROŒME AU COMMENTAIRE DE LA POLITIQUE._____________________________1 première leçon du commentaire de la politique______________________________________2 PROŒME AU COMMENTAIRE DE LA POLITIQUE. Aristote enseigne au deuxième livre de sa physique que l'art se modèle sur la nature. Les opérations et les effets ont entre eux des relations identiques, toutes proportions gardées à celles de leurs principes respectifs. Or l'intelligence humaine, auteur des artefacts, a une certaine filiation avec l'intelligence divine, source des œuvres naturelles, en raison de leur ressemblance. Par conséquent, les procédés artificiels ne peuvent qu'imiter les opérations naturelles. De fait lorsqu'un maître exerce son art, l’apprenti qui veut s'y initier doit porter son attention sur cette pratique, afin d'œuvrer de la même façon. Voilà pourquoi l'homme, dont l'intelligence reçoit sa lumière de l'intelligence divine, doit conformer ses actes à l'observation des œuvres de la nature, afin de faire de même. D'où cette phrase du philosophe : pour faire œuvre naturelle, l’art procéderait comme la nature, et inversement, la nature produirait des œuvres artificielles comme le ferait l'art lui-même. Mais la nature ne porte jamais un artefact à son achèvement. Elle se borne à en préparer certains principes et à en illustrer la méthode. Parallèlement, l’artiste peut observer les œuvres de la nature et s'en inspirer pour la sienne propre, il ne peut cependant réaliser entièrement une œuvre naturelle. Il est donc clair que la raison humaine ne peut que connaître ce qui est naturel, alors qu'elle connaît et produit ce qui est artificiel. Les sciences naturelles seront par conséquent spéculatives et les sciences portant sur les réalisations humaines seront pratiques et se conformeront à la nature. Or une opération naturelle va du simple au complexe. De la sorte, les êtres qui par processus naturel sont plus complexes, achèvent, englobent et finalisent les autres. C'est le cas de n'importe quelle entité face à ses parties. La raison pratique passe, elle aussi, du simple au complexe et de l'imparfait au parfait. Et elle n'a pas seulement la disposition de ce qui est utile à l'homme, mais des hommes eux-mêmes, dont le gouvernement est rationnel. Dans ces deux domaines, elle va du simple au complexe : A partir de planches, elle construit un navire, à partir de poutres et de pierres, elle bâtit une maison ou bien avec une pluralité d’hommes, elle réalise une communauté. Mais parmi les divers ordres et classes qui constituent des communautés, la dernière est la société civile, organisée pour suffire par elle-même à la vie humaine. De même que l'utilitaire est ordonné à l'homme comme à une fin plus importante que ce dont il est fin, ainsi cette totalité constituée par la cité est la plus importante des collectivités concevables et réalisables par la raison. Retenons quatre thèmes de ce qui a été dit sur la science politique dont traite le livre d'Aristote. Tout d'abord la nécessité de cette science : Pour tout ce que la raison peut connaître, il y a nécessairement un enseignement contribuant à la sagesse humaine, qu'on appelle philosophie. Comme cette entité qu'est la cité est sujette à quelque jugement de la raison, il est nécessaire à la plénitude de la philosophie de donner une doctrine sur la cité, nommée politique c'est à dire science de la cité. Ensuite le genre de cette science : Les sciences pratiques se distinguent des sciences spéculatives par le fait que ces dernières sont destinées à la seule connaissance scientifique de la vérité, alors que les premières visent à la réalisation d'une œuvre. La science dont nous parlons appartient donc à la philosophie pratique puisque la cité est une entité non seulement conçue, mais aussi réalisée par la raison. De plus l'œuvre de la raison est tantôt la transformation d'une matière extérieure, opération propre aux arts mécaniques comme la forge ou la construction navale, et tantôt elle est un acte immanent à celui qui opère comme conseiller, choisir, vouloir, etc. tous actes relevant de la morale. Il est donc clair que la science politique, qui considère l'organisation des hommes, n'appartient pas aux sciences de la production - les arts mécaniques - mais à celles de l'action- les sciences morales-. La valeur de cette science, en outre, et sa place parmi les sciences pratiques : La cité est l'œuvre la plus importante que la raison puisse réaliser. Toute autre communauté humaine y fait référence. De plus, tout ce que les techniques produisent d'utile à l'homme est ordonné à ce dernier comme à sa fin. Si donc une science est plus importante parce que son sujet est plus élevé et plus parfait, la politique ne peut qu'être la première des sciences pratiques, et leur clef de voûte, car sa considération porte sur le bien le plus élevé et le plus parfait. Elle est, selon Aristote, l’aboutissement de la philosophie de l’homme. La méthode de cette science, enfin, et son plan : Pour étudier une entité, les sciences spéculatives partent de ce qu'elles savent des parties et des principes, et terminent leur étude du tout avec l’explication de ses propriétés et de ses opérations. De même la politique nous livre une connaissance de la cité en étudiant ses principes et ses parties, et jusqu'à la manifestation de ses propriétés et de ses opérations. Science pratique cependant, elle doit comme les autres donner jusqu'à la façon de poser chaque acte concret. première leçon du commentaire de la politique Aristote donne lui-même un proœme à son traité. Se fondant sur la finalité de la cité, sujet de la politique, Il en magnifie la dignité, avant de comparer la citoyenneté aux autres types de communautés. La cité poursuit un certain bien. Plus encore, elle recherche le meilleur des biens humains. En effet, toute société – et la cité – a été instituée en vue d’obtenir certains avantages, car l’homme agit toujours pour posséder ce qui lui paraît bon, qu’il ait vu juste ou non. Et l’institution d’une communauté relève de ces œuvres au travers desquelles il espère la satisfaction d’un bénéfice attendu. Mais alors, la société la plus essentielle sera celle fondée autour du plus précieux parmi les biens humains La communauté est une certaine globalité, et l’on remarque toujours que dans ce genre d’organisations, celle qui englobe les autres est principale. Ainsi le mur, en lui-même assemblage de matériaux, appartient à ce tout évidemment plus essentiel que représente la maison, et il en est de même pour les communautés. Or la cité domine les autres telles que les propriétés domaniales et les communes. Elle poursuit donc le plus essentiel parmi les biens humains : ce bien commun, meilleur et plus divin que celui de chacun. Pour comparer la cité aux autres sociétés, il faut d’abord se défaire de certaines idées fausses. Pour tout le monde, il y a deux sortes de communautés évidentes : la famille et la cité. Or on peut gouverner la cité de deux façons : en homme politique ou en roi. Est royal le gouvernement de celui qui domine avec les pleins pouvoirs ; est politique, le pouvoir exercé dans le cadre de lois civiles. Et de même, la famille peut se gouverner de deux manières : patrimonialement ou despotiquement. Est qualifié de despote celui qui possède des esclaves ; tandis qu’on nomme père celui qui fonde et entretient une famille. Sera donc despotique le pouvoir exercé par le maître sur des esclaves, mais paternelle l’autorité dispensatrice des bienfaits nécessaires à la famille, qui réunit non seulement les serviteurs, mais encore nombre de personnes libres. Aussi certains ont-ils refusé à tort, de distinguer entre ces deux communautés, et les ont identifiées en vertu du principe que : ce qui diffère seulement par la quantité ne diffère pas de nature, car «le plus et le moins ne changent pas l’espèce». Or pour eux, ces types de gouvernement ne se distinguent que par le nombre des sujets. Ainsi, lorsque la communauté dirigée est peu nombreuse, - disons un petit domaine -, nous avons affaire à un propriétaire jouissant d’un pouvoir despotique sur ses serviteurs. Si elle est assez développée pour réunir non seulement des esclaves, mais aussi des personnes libres, nous sommes devant l’exercice d’un pouvoir patrimonial. Si enfin elle s’agrandit au point de contenir non seulement un domaine, mais toute une cité, nous sommes alors en présence d’un pouvoir politique ou royal. Comme si la cité ne différait de la famille que par la taille ; comme si une grande parenté n’était rien d’autre qu’une petite cité et réciproquement. Nous verrons que cela ne tient pas. De même, ils ne voient qu’une différence quantitative entre le régime politique et le régime royal. Le roi règne absolument et en tous domaines, tandis que le politique dirige dans les limites des lois édictées par la science politique ; pour une partie il domine dans les affaires mises en son pouvoir, mais pour une autre, il est assujetti à ce qui dépend de la loi. Et uploads/Politique/ commentaire-de-la-politique-d-x27-aristote.pdf
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- Publié le Aoû 13, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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